Pour ceux qui ne le savent pas, mais dorénavant (25/09/2021), il y aura un chapitre tout les samedis! SURPRISE!

Je ne m'attarderais pas, donc bonne lecture !

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On me secouait vigoureusement. Je grognais en m'aplatissant davantage contre la mousse du sol de la forêt. La sensation disparut, me permettant de sombrer à nouveau dans le sommeil confortable dont quelque chose semblait essayer de m'en extirper. La sensation revint, m'effleurant avec impatience. Je crus même entendre la voix de quelqu'un.

- Merde! Réveille-toi, espèce de chat de gouttière de mes deux !

Mon poil se hérissa tandis que mon cerveau semblait détecter quelque chose de familier dans cette injonction. Je poussais un miaulement mécontent, me rappelant d'un coup que j'étais un félin.
Et que je reconnaissais ces insultes, également.
Mais, surtout, surtout, la voix de cet infâme de Jeb.

J'ouvris mes paupières pour poser mon regard doré sur la main qui s'agitait dans la crevasse où j'étais dissimulée. Je feulais en donnant un coup de griffe sur la main qui tentait de me saisir. Je l'entendis jurer en retirant vivement sa main, aux antipodes de moi qui jubilait intérieurement.
Non, mais sérieux ? Il pensait vraiment me convaincre en m'insultant, cet enfant de chienne?

Je m'étirais paresseusement tout en prêtant attention à ce qui se passait au-dessus de moi. Je reconnus sans mal la voix du rouquin qui se moquait de mon imbécile de P'tit Loup. Je m'asseyais sur le sol pour observer ma cachette au même moment que deux paires d'yeux différentes m'observaient.

Celui de droite était teinté d'une colère bouillonnante tandis que celui de gauche brillait d'une attention chaleureuse. J'agitais mes oreilles en continuant de les fixer avant de m'intéresser plus minutieusement à comment sortir de mon trou. Au bout d'une dizaine de secondes, je m'élançais sur un mur avant de me propulser une seconde fois pour m'extirper du trou. Ma manœuvre fonctionna qu'à la condition que les deux garçons s'éloignent pour me permettre de passer.
Ce que, heureusement, ils eurent l'intelligence de faire lors de mon premier bond.

Je me retrouvais près d'eux dans un boisé qui me parut vaguement familier. Par contre, je me sentais un peu confuse. Je ne me souvenais pas réellement comment j'étais parvenu en ce lieu. Battant nerveusement de la queue, je tentais de me remémorer mon dernier souvenir. Je fermais mes paupières, essayant de rembobiner ma mémoire juste avant mon réveil.

Un instant de panique me saisit en ayant un souvenir fugace de peur et de mon corps ballotté dans tous les sens. Mon échine se courba violemment tandis que je cherchais un danger, près de nous. Les deux garçons, qui semblaient discuter, sursautèrent de concert avec moi. Ils me jetèrent un regard suspicieux avant d'en jeter un autour de nous.

Cependant, la forêt était calme, sans aucune forme de disharmonie. Rien n'avait perturbé les alentours. Pourtant, j'étais terrifiée par ce bref souvenir.

- Keyah...?

Je tournais la tête vers le rouquin qui me regardait, perplexe me semblait-il. Je le regardais, me rendant compte que je me méfiais de lui. Je m'ébrouais, essayant de chasser cette impression qui paraissait coller à mon pelage. Jeb, lui, demeurait toujours rancunier de mon coup de griffe au vue de ses coups d'oeil contrariés. Des petites éraflures commencèrent à enfler sans l'apparition de sang, mais je refusais de me sentir coupable.
Il m'avait tout de même traité de chat de gouttières de mes deux!

Je me figeais en regardant attentivement mes pattes dont le poil était couleur doré tacheté. Je trouvais que je ressemblais à un petit jaguar.

Non, un félin de l'Égypte ancienne.

D'autres souvenirs affluèrent violemment, tels des images qui claquaient dans mon esprit. Moi, protectrice divine sous les ordres de Hathor, ancienne initiée de cette dernière, j'étais une gardienne de l'humanité. Je voyais des parcelles de savoir sur ce passé très lointain, encore plus lointain que ma rencontre avec Scatchy. Je revoyais comment j'avais succombé aux vagues mortelles du déluge qui mit fin au précédent âge d'or qu'avait connu l'humanité.

C'était moi. Moi, mais pas moi.

J'ignorais comment, mais je me retrouvais nue, dans cette forêt froide. J'enfonçais mes ongles dans mes biceps en essayant de juguler ce trop-plein d'informations. Je tentais de repousser ce savoir, cette mémoire qui possédait son lot de souffrance.

Me souvenir à nouveau d'une noyade, une dans laquelle je n'avais pas survécu, me poussait qu'à ne souhaiter qu'une chose: me réveiller de cet horrible cauchemar. Que quelqu'un y mette fin. Mais, je continuais de me souvenir de la terreur qui m'enserrait les poumons. De ces derniers se remplissant d'eau, sans parvenir à trouver l'air dont ils avaient si désespérément besoin. Sentir ma gorge tressauter violemment à l'instar de mon corps avant de perdre la vue et de sombrer dans l'inconscience.

Un long puits très sombre qui paraissait ne jamais finir.

J'ouvris de nouveau mes yeux remplis de larmes en hoquetant violemment, les bras enserrés autour de mon buste. Je tremblais, la respiration hachée, lorsque un long vêtement fut posé sur mon dos. Je tressaillis brutalement avant de saisir le tissu encore chaud. Cela apaisa légèrement mes nerfs ébranlés alors qu'un souvenir, un dernier, me parvint.

Une paire de bras qui l'enlaçait tendrement, me rassurant.

Ce souvenir semblait devenir réalité lorsque je sentis quelqu'un soulever mon corps tremblant pour le serrer contre son torse. Je sentis sa chaleur s'infuser, et je me laissais m'apaiser contre cette source de chaleur.