17. La carte du maïeutisme
Allo les lecteurs (s'il y en a...?) Je voulais savoir si ça vous intéresserait des Hors-série ? Parfois, je commence des écrits sans aucune base ou histoire fixe. Un peu comme des nouvelles ? Est-ce que ça pourrait intéresser?
J'en ai aussi pour Keyah, comme leur première rencontre réelle entre elle et Jeb et une autre entre notre chaton et Nico.
Alors, qu'en dites-vous?
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J'ouvris la porte doucement, sans cogner. Un silence angoissant me suivit tandis que je cherchais du regard le lit. La pièce était dans la pénombre: seule la lumière naturelle passait à travers les rideaux mal placés. Je déglutis, ne voyant pas clairement devant moi. J'inspirai doucement avant de tenter d'interpeller le blessé:
- Jeb...?
Aucune réponse ne me parvint dans l'obscurité. Je présumais donc qu'il dormait encore. Je décidais donc de m'approcher du lit que je commençais à discerner. On aurait dit que mes yeux s'étaient acclimatés à l'absence de lumière. C'est ainsi que je découvris les couvertures compactées dans une zone. Était-il en dessous de cette couche de couettes? Timidement, j'appuyais doucement la zone surélevée, mais ma main s'enfonça. Perplexe, je tâtais plus fort en grimpant dans le lit.
- Mais où es-tu, Jeb...?
- Que fais-tu ici, Keyah?
Je sursautais en entendant sa voix. Je me retournais pour le découvrir torse nu.... Et en serviette. Je me figeais en voyant clairement son corps : son torse était pansé et parsemé de cicatrices que je voyais beaucoup trop bien. Dans une animation japonaise, mon visage aurait surchauffé tant j'étais embarrassé. Une partie de moi était tétanisée par sa carrure, parce qu'elle réveillait une partie de moi que j'avais pratiquement oubliée. J'ignorais pourquoi, mais aucun homme ne m'avait intéressé depuis un an. Mon corps n'avait jamais réagi à aucun d'eux.
Pourquoi le sien me rappelait tant de choses? Pourquoi je me sentais fébrile? Merde, mais c'est quoi cette sensation qui me traverse?!
J'ignorais depuis combien de temps nous nous fixions, mais le regard de Jeb s'écarquillait légèrement. Un bref instant seulement, car son regard se fit moqueur en me rétorquant:
- Alors, la voyeuse, tu es venu maté un blessé?
Comme si on venait de me donner une gifle, je détachai mon regard de son torse. C'est à ce moment que j'ai pris conscience que mes yeux avaient muté en version féline. Et qu'ainsi, tout ce qui m'entourait était aussi précis que si la pièce était illuminée.
Préférant jouer la carte du maïeutisme avec une touche d'ironie, je répliquais:
- Comment pourrais-je voir quelque chose ici? Il fait tout noir.
Je détournais légèrement le regard pour observer ses pansements et ses plaies à la tête. Or, aucune de ces dernières ne saignaient, ce qui m'étonnait beaucoup vu la quantité de sang qu'il avait dans ses cheveux lorsque je l'avais retrouvé.
Tout ce qu'il restait de notre mésaventure était un bandage autour de ses côtes. Je voyais des cicatrices, mais j'ignorais d'où pouvaient-elles provenir.
Ainsi, avant qu'il me renvoie la balle, je lui demandais avec sincérité :
- Comment tu vas?
Sans trop savoir pourquoi, mais je ne m'attendais pas à un silence pesant. Mon Yéti se contenta de piquer des vêtements qui avaient été laissés sur une commode. Dos à moi, je compris qu'il voulait s'habiller.
Or, moi, je voulais des réponses. Je me décidai donc de jouer à son jeu. Je pivotai sur moi-même pour ainsi lui laisser son intimité et moi, j'allais jouer avec ses nerfs.
Pourquoi ne voulait-il pas répondre ? Je me rongeais distraitement mon ongle de pouce, écoutant attentivement les bruits ambiants. Je l'entendis clairement grogner. Puis ce fut le tour de la serviette humide qui s'échouait au sol. Le bruissement des vêtements s'ensuivit, et mon esprit se mit à visualiser ce qui se passait derrière moi.
Imaginez son dos musclé qui découpait sa carrure sans qu'elle soit trop imposante. J'ignore pourquoi, mais je pouvais voir des stigmates d'anciennes batailles sur le haut de son dos, comme des coups de griffes. Ses cheveux humides étaient hérissés et je pouvais presque percevoir le son d'une goutte d'eau qui glisse sur sa peau. Son sillon lui donnait légèrement la chair de poule, mais cela ne dura pas longtemps. Comme moi, sa peau était constellée de discrets grains de beauté sur sa peau légèrement basanée par le soleil. Mon regard imaginaire baissa sur le bas de son dos, lentement et...
- KEYAH!
Je sursautai en sortant de ma rêverie ce qui me fit faire volte-face. Une partie de moi s'était figée au son de sa voix, de son aboiement dont l'énergie m'avait traversé. Je me trouvais face à un Yeti qui tenait un T-shirt entre les mains et son pantalon était enfilé. Il avança ― non, il me fonçait dessus ― brusquement, la mâchoire serrée. Malgré moi, je reculai d'un pas, incertaine de sa réaction. Une envie de fuite me saisit violemment à la gorge, et une autre encore plus forte de vouloir de l'apaiser. Pourtant je reculais encore tandis qu'il n'était plus qu'à un mètre de moi. Sa main s'élança vers mon visage, et honte à moi, je fermai les yeux en me recroquevillant sur moi-même.
Au même moment, la porte de la pièce claqua. La lumière inonda la chambre tandis que je découvris Nico qui nous regardait avec les sourcils froncés. Mon regard se reporta sur Jeb pour le voir immobile, le regard détourné du mien. Mais pas de celui de notre hôte.
Sans savoir pourquoi, mais l'eau me monta aux yeux. En vaine tentative de retenir cette émotion, mes lèvres se mirent à trembler tellement que je finis par mordre celle du bas pour contenir le tout. Je baissai le regard, ne sachant pas ce qui se passa par la suite. Peut-être étais-je lâche de ne pas vouloir savoir.
- Ne. Fais. Plus. Jamais. Ça.
Mes épaules se crispaient en percevant la colère de Jeb avant que ses pas étonnamment discrets ne s'éloignèrent de moi. Un petite silence s'ensuivit alors que je contrôlais ma respiration pour ne pas laisser cet étrange sanglot s'échapper. Quand je sentis que je reprenais le contrôle, quelqu'un s'approcha de moi: c'était Nicolaï. Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Il passa une main affectueuse dans mes cheveux, ce qui me détendit automatiquement. Le calme revint en moi, malgré un coup de fatigue que je ressentais. J'ouvris les yeux pour regarder Nico me sourire franchement pour me demander avec un excès de galanterie:
- Est-ce notre précieuse demoiselle désire-t-elle se sustenter ?
Le voir parler avec un style vieillot me fit rire, me délestant de cette drôle sensation qui me collait à la peau. Je frissonnais avant de lui prendre la main pour le laisser m'emmener dans cette superbe cuisine que j'avais aperçu avant d'arriver ici.
Malgré cela, une question restait présente à l'intérieur de ma tête: qu'est-ce qui fallait que « je ne fasse plus jamais » selon Jeb? Qu'avais-je pour le remonter à ce point?
Je n'avais rien fait.
... Du moins, je crois?
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