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Chapitre 9

« La menace ne sert d'armes qu'aux menacés. », Léonard de Vinci

Un rayon de soleil chatouilla doucement le visage de Sirius qui ouvrit un œil puis l'autre. Pendant quelques secondes, il se demanda désorienté où il se trouvait, jusqu'à ce que la soirée précédente lui revienne brutalement.

La lettre.

Sa lâcheté.

Il avait été incapable de dire la vérité à Cassiopée. Incapable de dire les mots qui lui briseraient le cœur et après lesquels elle ne le regarderait plus de la même façon. Rongé de remords, le jeune homme tourna doucement la tête. Cassiopée dormait toujours. Allongée à côté de lui, les deux mains repliées sous sa joue comme pour une prière silencieuse, les cheveux éparpillés autour de son visage dans un océan de noir. Un sourire amer caressa le visage de Sirius qui hésita momentanément à toucher la peau délicate et les lèvres un peu sèches de la jeune femme endormie.

Il s'en empêcha, se tourna à nouveau et fixa le plafond de la chambre rose. Le stuc inerte et trop élégant semblait se moquer de lui tout autant que le luxe grotesque de la pièce. Sirius se passa une main sur les yeux et déglutit. C'était la première fois qu'il restait aussi longtemps à L'Innocent et il se demanda un instant pourquoi il restait allonger, à fixer un point invisible comme un imbécile.

A nouveau, la petite voix à l'arrière de sa tête se fit remarquer, la voix cruelle faisant battre son cœur plus fort. Sirius voulait se forcer à se lever, à partir de la chambre 26 sans un dernier regard en arrière pour ne plus jamais revenir. Cela était certainement la plus simple des solutions : disparaître. Partir de ce village, de la minable baraque dans la forêt, partir jusqu'à ce qu'il atteigne une nouvelle ville et y construise une nouvelle vie. Peut-être pourrait-il même changer de nom, trouver un travail, ne pas avoir une réputation comme il en avait une ici. Sirius grogna. L'idée de fuir comme un vulgaire voleur le répugnait et il se sentit honteux de la pensée elle-même. Il avait fait la guerre, il pouvait bien affronter quelques villageois et le visage déconcerté d'une prostituée.

A côté de lui, Cassiopée se tourna un peu et Sirius se figea. Il cligna lentement des yeux, tentant de faire le moins de mouvements possibles, serrant le drap dans ses poings. Il devait partir. Il ne pouvait pas regarder Cassiopée dans les yeux, pas, tant qu'elle n'avait pas reçu la lettre. Pas tant qu'elle ne connaissait pas la vérité et qu'elle pensait encore qu'il était bon et honnête, deux adjectifs qui lui semblaient être son opposé. Egoïste, stupide et lâche étaient les premiers mots qui lui venaient à l'esprit – et les plus inoffensifs. Cassiopée bougea à nouveau, un peu plus cette fois-ci, mais le jeune homme ne réagit pas. Un frémissement parcourut son corps.

Ce serait la première fois que la jeune femme se réveillerait à ses côtés.

Sûrement la dernière.

Sirius se demanda combien de temps une lettre pouvait mettre pour arriver. Il l'avait posté le jour précédent à quelques mètres seulement de sa destination : avec un peu de chance, le postier avait beaucoup de travail et ne la posterait pas avant plusieurs jours. De plus, l'adresse de Cassiopée n'était pas l'adresse du bordel, sûrement était-ce celle d'une boîte postale où elle venait récupérer ses lettres plusieurs fois par semaine. Il grimaça. Il ne lui fallait qu'un peu de temps pour expliquer la vérité à la jeune femme à côté de lui et lui faire ses excuses.

Ses mots inappropriés lui revinrent à l'esprit et Sirius grogna intérieurement.

Pourquoi n'avait-il pas fait attention ?

Pourquoi avait-il seulement eut l'idée d'écrire des mots pareils, même sur un brouillon ?

Les mêmes pensées semblaient tourner en boucle depuis la journée précédente.

Le souffle de Cassiopée devint de plus en plus irrégulier et le jeune homme eut la certitude qu'elle était sur le point de se réveiller. Pouvait-il lui dire les mots qui lui pesaient alors même qu'elle ouvrait les yeux, avant qu'elle ne comprenne réellement leur message ? Il entendit un grognement puis un soupir encore un peu rêveur.

Cassiopée avait ouvert les yeux.

Il sentit son regard sur lui, ses yeux gris somnolents qui avaient encore besoin de quelques secondes avant de comprendre où ils étaient et avec qui.

« Mais... Sirius ? » La voix de la jeune femme était rugueuse, plus grave que d'habitude, comme enveloppée dans un nuage de coton. Le jeune homme resta silencieux et continua à stupidement fixer le plafond, comme s'il pouvait y disparaître pour ne pas avoir à faire face à la réalité. Il sentit l'index de Cassiopée lui tapoter l'épaule.

« Sirius ? », répéta-t-elle un peu plus fort, un peu plus réveillé. Le jeune homme soupira lentement, cligna des yeux.

« Oui ? »

Il tourna la tête vers elle et se retrouva les yeux dans les yeux avec Cassiopée. Elle avait l'air perdue mais un sourire gracieux caressa ses traits encore un peu froissés par le sommeil.

« Tu...Qu'est-ce que tu fais encore ici ? » La question n'était pas méchante, seulement curieuse, et Sirius ne put s'empêcher de sourire à son tour, un petit sourire en coin, presque imperceptible.

« Je ne sais pas trop. Je viens de me réveiller. »

Elle l'observa un instant sans rien dire, scrutant son visage. Lentement, Cassiopée leva une main et la posa sur la joue du jeune homme, la caressant doucement de son pouce. Son sourire s'était effacée, subitement, et Sirius sentit son cœur accélérer. Il ferma les yeux, comme si elle risquait de voir ses sentiments à travers ses pupilles. Sa main était chaude, douce, son toucher léger. Il sentit son hésitation à parler. Plusieurs fois, elle commença sa phrase et s'arrêta. Cassiopée se racla la gorge.

« Quelque chose n'a pas l'air d'aller, Sirius. Je sais-Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais hier déjà... » Elle soupira et sa main quitta la joue du jeune homme pour se poser sur les draps pâles. « La solitude ne fait de bien à personne. », reprit-elle en murmurant, « Et la tristesse peut étouffer le cœur. Si quelque chose ne va pas, tu peux me le dire – nul risque que j'en parle à qui que ce soit où te fasse la morale. » Sirius ouvrit un œil et regarda la jeune femme qui lui offrit un demi-sourire. « Promesse de maison close. »

Le jeune homme ne put s'empêcher de rire doucement, secouant un peu la tête.

« Promesse de maison close ? »

Le sourire de Cassiopée s'agrandit imperceptiblement.

« La prostituée raconte aussi peu les secrets de son amant d'un soir que le prêtre à l'église ne parle des confessions qui lui sont faites. C'est une des règles d'or. »

Sirius observa le visage de Cassiopée.

« La comparaison est...intéressante. »

La jeune femme rit et cacha son visage dans le coussin épais avant de se redresser, une cascade de cheveux noir virevoltant le long de son épaule dénudée.

« Je suis navrée. Je n'avais pas réfléchi au paradoxe de cette affirmation. »

Sirius secoua la tête, s'accoudant sur le lit, son visage dans la paume large de sa main, un air contemplatif dans les iris bleus.

« Paradoxe, paradoxe... Pendant la guerre, j'ai bien vu des prostituées plus chastes que certains moines. »

Cassiopée écarquilla les yeux et plaqua sa main sur la bouche, étouffant son rire.

« Bon dieu, Monsieur ! Vous ne pouvez pas dire des choses pareilles ! Ou bien souhaitez-vous vous attirer les foudres des villageois ?»

Le jeune homme prit un air faussement arrogant.

« Leurs foudres ? Si seulement. Cela fait des mois que chacun d'eux cherchent à me montrer à quel point ils me haïssent. »

Le visage de Cassiopée s'adoucit et elle caressa à nouveau d'un geste absent le visage de Sirius.

« C'est leur manière de passer le temps. », souffla-t-elle, « Il ne faut pas le prendre trop à cœur. »

Un air triste voila son visage auparavant souriant et Sirius fronça les sourcils. Evoquer les villageois et leurs manières haineuses n'avaient peut-être pas été un bon choix. Le jeune homme oubliait trop rapidement qui ils étaient, lui et Cassiopée. Il oubliait la bête au fond de son âme et son exclusion quotidienne : il oubliait que la jeune femme en face de lui était une prostituée qu'il avait payée pour voir. Il oubliait qu'elle aussi était victime de la méchanceté des villageois et qu'elle ne souffrait probablement pas seulement d'exclusion mais aussi de leurs insultes. Il était trop facile de dire du mal de ces femmes sans visage et de petite morale, de les vulgariser, de détruire avec des mots cruels le peu de dignité qu'elles avaient réussi à se préserver. Comme si elles n'étaient pas humaines, comme si la méchanceté ne leurs faisaient rien.

En observant le visage de Cassiopée, Sirius voyait cependant les traces laissées par la violence des autres. Les blessures sur le visage et le corps de la jeune femme : ses yeux tristes, de plus en plus abattus. Jour après jour, la volonté de continuer, de prouver à tous ces gens qu'elle pouvait le faire, semblait diminuer et Sirius sentit son cœur se resserrer, se briser pour cette jeune femme plus innocente que bien d'autres. Il leva une main vers sa joue et prit celle de Cassiopée dans le sienne, portant ses doigts tremblants à ses lèvres coupables.

Silencieusement, Sirius lui demanda pardon. Pas seulement pour la lettre qu'elle allait recevoir et son cœur brisé : mais aussi pour tout le reste, pour tout ce qu'on lui avait fait. Pour ce que des hommes comme lui avaient commis, pour tout ce que des femmes comme elle avaient osé dire. Cassiopée se pressa contre lui et il pressa sa main contre son cœur avant de cacher son visage avec son bras, contre sa poitrine. Sirius n'avait plus de mots. Que des sentiments en désordre qu'il tenta de lui transmettre dans leur silence réconfortant.

La respiration de Cassiopée caressait de temps en temps sa peau et il sentit brusquement qu'elle voulait parler. La jeune femme inspira profondément.

« Je-»

Un bruit fracassant l'interrompit violemment. Un bruit paniqué échappa à la jeune femme et tous les deux se redressèrent dans un bond. Sirius cogna son coude avec brutalité contre la table de chevet qui chancela. Il étouffa les jurons qui menaçaient de lui échapper et regarda avec de grands yeux la personne qui venait d'arriver.

Madame Christophe avait violemment ouvert la porte. Le visage rouge de colère, droite comme un piquet, elle se tenait dans le cadre en bois et les foudroyait du regard.

« Raiponce ! », tonna-t-elle, sa voix désagréable d'une rage inouïe, « Peux-tu m'expliquer ce que tu es en train de faire ? Il est onze heures ! Onze heures ! Et tu es encore là, à rêvasser dans le lit avec ton amant ! Où est-ce que tu crois que tu es ? Dans un hôtel peut-être ? Chez toi, dans ton petit palais ? Tu es là pour travailler, petite catin, et tu as déjà perdu une journée hier ! Alors je t'ordonne de sortir immédiatement de ce lit ! Tu vas aller te préparer rapidement, laver ton corps poisseux et me retrouver dans mon bureau ! » Madame Christophe tourna son attention vers Sirius. Les poings du jeune homme serraient avec force les draps du lit et il avait serré les dents pour ne pas intervenir.

Cette femme parlait à Cassiopée pire qu'à un chien et il souhaitait de tout son cœur pouvoir lui dire ce qu'il pensait de sa voix détestable, de ces mots déplacés, de sa violence ridicule. Peut-être même lui assener un coup dans son visage rouge et gonflé. Mais il ne pouvait pas et sa rage n'en était que doublée.

La bête à l'arrière de sa tête grognait violemment, le bruit animal et la colère primitive faisant trembler ses bras.

« Et vous ! », siffla Madame Christophe, du venin dans ses paroles. « Je vous prie de me suivre. J'ai quelques mots à vous dire – je sais bien que les hommes comme vous pensent toujours pouvoir rentrer et sortir d'ici comme dans un moulin et espèrent pouvoir se conduire comme à la foire – mais nous avons des règles Monsieur, des règles, et je souhaite vous les rappeler. » Elle inspira bruyamment, se redressant un peu plus. « Vous avez cinq minutes ! »

Sans un mot de plus, la petite femme se retourna et partit, claquant à nouveau la porte avec force.

« Quelle-»

« Ne dites rien. » Cassiopée interrompit le flot d'insultes prêt à sortir de la bouche de Sirius. Il tourna lentement la tête vers la jeune femme. Elle se tenait la tête haute, le drap voilant sa poitrine, le visage rigide et le regard dur. « Cela ne servirait à rien. Nous allons tous les deux nous lever et faire ce que Madame Christophe souhaite. » Il ouvrit à nouveau la bouche, surpris de la docilité apparente de la jeune femme. Elle leva la main et l'interrompit à nouveau.

« Je sais ce que vous pensez. Qu'il ne faudrait pas que je me laisse faire comme ça. Mais croyez-moi quand je vous dis que j'ai déjà tenté de m'opposer. Que le garde m'a retenu pour pas que je lève ma main sur...cette vieille garce. » Elle inspira bruyamment. « Que j'ai essayé de lui dire ses quatre vérités. Mais c'est inutile. Elle ne se laisse pas attendrir, ni réellement guidé par la rage. Elle sait le pouvoir qu'elle détient sur ma vie et elle sait s'en servir. M'opposer encore une fois à elle ne peut mener qu'à ce qu'elle m'oblige à prendre les clients violents. Madame Christophe connait les hommes qui viennent et elle sait lesquels lèvent leurs mains sur nous. Elle-même n'est jamais violente – elle a toutes ses brutes pour s'en charger. »

Sirius pâlit.

« Mais peut-être qu'elle te renverrait. Peut-être serais-tu libéré de ton contrat. Je...Tu pourrais habiter chez moi. Je pourrais travailler et rembourser tes dettes. »

Ce fut au tour de Cassiopée de pâlir. Elle resta figée un instant, les yeux écarquillés avant qu'un éclat de reconnaissance teinté de tristesse et de désespoir ne ternisse son visage. Elle secoua faiblement la tête, levant la main de Sirius à ses lèvres. Elle l'embrassa doucement avant de la laisser glisser sur le lit, un semblant de geste d'adieu. Lentement, la jeune femme se leva du lit.

« Madame Christophe ne me renverra pas. Elle aime que je sois dépendante d'elle. Elle aime avoir ce contrôle sur ma vie comme elle ne l'a sur aucune des autres prostituées. Je suis son jouet et elle ne me laissera probablement jamais partir. »

Cassiopée avait brusquement l'air extrêmement fatigué et elle se passa une main faible sur le visage.

« Allez-vous préparer, Sirius. », souffla-t-elle finalement en enfilant la robe de chambre en satin nonchalamment posé sur un des fauteuils roses pâles, « Madame Christophe vous attend. »

Sans un mot de plus, Cassiopée se glissa par la porte de la chambre et sortit, laissant Sirius à sa colère et son désespoir. Il comprenait la jeune femme. Comprenait pourquoi elle agissait ainsi – mais cela ne le rendait pas plus calme. Il haïssait Madame Christophe, détestait cette femme qui osait traitre Cassiopée de telle manière. Sirius se força à inspirer le plus calmement possible avant de poser ses pieds au sol pour sortir du lit.

La bête poussa un hurlement.

Le jeune homme chancela violemment en arrière. Parcourut d'un tremblement, il posa ses coudes sur ses cuisses et son visage dans les paumes de ses mains frissonnantes.

« Pas maintenant ! », grogna-t-il en serrant les dents. La bête ne pouvait pas surgir dans un moment pareil. Pas lorsqu'il était entouré d'autres personnes, pas lorsqu'il était sur le point de se retrouver face à face avec une face qu'il haïssait du plus profond de son cœur. Des images sanglantes défilaient devant ses yeux, les unes après les autres, et Sirius sentit son corps trembler un peu plus fort. La bête forçait sa colère, sa rage, l'obligeant à imaginer des hommes battre le corps inconscient de Cassiopée, à revoir des scènes de la guerre. La mort de Léon, son fusil pointant sur le front d'un garçon à peine adulte.

Un bruit guttural lui échappa, un sanglot grotesque.

Sirius inspira une fois de plus et enfonça ses ongles dans son crâne, inspirant et expirant le plus calmement possible. La bête finit par cesser de grogner.

Sirius se releva finalement du lit. Il avança en titubant un peu jusqu'au porte-manteau et y attrapa sa veste : enfin, il passa à son tour sa porte. Il avança jusqu'à l'entrée où Madame Christophe l'attendait déjà, son visage un peu moins rouge mais ses yeux toujours aussi enragés.

« Monsieur. », siffla-t-elle de sa voix désagréable. « J'espère que vous avez bien profité de votre nuit avec Raiponce car je ne sais pas s'il y en aura une autre aussitôt. »

Sirius se figea.

« Je – Excusez-moi, que venez-vous de dire ? », dit-il, la voix rauque. Un sourire cruel éclaira le visage de la vieille femme en face de lui.

« J'ai dit, Monsieur, que vous ne passerez pas une nuit de plus avec Raiponce. Ce cinéma a assez duré. Vous lui faites tourner la tête et vous-même lui êtes trop attaché. Ce n'est pas bon pour mon commerce. Les clients ne s'attachent pas et les prostitués n'aiment pas. Vous, mon cher, venez trop souvent à mon goût et restez trop longtemps. Alors soit, vous pouvez continuer de venir, mais ce n'est pas Raiponce qui réchauffera votre lit – il y a assez d'autres filles à L'Innocent. »

Sirius sentit la colère remonter en lui. Lentement, il serra et desserra les poings avant de regarder la femme plus âgée dans ses petits yeux de fouine. Il ordonna calmement les mots dans sa tête. Ce n'était ni le moment de bafouiller, ni le moment d'hésiter. Ciel, il n'allait pas se laisser faire par cette femme minuscule qui n'était même pas digne de son attention.

« Je vous paie, Madame. Beaucoup. Sûrement plus que tous vos clients minables qui ont à peine assez d'argent pour se payer la vue d'une paire de seins nus. Vous ne savez rien de mes sentiments, ni de mes attachements. Et si vous nez m'autorisez plus à voir la prostituée que je désir, vous perdrez non seulement de l'argent mais aussi une part de votre réputation – croyez-moi, si les hommes apprennent que Madame Christophe limite le choix des prostituées, ce ne sera pas seulement moi que vous perdrez comme client. »

Le jeune homme gardait la mine stoïque. Glaciale. Aucune once de sa colère ne filtra à travers son regard bleu et sa posture rigide. Il savait pertinemment que ses mots étaient plus des paroles dans le vent qu'une réelle menace – c'était sa réputation qu'il ternirait plus qu'autre chose s'il allait parler de choses pareilles aux villages. Mais Sirius s'était accroché à la seule menace qui pouvait éventuellement imiter Madame Christophe. Il voyait les pensées défiler derrière ses yeux, tentant d'évaluer à quel point il pouvait réellement lui faire du mal. Sirius serra les dents.

Elle ne pouvait pas l'empêcher de revoir Cassiopée.

Certes, il avait eu l'intention de venir pour la dernière fois le soir précédent : mais tant qu'elle n'avait pas reçu la lettre, il tenterait de profiter des miettes de tendresse qu'il pouvait encore obtenir. Il savait qu'il ne lui restait plus que peu de temps mais il ne laisserait pas Madame Christophe lui voler ses derniers soirs.

Le jeune homme déglutit alors que Madame Christophe ne répondait toujours pas.

La petite voix à l'arrière de sa tête lui rappela que la lettre qu'il avait envoyée à Cassiopée n'avait pas été signée. Même une fois reçue, Sirius pouvait continuer à faire comme si de rien n'était. Consoler la jeune femme, même, si elle venait à parler du morceau de papier exécrable et de la perte de son frère. Sirius se sentit nauséeux.

Cela ne ferait de lui non seulement une bête et un lâche, mais aussi un menteur.

La voix de la femme devant lui le tira de ses pensées.

« Vous pensez pouvoir me menacer ? Vous pensez pouvoir me faire du chantage ? » Une lueur malsaine éclaira ses pupilles et Sirius sentit l'hésitation le gagner. Il attendit la suite de ses mots. «Très bien, Monsieur. Vous souhaitez jouer ? Alors jouons. Je vous autorise à continuer à voir la jolie Raiponce. Car elle est jolie, n'est-ce pas ? Avec cette peau alabastre et ces cheveux noirs. Mais il y a une règle. Vous devez venir tous les soirs, sans exception, après le coucher du soleil. Si vous ne respectez pas cette règle – c'est bien simple, vous ne reverrez plus jamais votre précieuse petite poupée. Elle est si fragile, vous savez – mais elle a tellement de dettes. Si vous ne respectez pas les règles, ce n'est pas seulement vous qui n'entrerez plus à L'Innocent : c'est elle aussi qui n'en sortira plus. J'ai des amis hauts placés, Monsieur, très hauts placés. Un mauvais pas de votre part et je la fait enfermer à vie. Et croyez-moi, je n'aurais même pas besoin de motif. »

Sirius pâlit et écarquilla imperceptiblement les yeux. Quel était ce marché étrange ? L'idée de risquer la liberté de Cassiopée pour assouvir ses propres désirs provoqua son dégoût. Non, il ne ferait pas une chose pareille. Il ne pouvait pas – il était certes égoïste, mais pas à ce point. Jamais. Pas envers la jeune femme qui avait fait revivre son cœur glacé. Sirius ouvrit la bouche pour refuser l'offre grotesque, son cœur accélérant dans sa cage thoracique.

Avant qu'il ne puisse dire le moindre mot, Madame Christophe lui coupa la parole avec un regard triomphant.

« Oh mais mon cher, inutile de me lancer un regard pareil et inutile de refuser. Ce n'est pas une offre, c'est un ordre. Si vous ne souhaitez pas obtempérer, je ferais enfermer la jolie fleur dans la journée. Combien de temps lui faudra-t-il, croyez-vous, pour que ses pétales ne fanent ? »

Sirius pâlit un peu plus. Oh dieu. La culpabilité le rongeait sans pitié.

« Vous êtes un monstre. » Malgré sa colère, sa voix était calme. Froide. Madame Christophe ne broncha pas et sourit nonchalamment, arrangeant une mèche de son chignon.

« Monstre, mon cher, est un mot si creux. Je préfère largement le terme de reine. Car voyez-vous, L'Innocent est mon empire : et je suis prête à tout pour écarter tout ceux qui le mettent en péril. »

Le jeune homme serra violemment les dents. Il fit une révérence exagéré.

« Eh bien, ma reine, il semblerait que je n'ai pas d'autre choix que d'accepter votre offre. Mais j'espère que vous avez-vous aussi conscience de votre part du contrat. Je ne suis pas votre marionnette : je suis soldat. Si vous veniez à m'empêcher de voir Raiponce ou si vous laissez, ne serait-ce qu'une seule fois, un homme à nouveau lever ses mains sur elle, soyez certaine que je lèverais ma main sur vous. Ma main armée qui fusillera une balle droit dans votre cœur. » Sirius se redressa, prenant l'air arrogant qu'il maîtrisait depuis tant d'années, qu'il avait été forcé de prendre lors des bals et des soirées de son père. Il regarda Madame Christophe droit dans les yeux. « Et soyez assurée que je sais viser. »

D'un pas brusque, il se retourne et sortit sans un mot de plus de la maison close, la porte en bois claquant brutalement derrière lui. Il cligna violemment des yeux et s'écarta de plusieurs mètres et se passa une main dans ses cheveux en désordre, retenant ses émotions trop fortes et sa bête rebelle. Inspirant bruyamment, Sirius envoya brusquement avec force son poing contre le mur, acceptant avec plaisir la douleur qui lui traversa le bras jusqu'à l'épaule.

Un cri étouffé lui échappa.

Encore une fois, la vie semblait se moquer de lui et il commença seulement à réaliser ce qu'il venait réellement d'arriver. Dieu, il avait donné sa parole d'aller tous les soirs à L'Innocent. Tous les soirs.

L'image de la pleine lune apparut dans ses pensées en désordre.

Un frémissement parcourut son corps et son poing retomba contre sa jambe, des gouttes de sang perlant au sol.

Il ne pouvait pas se rendre tous les soirs à la maison close – la nuit maudite de sa transformation forcée l'en empêcherait. En pensant sauver Cassiopée, il venait de la condamner un peu plus.

Un sentiment d'horreur emplit son cœur. Qu'avait-il fait ? Ciel, qu'avait-il fait ? Les mains de Sirius se mirent à trembler et ses yeux écarquillés fixer les pavés d'un regard vide. Il n'avait aucun droit de traiter Madame Christophe de monstre – il ne valait pas mieux qu'elle. Sirius sentit ses jambes se dérober lentement tandis que le bruit des passants des rues alentour semblait se moquer de lui encore et encore. Il déglutit et se passa une main ensanglantée sur la bouche. Derrière lui, il entendit le bruit d'une sonnette de vélos, un pas plus proche que les autres.

Sirius ne réagit pas.

L'image de Cassiopée enchaînée dans une tour lugubre jusqu'à sa mort se mit à hanter ses pensées. Un visage hagard, vêtue de la robe blanche et pouilleuse des prisonniers.

Il devait trouver une solution.

Il lui était redevable, si redevable, mais il semblait incapable de prendre les bonnes décisions. La colère étouffait son cœur, la haine qu'il ressentait envers lui-même. Fermant les yeux, il laissa retomber sa tête en arrière, dans sa nuque. Il savait qu'il y avait quelqu'un pas loin derrière lui, son corps agenouillé était cependant voilé par les pans des murs.

Sirius se força à inspirer profondément, à se concentrer sur les bruits autour de lui.

« Madame Christophe ! C'est le postier ! », résonna brusquement la voix de l'homme derrière lui. Immédiatement, Sirius écarquilla les yeux, un mauvais pressentiment lui glaçant le sang. Il entendit la porte de L'Innocent s'ouvrir.

« Oui, c'est une lettre. Une lettre adressée à Mademoiselle Cassiopée, postée pas plus tard qu'hier. »

Sirius poussa un juron étouffé.

Bonjour, bonsoir les cocos!

Bon je sais, je sais, cela fait longtemps que j'ai publié le dernier chapitre - du coup je vous laisse avec un chapitre un peu plus long que d'habitude et surtout très important. Sirius s'est mis dans le pétrin. Et cette lettre pour Cassiopée: est-ce qu'il s'agit réellement de la fameuse lettre du jeune homme? En tout cas, c'est le bazar.

Et Madame Christophe révèle de plus en plus sa vraie nature. C'est quand même un personnage très peu sympathique.

Ah, et puis si des fautes d'orthographes vous sautent aux yeux, n'hésitez pas à me le dire. J'ai tapé mon chapitre entre la nuit et deux cours d'histoire médiévale - alors je m'excuse si en lisant vous avez envie de sortir votre Bescherelle en me faisant réviser le Larousse.

Des bisous, des bisous ♥

Blondie 


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