Chapitre 4
Minho dut attendre une semaine entière avant de revoir le visage qui lui hantait l'esprit dès que celui-ci avait une seconde de liberté. Une semaine entière à guetter avec impatience les silhouettes au travers de la vitre, à sentir son cœur s'emplir d'espoir à chaque fois que la clochette retentissait et ses épaules à tomber de déception en se rendant compte que le son n'indiquait pas la personne tant attendue. Même Seungmin remarqua que quelque chose ne tournait pas rond chez le brun. Il lui fit remarquer qu'il « était encore moins agréable que d'habitude ». Charmant.
Durant une semaine entière, Jisung ne pointa pas le bout de son nez. Ni le lundi matin lors de l'ouverture, ni le jeudi en début d'après-midi alors que c'était le moment de la semaine le plus calme. Minho résista même à l'envie de venir guetter sa venue sur ses jours de congé. Il n'était pas désespéré à ce point. Et il avait d'autres choses à faire. Comme de s'acheter une machine qui faisait des cafés décents. Désormais il pouvait déguster des cafés ayant du goût au travail et chez lui. Le grand luxe.
Ce ne fut que le lundi suivant que le mystère put trouver son dénouement. Minho avait ouvert la boutique comme à son habitude, prenant son temps pour lancer les différentes machines, débarrasser le lave-vaisselle, se servir un café. Il avait relevé la grille avec quelques minutes de retard sur son planning. Depuis le temps, il avait abandonné l'idée de voir apparaître Jisung à sa porte. Il se disait que le plus jeune était sorti de sa vie comme il y était rentré, sans un bruit, sans faire de vague. Ce ne serait pas la première personne à qui il n'avait pas eu le temps de dire au revoir. Mais Minho ne pouvait nier le pincement au cœur qu'il ressentait lorsqu'il pensait au visage angélique du plus jeune.
Alors vous pouvez imaginer sa surprise lorsque, quand la grille fut complètement remontée, il se retrouva nez-à-nez avec la raison même de sa morosité.
« - Jisung ! » s'écria-t-il. Bien sûr, le plus jeune ne l'entendit pas, une vitre les séparant toujours. Minho s'empressa de déverrouiller la porte. Lorsque son cadet se retrouva à l'intérieur, il ne sut comment l'accueillir. Une semaine à attendre cet instant, que cet instant, pour ne pas savoir comment réagir quand cela arriva. Il avait l'irrésistible envie de le prendre dans ses bras, mais se refusait à sauter le pas. Juste caresser le haut de sa tête aurait eu l'air ridicule. Alors il se tint juste droit devant le plus jeune, mal à l'aise.
« - Hum. Hey.
-Hey » répéta le plus jeune.
« - Tu vas mieux ? » Hochement de tête. Minho se gratta l'arrière du crâne, signe de nervosité. « - Je t'attendais plus tôt » avoua-t-il avant d'ajouter : « Je m'inquiétais pour toi. »
Jisung sourit. « Je suis passé vendredi matin mais tu n'étais pas là.
-Non je travaille pas le vendredi.
-C'est ce que ton collègue m'a appris. » Alors comme ça, Seungmin avait pris le temps de renseigner le plus jeune sur son planning sans lui apprendre que ce dernier était passé le voir ? Alors qu'ils avaient travaillé ensemble toute la journée du samedi ? La prochaine fois qu'ils se verront, Minho aura deux mots à dire au second barista qui avait définitivement décider de lui compliquer la vie. « Mais je suis là maintenant.
-Oui tu es là. »
Cette fois-ci, Jisung soutint son regard. Plus longtemps qu'il ne le pensait. Ce fut au tour de Minho de détourner les yeux. La porte de la boutique s'ouvrit derrière eux.
« - Tu peux aller t'assoir, je reviens tout de suite. »
Sans surprise, Jisung pris place au fond de la salle et commença à scroller distraitement sur son téléphone. Madame Lee lui répéta à n'en plus pouvoir combien il lui avait manqué, lui raconta les derniers potins de sa nièce qui avait annulé son mariage deux semaines avant la cérémonie tandis que ses caniches lui reniflaient le bas du pantalon. Minho fit de son mieux pour paraître intéressé alors qu'il ne suivait pas un traitre mot de son discours. Il lui prépara son latte au caramel – avec double dose de caramel – le plus vite possible, mais la vieille dame ne semblait pas vouloir lui lâcher la grappe.
« - Vous savez, je ne veux pas trop m'avancer, mais je pense que son garçon n'est pas très fiable, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne l'ai jamais senti de toute manière. C'est mieux comme ça, elle s'en est rendu compte à temps si vous voulez mon avis.
-Vous avez parfaitement raison » lui répondit distraitement Minho en préparant le chocolat chaud destiné à son cadet.
« - Les jeunes aujourd'hui, ce n'est plus ce que c'était à mon époque. Bien sûr pas vous, je suis sûr que vous n'êtes pas adepte de ce genre de pratique. Il devrait y avoir plus de gens comme vous.
-Vous me flatter. Je suis terriblement désolé madame, mais j'ai un autre client à servir.
-Oh pas de soucis jeune homme. Vous avez raison, je prends trop de votre temps. Vous êtes bien aimable. Venez Bichon, Chouchou, Hop ! »
Minho appréciait véritablement Madame Lee et ses chiens, malgré leurs noms ridicules. Et il les appréciait d'autant plus lorsqu'il ne lui prenait pas plus de son temps. Se retenant de trottiner, il s'avança vers son cadet.
« - Voilà pour toi.
-Je n'avais rien commandé tu sais.
-Ne joue pas au plus malin, on sait parfaitement toi et moi que c'est ce que tu voulais. »
Jisung trempa ses lèvres dans le breuvage.
« - C'est vrai. »
Minho l'observa un instant déguster sa boisson avant de prononcer ce qui lui brûlait les lèvres.
« - On n'est pas obligés d'en parler si tu n'en as pas envie mais... Je suis là, si tu veux. »
Jisung baissa son regard sur sa tasse de chocolat, l'air un peu triste. Minho ne voulait pas le forcer, d'aucune sorte. Il voulait simplement lui signifier qu'il était disponible si le plus jeune avait envie de parler. De n'importe quel sujet. Minho aurait pu passer son temps à l'écouter parler. Bien qu'il ne le réalisât pas encore.
« - C'est juste... C'est juste que... J'ai l'habitude. Hum. »
Jisung fit tourner sa tasse dans sa coupelle, se racla la gorge et Minho attendit. Le plus jeune n'ajouta rien. Minho jeta un coup d'œil circulaire à sa salle. Madame Lee s'était installée en terrasse, au soleil, ses chiens sur les genoux. Mis à part elle, personne. Et pas beaucoup plus dehors. Il s'assit sur la banquette en face de son client. Cela n'avait rien de professionnel, mais personne n'ira le raconter à Monsieur Kim.
Jisung reprit une gorgé de son chocolat.
« - J'ai juste fait une crise de panique » Ça, Minho l'avait deviné tout seul. « Parce que je souffre d'anxiété sociale. »
C'est comme si, une fois la vérité avouée, Jisung s'était retrouvé nu. Son corps se recroquevilla sur lui-même et son menton rentra dans son cou. Il se referma sur lui-même, son corps faisait barrière à son cœur. Et soudainement, tout son comportement prenait sens. Pourquoi il venait toujours durant les heures creuses, pourquoi il s'asseyait toujours à la même place, la moins visible, pourquoi Minho avait lu une telle panique dans ses yeux. Jisung prenait sens.
« - C'est pour ça que tu as redoublé » chuchota Minho sans même s'en rendre compte. « C'est pour ça que tu es ici alors que tu devrais être en cours. » Jisung hocha la tête.
Minho était abasourdi, mais pas choqué. Ni même surpris. Minho n'était pas surpris de cette facette du plus jeune. Il était désolé. Tout au plus, cette révélation lui donnait encore plus envie de prendre le plus jeune sous son aile, de le protéger contre vent et marées.
« - Je suis sensé te dire, en tant qu'aîné, que tu devrais aller en cours, que les études sont importantes et qu'il faut se forcer pour que ça aille mieux, mais comme tu le sais, cela ne m'a pas bien réussi non plus. Et je crois pas à ce bullshit. » Il réussit finalement à dérider son cadet. Jisung releva la tête et esquissa un sourire timide. « Tu es toujours le bienvenu ici »
Son sourire se fit plus franc.
« - Merci.
-Ne me remercie pas, je ne suis que rationnel. Plus tu viens ici, plus tu consommes. Plus tu consommes, plus mon chiffre d'affaires monte. Plus mon chiffre d'affaires monte, plus mon patron est content. Plus mon patron est content, plus il est susceptible de me donner une augmentation. Tu vois, c'est complètement dans mon intérêt que tu passes ton temps ici. Tu vas me rendre riche, Jisung. »
Cette fois-ci, le plus jeune rit franchement. Ce son fit bondir le cœur du brun. Il se dit qu'il avait réussi sa journée.
« - Je ne pense pas que c'est avec mes pauvres chocolats chauds que je vais te rendre riche.
-On ne sait jamais ! Un chocolat après l'autre, ça fait beaucoup de chocolat à la fin.
-Si tu le dis. » Ils savaient tous les deux que Minho racontait n'importe quoi, mais ça ne les empêchait pas d'y croire. Qui sait, un chocolat après l'autre, quelque chose peut bel et bien se construire.
***
Celles et ceux qui ont écouté.e.s le nouvel album de StrayKids (ODDINARY), est-ce que vous l'avez aimé? Quelle est votre chanson favorite? La mienne est Lonely St., elle m'a fait pleurer
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