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Chapitre 39

L'alarme diffusée par son téléphone s'apparentait plus à une sirène de pompier résonnant à travers les parois même de son crâne que la mélodie jouée à la guitare qu'il avait choisi comme sonnerie. Sa main tâtonna dans son lit sans qu'il sente les draps sous ses doigts. Il ne trouvait rien, poussa un grognement. Il avait l'impression que quelqu'un tentait de lui retirer ses dents. Il se leva, une main contre le mur le plus proche pour éviter de tomber. À tâtons, il trouva son interrupteur. La lumière remplit la pièce et il ferma les yeux. Est-ce que la lumière avait un son ? Il avait pourtant l'impression de l'entendre crisser dans sa tête. Enfin il trouva son mobile délaissé sur le sol et mit fin à cette torture. Le silence même lui donnait la nausée.

Il s'échappa de sa chambre, sa concentration entièrement destinée à mettre un pied devant l'autre. Les trois mètres qui le séparaient de sa cuisine ne lui avait jamais semblé aussi long. Il sortit un verre de son tiroir et s'accorda une aspirine dont le paquet trainait encore sur le plan de travail. La fraîcheur de l'eau permit de lui éclaircir les idées.

Les deux cadavres de soju le narguaient depuis le sol, triste preuve de son trépas. Il s'agenouilla pour les ramasser. La soirée de la veille lui revenait par bribe. Il ne se souvenait pas d'avoir ouvert la seconde bouteille, par contre il se rappelait fort bien avoir envoyé une série de SMS larmoyants à l'intention de Jisung. Il se frotta le front, le regret acide remontant le long de sa gorge. Il n'avait pas la force de relire lesdits messages, d'autant moins si le blond lui avait effectivement répondu. Le visage de Wheein déchiré par le choc était une image indélébile dans sa mémoire. Les regrets vinrent lui grignoter les intestins, rejoignant cette légion de serpent qui le poursuivait même dans ses rêves.

Le verre disparut et le médicament ayant commencé à faire ses effets, il regagna assez de conscience de soi pour se diriger vers sa salle de bain et se donner une apparence à peu près humaine. Il hésita à se faire porter pâle auprès du café, mais il ne pouvait affronter la perspective de se retrouver seul avec ses souvenirs. N'importe quelle distraction plutôt que de contempler sa propre déchéance.

Lorsqu'il arriva aux Temps Modernes, même Seungmin semblait surpris par sa tenue. « - Je sais que tu traverses une mauvaise passe » lui dit son collègue. « Mais venir bourré au travail, c'est trop.

-Gueule de bois.

-Tu pues l'alcool.

-Désolé.

-Reste derrière le bar et ouvre la bouche le moins possible. » Cela convenait parfaitement à Minho.

Ses tâches étaient simples : lancer la machine pour préparer les cafés, remplir le lave-vaisselle et ranger les couverts une fois propres, installer les commandes sur le comptoir et laisser Seungmin les distribuer. Pourtant entre chaque mouvement, Minho avait besoin de prendre une grande inspiration immobile pour revenir sur terre. Son mal de crâne avait peut-être été chassé par un petit cachet blanc, il avait toujours l'impression qu'une mer agitée était venue se loger au creux de son estomac. Il regrettait le repas qu'il s'était accordé la veille. Et le soju. Peut-être le soju était-il le plus en cause.

Il était en train de respirer à fond histoire de calmer les flots de son ventre quand Seungmin accueillit un nouveau client. Minho se retourna pour lui accorder le minimum de la politesse mais les mots se bloquèrent au fond de sa gorge.

Il était redevenu un petit garçon anxieux. Il avait cassé le vase de grand-mère et attendait que la tempête passe. Il était rentré tard et entendait des pas dans son dos, maudissant son sommeil léger. Il avait développé des sentiments pour un garçon et était persuadé que cela s'affichait sur son front. Il tendait l'autre joue après le premier coup, priant pour que ça se termine au plus vite. Il avait mérité la première, certainement la seconde.

Son visage n'avait pas changé, toujours aussi austère et portait les traces d'une virilité passée. Pour Minho, cela avait été le visage du monstre qui se cachait sous son lit. Il s'échappa quelques mots de ses lèvres serrées, sa grosse voix raisonnant dans sa gorge pourtant Minho n'en distingua aucune syllabe.

Son cerveau avait cessé de fonctionner, mais son corps prit le relais. En situation de danger, les animaux ont deux options : fuir ou se battre. Minho opta pour la première. Ses jambes ne le portèrent pas loin, jusqu'aux toilettes près de la réserve dans lesquels il rendu le contenu de son estomac. Puis les larmes vinrent remplir sa vision.

Pourquoi était-il là ? Que lui avait dit Jaehyun ? Est-ce qu'il allait parler à son boss, lui révéler la vérité à son propos ? Il en avait le pouvoir. Il en avait toujours eu le pouvoir. Minho n'était qu'un pantin dont il détenait les fils. Il n'aurait pas dû renvoyer Jaehyun, le fils prodige, le trésor Lee. Le Karma venait toujours frapper. Il perdrait son boulot, il retournerait à la rue. Son souffle se fit erratique. Il n'avait jamais eu d'allergie avec aucun aliment, mais cela devait s'y apparenter. Il n'avait plus assez d'oxygène dans ses poumons, sa gorge comme gonflée à l'hélium. Qu'allait-il faire ? Qu'allait-il devenir ? Il allait tout perdre. Encore. Tout.

« - Minho, qu'est-ce qu'il se passe ?! »

Les murs de la pièce se refermaient sur lui. Il tenta de les retenir, mais son corps était faible de dizaines de jours de privation et ses mains ripèrent contre le placo. C'est à ce moment-là qu'il remarqua qu'elles tremblaient. Il les plaqua contre ses oreilles pour faire taire la petite voix.

C'est tout ce que tu mérites. Il a toujours eu raison. Tu n'as pas ta place ici. Tu n'as ta place nulle part. Ceci n'était qu'un rêve.

Tu ferais mieux de disparaître.

« - Minho respire. »

Il sentit deux mains se poser sur les siennes. Il tenta de se soustraire à cette poigne étrangère mais celle-ci tint bon. Il était un petit animal traqué. Et les limiers l'avaient retrouvé. Un glapissement se fit entendre. Il mit du temps à comprendre que c'était lui qui l'avait poussé.

« - Minho respire. »

La voix de Seungmin parvint à se frayer un passage au travers de ses hallucinations. Il entrouvrit ses yeux baignés de larmes, et son visage lui apparut flou. C'est peut-être cela qui lui permit de reprendre consistance dans l'espace. Car même si ses traits gondolaient dans sa vision, il ne lui avait jamais connu une telle expression. Volatilisé le Seungmin indifférent qu'il côtoyait presque chaque jour, ses yeux étaient grands ouverts d'affolement et ses doigts autour de ses poignets, crispés. Mais sa voix étaient douces comme une étoffe que l'on disposerait dans un landau.

« - Respire avec moi. »

Minho tenta de suivre ses consignes. Il ouvrit la bouche mais l'air avait la consistance du sable. Il toussa, hoqueta, s'étouffa. Son système respiratoire incapable de fonctionner. Il allait mourir là, dans les toilettes du café du coin.

« - Ça va aller Minho, respire avec moi. » Seungmin prit une inspiration sonore et Minho tenta de suivre son rythme. Seungmin exagéra son souffle, et cette cadence régulière redonna un peu de contenance au brun.

Bientôt la pièce cessa de tourner.

« - Encore. Continue comme ça. »

L'air parvint enfin à trouver la voie jusqu'à ses bronches et ses mains se calmèrent. Son cœur fou cessa de vouloir briser ses côtes. Ses jambes se tinrent immobiles. Ne restaient plus que ses larmes qui tombaient silencieusement. Seungmin retira ses doigts qui avaient l'allure de menotte contre les poignets du brun, et une marque rouge y apparut. Seungmin y avait même planté ses ongles.

Minho sentit son acolyte se lever mais il aurait été incapable de le suivre. L'eau s'enclencha dans le lavabo et un mouchoir humide vint faire le tour de ses lèvres.

« - Qu'est-ce que c'était que ça Minho ? Une simple gueule de bois ne déclenche pas ça. Est-ce que... Il y a autre chose ? »

Rien que d'y penser, son ventre se souleva de nouveau. Il ramena ses genoux contre sa poitrine.

« - Mon père... » Il ne pouvait poursuivre. Comment expliquer la terreur avec des mots ? Décrire l'effroi à l'aide d'adjectifs ? C'était des choses qui se sentaient dans la chair.

Mais Seungmin l'avait trouvé dans ses toilettes à tenter de se retirer la peau à l'aide de ses ongles. Il n'avait pas besoin d'explication.

« - Essaie de boire ça. Ne sors pas. Je reviens. » Il déposa un verre à ses pieds et disparut derrière la porte bleue. Seule la respiration désormais stable de Minho comblait le silence.

Il prit une gorgée d'eau. Ses doigts presque trop faibles pour porter le récipient. Il en renversa un peu de son contenu sur son haut. Bien. Cela le ramena au présent. Il percevait la rumeur du café de l'autre côté de la paroi. Les cliquetis des tasses contre les coupelles, les conversations étouffées, la sonnette au-dessus de la porte qui accueillait ou souhaitait une bonne journée aux clients. Minho ferma les yeux et porta son attention sur ces soupirs de la vie. Ses jambes fourmillèrent quand l'énergie revint les habiter.

La porte s'ouvrit de nouveau sur Seungmin. « - Vient » lui indiqua-t-il en lui tendant une main. Le brun accepta cette main tendue et se mit sur ses deux jambes. Il ne pensa pas à ce qui pourrait l'attendre derrière cette porte, il n'en avait pas la force. Il avait confiance en son ami.

Seungmin l'entraina jusque dans la réserve. « - Mange ça » lui dit-il en posant un cookie à sa droite. « Repose toi.

-Le café...

-Laisse-moi gérer. Reste là. » Seungmin fit demi-tour, ouvrit la porte. Puis il se stoppa dans son élan. Se retourna. Il contempla Minho les lèvres entrouvertes. Ses yeux semblaient exprimer le conflit qu'il ressentait intérieurement. Seungmin n'avait jamais été très bon avec les mots, avec l'empathie. Pourtant il transmit à l'aide d'un regard toute l'affection qu'il portait pour le brun. Ses lèvres se soudèrent à nouveau. « Mange. » Minho accepta ses indications avec un pâle sourire.

La pièce était plongée dans le noir. Pas un noir complet, une seule petite fenêtre dirigée vers le nord diffusait sa lumière vacillante. Cela suffisait à Minho. Il prit une bouchée de la friandise amenée par son ami. C'est à ce moment qu'il se rendit compte qu'il était affamé.

Une fois le cookie disparut et le sucre diffusé dans son organisme, Minho parvint enfin à recommencer à réfléchir. Rationnellement. Son père était là. C'était une réalité. Il l'avait toujours su, depuis le moment où Jaehyun était apparu sur le pas de sa porte, depuis le moment où les souvenirs avaient forcé leur chemin jusqu'à son esprit, il était conscient qu'il serait de nouveau confronté à lui. Minho ne croyait en aucun dieu, pluriels ou non, mais cela s'apparentait au destin. C'était la trame rouge de son existence, le boss final de son aventure.

Pourtant il n'aurait jamais pu être assez préparé pour le choc que cela lui avait inspiré. Ses traits durs et sombres, son crâne dégarni où poussaient de rares cheveux gris, étendues éparses de poils drus. Ses yeux, billes noires enfoncées dans leurs orbites où s'affrontait tous les chagrins du monde. Sa bedaine, preuve d'années à côtoyer le bar voisin après une dure journée de labeur. Sa bouche, simple trait droit qui barrait son visage. Tous ces détails mis bout-à-bout, dont Minho se rappelait parfaitement, imprimé à l'encre indélébile contre les parois de son crâne, pourtant pas assez. Rien ne pourrait traduire les sensations qu'il y assimilait. Personne ne comprendrait que ces yeux, il les sentait sur son dos à chacune de ses actions, scrutateurs, que cette bouche était l'origine de ses insécurités, assassine, qu'il ne se rappelait de ces mains que pour les rares coups qu'il avait reçu et des câlins inexistants. Il avait imaginé cette rencontre, l'avait redoutée tard dans la nuit où les heures se confondent, et il n'était toujours pas prêt. Sa respiration s'accéléra de nouveau. Il prit sa tête entre ses deux genoux. Pas de nouveau. Il pouvait sentir les vagues de panique venir lécher les bords de ses pensées. Il respira par le nez. Pas encore.

« - Minho ? »

L'intéressé relava la tête. Il avait rêvé de cette voix de trop nombreuses fois pour se tromper.

« - Jisung... » Sa voix n'était qu'un ruisseau s'échappant de ses lèvres sèches.

« - Oh Minho. » Jisung tomba à genoux et enveloppa de ses bras la masse humaine qu'était devenu Minho. Ce dernier s'abandonna à son étreinte sans résistance. Il n'avait plus assez de force pour se battre contre son passé, contre Jisung et surtout contre lui-même.

Jisung ne dit rien et ne posa aucune question. Il se contenta de recouvrir Minho de son propre corps, de partager sa chaleur et de caresser ses cheveux avec tant de douceur qu'il devait croire que le brun allait se briser sous ses doigts. Minho lui en était reconnaissant. Il ne voulait pas parler. Respirer son odeur, fragrance d'agrume, synonyme de sécurité, lui redonna de la contenance.

« - Comment... ? » commença Minho. Ce simple mot flotta dans l'air, indécis.

« - Seungmin. Il m'a envoyé un message me demandant de venir te chercher.

-Et tu es venu ? » Jisung s'écarta juste assez pour laisser Minho le regarder de face.

« - Bien sûr que je suis venu. » Le blond ne souriait pas, mais Minho retrouva une tendresse passée dans son ton.

« - Et le café ? Il faut que je rejoigne Seungmin, je ne peux pas le laisser seul.

-Heejin est là. Tout est sous contrôle. Tu peux juste te reposer.

-Mais-

-Je sais ce que ça fait d'avoir une crise de panique. Je sais que tu es épuisé. Rentrons. »

Jisung se redressa et lui tendit une main. Rentrons. Cette affirmation se répétait inlassablement dans l'esprit de Minho. Rentrons. Nous. Peut-être que tout n'était pas perdu. Il lui confia sa main.

Les deux garçons partirent par la porte de derrière et la ruelle qui y conduisait. Minho ne pouvait se résoudre à regarder au travers de la vitrine. Bien qu'il ne sache ce qui était le pire : savoir que son père prenait un café tranquillement sur son lieu de travail, ou ne plus savoir où il se trouvait du tout ? Il rabattu sa capuche de sorte à camoufler le haut de son visage. Il se sentait plus serein ainsi.

Sur le chemin, Minho garda ses bras croisés sur sa poitrine et Jisung se tenait à bonne distance à ses côtés. Ils n'échangèrent pas un mot, et le poids des non-dits rendait l'air dense autour d'eux. Mais Minho était fatigué. Si fatigué. Il y aura d'autres moment pour les excuses, les explications, les regrets. Ils atteignirent la porte de son appartement. Jisung l'y suivit à l'intérieur.

Minho s'affala sur son lit. Un peu plus longtemps, et ses jambes n'auraient plus été en mesure de le porter. Il sentit le matelas s'abaisser là où s'était assis Jisung.

« - Tu devrais dormir. » Minho roula jusqu'à poser sa tête sur ses genoux.

« - Reste. » Ce n'était pas une demande d'adulte à un autre, c'était l'incarnation d'une prière enfantine adressée au parent qu'il n'avait jamais eu. « Je sais que j'ai perdu tous les droits de te demander ça, mais reste jusqu'à ce que je me réveille. »

Jisung le contempla longuement, et Minho ne sut interpréter ce regard. Enfin, il souleva le couverture bleu nuit. Minho se décala de quelques centimètres afin de permettre à Jisung de s'y glisser à son tour.

« - Dors. Je serai là à ton réveil. »

Minho se tourna de son côté, sa main frôlant celle de son voisin. Et laissa les ténèbres l'envahir.


***

Bravo à tout.e.s celles et ceux qui sont parvenu.e.s jusqu'ici. Vous avez fait le plus dur :')

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