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Chapitre 38

Juillet laissa sa place à août sans que Minho ne le remarque. La chaleur le laissait indifférent, il ne s'adonnait ni au calme des vacances, ni à la joie de projets longtemps planifiés, enfin réalisés. Ses pensées étaient remplies de visages accusateurs, de mots tranchants comme du verglas, d'auto-apitoiement. Seungmin était parti quelques jours chez ses parents avant d'entreprendre un road trip avec des amis de la fac. Le café avait fermé ses portes pour une semaine. Tout cela l'importait peu. Wheein quant à elle était rentrée de ses jours loin de la capitale. Il n'avait toujours pas répondu à ses appels. Il ne répondait plus à grand monde. Et le monde l'oubliait lentement.

La rentrée approchait et la seule chose qui le faisait tenir était la perspective de retourner au studio de danse. Sa douleur venait de l'intérieur, mais il sentait ses muscles le tirailler à cause du manque d'exercice. Tel un animal sauvage coincés entre des barreaux, il tournait en rond dans son appartement en grognant de-ci de-là. Il avait essayé de courir dans son quartier, tentant désespérément de se vider l'esprit à l'aide d'endorphine. Après 500m, il s'était accoudé à un banc, la vision blanchâtre et le seul son résonnant à ses oreilles avait été la cadence de son propre pouls. Il était rentré chez lui, le chemin lui paraissant infini, avait sorti une barre de céréale de son placard et une canette de coca. Il n'avait terminé ni l'un ni l'autre. Son corps refusait de se nourrir, son estomac contracté jusqu'à venir prendre la taille de celui d'un nourrisson, et il en ressentait la conséquence. Après cet épisode, Minho limita ses sorties plus encore. Sa peau apparaissait translucide.

Il retourna au travail un mardi matin, et Seungmin l'attendait déjà derrière le comptoir. Un regard entre les deux collègues suffit à Seungmin pour qu'il ne pose aucune question. Il prit le bloc-notes entre ses doigts et partit à la demande des clients. Lorsque Minho récupéra son sac à la fin du service, il y trouva deux paquets de ramens, des fruits et une boisson énergisante. Il mangea la moitié de son présent le soir même et se sentit malade toute la nuit.

Mais samedi serait mieux. Samedi il retournerait au conservatoire, et il commencerait à remonter la pente. Un pas après l'autre. Une fois qu'il pourrait danser, il se sentira mieux. Il s'accrochait à cette pensée avec l'énergie du désespoir car sans cela, plus rien ne le retiendrait de sa longue, longue chute dans les abysses.

Son souffle se fit plus profond lorsqu'il se retrouva devant les miroirs gigantesques de la salle de danse. Younha les accueillit avec l'un de ses précieux sourires et cela introduisit une dose d'excitation dans ses veines. Il se mit à sautiller sur place.

« - Je suis contente de vous retrouver mes hirondelles. » Ils avaient encore augmenté d'un niveau dans les métaphores animales.

Sooyoung le toisa des pieds au bout de ses cheveux ternes.

« - En voilà un qu'a passé un mauvais été.

-Disons que je suis heureux d'en voir la fin. » La jeune femme haussa les épaules ce qui fit rebondir ses cheveux courts. Elle tendit une main à son camarade et ils débutèrent leur série d'échauffements silencieux.

Younha claqua dans ses mains. « J'espère que vous avez bien révisé durant l'été, car on va reprendre aucune des chorégraphies du dernier semestre. » Quelques grognements frustrés se firent entendre, mais cela soulageait Minho. Il n'avait réussi à se concentrer dans les jours qui avaient suivis sa rupture, et ensuite il avait remarqué avoir complètement oublié les pas. Son miroir fracturé ne l'aidait pas à s'entrainer non plus, simple vestige de ses fautes. Il le gardait exposé dans son salon sans trop en comprendre la raison. Certains jours il était réconfortant de contempler son reflet brisé en une myriade d'éclats ; certains jours, la seule vue des impacts en haut de la glace le replongeait dans sa torpeur.

L'instructrice se plaça en face du miroir et ses élèves regardèrent attentivement la série de mouvement qu'elle amorçait. Minho, de même que Sooyoung et une troisième élève taciturne, observait depuis la dernière ligne. Ils reprirent les décomptes décortiqués quatre fois avant que Younha ne lance la musique. Les gestes de Minho étaient lourds comme plongés dans de la mélasse, et ses pas incertains. Il avait l'impression d'être novice de nouveau, perdant sa spontanéité et la confiance en son corps. Et il détestait cela.

Pourtant il n'était pas mauvais à proprement parler. Il conservait toute sa mémoire, étant le premier à se souvenir de l'enchaînement en entier. Mais il n'avait aucune grâce, aucune technique. Il s'était transformé en un automate auquel on apprendrait à se mouvoir plutôt qu'à un être humain doté de passion et de volonté. Il n'était qu'une carcasse vide. Cela n'échappa pas à Younha qui fronça les sourcils lors de sa performance au premier rang. Cependant aucune remarque ne s'échappa d'entre ses lèvres.

Lors de la pause, Minho sentit sa tête commencer à tourner et sa vision s'obscurcir. Il s'assit en tailleur et s'hydrata à l'aide de longues gorgées. Quand il remonta sur ses deux jambes, sa tête pesait lourdement sur ses épaules mais au moins l'horizon ne tanguait plus.

Il persévéra dans cet état durant le second exercice, le troisième, mais à la venue de la chorégraphie finale, là où Younha les autorisait à se lâcher et à interpréter véritablement, le moment de la séance que Minho chérissait, il s'effondra sur le sol au cours d'un saut. Le pire ne fut pas la honte, car tout le monde tombait. Il était déjà tombé, à de nombreuses reprises, et il retombera certainement de nouveau. Mais jamais il n'avait été incapable de se relever. Le sol n'était plus droit sous ses pieds, mais transformé en sable mouvant. Sa tête ne parvenait à faire la différence entre le haut et le bas. Son genou droit le lançait. Il aura probablement un bleu pour les prochains jours.

« - Ecartez-vous de lui. » L'ordre claqua, sec. Minho perçut un mouvement de foule autour de lui et il lui fut plus facile de respirer. « La séance est terminée pour la journée. Rentrez chez-vous. » Le brun prit une grande inspiration et parvint à se hisser sur ses fesses. Il croisa le regard de Sooyoung avant qu'elle ne referme son sac. Elle prononça un 'ça va ?' silencieux auquel il répondit par un hochement de tête. La rousse jeta un regard hésitant à leur professeure avant de fermer délicatement la porte dans son dos.

Un paquet de biscuit tomba sur les genoux de Minho. « Je t'ai observé durant toute la séance Minho. Je crois savoir ce qu'il se passe et je te préviens, tu joues un jeu dangereux. » Sans envie particulière, Minho ouvrit le sachet et croqua dans la barre de chocolat. C'était sucré, ça pétillait dans sa bouche et pesait lourd dans son estomac.

Qu'importe ce que pensait Younha elle était probablement très loin de la réalité.

« - J'en ai déjà vu un paquet de gens comme toi dans ma carrière, et crois-moi, ça ne marche jamais. La seule chose que tu vas accomplir c'est te briser la santé. » Minho continua à mâcher lentement. Younha souffla. « Je ne peux pas te prendre dans mon cours tant que tu ne te remettras pas à manger. »

Minho avala de travers.

« - Younha... Je... Je ne suis pas...

-Je sais que tu vas nier, mais je connais les signes.

-Je n'ai pas de troubles alimentaires. Je mange juste moins que d'habitude parce que... » Parce que quoi au juste ? Parce qu'il avait perdu l'appétit ? Parce qu'il n'avait plus de but à ses journées donc plus besoin d'énergie ? Parce que c'était une façon tordue que son esprit avait trouvé pour se punir ?

Lui-même n'était pas convaincu par ses bégaiements.

« - Comme je te l'ai dit, je ne peux pas te prendre tant que tu poursuis sur cette route. Je peux te donner le numéro d'un spécialiste, beaucoup de mes amis avec le même problème sont allés le voir et le recommande.

-Je n'en ai pas besoin. » N'en avait-il pas besoin ou pas envie ? « Merci pour la barre de chocolat. » Minho entendit Younha appeler son nom mais il ne se retourna pas. Il grimaçait à chaque fois que sa jambe abimée touchait le sol, mais il ne pouvait supporter de rester dans cette salle une seconde de plus.

Voilà qu'on lui retirait son seul plaisir. Sa seule planche de salut. Injustement. Minho était en colère contre Younha de l'avoir mal jugé, à son corps de le lâcher et de refuser toute nourriture. Il frappa dans une poubelle et son contenu se répandit sur le sol. Il se souvenait avoir accomplit le même geste pour y trouver de quoi subvenir à ses besoins. Malgré les températures au-dessus de 30°C, Minho sentit un frisson lui remonter le dos. Il connaissait la faim, il était trop malin pour se l'infliger aujourd'hui.

Alors qu'est-ce que c'était ? Parce que Younha avait raison sur un point, il se brisait la santé. Pas parce qu'il avait développé une relation dangereuse avec la nourriture. Minho pensa à cette petite voix qui était devenue sa seule compagne ces derniers mois et qui lui murmurait combien il ne valait rien, combien Jisung devait être mieux sans lui. Qu'il méritait, enfin, ce qui lui arrivait. Peut-être était-ce sa faute à elle. Il referma ses bras sur sa poitrine.

Une fois au creux de son appartement, Minho sortit une pizza congelée de son frigo. Tout le temps de la cuisson, il le passa à contempler son futur repas perdre ses morceaux de givre, la pâte gonfler comme le ventre d'un enfant endormi et le fromage devenir luisant sous la résistance. Aucune salive ne venait emplir sa bouche, pourtant son ventre grogna à cette vision. Il coupa le cercle en six parts égales et s'en servit une généreuse dans une assiette tachée. Ses lèvres devinrent brillantes de gras et ses papilles raffolaient du sel, pourtant il n'en tirait aucun plaisir. Aucun déplaisir non plus. Indifférent, comme envers toute autre action. Il se servit d'une deuxième part et entreposa les restes dans son frigo désespérément vide. Les tupperware de Soohee ne lui avaient jamais autant manqué.

Il lança un dessin animé sur son téléphone sans vraiment y prêter attention. Même ses pensées s'étaient calmées, ralenties, embourbées. Elles tournaient toujours autour de trois questions : Quand est-ce que son frère viendrait le retrouver ? Est-ce que Jisung pensait à lui ? Pourquoi continuer à se lever ? Il tomba dans une léthargie sans rêve.

Ses yeux étaient fixés au plafond. Son téléphone indiquait 4h du matin. Déjà une demi-heure qu'il se retrouvait dans cette position. Son corps était faible et en manque de sommeil, pourtant celui-ci semblait lui couler entre les doigts. Il sortit de sa chambre chercher un verre d'eau. Son salon était illuminé par une centaine de luciole. Minho se frotta les yeux. La lumière de la lune se reflétait sur son miroir explosé et sa lueur chantante comblait chaque espace. Minho s'allongea sur le sol et contempla cette réplique d'un ciel étoilé jusqu'à s'endormir.

Il était 9h passé lorsqu'il se réveilla pour la seconde fois, un mal de crâne lancinant l'ayant désigné comme hôte. Il se servit d'une aspirine dans un verre d'eau et partit prendre une douche. Il respirait, mangeait, se mouvait comme n'importe quel être humain, pourtant il lui en manquait l'essence même. Il ne prit pas la peine de trouver des vêtements propres, gardant son pyjama sur le dos.

Il prit place sur une chaise autour de sa table, les genoux remontés contre sa poitrine et ses bras les encerclant, et n'en bougea pas pour le reste de la journée. Sa ligne de mire avait disparu. On lui avait tout retiré : sa famille d'abord, des mois auparavant. Sa sécurité ensuite. Sa dignité. Puis sa tranquillité. Ses émotions. Jisung. Maintenant son seul hobby. Il ne disposait plus de rien d'autre que cette enveloppe charnelle défaillante. Une lueur bleue recouvrait maintenant son genou droit. Des courbatures lui montaient dans le dos comme des griffures infectées. Le soleil monta dans le ciel à son zénith, puis redescendit dans la voûte céleste sans qu'il ne change de position, rien qu'une fois pour se servir des restes de pizza froide.

Un son strident s'échappa de son interphone et il sursauta si bien qu'il faillit en tomber de sa chaise. Était-ce Jaehyun ? En avait-il assez d'attendre ? Avait-il trouvé un nouveau moyen de pression, une nouvelle manière de le tourmenter ? Minho était certain que s'il ouvrait la porte, il ne resterait définitivement plus rien de ce qu'il avait pu être. Il resta pétrifié sur son assise tandis que la sonnerie se répétait.

Le silence qui suivit résonnait de menace. Les muscles tendus, Minho était si concentré sur son ouïe que le manque de son avait une tonalité propre. Lorsque des petits coups secs et rapides claquèrent contre la porte, il cru vomir.

« - Minho ! Je sais que tu es là ! »

Les jambes aussi tremblantes que de la paille, il se dirigea vers l'entrée. Wheein gardait ses bras croisés sur sa poitrine, les sourcils froncés.

« - Je me suis fait un sang d'encre. Où t'étais passé ?

-Juste là. » Sa voix avait la consistance d'un filet de vapeur.

« - Pourquoi tu ne répondais pas à mes messages ? » Minho haussa les épaules, pas sûr de la réponse appropriée.

« - Seungmin m'a dit que c'était finit entre Jisung et toi.

-Les nouvelles vont vite.

-Ça fait deux mois.

-Ah.

-Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

-Pourquoi je te l'aurais dit ?

-Parce qu'on est amis. » Wheein avait posé ses deux mains sur ses épaules. Pour Minho, elles pesaient aussi lourdes que des menottes. Elles l'enchaînaient à des souvenir qu'il refusait de confronter.

« - Tu n'es pas obligée de savoir tous les détails de ma vie.

-Ce n'est pas qu'un détail, c'est important pour toi et je vois que ça te blesse. Je voulais être là pour toi. »

Pourquoi ? Pourquoi tout le monde voulait toujours être là pour lui ? Il n'avait rien demandé. Il n'aspirait à rien d'autre que de retrouver sa solitude. Au moins il ne pouvait pas la décevoir, elle.

« - Si j'avais besoin d'une nounou pour s'occuper de moi, j'en aurai appelé une. Occupe-toi de tes affaires Wheein, et fout moi la paix. » La blonde retira ses mains comme si son contact l'avait brûlé.

« - C'est pas parce que tu souffres que ça te donne le droit de blesser les autres.

-J'ai pas besoin d'un prof de philo non plus.

-Tu deviens méchant. » Ses sourcils parfaits se froncèrent sur son visage parfait. Les traits de Jaehyun se superposèrent au sien, et Minho détourna les yeux.

« - Tant pis.

-Je sais que tu ne vas pas bien, mais ça ne te donne pas le droit d'être un connard. » Les suppliques avaient laissées place à un orage menaçant.

-Casse-toi ! »

Wheein s'écarta d'un pas et tira sur le bout de ses manches. « Si c'est comme ça que tu te comportes, Jisung a bien fait de partir. » Le bruit de la porte claquant contre le chambranle résonna dans l'appartement. Il avait tout fait pour la pousser à bout, désirer rien d'autre que de retrouver sa noirceur et se repaître de sa propre noyade, alors pourquoi cela faisait aussi mal ?

Il ouvrit son frigo et avisa les bouteilles de soju que Jisung et lui avaient commandées avec l'un de leur plat de poulet, sans jamais les consommer. Il avait déjà touché le fond, ce ne pourrait pas être pire.

Il prit une première gorgée et accueillit avec délice l'engourdissement qui l'accompagnait.

Le noir complet tomba sur sa conscience.


***

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