« - Tu vas t'en sortir tout seul ? »

Minho regarda son collègue comme s'il venait d'une autre planète.

« - C'est une vraie question ? » Ils devaient fermer boutique dans une heure, la salle était presque déserte et Minho avait déjà eu à s'occuper de la fermeture mille fois.

« - Non, je voulais juste t'embêter. » Le brun leva les sourcils, l'air désappointé. Son collègue avait déjà trouvé des remarques plus spirituelles que celle-ci. Seungmin récupéra son manteau et ses clés.

« - Passe une bonne soirée. Tu souhaiteras un bon anniversaire à Heejin de ma part.

-Tu aurais pu le faire toi-même si seulement tu étais venu à sa fête.

-Tu sais que ce n'est pas si simple. »

Minho avait été honoré d'être inscrit sur la liste d'invité de la brune. D'autant plus lorsque Seungmin lui avait annoncé cela comme une évidence. Il ne pouvait mentir en disant qu'il n'avait pas sentit ses joues le picoter.

Seulement.

Seulement Jisung n'était pas au top de sa forme même s'il ne l'avait jamais avoué à son aîné. Ce dernier s'en rendait très bien compte tout seul. Et ils avaient planifié de se voir ce soir-là depuis longtemps, parce qu'entre les révisions de dernières minutes du plus jeune et la sortie de sa mixtape, ils n'avaient pas eu beaucoup de temps à eux. Et Jisung en avait besoin. Et Minho aussi. Il avait été tenté un moment de lui proposer d'y aller ensemble. Cependant il ne voulait pas que Jisung se force à y aller pour lui et qu'il ne se sente pas à son aise alors que tout ce dont il avait besoin était de se reposer. Il ne voulait pas non plus que le plus jeune l'encourage à y aller sans lui alors que tout ce que Minho souhaitait était de passer du temps avec lui. Ni qu'il se sente coupable à l'idée de lui faire rater un bon moment si jamais il restait avec lui.

Alors il s'était tu.

« - Je sais » confirma Seungmin. « Salue-le de ma part. » C'était ce qui était pratique avec Seungmin : il ne prenait rien personnellement. Il était bourru, une véritable peste, cinglant et psychorigide, mais il n'avait de ressentiment envers personne. Minho soupçonnait que c'était parce que cela lui prenait trop d'énergie, tout simplement.

Seungmin s'en fut sans un autre regard. Minho soupira et attaqua le début de son ménage.

Après avoir nettoyé ses couverts, quelques tables, préparé le seau pour la serpillère et rangé les pâtisseries au frigo, Minho consulta son téléphone. Pas de messages. Il fronça les sourcils. Jisung aurait dû arriver depuis le temps. Ou au moins il l'aurait prévenu de son retard. Il se demanda un moment ce qu'il se passait, puis rangea son mobile. Jisung était un adulte tout à fait capable de prendre soin de lui et de demander de l'aide par lui-même si besoin. S'il ne l'avait pas appelé, c'est qu'il s'en sortait très bien tout seul et il y avait certainement une explication logique à son retard.

Le serveur continua de ranger sa vaisselle, et une fois que la porte se referma derrière le dernier client de la journée, il ferma à clé et retourna la pancarte de « ouvert » à « fermé ».

Il balaya le sol, le lava, décompta la caisse, éteignit les machines, cette danse quotidienne qui lui vidait la tête. Il récupéra ses affaires dans la réserve, sa paye du mois, baissa les sortir et sortit dans la lumière déclinante.

Jisung l'attendait.

« - Hey, pourquoi tu n'es pas rentré ? »

Le plus jeune se mordilla la lèvre sans répondre. Minho lui remit son écharpe en place, même si vu la température plutôt douce, il n'en avait pas vraiment besoin. Il descendit sa main le long de son corps jusqu'à trouver sa jumelle, la prit furtivement au creux de la sienne avant de s'écarter.

Minho comprenait.

Jisung n'avait pas trouvé la force de rentrer dans son café. Minho comprenait et il se sentait désolé. Désolé que ce qui devait être un endroit neutre voire relaxant s'était transformé en épreuve.

Mais il avait confiance en son cadet. Ce n'était que cela, une épreuve. Il passerait au-dessus le moment venu.

« - On y va ? » Jisung acquiesçât.

« - Comment se passent tes dernières révisions ? » demanda Minho alors qu'ils prenaient leur chemin habituel pour rentrer chez le plus âgé. « Jeongin ne t'en fais pas trop voir de toutes les couleurs ?

-Si. Il m'a préparé un programme, j'ai l'impression qu'il m'entraîne à rentrer à l'armée.

-Que veux-tu, tu es son cobaye sur lequel il teste ses techniques d'apprentissage pour les générations futures.

-Parfois c'est vraiment comme ça que je me sens. Un cobaye. Rien qu'un cobaye entre ses mains.

-Tu as de la chance d'être son cobaye.

-T'inquiète pas qu'il ne me le laisse jamais oublier. »

Ils montèrent les escaliers quatre à quatre.

« - Ma mère nous a encore fait des Tupperware. Et ne râle pas, c'est impossible de dire non à ma mère.

-J'ai arrêté de me battre depuis un moment. Qu'est-ce qu'on a ?

-Riz, légumes revenus à la poêle, brochettes d'agneau et je crois de l'ananas au sirop en dessert.

-Même un dessert ? Quel luxe !

-Et vu les portions, tu en auras pour deux jours. »

Minho rit doucement en posant ses affaires sur la table de la salle à manger. Il avait abandonné le combat qu'il menait contre la gentillesse de Soohee. Ils perdaient tous les deux. Désormais il se montrait reconnaissant envers sa générosité. Et Soohee était heureuse de prendre soin de ce bout d'homme grandit trop vite.

L'hôte se mit à réchauffer les mets dans différentes casseroles, le riz avec un filet d'huile de sésame pour le rendre croustillant, tandis que son invité mettait le couvert. Une chorégraphie, une fois de plus, mille fois répétée dans laquelle Minho se plongeait volontiers. Cela lui rappelait son ancienne vie, le quotidien, les réflexes qu'il avait alors.

Les légumes étaient croquants en bouche. La viande, tendre. Les deux garçons se régalèrent. Une fois les estomacs pleins et les esprits contents, Minho se tourna vers son cadet.

« - Je sais que, peut-être tu n'as pas envie d'en parler, mais je sais que tu traverses une passe difficile. » Sur ce il lui prit la main. « Je suis là pour toi si tu en as besoin. »

Jisung évita son regard une nouvelle fois. Minho avait compris depuis le temps que c'était sa manière de supporter l'émotion. Ce n'était pas le signe qu'il ne voulait pas en parler, ou qu'il avait honte. Juste que le regard portait trop de signification et qu'il lui était difficile de supporter cela.

Mais il ne retira pas sa main.

« - Je sais. » Il n'ajouta rien, alors Minho non plus.

« - Qu'est-ce que tu veux faire ? » demanda Minho après avoir débarrassé la table et terminé la vaisselle. « - On peut finir Arcanes. Ou commencer une nouvelle série. Ou regarder un autre Miyazaki. Je crois qu'il nous reste Ponyo sur la falaise.

-Est-ce qu'on peut juste s'allonger sur ton lit ? »

Minho sourit tendrement. « On peut faire ça aussi. »

Le premier à s'allonger fut Jisung. Minho s'installa, son torse embrassant le dos de son compagnon. « - Comme ça ? » Jisung hocha la tête.

La main de Minho s'envola sur la taille du plus jeune et il l'enserra sans force. Pas une cage, un cocon. Une carapace, une protection contre le monde extérieur. Ici, à l'intérieur de son petit appartement, ils formaient une bulle inviolable et tenaient à baie toute sorte de menace. Distraitement, Minho commença lui caresser le ventre. Juste son pouce qui retraçait la fon de sa cage thoracique au-dessus de son T-shirt. « Ça te fait du bien ça ? Est-ce que ça te détend ? » Nouveau hochement de tête.

Minho poursuivit son manège. Il passa sa main de bas en haut, de haut en bas le long de son abdomen. Ce genre de gestes rassurait les chats, les mettaient en confiance, pourquoi pas les humains ? Il poursuivit ensuite son voyage sur sa taille, cette taille pour laquelle il vouait une telle adoration. Jisung sembla penser à la même chose car il lâcha un petit rire.

« - Pourquoi tu rigoles ? » le questionna tout de même le brun.

« - Parce que tu as vraiment quelque chose pour ma taille.

-Elle le mérite.

-Pourquoi ?

-Parce qu'elle semble si fine, ça défit l'anatomie. Pas de pression, hein ! Ce n'est pas une manière pour moi de te dire 'garde la ligne sinon je te quitte !' » se reprit-il rapidement, priant pour que sa maladresse n'ait pas blessé son cadet. « Je veux que tu manges tout ce qui peut te rendre heureux et te garder en bonne santé. Il y a pleins d'autres choses que j'aime chez toi. »

Jisung se retourna sur le flan afin de faire face à son interlocuteur. Ses yeux d'un noir profond semblaient scanner l'âme de Minho. Ses cils venaient caresser ses joues rebondies à chaque battement. Pour une fois, ce fut difficile pour le plus âgé de soutenir son regard.

« - Comme quoi ? » La salive eut des difficultés à descendre le long de la gorge de Minho. Jisung pouvait se montrer impressionnant lorsqu'il le décidait.

« - J'aime tes cheveux. Quand ils partent dans tous les sens. Lorsque tu les as lavés la veille et qu'ils sentent la fleur d'orangé, qu'ils sont encore volumineux et indisciplinés. J'aime les prendre entre mes doigts. » Joignant le geste à la parole, Minho monta sa main au visage de son voisin et coinça une mèche entre son pouce et son indexe. Il les fit rouler entre ses pulpes et apprécia le crissement qu'ils produisirent. « J'aime l'odeur qu'ils laissent sur mes vêtements.

-Est-ce que tu penses que je devrais essayer une autre couleur ?

-Je pense que n'importe quelle couleur t'irait à merveille. » Jisung sourit de toutes ses dents. Minho ne mentait même pas. Jisung pourrait abandonner cette couleur auburn pour du noir, du blond, du roux, du violet, du vert, qu'importe ! Il serait magnifique quoi qu'il en soit.

« - Quoi d'autre ?

-Tes mains.

-Mes mains ?

-Mmh. Elles sont grandes.

-Pas beaucoup plus grandes que les tiennes.

-Elles sont fortes. Elles produisent la plus magnifique des musiques.

-C'est plus mon cerveau qui fait ça.

-J'aime quand tu prends les miennes dans les tiennes » poursuivit Minho, imperturbable. « Je me sens moins seul. Protégé. »

Comme pour sceller ses dires, le brun confia ses paumes au plus jeune. Celui-ci les prit, délicatement entre les siennes, les frôlant plus que les caressant. Minho sentit sa respiration se bloquer sans sa gorge. Il ne faisait que s'effleurer, pourtant il avait l'impression que c'était le moment le plus intime qu'ils n'avaient jamais partagé. Leurs mains uniquement étaient en contact pourtant il se sentait connecté à Jisung par toutes les fibres de son corps. Il sentait ses yeux sur son visage, son souffle sur ses joues, ses pieds à quelques centimètres des siens. Son rythme cardiaque semblait répéter 'Jisung, Jisung, Jisung' à ses oreilles.

Finalement, Jisung referma ses doigts sur ceux de son aîné, tels une promesse.

« - Quoi d'autre ?

-Tes joues. Elles me rendent heureux rien que par leur existence. »

Bien que Jisung tentât de le réfréner, un sourire vient étirer ses fameuses joues désormais recouvertes d'une subtile couleur rose. Minho caressa du bout du pouce le dos de la main de son cadet. Leurs pieds, à l'autre bout du lit, se rencontrèrent. Minho sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge. Il ferma les yeux.

Lorsqu'il les rouvrit, il lui sembla que Jisung s'était encore rapproché. Le brun se pencha un petit peu, leurs nez se frôlèrent. Minho bougea sa tête à droite, à gauche en baiser esquimaux mais ce fut Jisung qui franchit les derniers millimètres en venant apposer ses lèvres contre celles du plus âgé. Rien qu'une pression furtive. Un battement d'aile de papillon.

Jisung migra vers le haut de son visage, et embrasser ses deux paupières closes.

« - J'aime tes yeux » annonça-t-il sans que Minho n'ait rien à demander. « Ils sont si grands et ils regardent le monde sans aprioris, sans vouloir ni le conquérir ne le déchiffrer. Tu acceptes juste les choses comme elles sont. » Jisung démêla leurs doigts afin de pouvoir redessiner les sourcils sur le front de son aîné. Toujours les yeux clos, Minho avait la respiration saccadée. « J'aime lorsque tu me regardes comme si j'étais la chose la plus précieuse sur cette Terre. » Tu es la chose la plus précieuse sur cette Terre avait envie de lui répondre Minho. Mais aucun mot ne franchit ses lèvres. C'était son moment. « Je sais que ces yeux sont sur moi, toujours, que tu prends soin de moi à chaque instant, que tu ne manques aucun détail. » Minho avait la tête qui tournait, un peu comme s'il avait bu une dizaine de shots d'affilé.

Jisung redescendit sa main le long de ses tempes, de ses pommettes, laissa courir la pulpe de ses doigts le long de l'arrête de son nez.

« - J'aime ton nez. Je n'ai jamais vu de nez aussi bien dessiné. C'est ce qui m'a marqué en premier quand je t'ai vu dans ce café. Ton nez. Comment chaque trait de ton visage était aussi bien tracé. J'avais l'impression de contempler une statue de la Grèce antique plutôt qu'une personne humaine » Minho gardait les yeux fermés jusqu'à ce que la pression sur nez disparaisse.

Mais Jisung n'avait pas terminé son voyage. Il descendit son index le long de son philtrum, de ces lèvres qu'il venait d'embrasser, de son menton. Il reposa finalement sa main juste en dessous de son épaule.

« - J'aime tes bras. J'aime quand ils m'enserrent comme dans une bulle. J'ai l'impression que rien de mal ne peut m'arriver quand je suis dans tes bras. » Minho sentit monter en lui le besoin impérieux de le serrer dans ses bras-là qu'il complimentait. Il voulait passer ses mains dans son dos et le tenir tout contre son torse, se fondre en lui, faire barrière de son corps entre lui et le monde extérieur.

Mais il ne dit rien, laissa Jisung continuer son exploration.

« - Est-ce que ça te gêne ? » demanda-t-il soudainement.

« - De quoi ?

-Que je te touche ? Comme ça ?

-Non. » Il était sincère. Ses mains, ses mots, rien ne le mettait mal à l'aise. Parce qu'il savait que Jisung ne demanderait pour rien de plus que ce que Minho était prêt à lui offrir. Jamais il n'en attendrait plus.

Minho avait confiance en lui. Complètement. Et cela changeait tout.

« - Est-ce qu'il y a quelque chose qui te dérangerait ? Une certaine limite que tu as ? »

Au ton soucieux du plus jeune, Minho comprit que c'était véritablement important de parler de leurs limites maintenant. Il plongea son regard dans celui de Jisung.

« - Je ne suis pas très à l'aise à l'idée que tu soulèves mon T shirt.

-D'accord.

-C'est juste que... Que...

-Tu n'as pas besoin de m'expliquer quoique ce soit. Je respecte cela.

-Non. Je veux te dire pourquoi. J'ai une cicatrice sur le ventre, et je préfère te la montrer lorsque je serai prêt.

-OK. »

La main de Jisung pendait de nouveau entre leurs deux corps. Minho la prit dans la sienne et la porta à ses lèvres. De là il embrassa chacun des bouts de ses doigts, de l'index à l'auriculaire, en prenant tout son temps. La respiration de Jisung se fit plus profonde.

« - Est-ce qu'il y a quelque chose que tu n'aimerais pas que je fasse ? »

Jisung réfléchit plusieurs secondes alors que son aîné continua de jouer avec ses doigts. Minho n'avait pas exagéré plus tôt en parlant de ses mains : il les adorait. Il adorait voir ses veines se révéler sous sa peau, les marques que ses bagues lui laissaient, ses ongles fendus d'avoir joué de la guitare.

« - Je pense que je suis encore mal à l'aise avec tout ce qui se passe en-dessous de la ceinture » avoua-t-il finalement

-Je garde mes mains au-dessus.

-Merci. » Jisung n'avait pas besoin de le remercier. Il n'avait rien à remercier ici.

Le brun entremêla leurs doigts, profita de l'intimité qui s'épanouissait entre eux. Il se sentait connecté au plus jeune, d'une manière plus profonde que leurs mains entrelacées ou que leurs longs échanges de regard. Quelque chose se construisait entre eux. Minho ne savait pas encore quoi, mais il avait hâte de le découvrir.

« - Quoi d'autre ?

-Mmh ?

-Qu'est-ce que tu aimes d'autres chez moi ? »

Un sourire timide, presque coupable releva le coin des lèvres du plus jeune.

« - Je ne te l'ai jamais dit, mais j'adore tes cuisses.

-Mes cuisses ? » Jisung hocha la tête. Minho descendit leurs mains et posa la paume de son compagnon contre sa propre cuisse. Ses yeux s'illuminèrent, comme hypnotisés.

« - Wouha, elles sont si... Musclées. » Jisung fit courir ses doigts contres le jeans de son copain. Il semblait à la fois curieux de sentir pour la première fois cet endroit sous ses doigts et anxieux à l'idée de déraper. « Comment peuvent-elles être si musclées ?

-Des années de danse » laissa échapper Minho. Il voulut rattraper ses mots dans un premier temps, puis les laissa mourir dans l'air. Ce n'était pas la peine de tenter de tenir Jisung loin de ses secrets. Il avait déjà pénétré trop loin dans sa vie. Il y avait plus de marche arrière.

Jisung poursuivit sa recherche, comme s'il tentait de mémoriser sur sa paume la carte des muscles des cuisses de Minho. N'y tenant plus, ce dernier redressa le menton de son compagnon avec deux doigts en l'embrassa à pleine bouche. Il avait eu envie de cela depuis le début de la soirée. Depuis qu'il l'avait vu patienter dans la lumière de fin d'après-midi, ses cheveux négligemment rabattus sur le côté et ses mains dans les poches. Il avait envie de cela à chaque instant passé avec lui.

Jisung abandonna ses cuisses pour passer ses mains dans son dos et coller son corps au sien. Enfin en symbiose, Minho se perdit dans les sensations que lui transmettait son système nerveux. Il sentait son cœur pulser dans sa poitrine, son intestin se tordre dans son ventre, ses orteils se contracter et se décontracter. Jisung lui faisant ressentir une myriade de chose qui a la fois le terrifiait et l'exaltait. Un flot ininterrompu d'information. Une marée de sentiments.

Son cerveau finirait court-circuité. Et il s'en fichait

Ils se séparèrent afin de reprendre leur souffle.

« - Est-ce que tu pourrais me prendre dans tes bras ? » La question sortit sans que Minho n'y pense vraiment. Mais en entendant ses propres mots, il se rendit compte que c'était ce qu'il voulait au fond de lui. Il voulait sentir les bras de Jisung autour de lui, le savoir tout autour de lui et se réfugier dans sa chaleur. Il se sentait vulnérable en cet instant, son épanchement et son aveu ayant ouvert une brèche dans sa muraille, et seul Jisung pouvait lui faire sentir que c'était OK d'être vulnérable parfois.

Le plus jeune accepta d'un signe de tête.

Minho se retourna dans son lit, présentant son dos à son compagnon. Jisung vint s'y accoler et le brun sentit toute la chaleur que sa poitrine dégageait. Il faufila l'un de ses bras autour de sa taille et sa respiration vont cogner contre la nuque du plus vieux. Ainsi engoncé, il se sentait complètement protégé, complètement à son aise aussi. Comme s'il avait finalement trouvé sa place.

Deux lèvres se posèrent juste à la base de ses cheveux, et Minho se sentit rougir sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être parce que jamais personne ne l'avait embrassé à cet endroit.

« - J'aime bien. Quand tu m'embrasses. Là.

-Vraiment ? » Minho hocha la tête. Jisung réitéra son action. Minho sentit des frissons naître à l'exacte centimètre de peau que Jisung avait touché.

« - Est-ce que tu te sens bien comme ça ? » s'enquit le plus jeune.

« - Oui. Et toi ?

-Oui. » Il réembrassa sa nuque. Si Minho avait pu ronronner à cet instant, il n'aurait plus été capable d'entendre quoique ce soit.

Jisung continua d'embrasser à intervalle régulier sa nuque et la base de son épaule alors que sa main formait des cercles distraits sur son ventre. Et juste comme ça, Minho s'adonna au sommeil le plus réconfortant qu'il avait eu depuis des années.

***

Ce furent les rayons du soleil directement dirigés sur son visage qui sortit Minho du sommeil le lendemain. Ils n'avaient pas fermé les volets la veille. Il ne s'était même pas changé. Son jeans lui avait certainement laissé des marques sur la peau et son odeur laissait à désirer. Le brun se sentait sale, la transpiration de la nuit rendant son haut collant et ses cheveux lui démangeaient. Avec la plus grande délicatesse afin de ne pas réveiller l'autre protagoniste présent dans son lit, Minho s'extirpa des draps et se dirigea vers sa salle de bain.

Une fois sous l'eau chaude, il passa ses doigts à la base de sa nuque là où Jisung y avait laissé une trace fantomatique. Il continua son chemin au creux de son cou, sur ses épaules, sur son ventre, ses cuisses, comme fasciné. Jisung avait posé ses propres mains là, ici et là-bas aussi. Il y avait vu de la beauté, les avait décrites, contemplées, caressées, embrassée. Minho s'était débarrassé d'une mue et était devenu un nouvel homme au cours de la nuit.

Une odeur de citron l'entourait alors qu'il sortit de la douche et enfila des vêtements propres. En sortant de la salle de bain, il trouva Jisung les yeux ouverts sur son lit.

« - Hey.

-Hey.

-Bien dormi ? » Le plus jeune hocha la tête. « Tu peux aller prendre ta douche si tu veux. » Nouveau hochement de tête. Minho rangea ses affaires qu'il avait abandonnées dans un coin la veille. Jisung le dépassa en direction de la salle de bain sans lui accorder un regard.

« - Tu veux un chocolat ? » Lui proposa Minho avant qu'il ne disparaisse.

« - S'il te plaît. » Minho sourit, même s'il ne pouvait le voir.

Après avoir remis de l'ordre dans sa chambre, le brun prit la direction de la cuisine. Il dévissa sa cafetière, remplit le premier compartiment d'eau, le second de café, replaça le troisième, le posa sur le gaz. Ce reflexe matinal le détendait. Il se sentait dans son élément. Il sortit une casserole pour le plus jeune, versa le lait, fit fondre deux morceaux de chocolat, mit un bol sur le plan de travail. Il était en train de tourner la cuillère dans le breuvage tout en sifflotant quand Jisung ressortit de la salle d'eau, les cheveux humides et un T shirt de Minho sur les épaules. Cela faisait longtemps qu'il avait autorisé son cadet à lui piquer ses affaires. Pour tout avouer, il apparaissait grandement l'image de Jisung dans ses propres habits.

« - C'est presque prêt- oh ! » s'exclama Minho lorsqu'il sentit les deux bras du plus jeune lui enserrer le torse. « Tout va bien ? » Jisung ne dit rien. Minho éteignit le feu sous la casserole et attendit.

« - J'ai aimé. Ce qu'on s'est dit hier. » Minho poussa un soupir de soulagement. Rien de grave n'était arrivé.

Il décida de se retourner. Jisung résista un peu, mais Minho insista. Il pu alors lui rendre son étreinte proprement. Jisung cacha son visage au creux de son cou, et son aîné comprit que c'était trop d'émotion à supporter d'un coup, alors les partager !

« - Moi aussi » lui confirma-t-il. Ils restèrent ainsi un moment, laissant refroidir le lait et courir les aiguilles de l'horloge. Minho glissa ses doigts dans la chevelure du plus jeune qui poussa une sorte de grognement couplé avec un soupir. Sa seconde main trouva le plus naturellement du monde le chemin de la taille de son compagnon. Le dos du plus jeune tressauta légèrement et Minho devina qu'il avait dû laisser échapper une larme ou deux. Le brun résista à l'envie de lui glisser à l'oreille tous les sentiments qu'il ressentait à son égard car ce n'était pas encore le moment. Leur posture était assez éloquente comme cela.

Ce fut le bruit de l'eau bouillonnante qui les fit se séparer. Le café était prêt, et il n'était pas question de le gâcher.

« - Merci » dit Jisung en s'essuyant les yeux. « C'était, je ne sais pas... Je me sentais tellement plein... Plein d'émotion. J'avais besoin d'extérioriser un peu.

-Si cela te met mal à l'aise, il faut me le dire » s'inquiéta Minho.

« - Non pas du tout ! Je t'assure, c'est exactement ce que je voulais. C'est juste que c'est la première fois que je me sentais proche. Aussi proche de quelqu'un. Pas proche physiquement, plus intime. Comme si tu me comprenais complètement. Je sais pas si c'est logique ce que je dis. Mais j'avais l'impression que tu me voyais vraiment, et c'est super intimidant comme impression. Tu vois de quoi je parle ? »

Minho lui tendit son bol de chocolat. « Complètement. »

Jisung prit une gorgée de sa boisson et lui lança un sourire timide. Le brun le lui rendit. 

***

C'est probablement le chapitre que j'ai le plus apprécié écrire :)