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Avec de la crème et du sucre, s'il te plait.

Mycroft courait, son coeur cognant follement dans sa poitrine. Une douleur aiguë battait dans sa mâchoire abimée par le coup violent qu'il avait reçu. Mille images de Sherlock se bousculaient en lui, mais il y avait aussi, en filigrane persistant, les yeux bruns de Gregory Lestrade, qui lui disaient l'incompréhension que ses dernières paroles avaient provoquée.

A toi aussi, je ne sais faire que du mal.

Il accéléra davantage et, dédaignant la rampe d'accès à la rive qui aurait rallongé son trajet, il se jeta, à bout de souffle, dans le fragile escalier de fer qui descendait vers le fleuve plus directement. Des torches puissantes éclairaient l'endroit où les sauveteurs avaient trouvé le corps. Il perçut de loin, entre deux gifles de vent et de pluie, une ombre lourde arrachée aux herbages et que les hommes déposaient précautionneusement sur le quai. Alors qu'il mettait enfin le pied sur le rivage, à court de respiration, il s'arrêta quelques brèves secondes, et entendit alors courir derrière lui et le rattraper le lieutenant de police qui l'avait suivi de près. Une poigne puissante le saisit et l'immobilisa alors qu'il s'apprêtait à reprendre sa course.

« Hors de question d'aller là-bas, Mycroft ! » commanda Gregory Lestrade, et il resserra sa prise avec fermeté sur l'épaule du frère de Sherlock. Il avait trop vu de victimes noyées et rejetées sur le bord de la Tamise pour pouvoir supporter l'idée de Mycroft découvrant le corps de son frère.

« Tu restes ici. Tu sais que tu n'as pas le droit d'aller là-bas. » continua-t-il, mettant dans sa voix toute la fermeté qu'il était capable d'insuffler à ce moment où il voyait Mycroft, désespéré, luttant pour retrouver son souffle. « Toi non plus John, tu n'y vas pas », ajouta-t-il à l'adresse du médecin qui les avait rejoint. Vous me laissez faire mon job et je reviens vous donner des nouvelles, c'est d'accord ? »

L'officier de police fit alors un geste de la main vers deux des hommes de son équipe, leur faisant signe d'approcher et d'empêcher Mycroft et John d'aller rejoindre, à quelques foulées de là où ils étaient, l'endroit où les sauveteurs de la brigade fluviale avaient déposé le corps arraché au fleuve. Le médecin s'était laissé tomber à terre, le visage caché dans ses mains. Il avait déjà vécu ce moment terrifiant et sa répétition semblait maintenant l'avoir laissé sans aucune force. Toute vie paraissait l'avoir quitté, alors que, agenouillé, immobile, il laissait couler des larmes que rien ne semblait pouvoir arrêter.

Mais Mycroft, terrifié, tenta de se dégager de la poigne qui l'immobilisait.

« Arrêtez, laissez-moi, je veux ... » , essaya Mycroft en se débattant pour pouvoir s'approcher davantage.

« Pas de ça, Mycroft, tu m'entends ? » répéta le lieutenant de police, ceinturant par derrière de ses deux bras le frère de Sherlock qui se débattait pour se dégager de la solide étreinte. Et comme Mycroft continuait à résister, Gregory Lestrade se pencha davantage vers lui et lui murmura à l'oreille dans une tentative d'apaisement :

« Calme-toi, Mycroft ... Là, tout doux, je suis là, calme-toi, respire. Je te promets que je reviens tout de suite. » Et tandis qu'il chuchotait à l'oreille une litanie de mots apaisants, il serrait le frère de Sherlock plus étroitement contre lui, tentant de transmettre une assurance qu'il était pourtant loin de ressentir. Il percevait les frissons et la respiration irrégulière traversant la haute et mince silhouette.

Je ne pensais pas que tu étais si fragile

« Là, doucement, calme-toi, My, appuie-toi sur moi ». Le surnom était revenu sans qu'il en ait même conscience, comme une caresse supplémentaire, comme un tentative ultime de consolation. Gregory Lestrade sentit dans ses bras que Mycroft s'apaisait légèrement et qu'il avait cessé de se débattre.

C'est bien, My. Laisse-toi aller, pour une fois.

Mais au moment où, pensant que le frère de Sherlock s'était plié à sa demande, il desserrait son étreinte, ce dernier, dans un sursaut désespéré, se dégagea d'un coup de rein et échappa à l'étreinte du policier , reprenant sa course vers l'équipe de sauveteurs qui s'affairaient autour du corps.

« Putain, c'est pas vrai ... le diable l'emporte ! » jura Gregory Lestrade, et il piqua une tête juste derrière lui. Mycroft n'avait pas fait dix mètres de plus que l'officier de police l'avait déjà rattrapé et plaqué au sol. Etouffant un autre juron, il eut besoin de toute sa force pour retenir le frère de Sherlock qui continuait à se débattre.

« Non, Mycroft, non, tu n'y vas pas. Tu sais bien que ça ne sert à rien », conjura maintenant l'officier de police d'une voix sourde. Tiens-toi tranquille ou je te promets que je demande à mes hommes de ne pas te lâcher. »

Pitié, My, ne me force pas à faire ça

« Vous ne comprenez pas ... je dois ... C'est mon frère ... » répondit Mycroft d'une voix que l'on entendait à peine dans les bourrasques de vent.

« C'est justement pour ça que tu restes ici, Mycroft , tu comprends ? Je ne veux pas que tu vois ... » le policier laissa ses paroles en suspens, maintenant encore davantage les épaules de Mycroft au sol. « C'est pour toi Mycroft, tu comprends ? » demanda-t-il à nouveau. Il comprit que le frère de Sherlock avait capitulé pour de bon quand il sentit le corps qu'il maintenait sous lui devenir soudain complètement immobile et que les sursauts rageurs de sa respiration commençaient à se calmer.

Prendre soin de lui. Ne pas lui faire davantage de mal.

« C'est d'accord Mycroft ? Tu restes là ? Je peux avoir confiance cette fois-ci ? » interrogea Gregory Lestrade. Mycroft avait détourné son regard et, toujours allongé, les yeux rougis, fixement dirigés vers l'équipe de la brigade fluviale qui s'affairait, il hocha la tête, sans dire un mot, marquant son accord. L'officier de police desserra alors son étreinte doucement et l'aida à s'asseoir.

Pendant que l'attention de l'officier de police était exclusivement tournée vers Mycroft, John, lui, s'était approché de l'endroit où travaillait l'équipe tout près du fleuve.

« Laissez-moi, je suis médecin » lança -t-il à ceux qui voulaient l'empêcher de passer. « C'est mon ami. Pitié, laissez-moi m'approcher près de lui . »

Le corps, repêché dans les eaux noires de la Tamise, reposait maintenant à même le rivage. C'était bien Sherlock, plus pâle qu'il ne l'avait jamais été, les boucles brunes trempées, les lèvres bleuies, les paupières closes. Une équipe médicale avait rejoint les marins. Deux sauveteurs avaient dénudé le torse de Sherlock; le médecin qui menait l'équipe avait posé un stéthoscope sur la poitrine du détective, tandis que deux jeunes femmes avaient disposé les électrodes reliés à un moniteur. Un quatrième membre de l'équipe, placé derrière le détective, avait ouvert sa bouche et insérait à présent un tube dans sa gorge. Le médecin qui écoutait le coeur secoua la tête.

« Putain, je n'entends rien. Il est resté trop longtemps dans l'eau. A combien est sa température, Nigel ? » demanda-t-il à à son confrère qui avait fini d'intuber précautionneusement Sherlock.

« C'est pas bon, Mike, répondit ce dernier. Il est tombé à 29. Il est en arrêt. On va jamais réussir à le faire repartir. C'est foutu. On lui a déjà donné deux fois 20 milligrammes d'adré et on l'a choqué à trois reprises. »

Mais le chef d'équipe reprit d'une voix tendue :

« Pas question d'abandonner, il est jeune, on continue la RCP et on ventile. »

John, les yeux vissés sur le moniteur, guettant le signal toujours plat, n'entendit pas Gregory Lestrade approcher derrière lui. Ce ne fut que quand il sentit une main se poser sur son épaule qu'il leva la tête vers le policier, l'air dévasté.

« Mycroft est là-bas. Je ne voulait pas qu'il voit son frère comme ça ... » murmura Gregory Lestrade, la voix brisée, regardant l'équipe de secours penchée sur Sherlock.

« Allez, on lâche rien, on continue, on continue ... » encouragea l'un des membres de l'équipe médicale qui, comme John, guettait le moindre signe sur le moniteur. De longues minutes passèrent, rythmées par le bruit des compressions sur la poitrine de Sherlock et les ahanements des médecins qui se relayaient pour tenir le rythme.

« Greg, va chercher Mycroft », murmura alors John. « Si Sherlock doit partir, il faut que son frère soit là », ajouta-t-il dans un souffle désespéré. Mais l'officier de police n'eut pas besoin de revenir en arrière. Mycroft n'avait pas pu rester éloigné. Il s'était rapproché, sa haute silhouette à peine visible dans le brouillard, une expression hantée sur son visage. L'officier de police fit un pas en sa direction; il saisit l'épaule de Mycroft qui semblait vaciller sur lui-même et resserra son étreinte, voulant désespérément l'empêcher de tomber. Les trois hommes étaient figés, leur regard fixé sur la machine où se jouait la vie du détective.

Et puis, au moment où il semblait qu'il n'y avait plus d'espoir, un tressaillement très faible apparut sur l'écran, et puis un autre, et puis encore un autre.

« Nigel, regarde, il repart ! » s'exclama le médecin. Sur son signe, l'une des jeunes femmes fit une nouvelle injection pendant que l'autre continuait à appuyer en rythme sur le ballon du ventilateur. Tous avaient les yeux fixés sur le moniteur et sur cette ligne qui maintenant bipait plus fort et plus régulièrement. Il semblait bien que l'homme qui se disait sans coeur, finalement, en avait un, et qu'il s'acharnait à continuer à vivre. Le chef d'équipe regarda alors John et s'exclama :

« Je n'ai jamais vu ça ... Plus d'une heure de réa ... C'est incroyable. On dirait bien qu'il va s'en sortir, après tout ! C'est qui votre ami... ? Un saint ? Un miraculé ?

Mais alors que John demeurait silencieux, l'air complètement abasourdi, ce fut Gregory Lestrade qui, tenant la main glacée de Mycroft dans la sienne , répondit, dans une sorte de rire étranglé, d'une voix où l'exaspération le disputait au soulagement :

« Comment Docteur, vous ne l'avez pas reconnu ? Non, ce n'est pas un miraculé ! C'est le grand, l'unique Sherlock Holmes ! »

A partir de ce moment là, tout alla très vite. Pendant que l'équipe médicale stabilisait l'état de Sherlock en attendant l'arrivée de l'hélicoptère de secours, et que John, près du brancard, surveillait attentivement le détective toujours inconscient, Gregory Lestrade entraîna Mycroft qui se laissait faire, comme incapable de se mouvoir par lui-même, vers un véhicule de sa brigade.

« Mycroft, viens, on va à l'hôpital maintenant. Le temps que nous y arrivions en voiture, l'hélicoptère aura déjà transporté ton frère; on va le retrouver là-bas » déclara l'officier de police. « Ça va aller, maintenant, Mycroft, ça va aller. » rassura-t-il, inquiet de la pâleur de l'autre homme qui était passé de l' agitation extrême de tout l'heure à ce qui semblait être maintenant un état de choc. « Et puis, tant qu'on est là-bas , on va faire voir cette joue, n'est-ce pas pas ? » demanda-t-il en passant une main légère sur la pommette terriblement gonflée. Et comme Mycroft continuait à ne rien dire, le lieutenant de police plongea plus profondément son regard brun dans celui de l'homme qui lui faisait face et reprit d'une voix qu'il voulait rassurante.

« Il va s'en sortir, Mycroft, tu connais ton frère. Ça va aller maintenant. Tu sais qu'il est sorti d'affaire. Le médecin l'a dit. Et toi ... » Mais brusquement Gregory Lestrade fit une pause comme, s'il n'était plus très sur de de ce qu'il allait dire. Il reprit, la voix plus incertaine et dans laquelle on pouvait presque percevoir une forme d'anxiété.

« Mycroft, s'il te plait, ce qui s'est passé dans la voiture tout à l'heure, et puis aussi lors de cette conférence de presse ... » Gregory Lestrade fit courte pause, comme s'il cherchait à retrouver son souffle. Ses joues devinrent soudain plus rouges et il se mordit les lèvres « Euh ... Mycroft, » reprit-il doucement, « je voudrais vraiment que nous ... »

Mais Mycroft arrêta la main du policier qui poursuivait son doux effleurement sur son visage blessé et l'air plus buté que jamais, lui coupa la parole.

« Non lieutenant, nous ... » Il s'arrêta, regardant Lestrade droit dans les yeux, un masque de froideur recouvrant ses traits épuisés. « Nous, reprit-il, d'une voix glaciale, c'est ... impossible »

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Dans un sommeil brumeux, induit autant par l'anti-douleur qu'on lui avait donné que par l'épuisement de la nuit dernière, Mycroft n'avait conscience que du bruit et de la lumière métallique du moniteur. Il était recroquevillé sur une chaise inconfortable dans la chambre de Sherlock. Bien sûr, il avait absolument refusé de quitter les lieux. Anthea avait tout arrangé : la chambre particulière, le couloir sécurisé, les gardes du corps en place, une pièce de repos pour John.

Sherlock avait été transféré dans le service de réanimation et il avait repris conscience quelques minutes dans la nuit. Il avait même pu dire quelques mots à John qui était resté constamment avec lui. Le détective demeurait néanmoins sous la surveillance des machines qui vérifiaient son rythme cardiaque, sa respiration, l'état de ses poumons - il avait avalé beaucoup trop d'eau, avait dit l'urgentiste qui l'avait pris en charge à son arrivée - et surtout sa température qui n'était pas encore revenue à la normale. Relié à une voie centrale et à d'autres cathéters, il respirait très doucement, les yeux clos. Le médecin avait assuré que, finalement, c'était à cette sérieuse hypothermie qu'il devait d'être en vie sans dommage. Elle avait protégé ces circuits cérébraux durant le moment où son coeur s'était arrêté de battre. Il lui fallait maintenant quelques jours d'hospitalisation et un vrai repos, sous la stricte surveillance de son ami médecin, avait bien précisé l'urgentiste; mais la phase critique était maintenant passée.

L'odeur acide des antiseptiques acheva de réveiller Mycroft au petit matin. Il avait froid, comme toujours quand il émergeait du sommeil et la douleur lancinante à sa joue ne fit qu'accroitre son malaise. Et pourtant, quelques instants plus tôt, il était enveloppé de douceur et d'un parfum chaud et boisé qu'il ne sut identifier sur le moment. Quelque chose avait glissé à terre. Quelque chose dont quelqu'un forcément l'avait recouvert subrepticement et dont, dans l'inconscience que donne le sommeil, il avait profité à satiété. Quelque chose de tellement doux que de s'en sentir privé lui fut alors insupportable. Dépliant ses longues jambes engourdies, Mycroft, les yeux encore à demi fermés, laissa sa main chercher ce qui était tombé sur le carrelage froid de la chambre d'hôpital. Là au pied de sa chaise, il trouva ce qu'il cherchait et se recouvrit alors de ce morceau d'étoffe chaud et confortable. Il plongea son visage dans la laine un peu rêche et, oui, dans les souvenirs sombres de la nuit passée, au milieu des cliquetis des appareils de réanimation et dans l'odeur écoeurante des antiseptiques, ce fut comme une caresse soudaine, un éclat furtif de bonheur. Mycroft inhala profondément et ce fut la même onde de bien-être qui trouva son chemin en lui, apaisant les battements de son coeur et le vertige douloureux qu'un réveil inconfortable avait suscités outre-mesure.

Gregory Lestrade

Il faillit dégringoler de la chaise, tant la sensation fut intense. Il y avait une minute, il se sentait tellement mal, presque au bord d'une nausée impossible à réfréner mais il avait simplement respiré la fragrance intime du lieutenant de police déposée sur son manteau pour que son corps lui dise combien elle lui était devenue nécessaire, combien elle le réconfortait, combien elle déclenchait en lui une vague de bien-être. Mycroft poussa un gémissement. Son esprit avait beau lui rappeler les dernières folies de son frère, son propre devoir, ses erreurs, ses manquements ... son coeur, lui, le poussait à chercher dans la laine chaude qu'il maintenait contre son visage la douceur des mains et du regard brun de l'officier de police.

« Tu sais, Myc, tu devrais le rejoindre »

Mycroft sursauta et releva les yeux. Sherlock s'était réveillé. Il regardait son frère, un petit sourire sur les lèvres.

« Quoi ? » ne put-il que répondre, désarçonné par le réveil de son frère et sa voix cassée, épuisée dans laquelle, il y avait néanmoins cette pointe d'agacement et de condescendance que Mycroft ne connaissait que trop bien .

« Seigneur, Sherlock, tu es réveillé ? Depuis quand ? Comment te sens-tu ? » Demanda-t-il, bondissant maladroitement hors de la chaise pour s'approcher du lit, en tenant toujours le manteau dans sa main.

« Idiot. Tu vas marcher sur son manteau, » poursuivit Sherlock qui tentait de se relever sur ses oreillers.

« Mais, de quoi parles-tu ? » balbutia Mycroft. « Arrête de bouger comme ça; le médecin a dit qu'il te fallait un repos absolu » continua-t-il dans une tentative désespérée pour détourner l'attention de son frère du manteau de Gregory Lestrade.

Comment diable a-t-il deviné ?

Sherlock, à son habitude se mit à débiter à toute vitesse :

« Quelques cheveux sur un manteau d'homme. Et ils sont gris ! La poche avant gauche déformée. Par quoi ? A ce niveau-là et vu la déformation du tissu , c'est un port d'arme; c'est évident. Des froissements. Ce manteau n'a pas été repassé depuis belle lurette. C'est vrai qu'elle l'a quitté depuis longtemps, elle lui a préféré un banquier qui rentrait gentiment à 18h. Et là, sur la manche quelques gouttes de café. Il en boit souvent , quand il a une astreinte de nuit. Et c'était le cas hier soir pour cette ridicule affaire d'arrestation. Et toi, tu es là, tu dors enveloppé dans ce manteau. Tu ne lui aurais pas pris de toi-même. C'est donc lui qui t'en a recouvert. Et pourquoi ferait-il une chose pareille ? Il l'a déposé comme ça ? Non ! C'est qu'il voulait te protéger du froid, alors. Pourquoi donc ? C'est Anthea à qui revient cette tâche habituellement. Tu as donc besoin de quelque chose qu'elle ne peut pas te donner et, pour finir, tu plonges ton visage avec délice dans cette étoffe de laine pourtant rugueuse. C'est donc que tu y trouves quelque chose; quelque chose qui n'a rien avoir avec le tissu en lui-même. Tu respires » ... et Sherlock fit une brève pause, « tu respires le parfum de ... »

« C'est bon Sherlock, coupa de façon abrupte Gregory Lestrade qui venait d'entrer dans la chambre avec John. On a compris ! Je vois que tu as déjà retrouvé la forme », continua-t-il en s'approchant du lit de son ami. « Attends, laisse-moi t'aider à te redresser. » Mais John l'avait déjà devancé, avait posé une main sur le front du détective pour jauger la température de Sherlock et de l'autre lui prenait le pouls.

« Tu m'as fait tellement peur, tu sais » souffla le médecin à l'oreille du détective en se penchant pour déposer sur ses lèvres un baiser. Je ne sais plus si je dois t'aimer ou te détester. Que faut-il que je fasse pour t'interdire de prendre des risques pareils ? Tu sais bien pourtant que ce n'est pas toi tout seul, c'est nous deux contre le reste du monde et dans toutes les circonstances ! » Sous les paroles de John, le visage du détective s'était adouci et il ferma les yeux, visiblement épuisé autant par les circonstances que par la tirade qu'il venait de débiter à son frère.

« Promis John, cette fois-ci, c'était la dernière fois », chuchota-t-il, d'un air contrit.

« Tu sais que je n'en crois rien », soupira le médecin. « Rallonge-toi, maintenant. Il faut que tu te reposes », ajouta-t-il d'un air excédé en regardant attentivement les indications du moniteur. « Et garde cette couverture sur toi pour l'amour de Dieu ! Tu as vraiment besoin de te réchauffer. »

Gregory Lestrade s'éloigna un peu du lit où John s'était assis, la main toujours sur le poignet de Sherlock comme pour se prouver à lui-même que le détective était bel et bien vivant. Il se dirigea vers Mycroft, interdit, à moitié tombé sur la chaise, et qui détourna soigneusement son regard à l'approche du policier.

« Mycroft ? » tenta-t-il de demander, posant sa main sur celle de l'homme qui lui faisait face.

Mais ce dernier coupa court. « Tenez, Lieutenant », déclara-t-il gauchement, en faisant semblant de ne pas voir l'inspecteur de police. « Je crois que c'est votre manteau. Vous devez en avoir besoin; il va faire froid ce matin pour aller au Yard ».

« Quand même Mycroft, ce que tu peux être borné et stupide quand tu t'y mets », reprit alors Sherlock, du fond de son lit. « Je sais bien que je ne suis pas un as des relations humaines. Mais là, quand même, arrête de jouer à l'homme de glace. Surtout si c'est pour moi, pour me protéger. John fait ça très bien. Tu peux te rassurer. Je suis en de très bonnes mains. Tu ne le sens pas à ta joue ? Il ne t'a pas raté, dis donc ! Ce que c'est qu'un soldat, quand même ! » Et il ajouta, avec une intonation soudain très sérieuse : « Toi aussi, Myc, tu as le droit au bonheur, tu sais... »

Sa voix s'érailla un peu sur ses dernières paroles mais il poursuivit, cette fois-ci avec son ton habituel, comme si de rien n'était, comme s'il ne venait pas d'échapper à la mort encore une fois. Il s'adressa alors, d'un ton supérieurement emphatique, à Gregory Lestrade, qui n'avait pas retiré sa main toujours posée sur celle de Mycroft.

« Oh Lieutenant , vraiment mon frère me fatigue, surtout quand il se croit investi de je ne sais quelle mission de surveillance à mon égard. Vous ne vous voulez pas le prendre un peu en charge, le sortir d'ici et l'emmener chez vous, par exemple ? Je crois que là maintenant, il a besoin d'un bon petit déjeuner et aussi peut-être ... d'autre chose, enfin vous savez de quoi je parle, n'est-ce pas ? Et Sherlock ajouta, d'une voix un peu grave :

« Il n'est pas aussi solide qu'il n'y parait, vous savez; je compte sur vous Lestrade. »

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« Mon frère est ridicule, complètement grotesque », protesta Mycroft alors que Gregory Lestrade, sans mot dire, mais les yeux pétillants, l'enveloppait de nouveau de son manteau, au vu des bourrasques de vent qui agitaient les arbres devant l'hôpital. « Je n'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi. Je pourvois fort bien à tout. J'ai Anthéa et d'ailleurs je dois retourner au ministère le plus rapidement possible. Des dossiers urgents, vous comprenez, Lieutenant ... »

La voix de Mycroft se faisait de plus en plus faible et aiguë alors qu'il tentait maladroitement de s'éloigner de l'officier de police. Mais Gregory Lestrade ne se laissa pas convaincre par des protestations dont il espérait qu'elles n'étaient là que pour la forme. Mycroft s'était laissé entraîné hors de la chambre sans réagir et s'était appuyé lourdement contre lui dans l'ascenseur. Il avait bien tenté dans la rue de rejoindre sa limousine mais le policier l'avait fermement éloigné de sa voiture et avait hélé un taxi.

« Vraiment Mycroft ? Regarde -moi dans les yeux, des dossiers ? »

Le taxi arriva à ce moment-là et l'officier de police lui indiqua une adresse du côté de l'East Side. Les deux hommes se retrouvèrent, serrés l'un contre l'autre, dans l'habitacle étroit de la banquette arrière, les vitres de la voiture complètement embuées par la pluie qui ne cessait de tambouriner sur le toit.

Mycroft, qui s'était assis le plus loin possible de Gregory Lestrade, se sentait bouleversé. L'épouvante d'avoir cru son frère mort durant de longues heures ainsi que les assauts d'une culpabilité pourtant infondée ajoutaient au chaos de ses sentiments les plus intimes. Il avait tant essayé de repousser ce qu'il ressentait pour le lieutenant. Il s'était menti à lui-même. Longtemps. Depuis des mois. Jusqu'à la veille. Jusqu'à ce moment dans la voiture de police où il avait failli céder à son désir. Ce sentiment caché, qu'il brandissait à chaque fois qu'il lui fallait protéger son frère, comme un bouclier dirigé contre lui-même pour s'interdire ce que pourtant il désirait désespérément, voilà que maintenant, d'une certaine façon, Sherlock venait de le lui autoriser.

Le gardien de mon frère ? C'est fini ?

Dans la chambre tout à l'heure, ça avait été comme un raz de marée; il était à moitié tombé contre la chaise, sous le flot des paroles de Sherlock, qui, en un clin d'oeil avait tout observé, tout déduit, tout dit. La force et l'assurance dont l'entourait le policier. Son propre désir ineffable de se perdre en lui.

L'instant est-il arrivé ?

Etouffant un gémissement avec le dos de sa main, Mycroft se rapprocha du policier dont la main, comme la nuit dernière, avait trouvé le chemin de la sienne. Et tandis qu'il fermait les yeux, pris entre sa raison et son désir, il sentait Gregory Lestrade effleurer l'intérieur de son poignet avec son pouce , sans parler, sans rien demander d'autre, mais avec une telle douceur et une telle intensité, que la caresse lui sembla aller droit à son coeur.

En ai-je le droit ?

Mycroft prit une longue inspiration et posa alors sa tête sur les épaules de l'officier.

« My » ? Demanda alors le policier. Et dans ce mot unique, dans cette interrogation délicate, Mycroft perçut tout ce que le policier n'avait pas non plus voulu s'avouer à lui-même, depuis cette rencontre ratée lors de la conférence de presse, où aucun des deux n'avaient osé franchir le mur qu'ils avaient mis tant de soin à construire autour d'eux-mêmes.

« « Gregory », répondit simplement Mycroft. Et tout fut dit.

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Dès que les marches qui menaient à l'appartement furent avalées, dès que la porte fut ouverte et refermée dans un fracas sonore, ce fut une pluie de baisers de part et d'autre, des mains impatientes faufilées sous le tissu fin des chemises, des lèvres brûlantes qui se cherchaient, avides de douceur. Les vêtements tombèrent, plus vite qu'un orage d'été, dans le bruissement des bouches gonflées de désir. Les corps dansaient l'un autour de l'autre. C'était Mycroft, déjà agenouillé et posant ses lèvres sur la rigidité incandescente de son amant. C'était Grégory enlaçant Mycroft, caressant avec douceur de sa bouche ses tétons durcis par le plaisir tandis que sa main avait trouvé plus bas dans le nid roux l'intimité de l'autre homme ; c'était Mycroft encore qui, maintenant appuyé contre le mur, les jambes écartées, avait saisi Gregory par derrière et le maintenait tout contre lui, son sexe déjà dressé entre leur deux corps. Il sentait contre son coeur la peau chaude et la fragrance masculine de l'officier de police, effluves boisés de tabac et de laine maintenant mêlés à l'odeur puissante du désir. Gregory avait rejeté sa tête en arrière et avait abandonné aux baisers de Mycroft, son cou dénudé. Mycroft, comme dans un vertige, se revit la veille dans son bureau solitaire.

J'en avais rêvé, pas plus tard qu'hier

Mais soudain d'un mouvement ferme, malgré la caresse exquise des lèvres qui effleuraient le lobe de son oreille et qui l'enivraient de plaisir, Gregory se retourna; il posa ses mains sur les épaules de Mycroft, l'éloignant un peu de lui et lui souffla, la voix un peu incertaine :

« Pas comme ça, My. Pour notre première fois, je veux te voir, tu comprends ? »

Et il se laissa glisser le dos plaqué à terre, les jambes à demi relevées, ses pieds nus fermement appuyés sur le sol. Mycroft s'agenouilla à côté de lui, caressant son front, déjà trempé; sa bouche trouva les lèvres à demi closes qui peinaient à réfréner les gémissements de plaisir. Il se redressa un peu et chuchota :

« Tu veux me voir, Gregory, et moi, je veux t'entendre. Ne retiens rien, je t'en prie. »

Un gémissement plus fort fut sa seule réponse; d'un coup de rein, il se glissa alors entre les jambes largement ouvertes, un bras tendu sur l'une de ses mains, tremblant sous la violence de l'effort, ses yeux clairs ne quittant jamais du regard ceux de son amant, brillant de quelque chose de différent, quelque chose qu'il n'arrivait pas à déterminer. Son autre main avait trouvé le chemin de leurs sexes, dressés l'un contre l'autre, se frottant doucement, découvrant pour la première fois l'intimité de l'autre. Ses longs doigts les entourèrent pour ne faire plus qu'un seul désir. Sous la caresse brûlante, Gregory arqua son dos pour venir tout contre Mycroft, au plus près de sa chaleur.

« Je veux te voir; regarde-moi, My, quand ... » Il n'eut pas le loisir de finir sa phrase. Mycroft avait ramené sa main près du visage de Gregory. Il abaissa légèrement son torse et sa bouche prit intimement celle de l'autre homme. Une intense chaleur pénétra alors Grégory au plus profond de lui-même. Ses hanches vinrent frapper celles de Mycroft, apportant aux deux hommes une onde brûlante. Mycroft se retira un peu puis plongea de nouveau et puis de plus en plus vite et puis de plus en plus fort. Des vagues incessantes de plaisir vinrent saisir alors les deux amants au même instant.

« My, mon amour, je ... » appela Gregory, au moment où le plaisir l'emportait au-delà de lui-même.

Les mots avaient franchi ses lèvres, sans qu'il ne s'en rendit compte, avec une ferveur qui l'étonna presque. C'était comme un cri trop longtemps retenu, et qui à présent avait enfin trouvé sa voie.

« Gregory ? » répondit Mycroft dans un murmure.

« Oui, My ? »

« Moi aussi, je t'aime. »

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Gregory Lestrade se réveilla un peu plus tard, un sourire sur ses lèvres, dans la pénombre de la chambre. Blotti contre lui dans le creux de ses bras, Mycroft dormait encore, la bouche un peu ouverte, ses paupières bistrées couvrant ses yeux gris qui l'avaient regardé avec tant d'intensité quelques heures auparavant.

Mon amour

Le policier déplaça légèrement son épaule et ce fut assez pour que Mycroft à son tour s'éveillât, ses lèvres déjà caressant la peau chaude de son amant, alors qu'il n'avaient pas encore ouvert ses yeux.

Mon Gregory

« My, tu es réveillé ? » demanda le policier, faisant tomber une pluie de baisers sur ses paupières tant désirées. « Tu veux boire quelque chose ? » ajouta-t-il ? « Un café, peut-être ? »

Mycroft se prit à sourire pour lui-même.

Ce parfum de café et de laine

« Oui, Gregory. Merci ». Et il ajouta dans un murmure : « Pas noir comme le tien, mais avec de la crème et du sucre, s'it te plait ». 

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