Aujourd'hui, nous étions vendredi. Demain, il y avait boxe. Problème : je m'étais cassée la gueule dans les escaliers et je m'étais faite une entorse à la cheville. Or, je n'allais pas abandonner ici, j'allais bien me reposer et pas bouger et demain, j'irai au club de boxe. Masochiste ? Non. Suicidaire ? Non plus. Simplement téméraire, déterminée, et n'ayant peur de rien, absolument rien. Quand t'as rien à perdre, t'en a rien à foutre.

Une bonne raison pour pouvoir rester dans son sofa, devant la télévision (oui je passe ma vie dans mon salon et alors ça vous pose un pb ?), en compagnie de bonbons, et de tout plein de cochonneries en tout genre. Remarquez que chez moi, toutes les excuses sont bonnes. Quand je devais me déplacer malgré moi (j'ai pas une vessie à rallonge non plus), je sautais à cloche-pied, me donnant l'idée que ma jambe apte allait être plus forgée que l'autre qui comportait l'entorse. Imaginez un peu le résultat quand même.

Mon téléphone sonna, c'était Lee. Et j'étais... aux toilettes. Tant pis, c'est pas comme s'il pouvait me voir.

-Allô ?

-MiSeon, c'est Lee.

-Salut, ça va ?

-Pas très bien justement, je t'appelle pour te dire que demain, il n'y aura pas cours de boxe, je suis tombé malade cette nuit, je ne pourrais pas assurer le cours de boxe.

Le ciel s'acharnait sur ma pauvre gueule. Alléluia ?

-Et YongGuk ne peut pas te remplacer ?

-Non, il ne connaît pas l'avancement des membres, malheureusement. J'y ai pensé mais il ne pourrait pas.

-D'accord. Reposez-vous bien, alors.

-Merci, toi aussi continue à bien te reposer !

-Merci, au revoir.

-Au revoir, MiSeon.

Il y avait quelque chose dans la voix de Lee qui n'était pas présent quand il parlait à d'autres membres. Or, quand il m'avait parlé de YongGuk, il y avait encore ce petit truc. Une chose comme... de la douceur. De la considération. Du favoritisme ? Entre YongGuk, membre de longue date et moi, petite nouvelle... y'avait un sacré fossé et pourtant, on avait ce truc en commun chez Lee. Je n'avais pas profité de l'appel pour lui poser la question mais même, il me fallait l'avoir en face à face. C'était plus humain et j'allais pouvoir observer ses réactions.

Me voici donc condamnée à aucune activité jusque mercredi. J'allais... me... faire... CHIER ! Ou bien devrais-je trouver autre chose à faire. Ranger l'appartement, par exemple. Je n'étais peut-être pas apte à bouger, mais si je ne faisais rien, j'allais mourir d'ennui. Comme un squelette desséché qui n'a pas bougé d'un poil. Ou d'un os, au choix.

Je commençai donc par trier tout ce qui se trouvait dans ma salle de bain, je fis la découverte de produits de beauté qui datait d'il y a quelques mois et qui était encore bon, alors je me fis un masque et continuai de ranger et nettoyer. J'enlevai le masque que j'avais fait et me rendis compte de la douceur de ma peau. Pas mal, pas mal. Je devrais peut-être songer à prendre soin de moi, en fait. Je passai ensuite dans ma chambre et fis le tri dans mon armoire, je vidai la moitié de mes affaires que je décidai de donner à des associations. Encore une bonne action à accomplir. Je fis même mon lit, avant de passer l'aspirateur. Tout ça à cloche-pied, s'il vous plaît.

Pour la cuisine, c'était le tri dans le frigo et un petit coup d'éponge sur les plans de travail et la gazinière, un passage de l'aspirateur. Le salon, un petit coup de chiffon et d'aspirateur également. Voilà ! L'appartement était en ordre et respirait le propre ! J'avais négligé mon petit chez moi qui ne me donnait plus envie d'y vivre, mais maintenant, j'avais l'impression d'avoir emménagé dans un nouvel appartement, c'était agréable comme sensation, en plus de la fierté que j'éprouvais à avoir accompli cette besogne.  

-J'ai bien envie de refaire la déco.

Cette phrase est typique d'une fille qui veut changer dans la vie, non ? Je décidai de décrocher quelques cadres de peintures simplets et quelques décorations sur les meubles pour les vendre sur internet. Pendant ce temps, je fis un petit repérage en ligne dans les magasins de décoration. Les tons des murs du salon était noir et marron chocolat, je pouvais donc imposer une décoration un peu street. Il n'y avait que cette pièce que je voulais changer, car j'y passais la majorité de mon temps dans celle-ci.

Quelques jours plus tard (ma cheville allait mieux déjà), je me débarrassai des décorations en empochant un peu d'argent qui allait m'aider à acheter ma nouvelle décoration : un cadre urban street, une petite lampe à bulles groovy, des coussins imitation briques qui allait se fondre dans le canapé noir. Je songeais à l'argent que j'avais conservé avec moi ; même si j'avais cet argent, je ne préférais pas l'utiliser maintenant. Pour le moment, j'avais une indemnité chômage qui me suffisait amplement. Et c'est ainsi qu'après avoir acheté mes décorations, je me rendis en boutique de beauté pour pouvoir prendre soin de moi. Je fus très bien conseillée et achetai ce dont j'avais besoin.

Je rentrai chez moi et installai ce que j'avais acheté immédiatement. Je rangeai ensuite les produits beauté dans ma salle de bain puis allai me poser dans le canapé. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais j'avais l'impression qu'il y avait un nouvel air quand même, et c'était grave cool.

-Bon allez, échauffement.

Pour ne pas perdre le rythme à cause de l'absence du cours de samedi, je fis quelques échauffements et frappes dans l'air. Je décidai d'aller faire un footing, comme nous étions qu'au début de la soirée. J'avais tout mon temps devant moi, je sortis à un rythme lent puis accélérai une fois que j'étais à l'aise. Je fis un grand tour en vile, slalomant entre les passants et faisant du sur-place quand il y avait un feu rouge. Mes pas rythmés par la musique, j'avais l'impression que rien ne pouvait m'arrêter, et que tout autour de moi était en harmonie avec mes passages et mes mouvements. Je passai au parc et m'amusai à faire quelques pas chassés ou encore sauter au-dessus des barres. Tout doucement mais sûrement, je rentrai ensuite chez moi. Direction la douche, puis la cuisine pour préparer un bon petit plat.

Ma vie est simple... mais n'est-elle pas mieux comme ça ?