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Chapitre quatorze

Tout était prêt. Il ne manquait plus qu'à passer à l'action. Une semaine s'était écoulée depuis ma petite entrevue avec Cho et nous avions fixé les règles.

Je fermais ma gueule à propos de toutes ses crasses pour qu'il conserve son poste, sa femme et tout le tintouin ainsi que son train-train quotidien...

Il fermait sa gueule sur ce qu'on avait foutu chez Lee (parce qu'on a dû quand même lui donner les docs ainsi que le pognon qu'on avait trouvé histoire de faire copain-copain et de pas avoir de problèmes) et acceptait de m'aider en contrepartie.

Plutôt bien comme accord. Encore faut-il que l'on s'y tienne et lorsque nous avions serré nos mains... Je n'avais pas pu m'empêcher de croiser les doigts dans mon dos, ce qui avait marqué YongGuk puisqu'en sortant du commissariat il m'en avait fait la remarque. "On ne promets jamais l'or au premier degré" avais-je dit d'un air détaché, empruntant le chemin du retour.

À présent, j'étais dans mon lit, sur le dos, les yeux bien ouverts. Dans quelques heures auront lieu l'assaut pour libérer mon amie. Presque ma sœur. La police avait fait un travail d'enquête impeccable et avait commencé dès les recherches à établir un plan d'action, peu importe le terrain. À vrai dire, Cho cherchait à se débarrasser de moi, une fille surgissant du passé.

-Bébé... Tu ne dors pas ?

-Non, je ne suis pas fatiguée.

-Tu devrais, pourtant. T'as besoin de tes forces pour demain soir.

-Je sais. Mais je suis tellement stressée à l'idée de la retrouver mais aussi à l'idée que cela pourrait mal tourner.

-Si tu penses mal, ce n'est pas bon. Il faut que tu positives et tout se déroulera à merveille, crois-moi.

YongGuk embrassa mon épaule plusieurs fois avant de se rapprocher de mon visage, continuant à embrasser ma peau. Je tournais la tête vers lui pour que mes lèvres rencontrent les siennes puis je me glissais un peu plus sous les draps pour venir me blottir contre lui. Son cœur battait anormalement vite.

-Est-ce que ça va ?

-... je suis stressé aussi.

J'émis un petit rire en m'excusant, ça devait être moi la cause de ce changement soudain. Après tout, il dormait paisiblement avant de se rendre compte que je ne dormais pas. Je caressais son visage afin qu'il puisse se calmer et se rendormir le plus vite possible. Il sourit, attendri par mon geste, puis ferma les yeux pour se concentrer sur cette douceur. Moi-même je fus bercée par son odeur et son étreinte pleine d'amour. Il était presque deux heures.

Quand je me réveillais, YongGuk n'était plus dans notre lit. Je me levai en me demandant où pouvait-il bien être, n'entendant aucun bruit dans mon appartement. J'haussai les épaules, incapable de construire une réflexion ou un raisonnement sur le pourquoi du comment de son absence, concluant par "il est juste sorti faire un tour". Alors je décidai d'aller prendre une bonne douche afin de bien me réveiller, puis d'aller prendre un bon petit dej après cela.

Je laissais donc l'eau chaude couler sur mon corps nu, engourdi par une petite nuit de sommeil agité, puisque je n'avais pas arrêté de rêver de ce qui pouvait se passer ce soir. Quand j'irai rechercher mon ami. Mon téléphone vibra sur le rebord de l'évier, me tirant de ma rêverie. Je coupai l'eau, pris une serviette que je nouais autour de mon corps et lus le message qui s'affichait sur l'écran :

"RDV 19h au poste - Cho"

Mon regard se dirigea en haut de l'écran pour regarder quelle heure il était : 10h34. Parfait. Dans moins de 9h, j'allais pouvoir enfin passer à l'action et sûrement mettre en pratique ce que j'avais appris au club. J'eus alors une pensée pour mon ami Lee, qui me manquait terriblement déjà. Tout s'était passé très vite, pas une seconde de répis. Comme si...

Tout était lié.

Merde.

Et si sa proposition de rejoindre un gang était en fait vrai ? Qu'il s'agissait de faire tomber le gang dont il prenait pour cible par le biais de ma personne ? En sachant pertinemment que j'en aurais très bien pu être capable puisque je n'ai peur de rien. Ou bien il savait que tôt ou tard, ils allaient lui causer du tord, directement contre lui ou indirectement contre les personnes qui le fréquentait.

Donc ça voulait dire que depuis le début... Lee avait prévu un sale coup provenant du gang ?

Ma tête se mit à tourner, j'étais complètement paumée. C'était à la fois insensée et pourtant envisageable. Je me retins du mieux que je pus sur le rebord de l'évier et quand j'allais mieux, j'allais m'habiller en vitesse. Alors que je finissais d'enfiler mon pull, je reçus un appel de YongGuk.

-Allô ? T'es où ? J'ai un truc à te raconter, faut absolument que tu reviennes.

-Puis-je savoir de quoi il s'agit ?

Mon cœur rata un battement. Ce n'était pas YongGuk au téléphone.

-Qui est à l'appareil ? Répondez ! Où est YongGuk ?

-Il va bien puisqu'il a retrouvé AeCha. N'est-ce pas mon p'tit gars ?

-MISEON RACCROCHE TOUT D'SUITE !

Mon sang ne fit qu'un tour. Ils avaient mes deux amis, il ne manquait plus que moi à l'appel. Et s'il localisait mon téléphone, je ne donnais pas cher de ma peau. Je raccroche immédiatement et tombai alors dans l'emprise de la panique. Je pris mon manteau, enfilai mes chaussures et fermai mon appartement. Direction le commissariat. Cho allait être mon dernier secours, j'avais du mal à me le dire, mais c'était pourtant bien vrai. En route, je jetai mon téléphone dans une poubelle, assez éloignée de mon appartement et du commissariat afin de ne pas être retrouver facilement. Ça me faisait chier mais tant pis, c'est que du matériel.

J'entrai en trombe dans le commissariat, passai devant le bureau de la secrétaire sans dire un mot et fonçai droit dans le bureau de Cho. J'entrai sans toquer et déclarai tout ce qui venait de se passer. Cho était assez sceptique.

-Je vais demander à un agent d'aller chercher ton téléphone et nous retracerons d'où provenait l'appel entrant. Reste bien sagement assise sur cette chaise, je reviens dans un instant.

Il sortit de son bureau d'un pas pressé tandis que je faisais les cent pas, incapable de rester tranquille assise sur une chaise. Même si c'était un connard fini, Cho semblait mettre un point d'honneur à effectuer ses tâches de travail dans la police, à mon plus grand étonnement puisqu'il avait fréquenté des voyous comme des dealers ou autre. Peut-être avait-il enfin trouver la bonne voie... comme Lee ?

-C'est bon, on s'en charge. Café ?

-Non, merci.

-Très bien. Alors tâche d'être silencieuse durant ce que je vais te dire.

J'arrêtai ma course effrénée en spirale dans son bureau et le fixai dans le blanc des yeux.

-Nous allons avancer notre heure d'intervention, nous ne pouvons nous permettre de perdre plus de temps. Mais pour le moment, je vais t'entrainer au tir comme ça je pourrais te confier une arme pour te défendre.

Alors que je levai l'index en ouvrant la bouche, il me coupa net.

-Pour te défendre, MiSeon, non pas pour attaquer. La justice ne protège que les personnes ayant effectué de la légitime défense.

Je m'avançai jusqu'à son bureau, le faisant reculer dans le fond de son siège. Un sourire sarcastique s'étira sur mon visage.

-La justice, c'est moi. C'est par où les entraînements ?

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