Les personnages sont le cœur de votre roman, il faut que le lecteur ait envie de suivre l'aventure à son côté, qu'il s'intéresse à son histoire, frissonne pour lui, pleure avec lui. Et pour ça il n'y a qu'une solution, qu'il soit crédible.

Qu'on écrive un roman dans les genres de l'imaginaire ou dans un roman de vie vos personnages se doivent d'être crédible, réaliste même. Les personnages sont la clé d'un roman, il faut donc que vos lecteurs puissent s'y identifier ou au moins le comprendre. 

Et pour ça il va falloir être attentifs à certaines choses :

Les stéréotypes :

Il est très facile de succomber à la mode et de faire de votre personnage un cliché ambulant. Le genre de personnage qui a vécu toute sa vie dans la misère, qui se découvre un beau matin des pouvoirs magiques, trouve une épée magique, se découvre invincible, peut parler toutes les langues et se découvre le fils de l'empereur du monde. C'est trop non ?

Comment voulez-vous que le lecteur accroche à ce genre de personnage déjà surexploité ? Que le lecteur croit à ce genre de personnage ? Alors je ne dis pas que tout ça c'est mal, les stéréotypes ne sont pas forcément mauvais, au contraire ils en sont devenus parce qu'ils fonctionnent. Mais à trop être utilisé il va perdre de son charme.

Je vais spoiler un peu ici pour vous faire comprendre où je veux en venir. Donc si vous n'avez pas lu le tome 1 de l'épée de vérité et que ça vous intéresse de le faire un jour ne lisez plus jusqu'au deux petites étoiles. Sinon on va parler d'un twist présent dans ce livre : le méchant est le père du héros.

En lisant cette révélation j'ai levé les yeux au ciel tant c'était cliché, dans un livre qui l'était déjà pas mal, et surtout ridiculement amené. Ca servait à quelque chose ? Non. Je ne plaisante pas. A la fin du tome 1 Richard ignore encore (ce qui n'est ni notre cas, ni celui des autres personnages) que c'est son père, cela ne l'a pas empêché de le vaincre et l'apprendre par la suite, de ce que j'ai lu (je ne suis pas allé très loin dans le tome 2 alors je dis peut-être une grosse bêtise) n'a rien changé pour Richard. Alors pourquoi nous pondre cette histoire ? Ça ne fait que rajouter du cliché à un roman qui l'est déjà.

Alors que, utilisant le même twist, Star Wars 5, le fait très bien (je ne pense pas spoiler quelqu'un ici en disant que Darth Vador est le père de Luke). Peut-être qu'à l'époque ce n'était pas un cliché, je ne peux pas le dire, je n'étais pas née (je ne suis pas vieille à ce point). Mais si ça en était un, il est bien amené. Alors on peut dire que Star Wars est cliché par pas mal d'aspect mais cette révélation va avoir une influence considérable sur Luke et sur la fin de l'histoire, ça va donner du tragique, Luke est horrifié en l'apprenant, ne l'accepte pas et on le comprend. Donc ce twist a beau être cliché au possible, il y a toujours moyen qu'il soit bien utilisé.

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Et c'est donc ce que je vais vous conseiller. Vous pouvez faire de votre héros un fils de roi, un magicien super balaise, ou tout ce que vous voulez qui a déjà été vu et revu du moment, mais il faut que le lecteur y croit, que ce trait dont vous avez paré votre personnage ai un impact sur lui. Que son épée magique ne soit pas juste un accessoire pour rendre le héros plus cool, en faisant ça vous le rendez juste lourd. Mais si cette épée magique est recherché par tous et le met en danger, elle créera une tension. Et si en plus elle lui permet de se défendre dans un monde brutal quand lui est un mauvais guerrier, il est normal qu'il la garde.

Pour tout cliché que vous voudrez incorporer à votre histoire, ce sera du travail encore plus dur, pour être sûr de ne pas lasser le lecteur avec. Et n'allez jamais trop loin, ne surchargeait pas vos personnages d'attributs, sinon vous perdrez vos lecteurs qui n'auront aucun intérêt à suivre les aventures de celui-ci. Comment voulez-vous vous inquiéter pour un personnage surpuissant ? D'ailleurs si le personnage est trop, cela risque de faire des incohérences dans l'intrigue, ou des raccourcis douteux, pour expliquer qu'il ne sache pas son statu, qu'il ne l'utilise pas. Donc prudence

Les personnages parfaits

Personne n'est aussi lisse qu'il n'y paraît et vous avez tous des défauts (moi aussi je vous rassure). Il en sera de même pour vos personnages. Ils n'ont pas à être grand, beau, fort, intelligents et c'est tout. Ils peuvent aussi avoir une phobie stupide, un caractère de cochon, un orgueil démesuré.

Un personnage trop bon ou trop fort dans tous les domaines est peu réaliste et votre lecteur aura du mal à y accrocher. Donc laisser votre personnage faire des erreurs, des faux pas, qui en plus de prendre le lecteur à contre-pied, donnera du piquant à l'intrigue et rendra attachant votre personnage. Par exemple votre personnage doit rejoindre le centre d'un labyrinthe de toute urgence. Sauf qu'au lieu de l'y faire arriver, ce dernier va se perdre. Ainsi vous prenez vos lecteurs à contre pieds et pimentait le récit. Et votre héros s'est peut-être perdu mais il en tirera une grande force morale ou il tombera sur un moyen de retrouver son chemin.

Cette imperfection est aussi valable au niveau du caractère. Prenez n'importe qui autour de vous, vous lui trouverez sans doute des tas de qualités mais aussi des tas de défauts. Pour votre personnage c'est pareil. Il peut être lâche, peureux, tout en étant très intelligent à côté.

Et tous ces défauts ou ces qualités dont vous les parez doivent entrer dans une logique. Je veux dire par là que quelqu'un de très fort physiquement n'a pas de raison d'être peureux, qu'une paysanne qui n'a jamais rien eu à manger ne va pas chipoter parce qu'elle n'a pas la plus belle robe du village. Je ne dis pas que tous les traits de caractère doivent être logiques, les phobies par exemple n'ont aucune explication crédible en règle générale, mais ce que vous êtes reflète toujours en partie la vie que vous avez vécue et aura une influence sur vos actions. Une petite princesse heureuse dans son palais confortable ne va pas partir à l'aventure sans une bonne raison.

Un personnage noir ou blanc ennuiera, alors faites les gris, que ce soit votre héros ou son grand rival. Tout le monde a en soit le potentiel pour être un héros ou quelqu'un d'égoïste, seulement un côté ressort plus que l'autre. On est tous plein de nuance et de plus selon la situation c'est notre côté sombre ou clair qui ressortira.

Les personnages dépourvu d'humanité

Si votre personnage est un elfe ce que je vais dire les concerne, comme n'importe quel créature humanoïde aussi. Ce que je veux dire par là c'est que votre personnage a des besoins et des limites. Votre personnage ne peut pas être en pleine forme après avoir couru un marathon, voyager un mois dans des terres arides, avoir été privé de nourriture. Cela vous semble sans doute évident mais c'est une erreur que beaucoup font encore.

Pensez-y, quand après un long périple à travers le désert, vêtu de seulement un pantalon votre héros arrive dans un bar et commande tranquille un coca bien frais et se bat avec un autre client il y a un petit problème. D'où il sort son argent ? Comment il peut avoir juste la force de se lever de son fauteuil ? Comment il peut même avoir envie de sa battre alors que son dos doit être brûlé par le soleil ?

Il ne faut jamais oublier donc que votre personnage a des besoins naturels comme se nourrir, être au chaud, qu'on ne peut pas ignorer et que s'en passer l'affaiblira.

N'oubliez pas non plus que ce personnage n'est pas tout puissant. S'il n'a jamais touché une arme de sa vie il ne peut pas gagner un duel contre le meilleur tireur au monde. S'il doit franchir en un saut un gouffre de plusieurs kilomètres il ne pourra que tomber. Et quand il se prendra un coup il aura mal, et parfois pas juste cinq minutes. Il se pourrait même qu'il soit blessé, qu'il ne puisse plus se servir de sa main pendant un mois, que marcher lui causera une douleur terrible pendant des semaines.

Enfin votre personnage comme tout le monde fait des erreurs. D'ailleurs il est impératif qu'il fasse des erreurs. Sinon il va perdre très vite son capitale sympathique. Il se peut qu'il pense pouvoir marcher à pied jusqu'à la ville suivante mais s'écroule épuisé avant d'y arriver. Il se peut qu'il décide de suivre cette bande de voleur qui au final va l'abandonner et tout lui voler.

Et n'oubliez pas, j'ai parlé de limites physiques bien sûr, mais il a aussi ses limites mentales. Ne demandait pas à quelqu'un qui n'a vécu toute sa vie enfermé, ignorant qu'il y avait un monde autour de lui de résoudre un conflit politico-économique majeur et d'avoir raison. Votre personnage aura des situations devant lesquelles il craquera, sera désespéré, ne voudra plus se battre, deviendra lâche. Il ne pourra sans doute pas résister à une longue torture physique.

Et vous allez me dire, moi je m'en moque mon personnage c'est un vampire. Un vampire ça a besoin de boire du sang régulièrement sinon pourquoi le ferait-il ? Or il a aussi besoin d'être discret peut-être. Ou il aura des scrupules à tuer. Ou cela ne l'empêche pas de ne pas savoir se battre, d'avoir mal. Et pour chaque espèce on peut trouver des limites. Et si ce n'est pas le cas il faut en trouver sans quoi ces créatures rendront votre histoire sans intérêt.

Des personnages non ancrés dans leur monde

Votre personnage a vécu dans son univers avant que vous ne contiez son histoire, s'y est construit une vie. Il a eu une enfance, des rêves, peut-être un métier, une famille, des amis. Et même si tout cela changera dès le début de son récit, ça doit continuer de l'influencer. Que ce soit dans son caractère, ses aptitudes, ses choix ou juste même des moments de mélancolie, ce background doit être réutilisé dans votre aventure. Une couturière pourra plus facilement recoudre une plaie que quelqu'un qui n'a jamais touché une aiguille, un moine copiste saura lire les langues anciennes et écrire des messages, quelqu'un qui a passé son enfance à la campagne sera perdue dans une ville, quelqu'un qui n'a jamais eu d'amis aura du mal avec les contacts social. Cela rendra votre personnage bien plus crédible qu'un tueur de dragon dont on ne connait pas le passé mais qui maîtrise cinq langues et sait manier huit différentes armes. Votre lecteur pourra pardonner plus facilement les erreurs de quelqu'un dont il connaît l'histoire qui l'y a mené. Alors même si les faire un personnage mystérieux vous semble être une bonne idée, il va falloir qu'il se dévoile avec le temps.

Enfin votre personnage vit dans un monde qui ne peut pas être toujours rose. Même la petite princesse dans son palais peut vivre des moments difficiles comme la mort d'un proche, le départ de son seul ami, une catastrophe naturel qui détruira son palais. La vie a toujours des mauvais côté et votre personnage se doit d'y être confronté. Les qualités de votre héros peuvent avoir des contreparties importantes ou avoir une influence dans son rapport aux autres.

Pour donner un exemple personnel et faire ma pub en même temps (jetez-moi des tomates si vous voulez) mais dans une de mes saga qui s'appelle les douze cités, le héros Théophile est un magicien superpuissant, seulement il ne contrôle absolument pas ses pouvoirs et créé catastrophe sur catastrophe dès qu'il utilise la magie, quant à sa sœur tous les garçons sont inexorablement attiré par elle sans qu'elle ne soit réellement jolie, au point qu'elle est toujours seule, ne sachant pas si ceux qui l'approchent sont sincères avec elle. Ce qui pouvait sembler être des qualités au premier abord mais au final c'est plus complexe que ça et influence grandement leur relation avec les autres, leur caractère, leur façon de vivre. Tout a toujours un mauvais côté comme un bon.

Après tout ça vous devez avoir un personnage crédible dans son caractère, auquel le lecteur pourra alors s'attacher ou au moins le comprendre. Mais il ne faut pas oublier d'être crédible dans :

- Son mode de vie :

Un malheureux paysan ne pourra pas vivre dans un superbe château, manger de la viande à tous les repas et voyager tous les jours à la capitale. Non il aura une petite maison en mauvais état, peu de nourriture et devra rester chez lui travailler tous les jours. Et c'est pareil dans tous les cas. Demandez vous à chaque fois si votre personnage a les moyens, la possibilité, le droit d'aller à tel endroit, manger tel repas, utiliser tel moyen de transport, s'habiller de tel vêtements, etc.

- Sa manière d'être et de penser :

Une princesse qui a tout pour être heureuse, avec de belles robes, de grands repas et des parents aimant, n'aura aucune raison de se rebeller contre ceci. De plus il est peu probable qu'en rencontrant un homme du peuple à l'hygiène douteuse elle tombe instantanément sous son charme. Quelqu'un qui est né et a grandi dans une plantation d'esclave ne verra pas forcément en quoi c'est mal d'avoir des esclaves. Et encore une fois, votre histoire, votre milieu social, la façon dont vous avez été éduqué, tout cela a une influence sur vos pensées. Alors demandez-vous s'il est logique que votre personnage pense ceci, qu'il ait tel caractère après ce qu'il a vécu.

- Sa manière d'agir :

Votre personnage est en pleine expédition en Antarctique, seul et toujours vêtu de quinze kilos de vêtements (j'exagère un peu), du coup s'il est enfermé dehors trois jours il en aura rien à faire de ne pas avoir de rasoir, il faut d'abord et surtout qu'il pense à survivre. Par contre s'il vit dans une maison en pain d'épice il n'aura pas à se préoccuper de comment manger ou survivre, mais plutôt comment éviter que tous les garnements du coin viennent grignoter votre toit, ou si votre voisin est un gars sympa. Vous m'avez compris. Selon la situation vous ne réagirez pas du tout de la même manière et n'aurez pas les mêmes priorités. 

Alors comment faire ? Mettez-vous à la place de votre personnage et voyez comment vous, en ayant vécu ce qu'il a vécu, en ayant connu ce qu'il a vécu, vous auriez agi.

Au final votre personnage se doit d'être juste bien dosé, pas trop stéréotypés, pas trop parfait, pas trop sombre non plus, et que son caractère soit logique avec son histoire. Si vous avez peur d'être trop dans l'excès et même si ce n'est pas le cas d'ailleurs, je vous conseille de faire le Mary-Sue test (Mary-Sue est le nom qu'on donne aux personnages parfaits et donc totalement insupportable, Bella Swan ou Tara Duncan en sont de bons exemple), vous découvrirez alors si vous êtes dans la bonne voie.

J'ai encore pas mal de choses à dire sur les personnages, leur interactions, comment gérer une nombreuses galerie de personnages, comment créé un héros amoral auquel le lecteur s'attachera, mais tout cela ce sera pour une autre fois. La prochaine fois on parlera du moyen de faire une intrigue solide. Mais avant on parlera d'une autre auteure talentueuse. Vous voulez savoir qui ? Rendez-vous la semaine prochaine. Et sans doute avec un nouveau chapitre des 12 cités ou une nouvelle, j'hésite encore.