C'est beau, c'est grand, c'est étourdissant.

Elle m'a vue et j'ai lu très clairement, car je suis un expert pour cela, qu'elle était étonnée, mais certainement très heureuse, de voir que j'avais remué ciel et terre pour la retrouver. Elle a eu ce petit sourire contrit mais satisfait qui montrait qu'elle se jouait de moi, qu'elle se moquait de moi, qu'elle n'en avait rien à faire de moi. Mais moi, je n'ai vu qu'un sourire gentil, incitant à venir lui parler et montrant tout simplement que oui, je lui plaisais. Alors que non, je ne lui plaisais pas.

Elle m'a amadoué comme on amadoue une bête féroce pour ensuite la dévorer. Elle m'a ouvert au monde, m'a fait découvrir ce qu'était une vie avec les autres, elle m'a fait découvrir ce que c'était qu'avoir des amis, ce que c'était de s'amuser. Oui de s'amuser. Elle m'a fait découvrir les fêtes et les soirées trop alcoolisées. Je ne buvais rien parce que mes principes l'obligent, mais elle, elle s'éclatait. Alors elle m'a convaincu, comme elle réussissait toujours aussi bien, de s'éclater avec elle. Résultat de la course, j'ai fini éclaté. C'était une soirée trop arrosée. On est parti dans un parc et elle a commencé à me parler, comme elle l'avait toujours fait, comme elle l'avait fait la première fois. Je l'ai ramenée chez elle malgré mon taux d'alcoolémie bien trop élevé et j'ai dormi dans ma bagnole, ce que je n'avais encore jamais fait.

Le lendemain matin elle n'est pas venue en cours, moi j'y étais mais trop fatigué pour écouter. Le surlendemain, elle est revenue. Elle m'a proposé de sortir et de se promener. Elle m'a dit « On est un couple non ? ». Eh bien non, je n'étais pas au courant. Mais si à priori. Alors j'y ai cru. On se connaissait depuis à peine un mois mais j'y ai cru. Alors on est sorti et elle m'a embrassé. Langoureusement, passionnément, violemment, j'aurais presque pu dire amoureusement. Mais ce n'était pas le cas. Parce que non loin de là, son vrai petit ami nous prenais en photo. Et lorsque je suis parti chez elle, il y était encore.