c'est
C'est triste, c'est pâle, c'en est malade.
On m'a dit plus tard qu'il fallait que je rase le passé. Comment raser un passé qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui ? On ne peut pas. Si je rasais mon passé, je serais toujours cet introverti qui hait le monde. Le problème avec ce passé, c'est que je suis devenu un introverti qui hait le monde, mais qui hait également la vie. J'ai pleuré. Non pas parce que je l'aimais mais parce que je souffrais. De ce soudain manque d'affection, de cet élan de méchanceté que toutes ces personnes m'ont infligé. Je souffrais de souffrir mentalement et physiquement parlant. Pendant longtemps j'ai pensé au fait que je me servais de ce prétendu amour pour m'ouvrir. Pendant longtemps j'ai pensé que malgré ce que je subissais, c'était de ma faute. Parce que si je n'avais pas accepté cette offrande, si je ne voulais pas avoir cette attention, rien ne me serait arrivé. Je me suis dit que ce n'était pas un coup de foudre, j'ai renoncé à l'idée de me dire que je l'avais aimé. Et pourtant c'était le cas. J'aimais mais puisque je souffrais, je n'aimais soudainement plus.
Ma mère avait raison, je manquais cruellement d'énergie et, par conséquent, de vitamines. Un jour je suis tombé dans les pommes. Un malaise en plein milieu du self. On mangeait de la soupe ce jour-là et sans le vouloir, je me suis brûlé. L'hôpital avait les murs verdâtres, le plafond blanc fissuré que j'ai vu lorsque j'ai ouvert les yeux ne m'a pas rassuré. Il était vide, vide mais brisé. Il m'a fait penser à ces tristes murs délabrés qui tombent en ruine au fil des années s'ils ne sont pas rénovés. J'y ai pensé jusqu'à que l'on parle à côté de moi : « Tu es réveillé ? » c'est ce qu'on m'a dit. C'est ma mère qui parlait et sans attendre ma réponse elle a appelé l'infirmière qui a appelé le médecin. Je me souviens qu'il a pris très longtemps à arriver, il était sûrement occupé par des cas plus graves qu'un gamin tombé dans les pommes. Et c'est pendant ce temps que j'ai repensé au plafond parce qu'il était toujours là, face à moi. Je me suis soudainement dit que ce plafond c'était moi. Sans couleur intérieur, vide, cassé, blessé, dans cet hôpital je n'étais qu'un gamin sorti d'un malaise. Mais pas tout à fait. Dans cet hôpital, j'étais un malade.
Lorsque le médecin a demandé à ma mère de sortir pour pouvoir me parler en tête-à-tête, elle a compris que quelque chose n'allait pas. Moi je ne l'avais pas compris maintenant. Je venais de le comprendre, juste avant. Et sans me poser de moindre question, il a lu dans mes yeux, du moins c'est ce que j'aime me dire, que je savais, qu'il n'avait rien à me demander parce que je le savais. J'étais malade, malade d'amour, malade de larmes, j'étais dépressif. Lorsque ma mère est à nouveau rentré, je lui ai souri, et elle a également compris que ça irait, du moins je l'espérais. J'ai soudainement arrêté de penser à ce que les autres pourraient penser de moi, de cette maladie et j'ai enfin pu, après sûrement des semaines voire des mois, me détacher d'elle, de cette histoire, de ce qu'elle devenait. J'ai enfin pu me soucier de ce que moi, j'advenais.
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