Chapitre 15
Je recommençais à sprinter droit devant moi, me concentrant désormais sur ma nouvelle tâche.
Lui offrir un déjeuner très tardif et rester auprès d'elle pour essayer de la refaire sourire un peu...
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PDV Soleil
Emmitouflée dans mon plaid, je continuais de changer de chaîne sur un soupir. Je trouvais finalement un documentaire sur les dauphins, cela finissant donc de compléter ma petite matinée non productive. Je reposais ma tête contre mon coussin rembourré, m'apprêtant déjà à repartir pour un somme.
Enfin. Jusqu'à que ma sonnette d'appartement ne résonne subitement...
Je fronçais immédiatement les sourcils, me demandant aussitôt qui cela pouvait être. Shania m'avait envoyé un message pour me demander ce que je faisais ; mais elle ne m'avait pas averti d'une soi-disante venue. Enfin. Elle peut parfois débarquer comme ça, mais quand même.
Hum...
Je décidais donc de me lever, gardant encore mon plaid contre mon corps. Je m'approchais ainsi de ma porte, regardant tout de suite dans le petit trou en haut.
Ah.
Des yeux bleus. Des cheveux bruns. Un petit sourire.
Ne parlant qu'à très peu de personnes et ayant un cercle d'ami super restreint, il ne me fallait pas plus d'une seconde pour comprendre qui cela était-ce.
Nyel. Le super pompier.
Oui. Il ne m'avait aussi pas fallu plus de temps pour comprendre cette autre chose : Shania lui avait tout raconté, également. Il savait tout.
Avec un second soupir, j'ouvrais donc ma porte, tombant nez à nez avec ce grand brun. Directement il me tendait deux gros paquets, signés notre superbe boulangerie préférée. Il affichait aussi un nouveau sourire, alors que j'haussais un sourcil plutôt interrogateur.
« Si c'est pour le calendrier des pompiers, je n'ai plus un rond. Demande à ma voisine, la petite mamie du deuxième étage ; elle est toujours habillée de marques luxueuses. » Déclarais-je immédiatement, serrant encore le plaid entre mes doigts.
Nyel recommençait à sourire de plus belle, visiblement amusé de ma petite blague.
« Pas grave, je repasserai une autre fois. Après tout on doit se revoir et je dois comme toujours te rembourser ton sommeil. » Répondit-il finalement quelques secondes passées, en s'invitant ensuite chez moi.
Tout naturellement, monsieur le pompier rentrait dans mon appartement, m'obligeant ainsi à fermer ma porte sous un râle.
« Ne râle pas, Soleil. Le charmant Nyel t'a ramené de quoi déjeuner, regarde. » Reprenait-il en se dirigeant dans ma cuisine, tandis que je le suivais.
« Déjeuner à treize heures ? » Questionnais-je de suite, pendant qu'il déposait son butin sur ma table.
« Ouais, c'est génial et ça se fait souvent. Puis tu sais, les croissants de Josh sont géniaux. Je pense que tu seras ravie d'en manger un, n'est-ce pas ? » Répliqua-t-il avec un clin d'œil, en observant ensuite mon plaid d'un regard suspicieux.
« Euh Soleil... Il fait plus de vingt-cinq degrés dehors, tu le sais ? » Renchérît-il sans tarder, mon haussement d'épaules lui parlant déjà.
« J'aime l'avoir sur moi. Je suis bien comme ça. » Répondais-je sans grand intérêt, en le regardant.
« Oui mais quand on sortira tout à l'heure, tu pourras le quitter je pense. Les gens risquent de te regarder étrangement. » Compléta-t-il, avant d'aller ouvrir un placard.
Continuant toujours comme s'il était chez lui, Nyel en sortait deux verres et le rouleau de sopalin, tandis que je pensais à ses paroles.
« Euh. On compte passe la journée ensemble ? Tu ne travailles pas, toi ? » Répliquais-je finalement, alors qu'il déposait les verres sur la table et prenait place.
« Non, pas les vendredis aprèm. Et oui, il fait super beau dehors. » Répondît-il, toujours avec cette détermination visible dans ses yeux bleus.
Je levais les yeux au ciel, mais prenais néanmoins place en face de lui. Je jetais un coup d'œil dans le sachet, constant en effet que mes croissants favoris se trouvaient bien là. Mais même si cette intention était plutôt positive, j'avais encore des doutes concernant sa venue.
Je me devais de le vérifier.
« Shania t'a tout révélé. Maintenant que tu le sais, je t'inspire la pitié ? » Demandais-je cash, avant de le voir s'arrêter net dans ses mouvements.
Nyel fronça ses sourcils, se replaçant en même temps sur sa chaise.
« Non, je ne te prends pas en pitié. » Répondit-il en attrapant mon verre, versant ainsi le jus d'orange sous son nouveau silence.
« Ton histoire m'a touché et je ne peux nier le fait que j'ai ressenti de la colère et de la tristesse. Mais je sais aussi que cela est du passé et que tu refuses que l'on te prenne en pitié. Pourquoi le ferais-je donc ? » Reprenait-il d'une voix sage, le regard toujours fixé sur le verre.
« J'ai révélé cela à une ancienne amie. Elle m'a tout de suite pris en pitié, elle. » Répondais-je directement, son froncement de sourcils s'accentuant.
« Elle ne cessait de me répéter chaque jour à quel point mon passé était horrible ; elle remuait le couteau dans la plaie. Elle me rabâchait sans cesse la mort de mon fils, me demandant même si je ne voulais pas voir de psychiatre, un psychologue, ou même me faire opérer. Elle me prenait en pitié et elle en faisait beaucoup trop. C'était horrible pour moi. » Expliquais-je automatiquement, tandis que ses yeux bleus revenaient vers les miens.
« Mais en fait, derrière tout cela, elle voulait juste que je la choisisse comme mon avocate. Je l'ai entendu un jour, derrière une porte. Elle disait que cette affaire pourrait lui rapporter gros et qu'une misérable fille comme moi avec cette histoire, passerait à coup sûr dans les journaux... J'inspirais la pitié, après tout. » Reprenais-je, avant de l'entendre pousser un soupir.
« Soleil... » Murmura-t-il de sa voix grave.
« Je hais la pitié des gens. Et je ne veux surtout pas que tu en ai pour moi, Nyel. Mon passé est du passé. Je resterai à jamais gravée, certes, mais maintenant j'ai su remonter cette épreuve. Shania te l'a expliqué, c'est certain. » Renchéris-je avec sérieux, alors qu'il hochait la tête.
« Je ne le ferai pas, crois-moi. » Souffla-t-il, en commençant à poser sa main sur la mienne.
« Deux secondes pour l'enlever. » Répliquais-je de suite, alors qu'un sourire revenait enfin prendre place sur son visage.
Du Nyel tout craché. Toujours souriant.
Le rare d'ailleurs, qui continu de sourire avec ce qu'il vient d'apprendre.
« Bon allez ! Maintenant à table ! » S'exclama-t-il de suite, son changement de comportement me faisant légèrement sourire.
Cet homme est vraiment adorable, dans le fond.
**
PDV Nyel
Assis sur le canapé, je commençais à baisser le son, remarquant du coin de l'œil qu'elle commençait à s'endormir.
Ah oui quand même. Mais elle dort combien d'heures pas jour, sérieusement... ?
« Soleil. Tu t'endors, là... » Chuchotais-je en tournant ma tête, remarquant ainsi la brune toujours aussi bien emmitouflée dans son plaid.
« Non. Je prends juste une pause, c'est tout. » Me répondit-elle d'une voix basse, les yeux toujours fermés.
Amusé, je regardais son corps légèrement basculer d'avant en arrière, la fatigue prenant de plus en plus effet sur elle. Soleil somnolait, tandis que je baissais carrément le son de la télé.
« Tu vas tomber sur le tapis. » Reprenais-je, pendant qu'elle grommelait.
« Hum... Les croissants plus la chaleur font super bien effet, je trouve. » Continuais-je avec un sourire, avant de sentir une tête tomber lourdement sur mon épaule.
Je me tournais, admirant ainsi une masse de cheveux tout étalé contre mon épaule. Soleil avait la bouche légèrement entrouverte, les yeux fermés, sa respiration se faisant désormais bien entendre. Mon sourire s'élargissait encore plus, alors que j'enlevais une mèche de cheveux qui venait chatouiller son nez.
Je continuais encore de la regarder, laissant doucement une main se poser sur sa joue. Je laissais mon pouce caresser sa pommette, profitant enfin de ce contact.
« Cheveux, à droite. » Chuchota soudainement une petite voix, alors que je voyais sa bouche bouger.
Je rêve ? Soleil qui vient de me demander cela ? Vraiment, on parle de la même femme ?
« Tu es vraiment Soleil Grayson ? » Demandais-je tout bas, aussitôt amusé d'entendre son léger grognement.
« Je t'ai accepté dans mon appartement ; tu as le droit de poser tes fesses sur mon canapé. Tu peux bien m'offrir ce droit, non ? » Répliqua-t-elle toujours le yeux clos, mais la fatigue ayant visiblement disparu de son corps.
« Je t'ai offert le déjeuner et mon épaule. C'est aussi super bien, tu sais. » Contrais-je une nouvelle fois, alors qu'elle soupirait.
Mais néanmoins touché par le fait qu'elle demandait enfin un petit contact entre nous deux, je posais donc ma main dans ses cheveux bruns. Je remarquais un petit sourire étirer ses lèvres, m'attendant ainsi à une nouvelle réplique.
« Plus à droite, esclave. » Souffla-t-elle, alors que je m'arrêtais net dans mes gestes.
« Esclave... ? Ce n'est pas mon job, désolé princesse Soleil. » Répliquais-je de suite, en distinguant cette fois un plus grand sourire prendre possession de son visage.
« Tu as le droit de rester vingt minutes de plus dans l'appartement, si tu le fais. » Reprenait-elle aussitôt, alors que je lui pinçais le nez.
« Tu n'arriveras pas à me faire bouger d'ici, râleuse. » Renchéris-je, avant de la voir ouvrir les yeux et commencer à bouger.
Je lâchais enfin son pauvre petit nez, la regardant donc se lever et me jeter son plaid dessus.
« Petit pompier merdeux, tu vas me le payer ! T'as voulu m'étouffer, je rêve ! » S'exclama-t-elle sans tarder, sa réaction me faisant beaucoup rire.
C'est quand même mieux de la voir ainsi : des répliques cinglantes et le mode râleuse enclenché. Soleil est tellement mignonne avec ses réactions...
Amusé, je la regardais donc faire, pendant qu'elle commençait à attraper mon bras pour essayer de me dégager du canapé. Évidemment dû à mon poids et ma taille, c'était assez risible. Soleil n'arrivait même pas à me faire bouger d'un centimètre.
« Allez ou j'appelle la police pour intrusion abusive dans ma vie privée ! » Continua-t-elle d'une voix forte.
Je laissais directement échapper un nouveau rire, toujours plus amusé par ses remarques.
« On a déjeuné ensemble. Ça ne sera donc pas super crédible. Puis j'ai de très bonnes connaissances avec les policiers, tu sais. » Poursuivais-je, alors qu'elle s'acharnait à me faire bouger.
« Allez Nyel, bon sang ! » Souffla la demoiselle, tandis que je décidais de m'allonger sur le canapé.
« Je me repose cinq minutes et on sortira ensuite, promis ma râleuse. » Répondais-je, en fermant déjà mes yeux.
« T'es aussi chiant et idiot que tes collègues, je te jure... » Pesta-t-elle, ses nombreux et adorables râles me faisant toujours sourire.
« Non, pas tant que cela voyons. Car la preuve est que j'ai le droit d'aller dans ton appartement et de traîner avec toi, alors qu'eux non. » Chuchotais-je, avant de croiser mes bras contre mon torse.
« Imbécile d'esclave qui n'écoute rien... Je vais te revendre... » Râla-t-elle une nouvelle fois, tout bas.
« Oui petite râleuse, oui... » Murmurais-je aussitôt dans mon coin, amusé.
Quelques secondes passées, j'ouvrais doucement un œil, remarquant ainsi que Soleil tapotait sur son téléphone. Profitant donc de ce moment de faiblesse, je tirais sur son bras, l'amenant déjà à s'écraser contre mon torse.
« Et ! Mais tu fais quoi, Nyel ! » S'exclama-t-elle directement, le téléphone glissant sur le côté.
Continuant dans ma lancée, je passais mes bras derrière son dos, pendant qu'elle se débattait avec peine.
« Sieste de deux minutes trente et on ira ensuite sur la plage, promis. » Murmurais-je, en refermant mes yeux.
Bien évidemment la petite Soleil continuait de se débattre, ses jambes tapant ainsi contre les miennes.
« Nyeeeeel ! » Râla-t-elle encore une fois.
« Chacun doit se reposer, chut ; à mon tour maintenant. » La contrais-je toujours.
Soleil abandonna finalement au bout de dix longues minutes d'acharnements. Ses jambes restaient enfin posées sur les miennes, sa tête tombant lourdement sur mon ventre.
Ah. Je croyais que c'était fini, mais peut-être que je m'étais trompé en fait.
Soleil commençait à me donner de super bons coups de tête contre mon ventre, me faisant donc rouvrir les yeux.
Bon sang. C'est qu'elle est super déterminée cette fille.
Je m'apprêtais à dire quelque chose quant à ses nombreux coups, avant de soudainement entendre la porte s'ouvrir. Soleil s'arrêtait net et moi aussi, relevant nos tête pour les tourner du côté droit.
Génial. Mais qui voilà ? Shania et mon cher ami Wilder...
« Oula, désolés du dérangement ! » S'écrièrent d'ailleurs les futurs mariés, alors que je soupirais en même temps que Soleil.
Moment gâché : c'est fait.
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(Nyel est super doué pour la faire sourire, je crois ! Bonne lecture à tous !) ♥️
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