Chapitre 26
Quand Juliette s'est enfin calmée, elle m'a dit de retourner parler avec Mathis, sauf que lorsque nous sommes retournés au salon, nous n'avions plus grand chose à dire. Je me sentais étrange. Et fatigué. Mais bon, on va faire comme si tout allait bien. C'est, en général, le plus efficace, peu importe la personne avec qui on est. Le silence entre nous devient pesant. Je ne sais vraiment pas quoi dire.
- Tu voudrais pas qu'on sorte un peu ? J'étouffe un peu. Si tu préfères tu peux rester ici ou, si tu veux rentrer chez toi, je sais pas quand tu as des trains ?
- Je vais t'accompagner, je pense prendre le train de treize heures.
J'allume l'écran de mon téléphone pour regarder l'heure et m'aperçois qu'il est déjà midi.
- Ok. Tu sais à combien il est exactement ?
- Oui, 13h17.
- Ouais, donc faut pas qu'on s'éloigne trop. Tu veux manger avant de repartir ?
- Je sais pas...
- On verra bien quand on sera dehors au pire.
- Ouais.
Je passe par la chambre de Juliette pour la prévenir, mais voyant qu'elle dort, je me contente de laisser un mot sur son bureau. En sortant, je n'oublie pas mes clés et nous sortons. Je ne sais pas vraiment où aller. Je pense qu'on va peut-être se poser simplement dans un parc, près de la gare, à une quinzaine de minutes de l'appart.
Nous avons finalement trouvé de quoi parler et nous l'avons fait jusqu'à qu'il n'ait dû prendre son train pour rentrer chez lui. Je l'ai raccompagné jusqu'à la gare et quand nous nous sommes quittés, il m'a dit de ne pas hésiter à lui parler par message, je lui ai répondu qu'il ne devait pas hésiter à faire la même chose, ce à quoi il a souri. Je rentre à l'appart te vois Juliette debout.
- Il est parti ?
- Oui, y a dix minutes.
- Ok. Timéo ?
- Oui ?
- Ca va ?
- Oui, pourquoi ?
- Comme ça. Il est sympa, hein ?
- Ouais... Un peu trop...
Pourquoi je tiens jamais ma langue ? Juliette se retourne vers moi, me dévisageant quelques secondes avant de reprendre la parole.
- Vous allez vous revoir ?
- Je ne pense pas.
- Pourquoi ? Vous aviez l'air de vous entendre plutôt bien, non ?
- Ouais, mais je peux pas.
- Parce qu'il te plaît ?
Je la regarde en faisant de gros yeux. Non. Il ne me plaît pas. Non. Et même si c'était le cas, sa question me plaît pas, elle par contre. Je reste figé quelques instants avant de répondre.
- Non.
- Tu dis ça pourquoi ? Parce que c'est un mec ou parce que c'est son frère ?
Je ne réponds pas. Quelque part, je pense que les deux me bloquent. Pas que les gays me dégoûtent, au contraire, j'ai un collègue qui est gay, même si je l'ai appris hier, et lui et son copain sont très sympas, mais quand ça me concerne moi, ça fait bizarre et puis, ouais. Il reste son frère. Je ne peux pas.
- Elle ne t'en voudrait pas.
- Tu n'en sais rien. J'aurais l'impression de la trahir.
- Donc tu avoues qu'il te plaît ?
Je ris nerveusement, elle arrive toujours à me faire parler. Elle s'approche de moi et pose sa main sur mon bras.
- Tu sais, on se connaît depuis longtemps. Je ne te jugerais jamais. Tu peux bien aimer un garçon, le frère de Jessica, ou je ne sais qui d'autre, ça ne changera rien. Je ne veux que ton bonheur. Et c'est pareil pour Alexis. On ne te souhaite rien d'autre que d'être heureux. Et Jessica ne t'en aurais pas voulu si c'est un amour sincère et que tu ne blesses pas son frère.
- Ju', je t'ai déjà dit que je ne le reverrait pas. Et je ne suis pas amoureux de lui. C'est juste une attirance physique.
- Je ne te crois pas. Déjà avant, les rares fois où tu nous parlais du fameux Mathis, avant que tu ne saches qui il est, même si ça n'arrivait pas souvent, je voyais que tu tenais beaucoup à lui.
- Ecoute, de toute façon, non seulement on ne se reverra pas et ensuite, je ne compte pas envisager quoi que ce soit avec lui. Pour lui, je suis le copain de sa sœur. Enfin, j'étais.
Elle retire sa main, me regardant, elle semble apaisée.
- Tu commences à accepter, hein ?
- Comment ça ?
- Tu as enfin arrêté de parler d'elle au présent. Tu disais toujours que c'était ta copine au présent. C'est la première fois que je t'entends te reprendre pour le dire au passé. Tu commences à avancer.
- Ouais, sans doute...
- Tu commences à passer à autre chose et c'est bien. Moi aussi elle me manque. Beaucoup, même. Tu n'imagines même pas à quel point. Tu sais, on l'avait rencontrée que cette année, mais elle était devenue ma meilleure amie.
Juliette parle tellement peu d'elle que je suis touché qu'elle me parle de Jessica. Je vois que les larmes commencent à lui monter, mais elle se tait. Elle recommence à pleurer et je la prends une nouvelle fois dans mes bras.
- Dé-désolée. Je fais que de pleurer.
- Tu as le droit. Tu as été forte. Tu es forte. Tu m'a aidé pendant des mois, m'empêchant de sombrer plus bas que je ne l'étais déjà. Pendant cette période, je ne t'ai pas vue pleurer. Tu as le droit de relâcher la pression, toi aussi. J'ai de la chance d'avoir des amis comme vous.
- C'est surtout nous qui avons de la chance de t'avoir, t'es le plus raisonnable et le plus calme d'entre nous !
Elle rit à travers ses larmes et ça me rassure. Je caresse sa joue avant de lui embrasser le front. J'ai rarement ce genre d'attention envers elle, mais d'un côté c'est ma meilleure amie, de l'autre elle est comme ma petite sœur. J'ai l'impression de devoir prendre soin d'elle, même si contrairement à ce qu'elle dit, c'est plutôt l'inverse.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro