Chapitre 12
Sur le moment, je n'ai pas répondu. Je ne savais pas quoi répondre. Je suis donc allé à mon cours de maths et lorsqu'il s'est terminé, je suis sorti du lycée. Je suis allé dans le parc dans lequel j'étais l'autre fois, quand So m'avait rejoint et empêché de dormir, par la même occasion. Je me replace sur le banc et observe le parc. Je regarde un peu partout, les élèves de mon lycée qui s'y sont posés, le petit lac devant moi, dans lequel se baladent quelques canards. Je ferme les yeux, me concentrant sur les sons. Je ne comprenais rien des conversations que j'entendais, mais en ajoutant le bruissement des feuilles des arbres, le bruit de l'eau lorsque quelque chose arrive dedans, et les autres bruits environnants, c'était plus reposant que d'aller chez moi pour faire passer le mal de tête qui m'avait pris pendant mon cours de maths. J'avais déjà du mal à me concentrer dans cette matière, mais en plus avec un mal de crâne, qu'est-ce que vous vouliez que je comprenne ?
Je ne mange pas, ce midi. Déjà parce que je n'ai pas réservé mon repas au self, et je ne suis pas passé chercher de quoi manger chez moi avant d'aller en cours. Je retourne donc en cours pour mes trois dernières heures de la journée, le ventre vide. Je vais à mes cours de langue, et finis par mon cours de sciences éco et sociales.
En rentrant chez moi, je fais le détour prévu par chez So et reste quelques dizaines de minutes avec lui. Je lui ai montré le message de mon père et il a lu le message de Timéo, qui était affiché avant que je ne change de discussion pour aller sur celle de mon père. Il affiche une mine plutôt surprise, mais quand je l'interroge, il dit que ce n'est rien. Je sais qu'il me cache quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Je finis par rentrer chez moi, mes parents s'impatientant, mais évidemment, je fais plusieurs détours, ne souhaitant pas rentrer le plus rapidement possible.
En passant la porte de la maison, je vois que quelques cartons traînent dans l'entrée. J'ai vu les deux voitures de mes parents devant chez moi, donc je sais que mes deux parents sont là. Je ne dis pas que je suis rentré et me contente d'aller dans ma chambre, poser mes affaires, les ranger, j'en profite aussi pour faire un détour par la salle de bain pour faire tourner une machine et je vais ranger mes cours. Une fois tout ça fait, je vais enfin voir mes parents dans le salon. Quand ma mère me voit, elle se lève pour venir me coller une bise sur la joue avant de retourner s'asseoir dans le canapé avec mon père.
- Salut Mathis. Viens t'asseoir, s'il te plaît.
- Ok.
Je m'exécute et m'assois dans le fauteuil, en face d'eux.
- De quoi vous vouliez me parler ? J'ai des devoirs à faire pour demain. J'ai pas votre temps. Encore moins si c'est pour vous entendre gueuler devant moi.
- Mathis, ton langage, s'il te plaît.
- Pardon, vous disputer.
J'appuie sur chaque syllabe du dernier mot, pour faire comprendre mon ironie et mon agacement. Je lève les yeux aux ciel pour accompagner mes paroles avant de les regarder à nouveau. Leurs expressions ont l'air graves. La dernière fois que je les ai vu ainsi, c'était lors de l'enterrement de Jess.
- Bon, qu'est-ce qu'il se passe ? Vous n'avez pas de décès à m'annoncer, c'est bon ? Non, parce que là dernière fois que je vous ai vu aussi sérieux, c'était à l'enterrement de Jess.
- Mathis.
Mon père me regarde sévèrement alors que ma mère, de son côté, affiche une mine attristée. Ce n'est certainement pas un bon souvenir. Et pour moi non plus. Je ne sais même pas avec quelle force j'arrive à parler de ça sans pleurer alors que je ne m'en suis pas remis.
- Vous allez me dire ce que vous vouliez me dire, oui ?!
- Calme-toi. Ce n'est pas facile.
J'attends encore quelques minutes pendant lesquelles mes parents s'échangent des regards, comme pour se demander silencieusement qui parlerait. Finalement, c'est ma mère qui prend la parole. Même si je m'y attendais, quelque part, j'avais espéré que je me trompais.
- Mathis... Ton père et moi allons divorcer.
Je reste silencieux. Je ne sais pas quoi répondre. Je savais ce qu'ils allaient me dire. En même temps, ça fait des mois qu'ils ne s'entendent plus. Alors oui, ça s'était calmé avec l'hospitalisation de Jess, mais maintenant qu'elle n'était plus là... C'était l'une des raisons qui faisait que je passais plus de temps chez So que chez moi.
- Mathis ?
- Quoi ?
- Je sais pas, tu ne dis rien.
- Et qu'est-ce que tu veux que je vous dise ? Je m'en doutais. J'avais fait l'aveugle pour ne pas le voir. Je ne voulais pas y croire. Mais je le savais. Donc qu'est-ce que tu veux que je vous dise ? "Félicitation pour votre divorce ?" Bordel, vous m'annoncez votre divorce, que mes parents vont se séparer, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?!
Je me suis levé, mes genoux ont tapé dans le fauteuil, les faisant se replier, mais je reste debout malgré ça. Mon bras était levé, pour appuyer mes propos, je le rabaisse avant de reprendre la parole.
- De toutes façons, je veux même pas en entendre parler. Vous vous demerdez sans moi pour vos histoires. Les histoires de gardes vous les réglez entre vous, je ne veux rien savoir. Ni pour les pensions alimentaires ou je ne sais quoi d'ailleurs. Ouais, j'ai peut-être pas beaucoup de potes, mais je sais ce que c'est d'avoir les parents divorcés, des gens me racontent ce que ça fait. Donc j'ai plus qu'à appliquer ça pour moi.
Je pars dans ma chambre. Je marche pour ne pas avoir l'air pressé, mais en arrivant dans ma chambre, je sens les larmes monter. J'attrape mon sac, jette des affaires pour la nuit et demain dedans, et en partant, je préviens juste que j'ai lancé une machine et qu'il faudra mettre les vêtements dans le sèche-linge. J'avais essayé de contrôler ma voix, mais je sais qu'elle s'est brisée sur la fin. Je sors en claquant la porte et cours jusque chez Sof. Quand j'arrive, je frappe à la porte et c'est sa mère qui m'ouvre. En me voyant en larmes, elle me fait entrer, ferme la porte et me prend dans ses bras. Quand mes pleurs se calment, elle m'attire vers le salon et Sofian, qui nous avait rejoint entre temps s'installe à mes côtés, posant sa main mon épaule en me la frottant doucement de son pouce. Alors que Julie commence à me demander ce qu'il se passe, je la coupe en répondant :
- Mes parents vont divorcer.
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