Le réveil de So sonne un peu trop tôt à mon goût. J'aurais bien dormi quelques heures de plus. Même si, me connaissant, déjà que je dors mal, je sais que j'ai le sommeil léger, surtout le matin. Chez moi, j'ai tendance à me réveiller dès que j'entends le parquet grincer. Chez Sof, c'est nous qui nous levons en premier, ce qui explique que je ne me réveille pas en avance, sauf si lui se réveille en avance ou que je fais un cauchemar et que je ne me rendors pas. Je me lève plus rapidement que lorsqu'on n'a pas cours, contrairement à mon meilleur ami qui se lève souvent en retard. C'est assez ironique, mais vrai. Je sors du lit, me dirige vers mon sac, retire mon pyjama et enfile mon pantalon. Je prends mon t-shirt à la main et me dirige vers la salle de bain. je fais une toilette rapidement et enfile le vêtement que j'avais à la main. Je retourne dans la chambre de Sof et allume la lumière. Je sais qu'il déteste ça, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour qu'il ne se lève pas cinq minutes avant de partir. 

- Mathis ! T'es chiant dès le matin, toi... 
- Eh ouais. Tu devrais avoir l'habitude maintenant !

Je l'entends grogner alors qu'il se retourne pour mettre sa tête dans son oreiller. Je m'approche de lui et colle mes mains froides dans son dos. 

- Mathis ! Déconne pas, je vais te tuer.

Je me recule rapidement alors que lui n'a pas bougé d'un poil.

- Faudrait peut-être déjà être levé pour me tuer ? 

J'éclate de rire discrètement, pendant que lui commence enfin à se lever. Je pars rapidement dans la cuisine, faisant tout de même attention pour ne pas réveiller Julie et son mari, qui ont la chance de pouvoir dormir une heure de plus. Je mets des céréales dans un bol et du lait dans une tasse. Oui, je fais parti des rares personnes qui ne mettent pas de lait dans leurs céréales, mais qui peuvent prendre un chocolat chaud à côté. Alors que je regarde l'heure sur mon téléphone et en profite pour consulter mes notifications, je n'entends pas So arriver derrière moi.

Soudain, je sens quelque chose de froid couler dans mon dos. Il a pas fait ça quand même... 

- Tu m'as pas foutu de l'eau dans le t-shirt, pas vrai ? 
- Ah mais non, je vois pas de quoi tu parles.

Je le regarde essayer de se retenir de rire, mais ça ne marche pas vraiment. Il finit par réussir à se calmer et commence à couper du pain pour le faire griller. Pendant ce temps, je vais dans sa chambre pour lui prendre un t-shirt, même si je sais d'avance qu'il sera trop petit. Mon meilleur ami est plus petit que moi. Quand je retourne dans le salon, pour récupérer mon lait et mettre du chocolat en poudre dedans, l'autre individu se trouvant avec moi dans la cuisine ne se retient pas, cette fois, pour se moquer de moi. 

- Si ton t-shirt craque parce que je suis trop grand tu t'en rachèteras un autre toi-même. 
- Mais oui. On verra à ce moment-là ! 

Entre deux rires, il croque dans sa tartine sur laquelle il avait eu le temps d'étaler de la pâte à tartiner au chocolat. Il finit par se calmer et j'attrape ma tasse et mon bol pour m'installer à table. So me rejoint, quelque peu perturbé.

- Un problème ?
- Hein ? Non, pourquoi ?
- Je sais pas, t'as l'air de réfléchir, ce qui t'arrives, quoi... Deux fois par an ? 

Il se penche pour me bousculer en râlant contre mes propos mais retrouve bien vite son sérieux. 

- Non, t'inquiète, sans rire, ça va. Je stresse juste pour mon contrôle d'histoire. 

Je vais pas insister plus, je sais qu'il ment et les rares fois où il me ment, c'est qu'il ne veut vraiment pas en parler. De toutes façons, je sais qu'il finira par m'en parler de lui-même. Et je sais qu'il n'a pas de contrôle d'histoire pour la bonne et simple raison qu'il n'a que cinq heures de cours le lundi : maths de 8h30 à 10h30, anglais de 10h30 à 11h30, allemand de 11h30 à 12h30 et physique de 13h30 à 14h30. Il a la chance de finir tôt. Je commence en même temps que lui, mais j'ai des heures de trou et je finis à 16h50. Je regarde l'heure sur mon portable et vois qu'il nous reste vingt minutes avant de partir. Je finis rapidement mes céréales et regarde la météo sur mon téléphone. Je le fais beaucoup moins cette année, mais l'an passé, je passais ma vie sur la météo de mon téléphone. Je voulais toujours savoir s'il allait pleuvoir, faire beau, neiger ou autre. En soit, ça ne servait à rien puisqu'autant pour certains, cette habitude permettait d'ajuster sa tenue au temps, autant je me fichais pas mal de ma tenue, peu importe le temps qu'il fait. Je finis par poser mon téléphone en soupirant. il va pleuvoir. J'aime bien la pluie, mais pas quand il fait à peine 10°C. Oui, même si nous sommes déjà en Mars, les températures mettent du temps à remonter. On ne dépasse les 10°C qu'à peine une fois par semaine. J'espère qu'en Avril ça remontera plus et qu'il fera un minimum chaud pour les vacances de printemps ! 

- T'as préparé tes affaires ? 
- Ouais. Par contre, je peux faire comme d'hab' et laisser mes affaires, je reviendrais les chercher après les cours.
- Ouais, mais je comprends toujours pas pourquoi tu demandes à chaque fois alors que tu connais toujours la réponse. 
- J'sais pas. Au cas où. 
- Arrête de me dire au cas où à chaque fois, sinon je vais finir par me dire que tu fais aussi comme les meufs, que tes affaires sont faites à dix pourcents de choses utiles et de quatre-vingt dix pourcents de "au cas où" !

Il sait vraiment placer ses bêtises où il faut. J'éclate de rire, sans même pouvoir me retenir. Je me demande toujours où est-ce qu'il va chercher ses blagues. Enfin, ça me fait quand même du bien de rire comme ça au moins quand je suis avec lui.