Lundi 15 juillet 2019, 4h07

Il était là. Allongé face à la mer. Il écoutait le bruit des vagues, seul son brisant le silence de la nuit déjà bien avancée. Il fixait le ciel étoilé, les bras étendus au sol. Ses chaussures reposaient à ses côtés. Ses pieds nus sentaient le sable sous leurs talons. La brise fraîche de la nuit venait remuer ses cheveux courts bruns sur son front. 

Il ne se redressa pas en entendant des pas sur le sable fin. Des pas qui s'approchaient de lui. Il aperçut du coin de l'œil un garçon qui semblait avoir son âge. Il était plutôt grand, élancé, ses cheveux blonds retombaient eux aussi sur son front, mais étaient légèrement plus courts encore que les siens. Il s'assit à côté de lui, ne lui accordant pas un regard, on aurait pu croire qu'il ne l'avait pas vu s'il ne lui avait pas adressé la parole :

- Salut. 

Il ne répondit pas. Il ne bougea pas non plus. Il continua simplement de regarder les étoiles. L'autre ne le regardait pas et ne bougeait pas plus. Au bout d'une dizaine de minute il s'allongea. Le brun commença à parler de quelques petites choses sans intérêt pour qui n'y prête pas attention. 

« J'en ai marre du lycée, chuchota-t-il. Les moqueries, les regards, quoi qu'on fasse, ça ne va, ça ne suffit jamais. Ou alors c'est trop. Jamais assez mais toujours trop. Contradictoire. Les gens sont contradictoire de toute façon. Je sais même pas pourquoi je me prends la tête. J'aurais voulu que tu sois encore là. Que tu sois avec moi, pour me dire quoi faire, comment faire mes choix. Mais... T'es plus là. T'es partie. Trop tôt. T'aurais pu attendre. Attendre que je sois adulte. Attendre que je sois dans la vie active. Que je sois prêt à te voir partir. Et surtout, t'aurais quand même pu nous dire au revoir. Mais après tout... Sommes-nous préparés à voir quelqu'un partir ? T'as pris la fuite avec une femme, mais tu aurais au moins pu ne pas changer de numéro. J'aurais eu un moyen de te contacter. Mais malgré tout ça. Malgré que tu sois partie, malgré que tu ais trompé papa avec cette femme, je n'arrive pas à t'en vouloir. Tu me manques juste. Je n'ai jamais pu te dire que je t'aimais. Que je t'aime. Et je n'aurais sûrement plus d'occasion de le faire, maintenant. Je me demande pourquoi j'ai pas réagis avant, pourtant j'avais vu ton changement de comportement. »