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Jimin s'installa dans le salon, son carnet de dessin à la main. Il allait enfin pouvoir prendre un peu de temps pour lui ; après toutes ses séances de rééducation interminables, il en rêvait. Le garçon posa ses béquilles et s'assit confortablement -ou plutôt, du mieux que le permettaient ses jambes fragiles- dans le canapé en cuir. Il tira son cahier et ses crayons vers lui puis ferma les yeux instant.
Le silence de la pièce l'emplissait d'une joie qu'il n'aurait su décrire. Il faut dire que ça contrastait énormément avec le bruit incessant des machines de l'hôpital, des chirurgiens qui s'affolent dans les couloirs, des familles en pleurs. Ici, il était mieux. Considérablement mieux. Et désormais, il pouvait enfin se poser tranquillement et dessiner, comme il le faisait il y a encore quelques mois.
Jimin feuilleta son carnet, redécouvrant avec délice ses vieux dessins. Il les avait oubliés. Il avait oublié les jolies fleurs du jardin qu'il avait dessinées le jour de son anniversaire. Il avait oublié le superbe portrait de sa maman qu'il avait crayonné un jour de pluie. Et enfin, il avait oublié le croquis de Séoul qu'il avait esquissé pas longtemps avant ce fameux jour. C'est vrai que ces derniers temps, il oubliait beaucoup.
Il ne réfléchit pas plus longtemps, s'empara d'un crayon de bois mal taillé et traça un premier trait sur une nouvelle feuille blanche. Son cerveau s'occupa du reste : c'est lui qui lui souffla de dessiner précisément cette courbe, ces lèvres, ces yeux. C'était presque automatique, ce qui ne manqua pas de le déstabiliser : sans vraiment en être conscient, il venait de crayonner le portrait d'un garçon, qui avait l'air d'avoir son âge.
Mais quand il prit son carnet dans les mains et contempla son ébauche, il fut très étonné : à son plus grand malheur, il ne reconnaissait pas la personne qu'il venait de dessiner.
Son cerveau lui jouait des tours.
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