« La rencontre »
« Non c'est pas moi qui suis fâché avec le monde entier, c'est le monde entier qui est fâché avec moi »
- Shrek
⭐️
PDV extérieur
Séoul, Corée du Sud.
Jungkook n'aime pas l'extérieur.
Ce matin encore en se levant assez tôt, il se fait la réflexion qu'il déteste vraiment être hors de chez lui. Loin de son cocon familial, de la chaleur de son lit et de sa chambre qui est un parfait reflet de lui-même.
Il déteste les gens qui parlent trop fort sans se soucier des autres dans la rue. Ceux qui crachent sans scrupule sur le trottoir, encore moins ceux qui pensent qu'on veut tous profiter de leurs goûts musicaux qui laissent à désirer en utilisant un baffle au lieu de s'acheter des écouteurs.
Quand il est dans le bus bondé de monde, il doit se faire violence pour ne pas s'écrouler tellement ça empeste et qu'il est serré contre des inconnus. Il ajuste son manteau et se décale pour sauter hors du bus quand celui-ci se gare à son arrêt. Il remonte son masque noir, ajuste son écharpe et son bonnet qui couvrent une bonne partie de son visage.
Il vit chaque jour comme le dernier, s'attendant à mourir à n'importe quel moment parce qu'il n'aura pas été assez prudent.
Mais ce n'est pas grave, il n'en tient pas compte aujourd'hui. C'est son moment préféré de l'année, car ce soir, il a une représentation et pour rien au monde il ne laissera une pensée parasite venir lui gâcher son moment. Il vérifie une dernière fois son reflet avec la caméra interne de son téléphone et comme tout lui semble parfait, il entame les marches qui le mèneront à l'entrée principale de l'université nationale de Seoul.
À mesure qu'il avance il sent la boule dans sa gorge se dissoudre, le vent glacial frappe contre la peau laiteuse de son visage. Il adore ça, il aime le froid, la glace, les basses températures. Peut-être parce qu'il est né à cette période de l'année, celle où le frais s'incruste dans le chaud et tente de prendre sa place. Ou peut-être est-ce parce qu'il vit au-dessus d'une patinoire et qu'il y gagne sa vie.
Ou encore, est-ce parce que Jungkook est ce qu'il est, cette personne qu'il ne doit révéler à qui que ce soit.
Sa petite rêverie est de courte durée quand il reçoit un coup de poing en plein dans l'estomac, que sa respiration se coupe, et qu'une vive douleur se répand alors dans tout son être. Il se plie littéralement en deux et se mets à tousser avant de tomber sur ses deux genoux.
Des rires semblables à des croassements de corbeaux retentissent et Jungkook se maudit d'avoir été inattentif ne fusse que quelques minutes.
« Oh Jeon. Jeon. Jeon, tu devrais savoir depuis le temps que tu dois toujours regarder devant toi », Bakhyun rit méchamment en lui tapotant l'épaule.
« Pauvre petit, pense à regarder derrière toi aussi », Nathan, son fidèle acolyte le pousse en faisant semblant d'être désolé et Jungkook s'étale lamentablement sur le sol.
Le plus jeune reste dans cette position jusqu'à ce que les bruits ne se fassent lointain, puis il se lève rapidement, et ramasse son sac pour s'enfuir. Il part en courant, fixant le sol jusqu'à ce que cette sensation de brûlure sur son faciès ne s'estompe.
Encore une vidéo qui va faire long feu sur le compte Instagram de la fac.
« ... »
Les cours ne sont qu'un prétexte, Jungkook n'a pas envie d'être là. Il le fait seulement parce que son grand-père tient à ce qu'il soit instruit.
Il a envie de tout sauf d'écouter un professeur s'extasier en effectuant des calculs savants alors qu'il est perché plusieurs mètres plus haut et qu'il se fait clairement chier.
Il n'a pas d'amis ici, seulement des camarades. Il préfère restreindre ses relations et qu'elles soient toutes inscrites dans un cadre, notamment, scolaire.
Il y a la fille toujours assise deux rangs devant lui, elle lui apporte toujours un cappuccino chaque fois qu'elle va à la machine pendant les petites pauses. C'est Lyse, une étudiante en échange qui a décidé de finalement s'installer en Corée il y a deux ans.
Puis, il y a Insoon qui le colle même quand ils sont en travaux pratiques, parce que bien que Jungkook n'aime pas être là, il est bon dans tout ce qu'il fait, alors elle lui demande toujours de se mettre avec quand il y a des devoirs à faire en groupe.
Il y a Mark aussi, ils sont toujours dans le même groupe depuis la première année, il rougit à chaque fois que Jungkook lui dit bonjour ou qu'il l'invite au restaurant universitaire bien que ce soit extrêmement rare.
Enfin, il y a tous ces gens, tous ces visages, qui ne sont pas vraiment des inconnus puisqu'ils sont dans la même promo mais ils ne se parlent pas forcément.
Ils sont nombreux qui sont perdus entre le fait d'aimer le plus jeune de leur promotion pour sa beauté brute, son intelligence et ses exploits dans le classement universitaire ou le fait de le prendre en bête de foire chaque fois qu'il tombe sur la bande de Bakhyun. Et il y a ceux qui ne se gênent pas pour être les deux, les hypocrites quoi.
Mais Jungkook n'en a rien à faire, de prendre des coups et de se faire harceler, il prête encore moins attention à toutes les personnes qui tentent de sortir avec lui ou d'attiser son intérêt. Tout ce qui plait à Jungkook n'est pas ici, ce ne sera jamais ici.
Mais là-bas, à la patinoire. Et ce soir, il compte prouver une nouvelle fois qu'il est le meilleur.
« ... »
Jungkook sait quand on lui ment.
Il peut donc ouvertement affirmer qu'il n'a jamais cru à cette histoire d'accident de voiture pour justifier la mort de ses parents. Il a été élevé par son grand-père et son oncle, le moins âgé, ce qui fait qu'ils sont plus comme cousins à cause de l'âge, qu'oncle et neveu.
Mais c'est bien plus que ça.
Junghwan a ouvert un club privé dans le quartier de Yeonsang. Il était comme Jungkook, un patineur artistique reconnu pour ses prouesses sur la glace, malheureusement une blessure au genou aura eu raison de sa carrière. Mais il est et restera toujours l'idole de son neveu, qui le vénère littéralement.
« Même les légumes Kookie » - dit gentiment l'oncle en question en venant ébouriffer les cheveux de son petit protégé.
« Oui Appa » - grogne le concerné en tentant de ne pas vomir ses brocolis.
Jungkook n'avait que trois ans quand ils l'ont recueilli, alors c'est tout naturellement qu'il s'était mis à appeler Junghwan ainsi, peut-être aussi parce que cet homme ressemblait comme deux gouttes d'eau à son père décédé.
L'homme d'une trentaine d'années dépose quelques couverts dans l'évier avant d'enfiler sa veste et ses chaussures. Il vit la nuit à cause de son club, mais il veille tous les jours à voir son fils adoptif au moins une fois dans la journée. Il est trop prudent, il cuisine lui-même ses repas, il achète lui-même tout ce dont il a besoin et il le couve comme si le jeune Jeon avait encore cinq ans.
Il a ses raisons.
« Ok on répète une dernière fois jeune homme »
Jungkook roule des yeux et pose bruyamment sa fourchette pour exprimer son ras-le-bol.
« T'as roulé des yeux ou je rêve ? » - dit l'homme dans un ton ironique.
« Programme en passage libre, sauts listés, chorégraphie légère et je ne change rien jusqu'à la fin au risque de me blesser et de finir comme mon pauvre père » - récite le plus jeune
« Tu viens de dire que ton père est pauvre alors qu'il dépense tous ses sous dans ton équipement, fils indigne ! » - répond l'homme en venant déposer un baiser sur son front et Jungkook gonfle ses joues en signe de protestation.
« Plus sérieusement, tu ne changes rien au programme où je te punirai, je n'ai vraiment pas apprécié te récupérer à l'hôpital la dernière fois. J'étais mort d'inquiétude et en plus ils auraient pu s'en rendre compte »
« Mais ils n'ont rien vu appa, j'étais couvert, comme toujours et promis je ne le referai plus. Et j'ai vingt-deux ans bordel comment ça tu vas me punir ? »
« N'avance pas trop dans le temps j'aimerai garder mon bébé, t'en as tout juste vingt-et-un et surveille ton langage s'il te plaît »
Junghwan récupère ses clés de voiture et s'apprête à partir en saluant une dernière fois son fils. Mais Jungkook l'interrompt.
« Tu viendras me voir ? », il souffle d'une petite voix.
« Oui, je fais juste un tour à la boîte, tu me verras à côté de papi, ok ? »
Jungkook sourit tout de suite ce qui réchauffe le coeur du plus âgé, il sait que sa présence joue beaucoup sur les performances du plus jeune.
« Je t'aime » - il dit au pas de la porte
« Je t'aime aussi Appa » - Jungkook répond la bouche pleine.
« ... »
Jungkook devrait être fatigué et stressé, mais c'est tout le contraire. Il est surexcité. Il est vingt heures, la réception annuelle à laquelle il se produit chaque année depuis un peu plus de cinq ans, est déjà bien entamée.
Il ne sait pas vraiment pourquoi elle suscite toujours autant d'admiration, les sièges sont toujours plein à craquer. Il y a aussi énormément de sécurité et la patinoire prend toujours une allure d'opéra tellement l'ambiance est au goût de la bourgeoisie.
Il n'a jamais le droit de rejoindre les vestiaires avant que son passage ne soit annoncé, ce qui se passe en bas se fait à huit-clos. C'est-à-dire qu'une fois les portes fermées, tout le monde prend place à sa table réservée et n'en ressort qu'à la fin des festivités.
Jungkook ne sait pas à quoi tout cela rime, ni si ce qui s'y passe est légal mais il a confiance en son grand-père.
« Pourquoi cette couleur ? » - interroge un membre du personnel chargé de la mise en beauté de Jungkook.
Le plus jeune porte un ensemble noir prêt du corps, ses cuisses et ses jambes mises en valeur de la sorte. Ses cheveux ont été teint en gris métallique, dans des nuances argentées et il porte un maquillage léger mais bien présent.
Dans le dos de son ensemble noir s'étale des ailes peu lourdes et dans les mêmes tons sombres qui ne le gêneront pas dans ses mouvements.
« 10 min » - annonce le staff en ouvrant la porte à la volée.
Jungkook sent l'adrénaline grimper, il sautille légèrement sur place avec ses patins et termine son exercice de respiration. Il enroule l'invitation qu'il reçoit chaque année, qui lui signifie que c'est bien lui qui se donnera en spectacle, il la mettra avec les autres pour sa collection.
« Allez, éblouie-les » - son grand-père en appuie sur sa cane le motive en lui renvoyant un sourire radieux.
C'est étrange mais en descendant les marches qui séparent la salle de réception, Jungkook peut se faire une idée de l'ambiance là-dedans. Il sait qu'il est attendu, que ces personnes se déplacent chaque année pour en plus avoir le privilège de le voir, et il ne veut pas les décevoir. Il remarque les tables les plus proches dont l'une avec six personnes qu'il commence à connaître, rien qu'à leurs carrures.
Plus qu'ici, il est le seul visage à découvert.
« ... »
Le lac des cygnes, Op.20 : Acte I
La lumière est tamisée, un silence de plomb gagne la salle et tous les visages masqués fixent la glace où Jungkook s'apprête à faire son entrée. Son coeur bat à tout rompre, il retire ses protège-lames et son peignoir qui glisse de tout son long, dévoilant son corps sculpté par l'effort.
Il jette un regard dans la grande salle, il ne voit pas son père mais ose espérer qu'il est perdu quelque part dans cette masse de personne.
L'orchestre dans le fond de la pièce, sur un pupitre, entame les hostilités et Jungkook se lance, il patine dans une posture parfaite jusqu'au centre.
Ça sent le neuf, légèrement le tabac, le vin bien fermenté.
Et le fric!
Jungkook relève la tête, ses cheveux suivent le mouvement et s'étalent sur son visage. Il commence alors son programme, à une note bien précise.
Ses gestes sont fluides, délicats, synchronisés aux trompettes qui prédominent dans le prélude musical. Il vit son moment et n'appréhende même pas les sauts listés. Il n'est en compétition avec personne, il est là pour partager sa passion, faire voir à quel point il se sent libre quand il exécute des chorégraphies intégrées à son programme.
Il utilise intelligemment son espace et éblouie le public comme chaque année. Il est comparable à un oiseau, à un cygne plus précisément tellement il bouge avec grâce.
Ce qu'il apprécie c'est le silence, le fait d'avoir une attention constante sans un moindre son en dehors de celui de l'orchestre.
Il n'a plus l'impression d'exister mais de vivre en même temps et c'est incompréhensible même pour lui.
Mais alors qu'il entame son axel, un bruit strident le surprend, un homme pressé rentre de plein fouet dans l'un des serveurs qui lâchent aussitôt un plateau plein de verres sur le sol.
Jungkook loupe sa réception et s'étale lourdement sur le sol, sa tête se cogne sur l'eau gelée. Il reste pétrifié sur place quand dans un mouvement de panique, il voit du sang s'écouler de son front. Sa vision se broue et c'est là qu'il remarque qu'il a perdu une de ses lentilles.
« Kook va-t-en !! » - la voix brisée et affolée de son grand-père s'élève.
Il se redresse en tentant de garder un minimum de contenance, il doit partir, mais son regard se pose sur cette table, sur cet homme au masque blanc qui brandit une arme...
... Et quand ses iris rouges sang rencontrent les siennes, noires, il sait que plus rien ne sera comme avant.
[...]
Je publie les samedis normalement mais en vrai c'est quand j'en ai envie, plusieurs fois par semaine parfois.
Désolé dans l'avant-propos j'ai écrit le 05/11, je croyais que ce serait aujourd'hui 😅.
2300 mots c'est long pour moi💀
Ne vous inquiétez pas, on est bien sur le thème de la mafia.
J'ai voulu bien décrire en mettant les termes techniques en patinage artistique, mais à quoi ça sert même?!
Les sauts listés : c'est des sauts techniques avec un grand nombre de point mais comme Jk n'est pas en compétition bahaha...
Et l'Axel c'est un bail où il saute et il fait plus rotations dans les airs là 🤣 c'est bancal rhooo!
Je fais les collages photos moi-même 😅 donc c'est pas fameux
Alors, j'ajoute fantastique aux mots-clés ?
Bisous 💜
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