[Dazai xR] Mon rêve le plus cher
A/N : Revoilà enfin ce cher Dazaaaaaiii, ça faisait longtemps...! Je crois...? J'en profite pour vous rappeler que ma fic sur Dazai est sortie, des fois que...
Ce OS fait référence à l'épisode Wan où l'agence de détectives se rend à un festival pour regarder les feux d'artifice, mais il peut très bien être lu sans prérequis! Il est plutôt long également, presque 4000 mots... Je vous en souhaite néanmoins une bonne lecture, en espérant ne pas m'être trop égarée vis-à-vis des personnalités des personnages...
Le changement qui s'était opéré à ce moment donné de sa vie avait été le plus grand des tournants qui puisse exister ici bas.
Passer d'un monde de violence pure, où le meurtre et le sang étaient les seules manières de survivre, à un monde rempli de lumière où la seule préoccupation majeure était de ne pas arriver en retard au travail.
Bon, il exagérait un peu, mais c'était tout comme. Quelques années après avoir définitivement quitté la Mafia, il avait enfin pu commencer sa nouvelle vie, grâce à des "connaissances" qui l'avaient aidé.
Il avait finalement intégré cette agence de détectives tant renommée, pour la plupart dotés de capacités comme la sienne. Honnêtement, il avait eu quelques difficultés à se faire à ce nouveau départ, pour le moins radical. Il n'était pas certain d'arriver à se fondre totalement dans la masse dans l'immédiat, voire même dans les années à venir.
Son ancienne vie n'était jamais bien loin, après tout. Il se trouvait toujours dans la même ville, bien que désormais dans la "lumière". Qui ne parvenait pas encore entièrement à éclairer la totalité de ses démons intérieurs.
Mais il avait envie d'essayer, de prouver les dires de son défunt ami, qui lui assurait que se ranger du côté du bien allait se révéler bénéfique pour lui aussi. C'était grâce à Oda qu'il était là aujourd'hui, à tenter de trouver une raison de vivre animée par autre chose que le désespoir.
Cela n'était pas aussi simple qu'à première vue, cependant... Les envies noires étaient toujours là, tapies dans l'ombre. Et, même s'il prenait la chose à la rigolade, de même que ses nouveaux collègues, la réalité était bien plus sombre qu'il ne voulait le laisser croire.
C'était dans des moments comme celui-là qu'il laissait ses émotions les plus répugnantes lui échapper. Sous la voute céleste remplie de lumières colorées et de bruits d'explosion, la beauté de la chose avait fait remonter des choses de son passé.
Est-ce qu'Oda aurait été heureux de voir ce feu d'artifice, lui aussi? Le connaissait, la réponse était évidente : oui. Mais c'était trop tard, à présent. Son ami n'était plus de ce monde, depuis bien trop longtemps à présent.
-Si je devais réellement disparaître, j'aimerais pouvoir le faire de manière aussi belle, déclara-t-il en ne quittant pas des yeux le ciel rempli de lumières, un sourire mélancolique sur les lèvres.
Cette phrase, qu'avait essayé de tempérer Atsushi, Dazai la pensait réellement. Le jeune garçon avait eu beau lui demander de ne pas dire des choses pareilles, cela n'effacerait en rien son passé et son envie irrépressible de trouver la paix éternelle.
Ce qu'il ne savait pas, à cet instant, c'est que quelqu'un d'autre avait entendu leur conversation. L'une de leurs collègues, Sayoko, qui se trouvait à quelques pas d'eux, et qui avait réussi à écouter chaque mot malgré les feux d'artifice qui explosaient les uns après les autres.
Chaque mot prononcé avait eu l'effet d'une lame de rasoir, plantées dans son cœur les unes après les autres. Ce n'était pas une surprise, loin de là, qu'elle aimait Dazai d'une manière radicalement différente de celle de ses autres collègues.
Ecouter de tels mots venant de lui, qu'elle affectionnait tout particulièrement, faisait encore plus mal que si elle l'avait considéré comme un simple camarade de travail. Elle avait fait de son mieux pour calmer ses respirations erratiques, échouant lamentablement au moment où d'épaisses et nombreuses larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues.
L'obligeant ainsi à baisser la tête afin que personne ne les voies, à la lumière des milles fusées qui explosaient dans le ciel sans discontinuer. Terrifiée à l'idée que quelqu'un la trouve en train de pleurer ainsi, elle s'était discrètement éclipsée, profitant du fait que ses collègues étaient tous profondément absorbés par les feux d'artifice au-dessus de leurs têtes.
Plongée dans l'obscurité de la nuit, dans un recoin du parc où personne n'était, elle s'était laissée aller à pleurer de tout son soûl. Avant de, presque une demi-heure plus tard, recevoir un appel d'Atsushi, qui lui demandait où elle était passée.
Elle les avait retrouvés quelques minutes après cet appel, en souriant insouciamment, prétextant qu'elle avait eu mal aux oreilles et aux yeux à cause du feu d'artifice, et qu'elle s'était donc autorisée à aller faire une petite promenade paisible en attendant l'heure de rentrer chez eux.
En refusant poliment l'aide de leur chère médecin, qui lui proposait un examen gratuit, Sayoko s'était mise en route aux côtés de ses amis, direction le terminal de bus qui allaient les ramener chez eux, après cette soirée mouvementée.
Alors qu'elle disait au revoir à tout le monde, le tour de Dazai était finalement arrivé, et elle avait cru craquer devant lui jusqu'à la dernière seconde. Elle avait heureusement été aidée par l'excuse des feux d'artifice qui avaient soi-disant irrités ses yeux pour justifier ses paupières légèrement rouges et gonflées, de même que ses pupilles brillantes de larmes.
Elle n'était pas certaine que ses collègues aient cru à son excuse, mais elle ne leur avait pas laissé le temps d'argumenter davantage, puisqu'elle avait sauté dans le bus qui allait la ramener chez elle, après un bon quart d'heure de route au bas mot.
Pour la dernière fois ce soir-là, heureusement, elle avait revêtu ce sourire crispé afin de leur faire signe à travers la fenêtre du bus, qui avait redémarré quelques secondes plus tard, l'emportant loin de cette soirée désastreuse qu'elle venait de vivre.
Elle n'avait pas eu le courage de croiser encore une fois le regard de Dazai, alors qu'elle laissait une seconde fois ses larmes couler, dans l'habitacle désert du véhicule. Que pouvait-elle faire pour montrer au garçon qu'elle aimait que des personnes tenaient à lui dans ce monde, loin d'être parfait, mais qui méritait malgré tout qu'on s'y attarde le temps d'une vie?
Comment faire pour donner à Dazai une raison de vivre, elle qui n'était rien de plus qu'une collègue pas très intelligente mais plutôt sympathique aux yeux de tous, et surtout du principal concerné?
Elle ne se faisait pas trop d'illusion. Comparé à Dazai, elle faisait pâle figure question intelligence et réflexion, elle en avait parfaitement conscience. Connaissait-il seulement son nom, au juste?
Presque arrivée chez elle, dans ce bus heureusement désert, elle vint asséner deux claques sur chacune de ses joues, comme pour se remettre les idées en place. Elle ne devait pas penser ainsi. Ce n'était pas grave si Dazai ne savait pas qui elle était.
Le plus important, c'était de lui montrer qu'il était aimé, par tous les moyens.
Un air déterminé sur son visage couvert de larmes séchées, Sayoko descendit du bus avec davantage d'aplomb que quelques instants plus tôt.
Elle ne savait pas encore la portée de ses actions futures, mais elle savait une chose : abandonner était désormais hors de question.
-----------------------------------------------
Il avait sentit que quelque chose était différent de d'habitude en entrant dans les locaux de l'agence ce matin-là. Il n'avait pas su de quoi il en retournait aux premiers abords, alors qu'il s'avançait d'un pas traînant vers son bureau, sous les regards amusés de ses collègues.
Il avait cependant compris lorsqu'il avait posé les yeux sur son bureau. Là, sur la surface de bois, au milieu des dossiers en retard, un magnifique bouquet de fleurs. Des lys blancs, parfaitement éclos et emballées dans un film plastique aux volutes abstraites.
Quelqu'un avait déposé un bouquet de fleurs sur son bureau, et il ne savait absolument pas qui était le responsable. Au vu des regards amusés que lui jetaient ses collègues, ce n'étaient pas eux. Pourquoi lui auraient-ils offert une chose pareille, au juste? Maintenant, de toutes les occasions?
Ce n'était ni son anniversaire ni sa fête.
Était-ce le fait d'une admiratrice, éventuellement? Non, car elle n'aurait en principe pas pu retrouver sa trace ainsi. Il se faisait un point d'honneur à les tenir éloignées de sa vie personnelle.
Qui d'autre, dans ce cas? Était-ce une erreur, éventuellement? Le bouquet était-il destiné à un autre de ses collègues? Ou bien, encore plus étonnant, provenait-il de l'un de ses ennemis, qui lui avait envoyé pour le mettre en garde?
Mais offrait-on réellement des lys blancs, symbole de paix, lorsqu'on voulait déclarer la guerre à quelqu'un...?
Dans le doute, il se contenta de pousser les fleurs sur le côté de son bureau, se jetant à contrecœur dans son travail en retard, soupirant dramatiquement avant même d'avoir commencé.
Inconscient du regard d'une certaine jeune fille, à moitié dissimulée par l'écran de son ordinateur, qui ravalait sa frustration du mieux qu'elle le pouvait. Elle était plutôt douée pour agir sans que personne ne s'en rende compte, discrète comme elle l'était, alors elle n'avait pas peur de se faire démasquer.
Elle allait devoir redoubler d'efforts, visiblement. Autant que son porte-monnaie le lui permettrait, cependant.
-------------------------------------------
Dire qu'il était intrigué était un euphémisme. Il avait arrêté de compter le nombre de bouquets tous plus magnifiques les uns que les autres qu'il avait reçus au bureau. Récemment, il avait même commencé à se faire aborder dans la rue par des livreurs de fleurs, qui lui demandaient s'il s'appelait bel et bien Dazai.
Il avait beau leur demander qui les avait payés pour faire cette commission, ils répondaient tous qu'ils n'en savaient rien, et que l'expéditeur souhaitait rester anonyme. Il avait commencé à devenir réellement méfiant lorsque les fleurs s'étaient même mises à apparaître sur le seuil de sa porte.
Comment la personne qui lui envoyait tout cela connaissait-elle son adresse? Avec toutes les précautions qu'il avait prises pour que ce genre de chose ne se produise pas, justement?
Et, comme si cela n'était pas suffisant, en plus des fleurs, c'étaient des repas entiers qui s'étaient mis à apparaître sur son bureau comme par magie. Le coupable avait bien pris soin de les acheter dans des boulangeries et des magasins tous différents, sans rien ajouter de personnel, afin de brouiller les pistes et de ne pas risquer d'être découvert.
Seulement, le responsable avait commis une erreur. Ses goûts en matière de nourriture étaient parfaitement respectés, signe que la personne qui était derrière tout ceci le connaissait plutôt bien.
Cela pouvait même être l'un de ses collègues, finalement.
Et, pour en avoir le cœur net, il avait décidé de tenter le tout pour le tout. Surtout maintenant que les différents cadeaux étaient accompagnés de petits mots d'encouragement et de soutien, tels que "courage!" ou encore "tu peux le faire!".
Quelle était la prochaine étape, au juste? Il ne savait pas vraiment si cette histoire le mettait mal à l'aise, l'irritait, l'inquiétait, l'amusait ou bien le ravissait. Peut-être les cinq à la fois, qui sait.
Ainsi, un matin, il avait fait quelque chose dont il ne se serait jamais cru capable : se lever à l'aube, des heures avant le début de son travail, et s'était rendu au bureau en traînant des pieds. Il était rentré dans la pèce déserte, plongée dans l'obscurité, et avait patiemment attendu que le piège se referme sur le responsable.
Une heure plus tard environ, alors qu'il luttait désespérément contre l'envie de se rendormir, il avait entendu la poignée de la porte tourner. Puis, sur la pointe des pieds, une silhouette était rentrée, tenant quelque chose dans ses bras qui ressemblait étrangement à un bouquet de fleurs.
Sans allumer la lumière, la silhouette s'était avancée dans le bureau, se dirigeant très clairement vers celui de Dazai... Là où il se trouvait actuellement. Alors que la silhouette était à quelques mètres de lui, parfaitement immobile, il avait pressé l'interrupteur de sa lampe de bureau, éclairant la pièce de sa lueur chaude, arrachant un cri de surprise à l'intru.
Un intru qu'il connaissait, sans surprise.
Là, devant lui, se trouvait désormais une jeune femme, qui avait manqué de faire tomber son précieux chargement à même le sol sous le coup de la frayeur. Sayoko le regardait avec des yeux grands ouverts, dans lesquels semblaient passer toutes sortes de question, dont il n'avait aucun mal à déterminer les tenants exacts.
Que faisait-il ici à une heure pareille? Avait-il compris qu'elle était derrière tous ces incessants cadeaux? Avait-elle encore la possibilité de nier l'évidence, allait-il le croire...?
Evidemment que non.
-Alors c'était toi, parla-t-il finalement en brisant le silence à couper au couteau qui s'était insinué entre eux. J'ai le droit de savoir pourquoi, exactement? acheva-t-il avec un sourire en coin.
Il vit les joues de la jeune fille devenir écarlates, alors qu'elle baissait les yeux sur le bouquet d'œillets blancs qu'elle tenait contre sa poitrine. Sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, les larmes avaient commencé à couler sur les joues cramoisies de Sayoko, lui faisant hausser les sourcils.
-... parce que je voulais te montrer que... Que la vie valait la peine d'être vécue...
Son sourire s'évaporant d'un seul coup, ce fut à ce moment que Dazai parvint à recoller toutes les pièces du puzzle. Il revit sa collègue au moment du festival, revenue vers eux après avoir prétexté que les feux d'artifice avaient eu raison de ses yeux et de ses oreilles.
Il se remémora les quelques paroles qu'il avaient prononcées et qu'Atsushi avaient entendues, les yeux gonflés et fuyants de Sayoko lorsqu'elle était montée dans le bus qui l'avait ramenée chez elle.
Cela coïncidait avec le début des cadeaux. Quelques jours seulement après le festival où ils avaient observé les feux ensemble, le premier bouquet d'une longue série était apparu de nulle part.
S'il devait être honnête, Dazai était quelque peu impressionné, que ce soit par la ténacité de Sayoko ou même par le fait qu'elle semblait le connaître mieux que quiconque. Du moins concernant ses goûts.
Pour le reste, elle ne savait rien. Si retrouver goût à la vie était aussi simple que cela, plus personne ne pleurerait sur cette terre depuis bien longtemps. Si c'était aussi simple...
Il n'en serait pas là où il en était aujourd'hui. Et cette jeune fille parmi tant d'autres prétendait pouvoir tout arranger d'un simple claquement de doigts? Il n'aurait pas dû se sentir aussi en colère, il en était bien conscient, mais sur le coup il s'était senti... presque humilié.
-Arrête ça tout de suite, alors, répondit-il d'une voix ferme, avec un regard froid qu'il n'avait pas revêtu depuis des années. Tu penses réellement pouvoir m'être d'une quelconque utilité en m'offrant des cadeaux? Tu ne te rends pas compte que c'est plus blessant qu'autre chose, de te mêler de choses qui ne te regardent pas? En prétendant pouvoir m'aider?
Depuis toujours, il avait dû se débrouiller seul pour gérer ses démons intérieurs. Le seul qui avait pu en avoir un aperçu, c'était quelqu'un qui n'était plus là aujourd'hui, quelqu'un qu'il avait échoué à sauver.
Voir une autre personne chercher à le comprendre ainsi avait été tout simplement insupportable pour lui. Et si cette personne disparaissait à son tour, et s'il se retrouvait à nouveau seul dans cette nouvelle vie qui avait exigé le sacrifice de son seul ami?
Que ferait-il, dans ce cas?
Lorsqu'il reposa ses yeux sur le bouquet d'œillets blancs qu'avait laissé tomber Sayoko avant de s'enfuir en courant, les yeux pleins de larmes, il avait senti quelque chose se briser à l'intérieur de lui. Les mains fébriles, il s'était penché pour récupérer les fleurs, où était attaché un mot, cette fois écrit à la main.
Il pouvait très clairement reconnaître l'écriture de Sayoko. Pourquoi avait-elle finalement décidé de prendre le risque de se faire démasquer ainsi, après avoir pris autant de soin à cacher sa véritable identité?
Le message était aussi simple que les nombreux précédents. Juste trois mots, seulement trois mots. Mais plus puissants que n'importe laquelle des déclarations qu'il lui avait été donné d'entendre de toute sa vie.
"Je t'aime".
Jamais il n'aurait cru qu'une simple phrase puisse avoir un tel effet sur lui. Peut-être était-ce le désespoir refoulé de toutes ces années, qui resurgissait à l'idée que quelqu'un puisse réellement l'aimer, de manière authentique...? Qu'on puisse ressentir autre chose qu'un sentiment éphémère envers lui, qu'il soit positif ou négatif?
Ou peut-être était-ce la force de ce nouvel espoir qu'il ressentait au plus profond de lui, qui avait eu raison de sa façade faussement joyeuse?
Il avait senti les larmes sur ses joues avant même d'avoir eu le temps de s'en rendre compte. Pour la première fois depuis une éternité, il pleurait. Sans nul doute le résultat de toutes ces années à taire ses sentiments, à faire disparaître jusqu'à la moindre de ces émotions non nécessaires, dont il avait peut-être honte en réalité qui sait, qui étaient cependant remontées à la surface à cause de ces trois mots...?
Quelque chose s'était bel et bien brisé à l'intérieur de lui : le mur qui emprisonnait ses émotions depuis tout ce temps. Que ce soit à cause de son enfance chaotique, de son appartenance à la Mafia et de tout ce qu'elle avait engendrée, de la mort de son seul ami...
De la perspective de perdre une nouvelle fois les personnes auxquelles il tenait, à cause de sa simple présence à leurs côtés. L'idée qu'une douloureuse réminiscence de la cruauté de ce monde n'advienne, une fois de plus, pour lui arracher les choses qui lui étaient chères, le terrifiait. Bien plus qu'il n'avait voulu se l'avouer.
A quoi cela servait-il de faire semblant d'être heureux, à part essayer de tromper ses pulsions les plus sombres et les plus omniprésentes? Juste pour répondre aux dernières volontés d'un ami disparu trop tôt?
De qui se moquait-il, en agissant ainsi? De toute les personnes, c'était lui-même qui se ridiculisait en agissant ainsi. Sayoko n'y était pour rien. Elle avait simplement voulu le sauver de ces ténèbres, essayer de comprendre le mal qui le rongeait tout entier...
Ce que jamais personne n'avait essayé de faire jusqu'à présent, à part une certaine personne malheureusement décédée. Qui voudrait perdre son temps à comprendre les ressortissants d'une pauvre petite âme sans espoir, rongée par les ténèbres jusqu'à ses tréfonds?
En trébuchant presque, les larmes brouillant sa vision, Dazai se redressa, le morceau de papier sur lequel était inscrits les trois mots qui avaient eu raison de ses barrières les plus solides -du moins en apparence- bien serré dans sa main, et se précipita au-dehors.
Il passa la porte par laquelle était sortie Sayoko quelques instants plus tôt, priant pour que la jeune femme soit toujours dans les environs. Après avoir descendu les nombreuses marches, il déboucha sur le trottoir, le souffle court, regardant frénétiquement autour de lui, et repérant presque immédiatement la personne qu'il cherchait, qui disparaissait au détour d'une rue baignée par la lumière rougeâtre de l'aube.
Il ne perdit pas plus de temps à s'élancer à la poursuite de Sayoko, la rattrapant après quelques mètres de course, en aillant profité de leur différence de taille qui jouait en sa faveur, grâce aux grandes foulées qu'il pouvait ainsi faire sans problème.
Lorsqu'il attrapa doucement le poignet de la jeune femme, et qu'il la retourna pour lui faire face, il sentit la culpabilité l'écraser tout entier en voyant les joues couvertes de larmes qu'elle avait. Depuis que le mur de ses émotions s'était brisé, il les sentait toutes, auparavant étouffées, l'assaillir tout entier, le faisant presque suffoquer sous leur poids incommensurable.
Il trouva malgré tout le courage de parler, d'une voix éteinte par les émotions débordantes et épuisée par sa course folle, en tendant le morceau de papier où était inscrit "je t'aime".
-C'est vrai...?
Il n'avait pas la force d'en demander davantage, et il espérait que Sayoko comprenne. Fort heureusement, il vit la jeune fille hocher la tête de haut en bas, baissant la tête tout en étouffant un sanglot coupable.
Il ne lui en fallu pas plus pour venir prendre sa collègue dans ses bras, passant l'une de ses mains dans les cheveux de la jeune femme, alors qu'il enfouissait son visage strié de larmes dans ces derniers.
Il était pathétique.
-Je suis désolé pour tout ce que je t'ai dit. Je ne le pensais pas, j'ai juste été pris au dépourvu par le fait que quelqu'un puisse réellement souhaiter m'aider, moi de toutes les personnes. Je... Je n'avais absolument pas imaginé que ça puisse arriver un jour, j'ai toujours dû faire face à ça tout seul... Je n'ai pas envie de faire porter ce fardeau à qui que ce soit...
Il sentit Sayoko rendre son étreinte timidement, et la voix étouffée de cette dernière lui parvenir difficilement, avec son visage enfoui dans ses vêtements.
-Je suis désolée moi aussi... J'ai voulu t'aider sans même prendre en compte ce que tu souhaitais toi, je me suis immiscée dans ta vie sans savoir ce que tu ressentais... Mais je voulais t'empêcher de partir loin de moi, je ne veux pas que t'en aille... Je veux t'aider à supporter ce fardeau. Est-ce que je suis égoïste, encore une fois...?
Les larmes redoublant d'intensité, Dazai s'éloigna légèrement de l'étreinte, seulement pour venir saisir doucement les deux joues de Sayoko entre ses mains, inclinant sa tête de manière à ce que leurs yeux gorgés de larmes puissent se croiser.
-Est-ce que je suis égoïste de vouloir rester, dans ce cas...? murmura le brun en passant son pouce sur la joue de la jeune femme, dans l'espoir de sécher les cascades salées qui ne cessaient de couler.
Sans même se concerter préalablement, les deux personnes larmoyantes s'étaient rapprochées l'une de l'autre, leurs lèvres se rencontrant d'une manière presque désespérée. Comme si, en agissant ainsi, elles pouvaient goûter à la douce délivrance de leurs êtres meurtris, qui ne demandait qu'à panser leurs blessures, et surtout celles d'un certain brun.
Le poids des sentiments n'avait pas terminé d'asséner toute sa rancœur envers Dazai, comme pour le punir de toutes ces fois où ils s'étaient retrouvés enfouis, emmurés vivants dans cette véritable forteresse d'émotions refoulées.
Il le savait parfaitement, cependant.
Au fond de lui, il avait toujours rêvé d'être aimé. Et aujourd'hui était peut-être le point de départ qui allait lui permettre de trouver une raison de vivre en ce bas-monde.
Comme l'avait un jour souhaité son ami parti trop tôt.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro