Chapitre 28
Lorsqu'il était venu se coucher à côté d'elle, comme de nombreuses fois auparavant, Nora avait cependant senti que quelque chose était différent. La façon dont elle voyait Dazai, dorénavant, n'était plus la même qu'à peine quelques instants auparavant.
Elle se sentait anxieuse, certes, à l'idée du tournant qu'avait vécu leur relation. Mais elle se sentait également beaucoup plus légère, comme si elle avait finalement retrouvé quelque chose depuis trop longtemps égaré.
Dazai s'était changé, utilisant les vêtements de nuit qu'il gardait dans les tiroirs de Nora, et était venu s'allonger aux côtés de cette dernière, après avoir éteint la lumière du couloir. Leurs mains s'étaient tout naturellement trouvées, s'emboîtant à la perfection, ces deux mains écorchées par les nombreux combats menés jusqu'ici.
Des combats qu'ils n'auraient jamais pu surmonter s'ils avaient été seuls.
Elle ne pouvait pas totalement voir Dazai, seulement les contours de sa silhouette, dans l'obscurité quasi totale de sa chambre. Mais, malgré cela, elle pouvait remarquer le sourire sur ses lèvres, alors que ses deux yeux marrons plongeaient dans les siens, et que son corps dépourvu de bandages se trouvait près d'elle.
Elle se risqua à briser le contact visuel, seulement pour se rapprocher de Dazai, dont les bras s'enroulèrent autour de son corps, l'enveloppant de leur douce chaleur. Elle ferma les yeux, bercée par la main du brun passée dans ses cheveux blonds, et laissa le sommeil l'envahir lentement, même si l'envie de rester éveillée de peur que tout ceci ne soit au final qu'un rêve soit omniprésente.
Elle espérait de tout son cœur que cet instant soit on ne peut plus réel, ne sachant pas ce qui adviendrait d'elle s'il n'était en réalité qu'une invention de son esprit.
Car, pour la première fois depuis tant d'années, elle se sentait enfin chez elle.
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Lorsqu'il se réveilla, ce matin-là, il sentit immédiatement qu'il était tout seul. La place à côté de lui était vide, et il n'y avait plus personne dans ses bras, comme il en avait pourtant été le cas plus tôt dans la matinée.
Nora avait toujours su comment faire pour ne pas le réveiller, quand elle ne le voulait pas, lorsqu'elle sortait de la chambre. A l'inverse, lui en était incapable. La jeune femme avait un sommeil tellement léger qu'un simple mouvement de sa part suffisait à la faire quitter le monde des songes en une fraction de seconde.
Honnêtement, il avait été déçu de ne pas la voir au réveil, à côté de lui, ce matin-là. En se frottant les yeux, espérant chasser les dernières traces de sommeil récalcitrantes, il s'était levé, et s'était dirigé vers la cuisine, aux placards aussi peu fournis que d'habitude.
Mais, contre toute attente, personne n'était là. Et aucun bruit dans l'appartement ne semblait indiquer qu'il y avait quelqu'un d'autre que lui. Il avait commencé à se sentir anxieux, sans savoir pourquoi.
Nora avait-elle été appelée pour une mission d'urgence, même si elle était censé être en congés, et, bien que secrètement, convalescente? Ou bien avait-elle eu peur de le voir, et s'était-elle enfuie?
Regrettait-elle ce qu'il s'était passé entre eux? Cette simple pensée, à elle seule, ouvrait un gouffre sans fond dans son être tout entier, alors que ses oreilles commençaient à bourdonner, parfaitement immobile au beau milieu de l'appartement.
Sans ses bandages, sur le moment, il s'était senti extrêmement vulnérable. Une envie irrésistible d'aller les remettre au plus vite l'avait assailli, et il était sur le point de se précipiter vers la salle de bain, là où il savait en trouver de nouveaux, dans la petite réserve qu'avait faite Nora juste pour lui.
Mais, à peine avait-il tourné les talons qu'il se stoppa net, à l'entente d'un bruit qui lui était familier. Celle du déclic de la porte d'entrée. Un sentiment d'espoir revint en lui, alors qu'il attendait, s'étant de nouveau retourné, de manière à faire face au hall d'entré, où était apparue une jeune femme aux cheveux blonds, qui était rentrée sur la pointe des pieds.
Mais, lorsqu'elle avait vu Dazai, debout au milieu de l'appartement, elle s'était rendue compte que cela ne servait à rien, puisque le brun était déjà réveillé. Le sourire qu'elle voulu lui adresser se fana presque aussitôt, alors qu'elle remarquait l'expression étrange que le jeune homme avait.
Avant qu'elle n'ait eu le temps de demander quoi que ce soit, elle vit Dazai accourir dans sa direction, lui faisant lâcher le sac qu'elle tenait, alors que le garçon venait la serrer dans ses bras de toutes ses forces, comme s'il ne l'avait pas revue depuis des années.
Elle ne mit pas longtemps à comprendre l'état d'esprit du jeune homme. Elle poussa un soupir, un sourire jouant sur ses lèvres, rendant l'étreinte à son tour.
-Je ne vais nulle part, murmura la blonde d'une voix rassurante. J'étais juste sortie acheter quelques trucs. Histoire qu'on ait autre chose que des pâtes périmées et des bouteilles d'alcool pour déjeuner, tu vois le genre?
Le brun ne put retenir un ricanement au sarcasme de Nora, préférant tout de même rester un peu plus longtemps dans cette position, comme pour se prouver qu'elle était toujours là, qu'elle ne l'avait pas fui.
Il laissa partir la jeune femme à contrecœur, restant malgré tout près d'elle autant que possible, alors qu'elle se dirigeait vers la cuisine, aillant ramassé son sac de courses au passage. Il reçu la simple tâche de sortir les couverts et les ustensiles, connaissant sa prédisposition à tout faire rater lorsqu'il avait de la nourriture entre les mains.
Après s'être fait jeter de la cuisine, suite à son entêtement à ne pas accepter ses médiocres compétences culinaires, que lui dictait sa fierté, il se résigna à prendre place à la table à sa disposition, qui possédait seulement deux chaises, le strict minimum.
De là où il se trouvait, il pouvait sans peine voir Nora, appliquée comme toujours dans ce qu'elle faisait, et qui s'efforçait de réussir les plats pourtant simples qu'elle préparait. Elle non plus n'avait jamais été très douée en cuisine, même si les risques liés à son ignorance étaient beaucoup moins réels que du côté de Dazai.
Il aimait tout particulièrement comment Nora s'habillait, et ce depuis toujours. A ses yeux, personne ne portait mieux les costumes qu'elle le faisait. Mais, ce qu'il préférait le plus, c'était de la voir dans des vêtements plus décontractés, comme il en était le cas actuellement.
Un haut bleu marine à volants, ainsi qu'un pantalon en toile claire accompagné de chaussettes qui avaient l'air terriblement confortables. Reflétant parfaitement l'image qu'il avait de Nora, simple, mais élégante.
Il ne se rendit s'être perdu dans la contemplation de la blonde que lorsque celle-ci revint vers lui, des assiettes plein les bras qu'elle déposa sur la table, qui haussa un sourcil de confusion, les bras croisés.
-Qu'est-ce que tu fixes comme ça? Tu es encore fatigué?
-Non. Je constatais simplement à quel point tu étais jolie.
Depuis tout ce temps, Nora était habituée à de tels compliments venant de la part de Dazai. Mais, aujourd'hui, avec ce qu'il s'était passé très tôt dans la matinée, ces louanges prenaient une toute autre signification.
Elle ne put s'empêcher de rougir, alors qu'un rire passait ses lèvres, faisait s'envoler une myriade de papillons dans l'estomac de Dazai. C'était toujours les choses les plus rares qui étaient les plus agréables à expérimenter.
Le rire de Nora en faisait partie. Même si, il en était certain, jamais il ne pourrait se lasser de ce son et de cette vue enchanteurs. Ses joues couleur pivoine lui allaient particulièrement bien, d'ailleurs.
Ils parlaient de tout et de rien tout en mangeant tranquillement, avant que la voix de Dazai, plus incertaine que quelques secondes auparavant, ne vienne troubler ce calme apaisant.
-Nora... Est-ce que tu regrettes ce qu'il s'est passé plus tôt?
La blonde suspendit son mouvement, ses baguettes à quelques centimètres de sa bouche, alors que ses yeux bleus se posaient sur Dazai, qui avait l'air on ne peut plus sérieux. Il la vit le dévisager, presque incrédule, comme s'il venait de dire une énorme bêtise.
-Pourquoi est-ce que je le regretterais? Si ce n'est pas ton cas, alors moi non plus. J'ai peur, c'est vrai, mais qui ne le serait pas dans ces conditions? Je suis certaine que tout ça s'envolera très bientôt, acheva-t-elle avec un sourire rassurant, sûre d'elle comme jamais.
Et cela, ces quelques mots, eurent pour effet de faire s'envoler ses craintes, du moins la plupart. Car, au même titre que Nora, une pointe d'appréhension continuait de subsister.
Le sourire que lui adressait la blonde se fana cependant de façon progressive, jusqu'à se transformer en une expression soucieuse, les sourcils froncés.
-Osamu... Dis-moi, tu n'avais pas du travail aujourd'hui?
Ce fut à son tour de rester immobile, tellement immobile que les grains de riz précédemment retenus entre ses baguettes retombèrent dans son bol, alors que les yeux blasés et légèrement réprobateurs de Nora se posaient sur lui.
Il n'y avait pas besoin de mots pour comprendre qu'il avait complètement oublié cet aspect de sa vie. Il avait un travail, c'était vrai. Mais, dans une partie de son cerveau, n'avait-il pas fait exprès de ne pas s'en rappeler, trop absorbé par l'instant présent, par la présence de Nora à ses côtés?
Cette dernière valait bien un jour en moins sur sa paye, non? Même si, de son point de vue, cela revenait du pareil au même. Il avait assez d'argent pour faire ce qu'il voulait pour une vie entière quasiment, alors une simple petite journée n'était pas ce qui allait le déranger.
Et cette pensée, tout particulièrement, fit germer une idée dans son esprit, qui dessina un sourire sur ses lèvres, qui n'annonçait rien de bon.
Il reposa ses baguettes sur son bol, et fixa la blonde devant lui de son sourire conspirateur, la faisant appréhender ce qu'il allait dire.
Elle ne fut pas préparée le moins du monde, c'était certain.
-Et si on prenait quelques vacances? dit-il finalement, avec l'expression la plus innocente qu'il puisse produire.
A/N : Le dessin présent dans ce chapitre m'appartient ~!
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