9mm - 8
Mardi 4 Novembre 2019 - ??:??
La journée s'écoulait si lentement que plusieurs fois, Rena manqua de s'endormir. Dans un coin de la pièce où ils se trouvaient, Naoki ruminait tout seul, mais il marmonnait bien trop doucement pour que la jeune femme ne puisse comprendre quoi que ce soit. Il insultait sûrement ceux qui les retenaient en otage. Elle aurait sans doute fait pareil si elle n'était pas inquiète pour l'homme devant elle.
En face d'elle était étendu Nori Miura, leur Capitaine, à un mètre à peine de ses pieds. Elle s'était assise au centre, et gardait ses yeux rivés sur Seawood. Il était mal en point. Cela faisait quelques heures qu'il transpirait, et il semblait avoir du mal à garder les yeux ouverts. Rena comprenait qu'il alternait entre sommeil, hallucination et cauchemar, mais par moment, il était bien réveillé. Sa jambe était sûrement infectée, elle avait été esquinté par un débris de la voiture qui avait explosé derrière eux. Il allait rapidement perdre ses forces, et ses défenses immunitaires allaient en pâtir. Malgré tous les vaccins qu'ils étaient obligés de faire pour pouvoir parcourir le monde avec leurs missions, les infections étaient difficilement parables. La seule façon d'en venir au bout, c'était en désinfectant, ou dans le pire des cas, des antibiotiques. Si seulement elle parvenait à mettre la main sur un kit de médecine, elle pourrait au moins faire le strict minimum. Le bandage qui entourait sa jambe était fait si grossièrement que Rena ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter.
Il y avait tout ce qu'il fallait dans leur matériel. Elle devait absolument convaincre leurs ravisseurs de le lui donner avant que ça ne devienne plus grave. Avec une profonde inspiration, Rena se redressa, les mains toujours attachées dans son dos. Naoki leva son regard sombre vers elle, s'interrogeant sur ses intentions. Qu'est-ce qu'elle mijotait ?
─ Y'a quelqu'un ? cria-t-elle alors d'une voix qui se voulait forte, sans tremblement.
Naoki et Nori lui jetèrent des regards abasourdis : elle voulait se faire tuer ?
─ Qu'est-ce que tu fais, idiote ! Tu veux te prendre une balle aussi ? s'enragea Naoki. Tais-toi !
─ Shady a raison, ne fais pas de vague...
Trop tard, pensa la jeune femme en entendant du mouvement derrière la porte. Elle s'ouvrit brusquement, et aussitôt, trois canons de mitraillettes se retrouvèrent pointer sur le crâne de chacun d'entre eux. Rena plongea ses yeux couleur prune dans ceux du seul homme qui parlait anglais lors de leur première rencontre. Elle n'était pas sûre qu'il comprenne tout ce qu'elle allait dire, alors il fallait qu'elle soit le plus clair possible.
─ Cet homme est blessé. Donnez moi une trousse de secours pour que je puisse soigner sa jambe s'il vous plait.
─ Rena... chuchota Nori en se redressant difficilement sur son coude.
La soldate garda son attention fixé sur son ennemi, ignorant ouvertement son supérieur et son prénom. Il était censé l'appeler par son nom de code, mais Nori ne paraissait pas s'en préoccuper. L'homme lança plusieurs regards entre elle et le Capitaine, comme s'il étudiait la demande de la jeune femme. Est-ce que ça lui apporterait quelque chose ? Qu'avait-il à y gagner ? Toutes ses questions semblaient parcourir son esprit, et Rena parvenait presque à le voir. Comme il n'avait pas refusé immédiatement, il y avait une chance pour qu'il accède à sa demande. Elle devait continuer à argumenter...
─ S'il reste en vie, vous aurez un otage en plus.
Et s'il restait en vie, Rena serait obligée de rester à ses côtés, sans oublier Naoki. Elle n'abandonnerait personne. Mais ça, elle préférait le taire.
─ Même s'il se fait soigner, il pourra pas risposter et s'enfuir de toute façon, répliqua Naoki avec un ton lourd.
C'est alors que commença une bataille de regard entre Naoki et le seul homme qui parlait anglais parmi leurs ravisseurs. Rena déglutit, elle avait l'impression que la tension montait d'un cran à chaque seconde qui s'écoulait, et elle connaissait Naoki. Il aimait un peu trop provoquer les gens qui lui faisaient face, à l'exception de ses supérieurs hiérarchiques.
L'homme tourna finalement la tête vers la porte, et cria quelques mots à ses acolytes. Du mouvement se fit entendre, faisant comprendre à Rena qu'il acceptait de leur faire une faveur.
─ Cinq minutes, tant pis s'il meurt après ça.
─ Merci, fit Rena.
C'était la seule chose qu'elle pouvait dire. Le plus jeune homme rentra dans la pièce, avec un des kits médicaux qui se trouvaient dans la voiture avant que celle-ci n'explose. On détacha ses mains pour lui permettre de les utiliser, mais le fait que l'un de leurs opposants lui pointait son arme sur la tempe était quelque peu stressant. Un autre tenait Naoki au garde à vous, et un troisième visait Nori entre les deux yeux. Il n'y avait aucune façon de s'en sortir si elle tentait quelque chose.
Rena ouvrit la petite boîte pour découvrir tout le matériel qu'elle avait à disposition. Une paire de ciseaux, une paire de gant, différents bandages et pansements de compression adaptés pour différentes parties du corps, des gazes stériles, des patchs, un rouleau d'adhésif médical, de l'antiseptique, de la pommade pour les brûlures et une mince à épiler. Elle ouvrit ce dont elle avait besoin, et attrapa la paire de ciseaux pour découper le bandage de fortune et le pantalon du Capitaine, pour pouvoir observer avec minutie sa blessure.
Il y avait une entaille, dont la profondeur lui était inconnue, qui partait du dessus de son genou et qui s'arrêtait à la moitié de sa cuisse, en partant vers l'extérieur. Par chance, l'artère fémorale n'était pas touchée. Sinon, il n'y avait aucun doute que la personne devant elle serait déjà morte. Rena enfila une paire de gants, et s'empara de la pince à épiler, s'attelant à retirer les petits morceaux de métal qui s'étaient plantés dans la peau de Nori. Elle sentit qu'il contractait ses muscles par réflexe à cause de la douleur, et en jetant un rapide coup d'œil, elle vit qu'il faisait son possible pour ne pas crier. Ses poings étaient si serrés que ses phalanges devenaient blanches, laissant apparaître ses os sous sa peau.
Il souffrait le martyre. Elle devait faire vite. Rena avait complètement oublié qu'on la tenait en joue, elle était si concentrée sur sa mission qu'elle ne remarquait plus le canon de l'arme qui suivait sa tête à chaque fois qu'elle bougeait.
Une fois qu'elle eût terminé de retirer les morceaux de métal, du moins ceux qu'elle pouvait voir, elle entreprit de désinfecter toute la plaie. La soldate attrapa la petite bouteille de désinfectant, et dévissa le bouchon.
─ Ça va piquer Seawood, tiens toi prêt, prévint Rena en attrapant sa main droite de sa main gauche.
Il hocha imperceptiblement la tête, et ferma les yeux. Aussitôt, Rena versa le liquide cristallin sur l'entaille, et un cri s'échappa de la bouche de Nori. Il serra sa main si fort que la jeune femme grimaça pendant un instant, avant de se concentrer sur son travail. Maintenant que la plaie était propre, elle devait utiliser les pansements de compression pour lui éviter de lui faire perdre à la fois du sang et sa jambe. Heureusement, le sang ne s'écoulait pas autant qu'elle le pensait, et c'était un vrai soulagement.
Elle lâcha la main de Nori, et souleva doucement sa jambe, la soutenant assez longtemps au dessus du sol pour pouvoir glisser le pansement autour. Elle appliqua d'abord les gazes stériles sur la plaie, et enroula par la suite la cuisse du Capitaine avec le bandage. Elle fixa le tout avec l'adhésif. Un petit soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, et en levant les yeux devant elle, Rena se souvint de l'endroit où elle se trouvait.
Les armes pointées sur elle et ses camarades, les regards à la fois intrigués par ses gestes mais méfiants qui convergeaient eux aussi sur elle, les yeux de Nori plantés dans les siens, et sa voix rauque qui la remerciait faiblement.
─ J'ai fini, dit Rena en levant les yeux au dessus de sa tête.
Elle aurait bien garder les ciseaux mais il était évident qu'ils l'auraient remarqué. Au moins, pour l'instant, Nori était sorti d'affaire. Rena se doutait que la suite serait loin d'être facile, et que les infections et les maladies viendraient rapidement les attaquer. C'était pour cette raison qu'il fallait qu'ils trouvent une solution pour s'en sortir.
Alors qu'on rattachait ses mains, cette fois-ci devant, Rena observa les individus qui se trouvaient dans la pièce.
Elle n'en voyait que trois, mais elle se doutait qu'ils étaient plus nombreux à l'extérieur. Il y avait d'abord celui qui parlait anglais. Son regard était clair, contrairement à ceux des japonais, et il lui donnait un air froid et dur. Le froncement de ses sourcils constant n'aidait pas à rendre son visage amical. Elle l'appellerait Sky Eye.
A ses côtés se tenait un homme plus grand et imposant, avec une cicatrice qui coupait son nez en deux à l'horizontal. C'était celui qui semblait le plus compliqué à battre. Lui, ce serait ScarFace.
Et le petit dernier, sûrement le benjamin de leur groupe, ne semblait pas avoir dix-huit ans. Soit il avait de la famille dans le groupe, soit il s'était fait embarqué à un très jeune âge. Il paraissait un peu perdu, et Rena n'était pas sûre qu'il soit capable de leur tirer dessus. Mais on ne savait jamais. Il ne fallait sous-estimer personne et ne pas juger sur les apparences, surtout dans leur environnement. Il serait Lost Child.
Ce petit jeu des surnoms l'aidait à se changer les idées, et il serait plus facile d'échange vis à vis d'eux en leur donnant des surnoms. Avec Naoki, ils leur seraient possible de les mettre hors d'état de nuire, mais avant ça, il faudrait qu'ils connaissent leur position, le nombre d'ennemis, leur nombre d'arme et la position des otages. Les prochains jours s'annonçaient charger.
***
On retrouve Rena, Naoki et Nori ensemble, toujours en vie tous les trois.
Vous avez pensé quoi du petit moment Docteur Maboule ? C'était compréhensible ? Vous pensez que Nori va s'en sortir ?
Et est-ce que vous parvenez à comprendre qui est qui avec leur prénom et leur nom de code ?
On se retrouve au prochain chapitre quelques mois après, avec Rena et son petit chiot mdrr
( J'ai posté un dessin de Rena au chapitre précédent, allez voir si c'est pas déjà fait... ).
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