9mm - 5
Mercredi 18 juin 2020 - 06:03
Vers l'aube, la jeune femme avait finalement quitté son balcon pour rentrer dans son salon. Ses yeux la piquaient, et malgré la peur de faire d'autres cauchemars, elle avait réussi à s'endormir l'espace d'un instant, assise par terre, dos au mur et contre le canapé.
Dehors, le soleil se levait doucement, éclairant de ses rayons encore faiblards la ville nippone. Les voitures se mirent à démarrer, certains magasins commençaient déjà à être ouvert, et les plus courageux allaient faire quelques courses avant d'aller travailler ou de réveiller leurs enfants.
Soudain, un bruit résonna dans le couloir, derrière la porte de son petit appartement, et Rena bondit hors de son sommeil, sur des gardes. Elle s'était accroupie derrière le canapé, et son regard était figé en direction de la porte. Après quelques secondes, elle se rendit compte qu'elle était chez elle, et que c'était seulement l'un de ses voisins qui s'était cogné. La jeune femme se laissa tomber sur les fesses, soupirant de cet automatisme. Son corps était trop habitué à ce genre de réveil, et elle avait l'habitude de réagir de la sorte.
Rena lança un coup d'œil à l'horloge digital du four dans la cuisine, et retint un deuxième soupir en voyant que seulement dix minutes étaient passées.
Dire qu'elle était rentrée au Japon depuis plusieurs mois, et que maintenant qu'on l'avait autorisé à retourner vivre seule chez elle, elle avait toujours cette constante impression de danger autour d'elle. Pourtant, elle savait très bien qu'elle était en sécurité, mais c'était plus fort qu'elle. La militaire était restée dans la base durant de très longues semaines, et était suivie par un psychologue militaire. Ces derniers ayant aussi une formation physique, ils leur étaient plus facile de comprendre et d'aider les soldats qui revenaient du front avec des traumatismes.
Comme Rena savait qu'elle n'allait pas réussir à refermer l'œil pour la journée à venir, elle décida d'aller courir. Elle partit dans sa chambre pour de changer balançant des vêtements dans un panier à linge qui traînait dans un coin, et elle enfila un legging noir sous un short, ainsi qu'un lycra de la même couleur sous un t-shirt ample. Même si elle savait qu'elle allait mourir de chaud, elle ne pouvait pas courir en montrant les cicatrices qui parcouraient sa peau. Elle savait que les japonais étaient très curieux, et étaient capables de lui lancer de longs regards sur son passage. Et elle n'avait pas envie de les sentir sur elle.
Quelques instants plus tard, elle était dehors, et ne sachant pas quel itinéraire prendre, elle opta pour le parc qui se trouvait à deux kilomètres après le pont.
Et elle arrêta de penser. Rena se concentrer seulement sur sa foulée, et sa respiration. C'était tout ce qu'elle voulait avoir en tête.
Des passants croisèrent son chemin plusieurs fois, elle aperçut différents types de personnes du coin de l'œil, mais elle ne s'y attarda pas plus que ça. Ça ne l'importait pas. Ses pas se firent de plus en plus espacés, et son allure plus rapide. Peut-être qu'en épuisant son corps au maximum, elle réussirait à dormir la nuit suivante ?
Rena était persuadée que le psychologue qu'elle devait aller voir en début d'après-midi allait encore lui donner des médicaments pour l'aider à dormir. C'était tout ce qu'ils faisaient pour l'aider depuis des mois. Comme elle n'était pas capable de fermer l'œil, comme elle était en constante alerte, et comme elle n'arrivait pas à être en confiance dans son environnement, ils n'avaient trouvé que cette solution. La droguer aux somnifères. Ils faisaient pleuvoir les anxiolytiques et c'était une chance qu'elle n'en soit pas encore accro.
En fait, elle avait toujours détesté ça. Elle avait vu son père être détruit par l'alcool, il était devenu une véritable loque. Mais peut-être que ça avait été une excuse pour lui, pour ne pas voir sa fille, pour ne pas voir le comportement de sa femme, et la misère dans laquelle ils vivaient. Rena détestait presque plus son père, qui avait été passif devait la violence de sa femme à l'encontre de sa fille. Et pourtant, elle savait qu'à cause de l'alcool, ça aurait pu être pire pour elle.
Et il était hors de question qu'elle termine de la même façon que lui. Quand elle avait quitté le domicile familiale, si l'on pouvait toujours l'appeler comme ça, son père n'était plus que l'ombre de lui même. Des années après, Rena ne savait même pas si ses parents étaient toujours en vie ou non. Est-ce que ça la soulagerait de les savoir morts et enterrés ? Ca non plus, elle ne le savait.
Soudain, Rena s'arrêta dans sa course, après avoir entamé le deuxième tour de parc qu'elle avait débuté quelques instants auparavant. Elle n'avait plus d'air, et c'est seulement à cet instant qu'elle se rendit compte que, perdue dans ses pensées, elle avait retenu sa respiration un long moment.
Elle se laissa tomber par terre, sur les fesses, les coudes posés sur les genoux, pour reprendre son souffle. Un autre joggeur passa près d'elle, lui lança un regard furtif et continua sa course.
Si elle n'arrivait même plus à rester concentrer sur quelque chose d'aussi basique que sa respiration, c'était qu'il y avait un problème.
― Vous allez bien ? fit tout à coup une voix qui de rapprochait d'elle.
Rena leva les yeux et aperçut le joggeur qui était revenu sur des pas. Un peu étonnée de cette action, elle se précipita pour se remettre sur pied, et s'inclina légèrement.
― Oui, pardon, j'ai eu la tête qui tournait pendant un instant, mais ça va.
― Sûre ? Vous avez pas besoin que j'appelle une ambulance, ou quelqu'un de votre famille ?
― Oui, sûre ! répliqua la jeune femme en feignant de l'entrain. Je vais rentrer chez moi, j'ai pas encore manger, ça doit être pour ça...
Après quelques derniers échanges de paroles, l'homme partit de son côté, et Rena reprit sa course du sien, en direction de son appartement. Elle avait hâte de prendre une bonne douche et de manger un petit quelque chose. Et ensuite... Elle attendrait avant d'aller à son rendez-vous de l'après-midi.
×××
― Comme vous êtes seule depuis un long moment maintenant, vous avez du mal à retourner vers les gens. Et cette solitude commence à vraiment vous peser, Rena, je le vois bien, fit le psychologue en fronçant les sourcils.
― Et qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je peux pas travailler, je ne sais que me battre. Je n'ai aucune compétence qu'on recherche habituellement dans n'importe quel travail. Et vous me donnez pas l'autorisation pour retourner dans l'armée. Et en dehors de mes connaissances sur la base, j'ai personne...
― Je ne peux pas vous donner cette autorisation et vous savez très bien pourquoi. Vous n'êtes pas prête, ça pourrait être dangereux pour les autres et surtout pour vous Rena.
La jeune femme soupira, et s'adossa à sa chaise en croisant les bras sous sa poitrine. Elle le savait, évidemment qu'elle le savait ! Mais ça ne faisait sur l'énerver. Sa faiblesse d'esprit l'empêcher de vivre.
― Peut-être que vous devriez prendre un animal de compagnie ? On sous-estime souvent leur effet réconfortant.
― Un animal ? Mais je sais pas comme m'en occuper.
― Ça s'apprend, Rena. Tout s'apprend. Même se reconstruire.
×××
Elle ne savait pas comment elle était arrivée là, mais Rena se trouvait dans une animalerie. Dans des cases en plexiglas se trouvait des chiots de différentes races, et la soldate s'accroupit pour les voir de plus près. Les bras entourant ses jambes, elle les observait avec attention. Si elle en prenait un maintenant, il allait falloir qu'elle demande des conseils aux vendeurs.
― Vous voulez en prendre un pour voir ? demanda justement l'un d'entre eux en s'avançant vers leur potentielle cliente.
― Je peux ?
Après avoir eu la confirmation du garçon, Rena glissa ses mains vers le chiot qui lui faisait le plus de l'œil. Il s'était avancé au plus près d'elle, et essayait de rester droit sur ses pattes, malgré les bousculades de ses comparses. Doucement, Rena le souleva dans ses mains pour le poser contre sa poitrine. Déjà, il se frottait la tête contre son pull, à la recherche de caresse.
― C'est un rottweiler, c'est un chien assez imposant, et ils aiment beaucoup bouger, alors il faut les sortir régulièrement.
La discussion se continua autour du chiot, et Rena lui grattait le crâne sans même s'en rendre compte, comme si ça lui était naturel. Elle se mit à poser d'innombrables questions, et au bout d'une longue heure, elle signa le papier d'adoption.
Elle venait de devenir maman d'un petit chiot qu'elle avait nommé Miki.
***
Je viens de me rendre compte après 3 chapitres que le 18 juin 2020 c'est un jeudi, et pas un mercredi ptdr
Comme je sais pas comme ça se passe au Japon, j'ai parlé d'animalerie. Mais si vous voulez adopter des animaux, c'est mieux d'aller dans des refuges. On y retrouve aussi pleins de mignonnes boules de poils ( ou de plumes, ou d'écailles ?? ) qui n'attendent que votre amour.
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