9mm - 33
Samedi 26 septembre 2020 - 19h31
Rena se dégagea doucement des bras réconfortants du jeune homme qui l'enlaçait. Elle serait bien restée comme ça encore un moment mais Miki se faisait de plus en plus impatient de l'autre côté de la porte. Sans oser lever le bout de son nez vers Iwaizumi et lui montrer son visage ravagé par les larmes, Rena expliqua qu'elle devait sortir son chien.
― Je peux venir ? tente-t-il de s'inviter, inquiet pour la soldate.
Elle acquiesça, laissant ses lèvres s'étirer en un sourire timide.
― J'arrive dans cinq minutes, s'excusa-t-elle en fermant rapidement la porte derrière elle.
Dos contre le battant, elle se glissa jusqu'au sol, où Miki s'empressa de lui faire sa fête et lui sauta dessus, léchant au mieux son visage bouffi par les larmes. Elle sentit ses joues devenir brûlantes, en repensant à l'étreinte affectueuse dans laquelle elle s'était réfugiée pendant quelques minutes. À quoi jouait-elle ?
Tandis qu'elle caressait Miki dans le creux des oreilles, et qu'elle embrassait le haut de son crâne, elle tenta de calmer les battements frénétiques de son cœur. Les pulsions résonnaient dans ses tempes et ses oreilles si fort qu'elle avait peur qu'on ne les entende depuis le couloir.
― Calme-toi, Tora. T'es une grande fille, un simple câlin doit pas te mettre dans cet état... se murmura-t-elle à elle-même.
Quand elle y repensait, c'était la première fois qu'on la soutenait autant. Qu'on la consolait avec autant de patience, d'altruisme et de chaleur. Qu'on la consolait tout court en fait.
Elle respira un bon coup avant de se remettre debout. Il fallait qu'elle passe dans sa salle de bain avant de préparer Miki et de sortir. Elle retira sa veste un instant, toujours dévoré par un feu qui ne semblait pas vouloir s'éteindre, et s'éclipsa dans la salle d'eau. Face à son miroir, elle vit le désastre.
Ses yeux étaient tout rouge, et légèrement enflés. Les larmes avaient séché sur ses joues, dont l'une d'elles était toujours rougi par la gifle qu'elle avait reçu. Ce n'était plus qu'une douleur sourde, et insignifiante par rapport à tout ce qu'elle avait connu, mais Rena devait admettre que sa génitrice avait plus de puissance sans le poignet qu'elle ne l'avait cru. Le coup lui avait fait remonté des souvenirs. Elle secoua la tête, effaçant ce passé agaçant de sa mémoire.
La jeune femme se passa de l'eau fraîche sur le visage, éliminant les restes de tristesse de ses traits. Revigorée, elle essuya les gouttes d'eau qui tombaient sur sa poitrine avec une serviette. Elle se recoiffa avec les doigts et retourna dans le salon chercher la laisse de Miki. Le chien sautillait sur place en comprenant que l'heure de la promenade était venue, faisant sourire Rena. Elle l'équipa rapidement et se dirigea vers la porte d'entrée. Juste avant que ses doigts ne touchent la poignée, elle se figea. L'espace d'un instant, elle imagina Iwaizumi debout dans le couloir, en train de l'entendre. Une fois de plus, son cœur se mit à battre la chamade.
Elle pesta contre elle en se sentant aussi stupide et ouvrit la porte, chassant ces étranges pensées qui ne cessaient de l'assaillir.
L'entrée de l'appartement de son voisin était entrouverte : il n'y avait personne dans le couloir. Rena referma derrière elle et attendit. Iwaizumi avait du aller chercher quelque chose. Elle se rappela qu'il était en t-shirt et que le temps dehors s'était bien rafraîchi. Il était sûrement parti prendre de quoi se couvrir. Lorsqu'il réapparu quelques instants plus tard, la jeune femme remarqua la veste verte qu'il portait sur le dos. Il sourit en l'apercevant.
― Je suis prêt, on peut y aller.
Rena hocha la tête et répondit à son sourire avec le sien, légèrement crispé. Ils se dirigèrent vers l'ascenseur, et le trajet jusqu'à l'extérieur se fit dans le silence. Silence rapidement brisé par Miki, qui trépignait d'impatience. Lorsqu'ils furent dehors, ils se mirent à marcher en direction du parc pour chien qui se trouvait plus loin dans le quartier.
Iwaizumi choisit de lancer un sujet de conversation un peu plus léger. Rena lui avait paru fatiguée de toute cette agitation, et il n'avait pas envie d'en remettre une couche en relançant le sujet.
― Les gars de l'équipe ont parlé de toi, cet après-midi. Je crois que certains ont envie de te revoir, expliqua le jeune homme, les mains dans les poches.
― Pas tous, donc, le taquina-t-elle. Je doute que Miya ait envie que je revienne lui remettre les pendules à l'heure.
― Ça ne peut lui faire que du bien, si tu veux mon avis. Mais effectivement, je parlais surtout de Hinata et Bokuto. Ils étaient contents de te rencontrer, hier.
La jeune femme laissa échapper un petit rire, avant de se reprendre. L'image de Nori sur son lit d'hôpital lui revint en mémoire.
― J'essayerai de trouver des moments pour les voir. À partir de la semaine prochaine, je vais être un peu plus occupée.
Elle fit une pause dans sa phrase, et l'entraîneur remarqua qu'elle souhaitait rajouter autre chose. Il attendit patiemment qu'elle reprenne la parole, attentif. Il vit du coin de l'œil que ses doigts jouaient distraitement avec la laisse de Miki, qui ne cessait de se tendre lorsque le chien s'obstinait à vouloir accélérer la cadence. Était-elle nerveuse ?
― Il s'est réveillé, chuchota-t-elle.
Iwaizumi haussa un sourcil, perplexe devant cette annonce. Il dit réfléchir quelques secondes avant de se rappeler d'une conversation qu'ils avaient eu plus tôt dans le mois. Avant qu'il ne puisse répliquer, Rena sembla comprendre que ses mots sortaient de nulle part.
― Le Capitaine de mon unité était dans le coma depuis notre derni-... Depuis plusieurs mois, se reprit-elle. Ce matin, sa mère m'a appelée tout de suite après avoir appris pour son réveil. Elle pleurait de joie.
En voyant le sourire heureux de la jeune femme, Iwaizumi ne put s'empêcher de sourire à son tour, par mimétisme. Il était content pour elle.
― C'est une bonne chose ! affirme-t-il en hochant la tête. Tu dois être soulagée, j'imagine même pas l'état dans lequel tu devais être, ainsi que tes collègues. Maintenant, il va falloir que tu...
Il s'interrompit en sentant l'atmosphère changer. Rena s'était arrêtée sec, la tête baissée. Il avait fait une bourde sans s'en rendre compte.
― Tout va bien, Konno ?
Lorsque Rena releva les yeux vers lui, il sentit sa gorge se serrer. C'était comme recevoir un coup de poing dans l'estomac. La souffrance présente dans les yeux sombres de la soldate l'empêcha de respirer. Il avait le souffle coupé.
Iwaizumi avait l'impression d'avoir mis un coup de couteau dans le dos de la jeune femme. Il leva une main vers elle, dans une tentative de se rapprocher d'elle, avant de suspendre son geste.
Elle renifla avant de détourner le regard. Lorsqu'elle le contempla de nouveau quelques secondes plus tard, son piètre sourire ne réussit pas à cacher sa peine.
― Je suis désolé, si j'ai dit quelque chose...
Rena secoua la tête, plissant les lèvres.
― Ne t'excuse pas, tu n'as rien dit de mal. Il y a des choses qui sont encore dures à accepter. Je doute de réussir à passer à autre chose un jour. Il est vrai que je suis soulagée que Nori se soit réveillé. Ça me pesait tellement que je n'arrivais plus à dormir. Et je suis sûre que les autres sont aux anges de savoir qu'il a ouvert les yeux.
De là où ils sont, pensa-t-elle en silence en se mordant l'intérieur de la joue.
Iwaizumi tiqua sur sa dernière phrase. Elle était sûre ? Elle en parlait comme si elle ne pouvait pas le constater de ses propres yeux. Habitaient-ils tous trop loin pour se rendre dans la chambre d'hôpital du capitaine de leur équipe ? Il en doutait. Une idée pointa le bout de son nez dans son esprit, mais la fatalité de celle-ci le priva de mots. Si c'était vrai, alors ça pourrait répondre à un grand nombre de questions qu'il se posait sur la jeune femme.
La première fois qu'il l'avait vu, sur ce pont, il avait eu un mauvais pressentiment. C'était comme si rien ne l'attachait à la vie, comme si un simple coup de vent l'aurait balayé vers l'abîme. Il avait aussi remarqué qu'elle était souvent seule. Il n'avait jamais vu personne venir chez elle, et sa seule compagnie semblait être ce rottweiler amoureux de sa maîtresse. Rena n'avait jamais parlé de ses amis. Il ne connaissait aucun de ses proches, à l'exception de sa génitrice, qui était venue à deux reprises avec de mauvaises intentions. S'il essayait de se remémorer toutes leurs conversations, elle n'avait évoqué qu'un seul ami. Ce Capitaine.
Et jamais ses autres collègues.
Il n'osait pas poser la question. Ce n'était pas le moment. Ce n'était pas à lui de s'engager sur ce terrain. Il n'avait aucun droit de franchir cette ligne, qu'elle n'était pas prête à traverser elle-même.
― On devrait y aller. On est bientôt arrivés au parc, dit Iwaizumi en se raclant la gorge.
Dans un silence étrange, ils marchèrent en direction de l'espace vert. Il faisait maintenant nuit noire, et la rue était éclairée par des lampadaires en fil indienne. Lorsqu'ils entrèrent dans le parc, Rena détacha le chiot, qui s'empressa de partir en courant droit devant lui, sans se retourner.
Iwaizumi la guida jusqu'à un banc, et y peit place après que Rena se soit assise. Le bruit des voitures et du vent dans les arbres créaient une espèce de fond sonore apaisant.
Soudain, le jeune homme attrapa la main de Rena. Doucement, il glissa ses doigts entre les siens, et planta son regard dans le sien. La soldate comprit que cette étreinte n'avait rien de romantique. Une fois de plus, Hajime Iwaizumi lui montrait son soutien sans dévoiler un seul mot. La puissance de son regard et la chaleur sa main donnaient l'impression à Rena de pouvoir être authentique. Devant ses câlins attentionnés et ses regards bienveillants, Rena redevenait la petite fille qu'elle n'avait jamais pu être.
Cette petite fille qui avait su grandir sans jamais compter sur personne. Qui avait été obligé de se créer une armure pour se protéger de ce monde cruel.
Il était le seul devant qui elle s'autorisait à se laisser aller.
Elle resserra à son tour ses doigts, et posa sa tête sur l'épaule du garçon. Silencieusement, elle laissa échapper de nouvelles larmes. Au bout de quelques minutes, elle réussit à prononcer quelque chose.
― Merci, Hajime.
C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom.
***
Alors, vos réactions à chaud ?
Désolée pour les fautes. Comme d'habitude, je me relis jamais mdrr
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