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Sung-jun a attrapé un rhume.
Résultat, il n'est pas allé en cours le lendemain, pouvant à peine faire un pas dans sa chambre étudiante. Hyun-jae est venu lui rendre visite dans l'après-midi, blindé de partout pour ne pas se faire contaminer. Sung-jun s'est bien moqué de lui quand il a débarqué avec son masque anti-pollution, ses trois couches de vêtements, ses lunettes de soleil et ses gants. Hyun-jae déteste les microbes. Il a même crié quand Sung-jun a fait un pas vers lui.
« T'as une de ces gueules ! »
« Parle pas trop toi, tu te noies limite dans ta morve. »
Et la soupe au gingembre qu'il lui a apportée, supposée faire des miracles, était absolument dégueulasse.
Mais au moins, bien qu'il soit toujours patraque, il parvient à sortir de son lit le lendemain. Et c'est lors d'un vendredi encore grisonnant que Sung-jun, Hyun-jae et Yo-han sortent de l'un de leurs cours pour se retrouver dans le couloir principal.
— Cette fois, on révise vraiment ou Yo-han va encore faire la sieste à la bibliothèque ?
— Je ne fais pas la sieste, se défend celui-ci. J'active le mode veille.
Yo-han lève justement les yeux au ciel, voyant que Hyun-jae n'en a que faire de ses justifications. Il se tourne vers Sung-jun, reniflant encore avec ses mains dans ses manches, il a le nez rouge.
— Tu devrais rentrer chez toi, en plus tes médocs sont en train de te flinguer.
Yo-han, c'est le genre papa poule qui exaspère tout le monde et qui appellerait une ambulance si quelqu'un se coupait le doigt avec une feuille de papier. Il est toujours là à dire des trucs comme « Attention sur la route », « Ne mache pas allongé », « Evite de rigoler avec ton chewing-gum dans la bouche ! », bon, le dernier c'est parce que Hyun-jae a déjà failli s'étouffer avec une fois.
Lee Yo-han, il est plus âgé qu'eux. Sung-jun ne sait d'ailleurs pas combien de fois il s'est réorienté avant de se retrouver dans leur branche d'arts. Justement, maintenant qu'il y pense, il fait part de ce constat à Hyun-jae qui hausse les épaules.
— Hyung, tente alors ce dernier. T'étais dans le département d'ingénierie y'a deux ans, non ?
Marchant à leurs côtés, Yo-han opine.
— Oui, j'ai fait un an, puis j'ai bifurqué de droite à gauche. J'me plais bien ici en vrai, c'est cool.
— T'étais de la promotion de Min-hwan ?
Yo-han cesse de marcher, il se tourne vers son camarade avec les sourcils froncés.
— Pourquoi tu parles encore de lui ?
Il y a de l'agacement dans sa voix, quelque chose auquel Sung-jun comme Hyun-jae n'est pas habitué. Yo-han finit par soupirer.
— Oui, on était dans la même promo, mais pas dans les mêmes groupes. Pour les cours en amphis, il était jamais là. Et pour être honnête, j'ai jamais souhaité me frotter à ce gars.
Si même le plus altruiste des étudiants, à savoir Lee Yo-han, ne porte pas Kim Min-hwan dans son cœur, c'est qu'il doit y avoir quelque chose qui cloche avec lui.
Mais quand ce dernier regarde Sung-jun, et perçoit son air si simplet, donnant l'impression qu'il n'a pas saisi l'espèce d'avertissement qui dégageait de ses propos, il perd espoir.
— Sung-jun, on t'a déjà dit de te méfier de lui et t-
Sung-jun pivote en regardant derrière l'épaule de Yo-han.
— Min-hwan !
Encore et toujours, Sung-jun est équipé d'un véritable radar à Kim Min-hwan.
Et si Hyun-jae n'a pas eu le temps de faire monter l'information à son cerveau, Yo-han devient pale comme un linge quand l'interpellé leur passe à côté.
Peut-être que Yo-han le méprise, ou alors, c'est juste comme pour tout le monde : Min-hwan lui fout les jetons et il tente de faire le dur en prétendant qu'il n'en avait rien à faire. Raté.
Mais Min-hwan ne l'a pas entendu, son téléphone à l'oreille alors qu'il traverse les allées. Sung-jun voit l'écharpe qu'il garde autour du cou, ses cheveux ondulés un peu en pétards. Il est habillé plus chaudement que d'habitude, et il a lui aussi le visage un peu rougi, les yeux pas mal gonflés.
Min-hwan aussi, a attrapé un rhume.
Amis de rhume !
— Amis de rhume !
Et ça recommence. Cette dynamique qui donne juste l'impression que c'est Min-hwan qui a envie de prendre ses jambes à son cou quand Kang Sung-jun débarque. S'il avait été un chaton, tout le monde aurait vu son poil se hérisser.
Oh non, pas lui...
Min-hwan raccroche et soudainement, ses enjambées se font plus larges pour le semer. Il n'est absolument pas d'humeur à faire la causette, en plus d'être malade comme un chien, il pourrait cette fois littéralement l'éviscérer sur place.
Du moins, c'est ce que se dit Hyun-jae, un peu comme tous ceux qui sont présents dans ce couloir.
« C'est pas la première fois qu'il se donne en spectacle hein ? C'est qui déjà celui-là ? »
Sung-jun a une aura qu'on oublie assez rapidement, si elle n'a pas fait assez impact, alors personne ne retient jamais son nom. Mais Hyun-jae le poursuit, les yeux écarquillés.
— Mais putain Sung, laisse-le tranquille !
Sung-jun sait qu'il devrait, il devrait le laisser tranquille.
Pourtant, c'est très simple, il veut savoir s'il va bien. Et parfois, Sung-jun peut se montrer maladroit.
Il n'arrive pas à croire que les rumeurs qui le poursuivent puissent être vraies, il y a trop peu de logique. Qui laisserait librement vagabonder quelqu'un qui a eu autant de dérapages avec la loi ? Il en est presque sûr, Min-hwan est juste victime des conneries que les gens racontent sur lui. S'il avait fait toutes les choses qui véhiculent à son propos, il serait déjà en taule.
Sung-jun cherche un moyen d'avoir son attention, titiller quelque chose chez lui. Parce que Min-hwan, il ne réagit jamais, et il faut être vraiment près pour détecter les micros changements de ses expressions. Il a le visage froid, hostile, et par cette surface inébranlable, les gens en déduisent qu'il n'est qu'un animal.
Animal ?
Sung-jun incline la tête en apercevant la coque de son portable, qu'il tient fort dans sa main. Il y a la photo d'un animal justement.
— Il est super gros ton chat.
Et non, Sung-jun ne pensait pas que ce serait ça, qui le ferait réagir au quart de tour.
Mais brusquement, Min-hwan se retourne. La colère dans ses yeux, fait hurler Hyun-jae qui part se carapater derrière une poubelle. Son camarade de promo se trouve donc seul face à un Min-hwan définitivement sur les nerfs.
— Qu'est-ce que t'as dit ?
Pour la première fois de sa vie, Sung-jun entend Min-hwan hausser le ton et il se fige. Face à lui, deux pas les séparent et autour, tout le monde les regarde.
Min-hwan, il donne vraiment l'impression qu'il va tuer quelqu'un.
— Sung... Sung-jun... tente de l'appeler Hyun-jae depuis son coin.
— Ose répéter ce que tu viens de dire.
Pour Mais Sung-jun le dévisage juste, clignant plusieurs fois des paupières.
— T'as un gros chat.
Sacrebleu, il l'a répété.
Que va faire Min-hwan ? Le foutre à terre et maudire toute sa descendance ? Le pousser dans les escaliers et faire croire à un malheureux accident ?
Lui balancer son poing dans la tronche ?
Le peuple délibère en sourdine, leurs chuchotis se cachant dans un bouche à oreille collectif.
Et pourtant, rien de tout ça n'arrive.
L'expression de Min-hwan se décompose et il recule d'un pas.
— C'est..., commence-t-il.
Sung-jun reste là, alors que Min-hwan tente de formuler quelque chose. Ce gars est définitivement le plus idiot des idiots pour oser se frotter à la colère du grand Kim Min-hwan.
— C'est pas gentil !
Et Min-hwan disparaît comme un voleur, la précieuse photo de son chat plaquée contre sa poitrine.
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