14.
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Sung-jun à 21h30 :
Hey
Sung-jun à 21h31 :
Hey !
Sung-jun à 21h31 :
Heyyyyyyyyy !
Sung-jun à 21h35 :
Min-hwaaaaaan
— Punaise Min-hwan pourquoi ton portable arrête de pas de faire chier !
Yu-chae glisse sa tête dans l'entrebâillement de la porte, sûrement après être passée une première fois devant la chambre de son grand-frère pour gagner le rez-de-chaussée. Lorsqu'elle entre de moitié dans la pièce, n'ayant pas le souvenir que celui-ci lui ait répondu, elle se reçoit un oreiller en plein visage, la faisant grogner.
— Sors de là !
— Mais t'es chiant, grommelle-t-elle en lui renvoyant l'arme du crime. T'as donné ton numéro à ces marcheurs de la paix qui veulent te faire voir la lumière ?
— Pire.
— Hein ?
— Dégage.
Yu-chae soupire, son frère est assis à son bureau avec une tête totalement blasée. Son portable dans sa main, semblant se demander quand est-ce que la sonnerie criarde le laissera en paix.
Même pendant leur échange, ils peuvent pratiquement entendre Sung-jun marteler son clavier depuis chez lui.
— Au pire mets-le en silencieux.
— Je t'en donne des conseils ? rouspète Min-hwan en la fusillant des yeux.
Moonie roupille à ses pieds, frottant son museau entre ses pattes alors que ses moustaches s'agitent contre la moquette. La petite sœur de Min-hwan lève les yeux au ciel avant de tourner les talons.
— T'as l'air d'un pré-ado, j'ai envie de rire.
Min-hwan tourne sur sa chaise, les bras croisés sur son torse. Moonie ouvre les yeux, se redresse et s'étire avec l'arrière-train surélevé, il saute ensuite sur les cuisses de Min-hwan pour lui réclamer des papouilles – ou de la bouffe.
Il n'est pas spécialement enchanté d'entendre ce genre de commentaire de la part de sa cadette de dix-sept ans.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— T'es tellement plus habitué à avoir d'attention depuis le lycée que t'as aucune idée de comment réagir maintenant.
— C'est quoi ces conneries ?
— Réponds-lui juste merde ! Si tu le mets pas en sourdine c'est bien que t'as envie de lui répondre !
Elle claque la porte, pour ne plus être dérangée par le tintement aigu qui prévient l'envoi d'un nouveau message. Min-hwan reste là, avec les yeux plus grands et les sourcils froncés, tandis que sous ses caresses Moonie semble s'amuser de la situation.
Il passe sa main dans sa nuque en prenant une grande inspiration. Comment ça « T'as envie de lui répondre » ? Qui aurait envie d'encourager ce genre de forceur à continuer sur sa lancée ?
Min-hwan à 21h37 :
QUOI !
Sung-jun à 21h37 :
Coucou, je te dérange ?
Min-hwan serre son portable et pose son front sur sa table avant de grogner. C'est vrai qu'il y a des jours où il se demande par quel miracle il ne l'a pas encore cogné, Sung-jun, même sans faire exprès, même juste une petite claque ou une pichenette.
Min-hwan à 21h37 :
Tu veux quoi ?
Cette fois, la réponse ne vient pas tout de suite, laissant le silence reprendre ses droits. Min-hwan renverse la tête et regarde son plafond, sous ses doigts, Moonie secoue la tête.
Sung-jun à 21h40 :
On va au parc d'attraction avec les gars demain, tu veux venir avec nous ?
Min-hwan à 21h40 :
Non merci, je reste chez moi.
Il mord sa joue quand sa messagerie instantanée en ligne s'active à son tour, prévenant d'un texto cette fois de la part de Min-hee :
Min-hee à 21h40 :
Tu viens.
Min-hwan à 21h40 :
C'est encore un de tes dates foireux avec l'autre ?
Min-hee à 21h40 :
Non, il a invité ses deux amis, donc ça sera plutôt une sortie entre potes.
Min-hwan à 21h41 :
Ouais, tu dis ça mais il va te rouler la pelle de ta vie dans le château gonflable.
Min-hwan n'est absolument pas sûr qu'une telle chose arrive, du moins connaissant le caractère de son ami, et le comportement étonnamment assez réservé de Hyun-jae. Il dit ça pour que Min-hee lui fiche la paix. Il est d'ailleurs persuadé que ce dernier vient de balancer son portable à l'autre bout de son studio et qu'il est en train de crier dans son lit, la tête sous son oreiller. Ça en fait un de moins à gérer.
En plus, il a cru comprendre que les amis de Sung-jun ne l'avaient pas d'un très bon œil, surtout ce Lee Yo-han. Min-hwan se souvient brièvement de lui, ils ont fait leur première année de fac ensemble avant qu'il ne se réoriente encore et encore. Plus indécis, impossible.
Sung-jun à 21h42 :
Mais ça serait cool que tu viennes ☹
Min-hwan à 21h42 :
Tes potes m'aiment pas
Sung-jun à 21h42 :
C'est faux ! Hyun en a rien à foutre de toi !
Sung-jun à 21h42 :
Attends, c'était plus gentil dans ma tête.
Sung-jun à 21h43 :
Hyun a une opinion neutre de toi. Et Yo-han est juste méfiant de nature.
Min-hwan à 21h43 :
Ça annonce une ambiance tellement festive
La porte de sa chambre s'ouvre de nouveau, mais cette fois ce n'est pas sa sœur mais son père qui se présente à l'entrée de sa tanière. Moonie bondit des genoux de Min-hwan pour passer par l'ouverture et descendre les escaliers, sous l'apostrophe du paternel envers le félin.
L'homme reporte ensuite son attention sur son fils, un coude appuyé contre le mur, Min-hwan le regarde, son portable toujours dans les mains.
— En fait bonhomme, commence-t-il. Si t'as rien de prévu demain, la voisine demande si toi ou Yu-chae pouvez garder son gosse.
Min-hwan à 21h45 :
Je viens.
***
Sung-jun, Yo-han et Hyun-jae attendent à l'entrée du parc d'attraction, un samedi matin vers dix heures et des poussières. Hyun-jae est comme d'habitude ; survolté et au bord du malaise, mais bien moins que lors de son premier rendez-vous. Yo-han tente de le rassurer, parce que Sung-jun, il a laissé tomber.
— Il va venir avec Min-hwan, cacarde Hyun-jae. Je vais me faire bouffer.
— Depuis quand ils sont potes d'ailleurs ces deux-là ? fait Yo-han, un peu sur la retenue.
— Le lycée.
Quand les trois amis se sont finalement réconciliés, ça n'avait pas totalement dissipé le malaise qui se créait quand Min-hwan devenait le sujet de la conversation. Le problème est que Min-hwan n'est non pas uniquement une connaissance – un ami – de Sung-jun, mais également l'ami du futur petit copain de Hyun-jae, selon les statistiques les plus optimistes. Si Yo-han pensait pouvoir faire sa tête de mule indéfiniment, cette révélation a été un peu plus brutale : soit il serrait les dents, soit il acceptait d'être un peu moins têtu et de voir les choses par lui-même. Contre toute attente, il a laissé une chance à la seconde option.
Hyun-jae regarde l'heure sur son portable, tandis que Yo-han arpente les environs. Une ribambelle de gens sont déjà apprêtées, fendant la foule à l'intérieur. Ils entendent la musique de l'autre côté des barrières et peuvent d'ores et déjà voir les attractions s'activer dans le ciel. Pour Sung-jun qui a le vertige et Hyun-jae qui hurle quand il voit une sauterelle, cette sortie ne sera sûrement pas de tout repos.
Min-hwan et Min-hee finissent par les rejoindre. Le contraste est plutôt flagrant, surtout pour quelqu'un qui n'a pas appris à cerner au moins un minimum leur caractère. Sung-jun peut voir Yo-han froncer les sourcils au fur et à mesure que Min-hwan marche dans leur direction. Même si Yo-han est toujours quelqu'un de très avenant, lui et Min-hwan ont sur l'instant la même expression fermée. Min-hee reste fidèle à lui-même, lumineux et posé – même si Min-hwan sait très bien qu'il n'a pas arrêté de s'agiter pendant tout le trajet en voiture.
— Salut vous tous !
L'entrain chaleureux de Min-hee aide Yo-han à se défroisser, au grand soulagement de Sung-jun qui commençait à croire que les choses allaient devenir électriques.
— T'as tes manières de serveurs quand tu parles, tu viens nous verser le thé aussi ? marmonne Min-hwan.
Min-hee lui claque l'arrière du crâne, provocant son couinement de douleur. Hyun-jae ouvre de grands yeux devant cette audace, s'empêchant pourtant de faire un quelconque commentaire. Même Yo-han, semble déstabilisé parce que Min-hwan ne renvoie aucun coup, se contentant de siffler en s'écartant d'un pas.
— Bon, reprend Min-hee avec un sourire mesuré, sachant lui aussi que la situation est un peu délicate. Je pense que vous vous connaissez...
— Plus ou moins, lui fait comprendre Yo-han, sans le plus grand des enthousiasmes, mais sans révulsion flagrante.
Sung-jun fait un pas en avant, saluant les deux arrivants comme il l'a toujours fait, sans lourdeur et avec le même naturel.
Il sourit à Min-hwan.
Et contre toute attente, même si c'est bien plus retenu, Min-hwan lui sourit en retour.
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