| DAY 6 | ASHES (the things we lost in the fire)
Ce sixième jour dont le prompt est tiré d'une superbe chanson de Bastille était la toile parfaite pour peindre un de mes crack pairing préférés : le Liark (Lucy x Mark) ! Et encore une fois dans l'univers du Canon ~
C'est essentiellement du Fluff aujourd'hui, mais bon il se peut que pour certains points ce texte rentre dans la case Hurt/Comfort. Cependant ça reste assez mignon et positif, du moins je crois XD
Bref, pour une fois ma NDA ne va pas faire 3 kilomètres (miracle, vous y croyez ça ?) tout simplement parce qu'il est minuit quarante et que je suis fatiguée :3
Les fautes doivent donc sûrement rôder quelque part dans ce texte, prêtes à vous agresser, au vu de ma relecture... Hum approximative au mieux-
N'hésitez pas à me les signaler si vous saignez des yeux !
Bonne lecture :3
(˘・ᴗ・˘)
Lucy s'habituait plutôt bien à sa nouvelle routine de serveuse au café. Hormis les détectives de l'ADA qui venaient parfois mettre un bordel monstre dans sa vie, elle s'estimait chanceuse, menant une existence plutôt calme, simple et sans vagues. Un changement radical comparé à ce qu'elle vivait au sein de la Guilde.
Les premiers mois avaient été passés dans la félicité la plus totale, affranchie du regard condescendant de certains de ses collègues, surtout de leur lessive, et enfin libre de ses mouvements. Libre de choisir sa voie, de choisir sa vie comme l'avait fait Atsushi pour prouver au monde, et se prouver à elle-même, qu'il n'était rien qu'elle ne pouvait accomplir si elle y mettait un peu de volonté. Elle avait eu besoin de savoir qu'elle n'était pas pire ni meilleure qu'aucun de ses condisciples. Que ses cicatrices, bien qu'à jamais imprimées sur sa peau, n'avaient pas laissé de marques sur son esprit.
Bien sûr, il y avait toujours des nuits où elle errait dans son minuscule appartement, une tasse d'infusion entre les mains, un plaid sur les épaules, trop effrayée pour s'endormir autrement que sur le canapé devant un programme télévisé stupide. Des nuits où ses draps mêmes semblaient vouloir l'avaler, trempés de sueur, et où elle mordait son oreiller pour réprimer ses sanglots.
Ces choses là ne guérissaient pas facilement, elle se demandait même si elles guérissaient tout court. Le regard fuyant d'Atsushi quand elle le lui avait demandé était bien trop éloquent.
Enfin, dans l'ensemble, elle était satisfaite de sa nouvelle vie, de la lumière qu'elle s'était acharnée à atteindre et dans laquelle elle baignait désormais. Jusqu'à ce que l'euphorie commence à s'effacer, et que les problèmes la rattrapent.
Les premiers impôts étaient arrivés, avec eux les soucis de loyer, puis de nourriture. Elle avait fini, grâce à la gentillesse de son patron, par emporter les trop grandes quantités de petit-déjeuners, dîners, et desserts produits par le Café pour remédier à ce problème. Puis elle s'était habituée à ne plus dépendre de la générosité et de l'argent de Francis, à se serrer la ceinture chaque dernière semaine du mois, toujours en affichant un sourire puisqu'au fond elle se savait chanceuse. Lucy n'était pas riche sans être non plus vraiment pauvre, mais elle avait appris à réguler ses achats en conséquence, se défaire du train de vie que lui offrait la Guilde, et finalement, tout lui semblait maintenant bien moins étouffant qu'au début. Presque confortable, même.
Mais elle était encore hantée. Ses cicatrices la brûlaient parfois si fort qu'elle se sentait redevenue petite fille à la merci des garces de l'Orphelinat. L'ombre de la Guilde pesait encore sur son esprit, envahi de questions en rapport avec ses anciens coéquipiers. Quand bien même ils ne l'avaient peut-être pas considérée comme telle, et sur le moment Lucy ne s'était même pas supposée susceptible de penser à eux de cette manière non plus, le fait restait : elle s'inquiétait.
Ses cauchemars la hantaient, la consumaient à petit feu. Margaret était-elle réveillée ? Que faisaient Nathaniel et Francis dont on avait plus de nouvelles ? Louisa allait-elle vraiment si bien qu'elle le disait dans ses lettres ? Pourquoi Mark était-il parti sans autre explication qu'une vague inclinaison à écrire son autobiographie ?
Le visage de l'ancien sniper, de tous ceux qui la tourmentaient dans ces heures de la nuit où le monde est si silencieux qu'il semble vous abandonner, était celui qui restait le plus longtemps ancré sur sa rétine.
Combien de fois s'était-elle retrouvée, assise sur son lit, du papier à lettres dans les mains, à tremper son stylo plume dans l'encre sans réussir à trouver les mots justes ? Rêvant de surpasser ce blocage qui faisait trembler sa main dès qu'elle traçait son nom en lettres maladroites sur le haut de la page ?
Un an avait passé ainsi, à la voir lentement brûler à la flamme de ses incertitudes, consumée par ses démons intérieurs, lentement réduite à un tas de cendres là où elle avait un jour été arbre. Elle traversait la vie comme dans un rêve, coupée de la réalité par le voile de ses peurs.
Puis le trente Novembre, alors qu'elle célébrait seule sa vingtième année à avoir survécu, quelque chose en elle avait cédé. Ou s'était réveillé, ravivé, elle ne saurait vraiment décrire la sensation qui l'avait alors traversée.
Tristement assise devant sa table basse, une assiette sale ayant contenu un maigre cupcake abandonnée près d'elle, son poste de télévision bloqué sur une chaîne australienne qu'elle captait pas pur miracle (ou poisse), le pathétique de sa situation lui avait brusquement sauté aux yeux. Sans pitié, elle s'était vue dans toute sa lamentable grandeur. Et elle avait décidé que le tableau qui s'offrait sous ses yeux, dut-elle mourir le lendemain, ne lui plaisait pas le moins du monde.
Alors elle avait attrapé son bloc de feuilles. Elle avait débouché son stylo plume sans trembler, et elle avait écrit jusqu'à ne plus en avoir de force dans les doigts. Jusqu'à ce que les mots et l'encre cessent de couler, sans que ça n'arrête ses larmes de continuer.
Etrangement, alors qu'elle envoyait cette missive le jour de leur anniversaire commun, elle avait cette nuit là mieux dormi que jamais. Même l'humidité qui avait imprégné son oreiller jusque dans son sommeil ne pouvait changer cela.
Deux semaines plus tard, Lucy s'endormait presque devant une rediffusion de Tom et Jerry, sa fidèle couverture rose bonbon -une alliance affreuse avec le rouge de ses cheveux, mais la polaire était si agréable- jetée sur les épaules. Elle avait préféré éviter de repenser à ce qu'elle avait fait quelques jours auparavant, pour ne pas se paniquer plus que nécessaire, et venait juste de terminer sa journée de travail.
Alors, lorsque la sonnette d'entrée qui ne servait jamais avait retentit dans tout son appartement, la faisant brusquement sursauter, la jeune femme n'était pas du tout en l'état de penser à qui pouvait bien se tenir derrière sa porte. Se levant assez lentement, pour marcher en traînant des pieds jusqu'à son entrée, toujours emmitouflée dans son plaid synthétique, elle s'attendait à trouver le facteur, ou peut-être encore ce nouveau du service de livraison qui se trompait souvent entre Montgomery et Madelerie.
Rien ne l'avait préparée à trouver ce visage si familier, aux traits tirés par la fatigue et l'anxiété. Deux yeux verts rencontrèrent les siens, s'illuminant de cette joie de vivre si particulière à leur propriétaire dès qu'ils effleurèrent ses propres iris. Ce grand sourire presque enfantin qui avait tant manqué à Lucy ne tarda pas non plus à éclore sur le visage de nul autre que Mark Twain en personne.
Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, poser les milliers de questions qui se pressaient sur le bout de sa langue, ou même se remettre de sa surprise, un bouquet de fleur lui était fourré sous le nez. Une pivoine orangée, une rose rouge et un oeillet rose, joliment assortis, très modestement maintenus ensemble par un ruban vert autour d'un papier craft. Elle les attrapa pas réflexe plus qu'autre chose, hésitant entre rire, pleurer, ou juste rester bouche bée figée sur son perron. Trop d'émotions différentes la traversaient en même temps, elle se sentait bouillonner si fort qu'elle en avait presque peur d'imploser.
- Je sais que je suis en retard, mais je me suis dit qu'il était encore temps de te souhaiter un joyeux anniversaire, expliqua le rouquin en se frottant le crâne de la main droite, visiblement moins à l'aise que sa position faussement décontractée semblait vouloir le faire croire.
Et, avec hésitation, il se pencha légèrement pour lui embrasser le front, pendant qu'elle réalisait doucement que ce contact était bien réel, que le voile se déchirait, et que la beauté de la réalité la frappait de plein fouet, amenant quelques larmes perler au coin de ses yeux.
Lucy l'invita à entrer, et en apprenant sans même le demander qu'il avait décider de rester quelques temps à Yokohama pour poursuivre la rédaction de son livre, elle sentit autre chose crépiter en elle.
Les cauchemars ne disparaîtraient jamais, comme ses cicatrices ils passeraient juste de pourpre à blanc, moins douloureux, moins visibles avec le temps.
Mais peut-être, juste peut-être, que si elle essayait assez fort, sa vie pouvait encore retrouver de la saveur. Observant Mark qui avait pris part à la soirée cartoon, lui aussi emmitouflé dans le plaid rose bonbon, visiblement très inquiet pour Tom qui récoltait blessure sur blessure à l'écran, Lucy sentit un vrai sourire doucement étirer ses lèvres pour la première fois depuis longtemps.
Il ne fallait pas oublier que les cendres faisaient un excellent terreau après tout.
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