Chapitre 17
J'ouvris les yeux, une douleur atroce à l'arrière de la tête. L'endroit me semblait familier, mais je n'arrivais pas à me souvenir pourquoi, j'étais allongée sur un lit, dans une chambre aux murs immaculé et une légère odeur de vanille flottait, une odeur que je connaissais.
Je me levai, je n'étais pas attachée et je tentai d'ouvrir la porte qui à ma grande surprise n'était pas verrouillée. J'étais dans une maison qui semblait habitée et j'entendis du bruit au rez de chaussé, me faisant descendre les marches prudemment.
- Pourquoi tu l'as emmené ici?! Je t'avais demandé de pas l'approcher mais t'as pas pu t'en empêcher! s'exclama une voix que je ne connaissais pas.
- Qu'est-ce que j'étais censé faire? La laisser tout découvrir? Non! Elle comprendra, elle a compris pour Dani et elle n'a rien dit, à personne!
- Je m'en fiche, on est sur le point de réussir ce pour quoi on a tout sacrifier!
Je ne connaissais aucune des voix, mais j'étais certaine de connaître au moins une des personnes, je ne savais pas pourquoi, j'en étais certaine.
- En la sacrifiant?
- Non, en utilisant ses souvenirs, c'est tout!
- Bonjour Eva.
Je regardai l'homme qui venait de prononcer mon prénom et croisai le regard de mon père un instant.
- Est-ce que tu te souviens de moi?
Je ne savais pas qui c'était, mais son regard me bouleversa, je ne devais pas oublier que j'avais été assommée et emmenée ici contre ma volonté.
- Non, répondis-je.
- Je suis désolé d'avoir dû te frapper, je n'avais pas le choix, c'était pour ta sécurité.
- Je veux rentrer, lançai-je.
- Oui, tu vas rentrer, mais avant ça il faut qu'on ait une discussion, installe toi et viens manger quelque chose.
L'autre homme présent me regardait avec une certaine colère.
- Je n'ai pas faim.
- N'aie pas peur, je ne vais pas te faire de mal, nous sommes de la même famille, ajouta t-il en riant.
Je le regardai perplexe, ce n'était pas un de mes frères, j'en étais certaine, mais son regard m'était familier.
- Qui êtes-vous? demandai-je.
- Je m'appelle Samuel, je suis ton oncle.
Mon oncle? C'était impossible, mes parents étaient enfants uniques et il semblait avoir la vingtaine, pas plus.
- Je suis le frère de Victor, ton père.
- Mon père n'avait ni frère, ni sœur.
- Il ne m'a pas connu, mais je suis bien son frère. Il était déjà parti lorsque maman est tombée enceinte, elle m'a eu très tard.
Je fis le calcul, mon père m'avait toujours dis que sa mère l'avait eu à l'âge de dix huit et il s'était marié avec maman à vingt ans, donc mathématiquement c'était possible mais j'avais du mal à y croire, malgré le regard familier qu'il avait, j'avais des doutes.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi?
- Te protéger.
- De qui, vous?
- Non, de la personne qui te laisse des indices et te pousse à aller dans des endroits où tu risques ta vie.
- Et quoi, je suis en sécurité ici avec vous c'est ça?
- Tu n'es en sécurité nul part, et certainement pas avec Colin, même si tu penses le contraire.
Je me tus quelques secondes. Bien entendu il connaissait Colin, Dani et surement Suzanne et le meurtrier de David, encore une personne qui savait tout...
- Tu penses qu'il te protège? C'est surement ce qu'il t'as dit, n'est-ce pas? Mais il a fait exactement la même chose avec sa précédente cible, Alison Deveraux, la mettre en confiance et la tuer au final, tout comme il a tué ses parents.
Mon cœur s'arrêta à ses mots, je ne pouvais pas le croire, je ne le connaissais pas, et puis Dani ne m'aurait jamais laissé seule avec lui s'il était un danger pour moi, il ne l'aurait jamais fait.
- Je sais, c'est un choc, c'est pour ça qu'il faut que tu m'écoutes attentivement Eva. Tu vas rentrer chez toi et y rester jusqu'à ce que je te recontacte, il faudra que tu restes naturelle avec Colin surtout, s'il se doute de quoi que ce soit, il pourra exécuter sa mission plus tôt que prévu. Je sais que c'est lui qui te laisse tous ces indices, c'est lui qui t'a amené jusque ce box, il a gagné ta confiance et compte sur tes souvenirs pour que tu trouves la formule manquante et que tu lui donne. Ne fais pas ça Eva, cette formule à un but qui va contre la morale et le respect de l'être humain, cette formule a pour but de créer une arme chimique destructrice, une arme qui se propagerait dans l'eau, qui serait inodore, incolore, indétectable, une arme pire que le sarin. Tu te rends compte des dégâts possible?
Mon père aurait crée une formule pour ça? Je ne pouvais pas le croire, c'était impossible, pourquoi aurait-il fait ça? Et surtout pourquoi m'aurait-il donné la possibilité de trouver cette formule? Je ne pouvais pas y croire, est-ce qu c'était possible qu'il ait raison pour Colin?
- Il faut que tu rentres maintenant, je ne te demande pas de me croire, mais je te dis la vérité, je te dis ce qu'il en est et ce pour quoi tout le monde te ment depuis toutes ces années. Ta voiture est garée devant, vas-y, il est tard, je te contacterai. Ne parle à personne de cette rencontre, tu m'entends, personne.
Il ouvrit la porte et je sortis sans répondre, toutes les informations qu'il venait de me donner se mélangeaient dans ma tête, mais ce qui me perturbait le plus était celle qui concernait Colin. Il avait tué une fille et ses parents? Est-ce que j'étais vraiment une mission? Est-ce qu'il jouait la comédie? Je ne savais pas pourquoi ça me faisait autant mal, plus que de savoir que mon père travaillait peut être sur une formule capable de détruire toute une population, si tant est que toutes ces informations étaient vraies, et je devais le savoir.
Dani savait que papa avait un frère et il ne me l'avait pas dit, et Samuel sous entendait que mon frère aussi me mentait. Tout le monde mentait, depuis toujours, et il avait raison sur ce point.
Je restai un moment dans ma voiture, Samuel m'avait frappé juste avant que j'aille à l'adresse que j'avais trouvé. Je voulais y aller tout de suite, mais les parents de David étaient là, et l'enterrement avait lieu demain, je devais rentrer.
Mon téléphone était posé sur le siège passager, Colin m'avait appelé une dizaine de fois, Suzanne aussi, Dani pas du tout. Je roulai jusqu'à la maison et trouvai Suzanne dans le salon en train de faire les cent pas.
- Où tu étais! hurla t-elle lorsqu'elle me vit.
Je ne répondis pas et me dirigeai vers l'escalier.
- Réponds moi Eva!
Je m'arrêtai au milieu de l'escalier lorsque son hurlement s'intensifia.
- Où étais-tu lorsque David a été tué? demandai-je.
Elle ne dit rien et resta bouche bée, ses yeux se remplissant de larmes et je ne pus m'empêcher de continuer.
- Tu ne dis plus rien! C'est facile de se taire lorsqu'on sait qu'on est coupable de la mort de l'homme qu'on était censé aimer de tout notre coeur! Tout est de ta faute, tu connaissais les risques mais tu t'en fichais, David n'était pas ta priorité, loin de là, tu n'es qu'une égoïste, une opportuniste, et tout ce qui t'importe c'est le succès de cette recherche qui régit ta vie depuis toujours! David est un dommage collatéral, tu aurais dû le laisser partir! Si tu l'avais fais, il serait toujours en vie, alors bravo Suzanne, tu as gagné quelques millions de dollars...
Je continuai mon chemin jusque ma chambre que je ne reconnus presque pas, ayant oublié que j'avais tout changé, et m'effondrai sur mon lit. Je pleurai et je savais que tous les mots que je venais de balancer à Suzanne, je pouvais me les dire. Si je n'avais pas été là, David serait en vie, c'était la vérité et elle me faisait mal. Nous étions en plein après midi et je avais que je devais aller chercher une tenue pour les funérailles, je devais me préparer à voir David, même si le cercueil serait fermé au public, je voulais le voir une dernière fois.
Mon téléphone sonna et c'était encore Colin, j'allai lui demander directement une explication, malgré les recommandations du soi disant frère de mon père.
- Eva... Je me suis inquiété, où étais-tu? Suzanne m'a appelé en pleine nuit pour savoir si tu étais avec moi.
- Est- ce que tu peux passer?
- J'arrive.
Je raccrochai et pris une douche en attendant qu'il arrive et surtout pour enlever les traces de larmes, mais je n'arrivais pas à stopper mes pleurs avant plusieurs minutes. Je passai un peignoir et sortis de la salle de bain, propre mais toujours dans un état lamentable.
- Bonjour Eva...
Colin était debout et regardait par la fenêtre qui était ouverte. Je pris un jean et un tee-shirt et allai les passer avant de m'asseoir sur mon lit.
- Est-ce que ça va un peu mieux? demanda t-il.
- Est-ce que tu veux me tuer comme tu as tué Alison Deveraux ou encore tes parents? répliquai-je.
Il ne se retourna pas mais je le vis se figer et mon esprit, mon coeur, ma respiration se figea en même temps.
- Qui t'a parlé de ça?
- Alors c'est vrai...
Il serra les poings et je vis que sa respiration était plus forte, plus rapide.
- Réponds moi! Je veux savoir si tu as pour mission de me tuer, si mon frère est au courant, réponds moi Colin!
Il se retourna et s'approcha jusqu'à ce que je puisse voir ses yeux embués.
- C'est vrai, j'ai tué mes parents lorsque j'avais dix ans, souffla t-il. Je suis rentré à la maison après l'école un jour, mes parents n'étaient plus là. Un homme est arrivé et m'a dit qu'ils avaient des problèmes, que j'étais le seul à pouvoir les aider. Il m'a emmené dans un espèce d'entrepôt, rempli d'armes en tout genre, il m'en a mise une dans les mains, un ak47 et m'a dit de tirer sur un mur, que je devais me préparer à les aider à sauver mes parents. Je ne voulais pas au début, mon père était contre les armes, il m'interdisait même de jouer aux jeux de guerre alors que tous les gamins de mon âge y jouait. Il m'a dit que si je ne le faisais pas, mes parents allaient mourir, alors je l'ai fais, j'ai tiré et une rafale de balles s'est logée dans le mur, c'était tellement puissant que j'ai lâché l'arme et les coups partaient toujours. Il m'a souri, il s'est dirigé vers le mur et a mis un léger coup dedans avant qu'il ne tombe. Il y avait le corps de mes parents derrière, inertes, criblés de balles, les balles que je venais de tirer! L'homme en question travaillait pour un groupe qui veut autant la formule de ton père que Marc la désire... Jusqu'aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi ils m'ont fait faire ça, alors oui, j'ai tué mes parents Eva.
Il s'arrêta quelques secondes, et je ne sus quoi dire. Je n'arrivais pas y croire, c'était horrible et je n'imaginais pas la douleur qu'il devait ressentir chaque jour pour ses parents.
- Alison Deveraux c'est aussi vrai, c'était soit elle, soit Gabe, je n'ai pas eu le choix, ajouta t-il d'une voix froide. Tu m'as fais venir pour ça? J'espère que ma réponse te satisfait! Oui Eva, au début tu étais une mission, je ne te l'ai jamais caché, mais je ne compte pas te tuer, même si je le voulais je ne pourrai pas, maintenant je vais partir.
Il avait tué cette fille parce qu'on lui avait demandé, et je savais qu'il avait tué d'autres personnes surement.
- Tu ne comptes pas le faire mais est-ce qu'on te l'a demandé?
Il me regarda comme s'il me voyait pour la première fois.
- Tu... Non Eva, non! Putain mais tu es la soeur de Gabe, comment tu peux... Je...
Il s'arrêta et se dirigea vers la porte pour sortir, mais je me levai pour l'arrêter.
- Je suis désolée pour tes parents...
- Moi aussi...
Je le croyais, je ne savais pas comment l'expliquer, mais je le croyais, et je ne savais pas pourquoi mais je le pris dans mes bras, surement parce que j'en avais aussi besoin.
- Je te l'ai déjà dis, je te le répète, jamais je ne te ferai de mal, peu importe ce qu'on t'a dit, je te le promet Eva, je te le promets...
Il resserra son étreinte et je décidai à cet instant que peu importait ce qu'il se passait, je lui faisais confiance, j'avais la conviction que je le pouvais, alors je lui racontai ce qu'il m'était arrivée hier et ce que Samuel m'avait dit. Il m'avait gardé dans ses bras durant tout ce temps et lorsque j'eus terminé il s'écarta doucement et plongea dans mon regard avant de poser ses lèvres sur les miennes et je lui rendis son baiser, parce que je le voulais...
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