Depuis le temps qu'il est né, Bruit sait.

Qu'il est très seul. Et que malgré tout le bruit qu'il fait personne ne veut de lui, personne ne le regrette, personne ne le désire. Parfois, il a des montées de soupe noire. La soupe noire ? C'est ce magma, ce méli-mélo de nœuds emberlificotés d'émotions trop sombres pour être décrites, mais qui sonnent le gong du tourbillon de la peur voltigeante et intransigeante, et qui l'emporte pour le mâchouiller, le tirailler, le vider et qui l'emporte si loin qu'il en oublie la couleur de l'été salvateur et qui… continue en boucle encore et encore. La solitude, elle tue. Mais Bruit n'est pas tué même si parfois il se sent comme... décédé. Et même s'il veut parfois, mourir, il pense aux cris des bébés fraîchement nés, aux cris amoureux, et il se dit que finalement c'est pas si grave, qu'on n'est pas si seul, même lorsqu'on ne veut plus de nous.

Aujourd'hui, Bruit s'est allongé à côté des piques-niques. Un joyeux chaos est là, et malgré le fait qu'il ait si mal à l'âme, Bruit reste ici. À un moment pourtant, il se sent comme... aspiré. Il ferme les yeux, se débat, mais c'est fou c'est comme s'il ne contrôlait plus son corps, il se liquéfie et en même temps se densifie. Et puis boum ! Bruit n'est plus, Bruit n'est plus au pique-nique, Bruit est dans une vie.

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