Vacances d'hiver. Basses températures. Les rayons de soleil se font rares et percent de temps à autres les nuages crémeux du ciel grec. 

Notre séjour à Athènes se déroule agréablement. 

Le panthéon est imposant et admirable, les Grands Boulevards de la cité reflètent la magie des guerriers de l'antiquité. Athènes baigne dans la grandeur. Son décor aux immense colonnes de marbre et statues mythiques plonge tous les spectateurs dans un monde antérieur de divinités et de héros. Un monde qui a existé. Un monde qui continue d'exister à travers l'intérêt qu'on lui porte. Un monde où j'aime m'imaginer affrontant Cerbères aux portes des enfers  ou combattant le lion de Némée aux côtés d'Hercule. Tellement de légendes où j'aime me noyer à mes heures perdues avant que la réalité ne me tire brutalement à la surface. 

- Lycka ! Ne traîne pas, on t'attend chaton ! crie Papa à mon adresse. 

Aaron et lui m'ont devancé de plusieurs mètres. Mes pensée m'ont retenu en arrière. Je cours pour les rattraper. Nos pas synchronisés résonnent dans le musée. Mon petit frère, dont la main est fermement enlacée dans celle de mon père, écoute passionnément les histoires de Percée, d'Ulysse et de Thésée qu'il lui raconte à mi-voix. 

Chaque statue, chaque œuvre d'art semble me rappeler ma mère. Je me dis qu'elle aurait aimé visiter la Grèce avec nous. Je me dis qu'elle aurait aimé être là. Je l'imagine discutant à messes basses avec mon père dans les galeries du musée. Je les imagine commenter chaque œuvre d'art avec une complicité dont ils sont les seuls à connaître le secret. 

Bientôt, dès que Papa et Aaron ont le dos tourné, mon imagination reprend le dessus. Je me surprends à me mettre dans la peau des gladiateurs à haut mérite et des souverains capricieux aux goûts raffinés des tableaux aux couleurs ternes. 

L'imagination est une porte ouverte sur d'autres univers mais la frustration de ne pas réellement pouvoir y accéder inflige une souffrance qui fait de cette vertu, une constante malédiction.