Un nuage de doutes s'abat sur mon esprit, le plongeant dans la confusion la plus opaque.

J'ai fait le deuil de ma mère, il y a longtemps. Je crois. J'ai tourné cette page de ma vie, de ce chapitre ponctué par les larmes et les hurlements. Ceux de mon père qui déchiraient la nuit, lorsque l'absence de Maman se faisait trop ressentir au milieu des ténèbres profondes. Les miens, plaintifs et agonisants, quand je m'adressais aux étoiles en espérant qu'elle aussi, tente en vain de me parler, de l'autre côté du miroir. 

Aujourd'hui, je n'ai aucune raison d'être malheureuse. Le bonheur, contrairement à la tristesse, n'a pas besoin d'être justifié. Seuls les philosophes qui consacrent leur vie à penser, émettent des idées de la sorte. Pourtant, je ne peux m'empêcher de parler de bonheur. 

C'est la signification exacte de mon prénom. En suédois. 

Je me dois d'être heureuse, de m'amuser, de sourire. Je me dois de faire semblant d'être rayonnante de joie. Même lorsque ce n'est pas le cas. 

Je me dois de faire la fierté de mon père. Toujours. Je n'ai aucune excuse. Je n'ai pas le droit d'être triste, déprimée. Ma vie incarne ce qui se rapproche le plus de la perfection. 

La parfaite et totale perfection n'existe pas. Sur terre du moins. Elle n'est que divine. 

Les filles aussi comblées que moi n'ont aucune raison de se sentir mal. Elles n'y ont pas droit. Je n'y ai pas droit. 

Alors je sourirai, je jouerai la comédie. Jusqu'à ce que mon jeu devienne réel. Jusqu'à ce que je trouve véritablement ce qui me fait me lever chaque matin, le cœur palpitant de bonheur et d'excitation. Jusqu'à ce que je trouve ce qui me fait vibrer, à chaque seconde de ma vie.