Ce n'est pas si grave,  des gens vivent pire que ça...

Cette ruelle ne me dit rien qui vaille. Je précipite mes pas pour la traverser au plus vite. J'ai peur, et les regards que les mecs louches et sûrement drogués me lancent ne me rassurent pas. Je le sens exposée et vulnérable,  comme quand je suis dans la même pièce que Loan.. j'ai l'impression d'étouffer.

Je serre le sac contenant les bières contre ma poitrine en essayant de passer inaperçue. Je n'aurai pas du prendre ce raccourci. Pourquoi a-t-il fallu qu'il ait envie de bières à une heure du matin  ?

D'un coup je sens une main se poser sur mon fessier avant de brusquement me faire plaquer contre le mur.

- hey ma beauté, je peux savoir où tu vas comme ça ?

Devant moi se trouve un grand homme, à la peau noire, musclé et le regard qui ne me dit rien qui vaille. Et il a cette odeur....pesante et désagréable

Je suis terrifiée. Ses mains sont de chaque côté de mon corps m'empêchant de bouger.
Je prends mon courage et lui dit la voix tremblante

- Je...laissez moi partir........ Je vous en prie.

- Non non poupée

Sa main s'introduit dans mon short me faisant lâcher des larmes de terreur.
Oh mon dieu, non

- d'abord on va s'amuser tout les deux, allez, laisse toi faire...

Ses doigts s'aventurent dans ma culotte me poussant à me débattre de toutes mes forces,  lâchant le sac qui tombe dans un bruit sourd.
Cela l'enerve, il me frappe plusieurs fois la tête et me retire mon haut de force. Je m'écroule au sol étourdie, ses mains se baladant partout sur mon corps.
Il me plaque les mains au dessus de la tête, je cris supplie et hurle de toutes mes forces mais personne ne vient m'aider. Mes larmes n'arrêtent pas de couler.
J'ai beau me débattre il est beaucoup plus fort que moi.
Il retire sa ceinture et viens me faire des suçons dans le cou. Alors que je sens mon œil tourner, j'entends du bruit et le type sur moi se fait projeter plusieurs mètres au loin.
J'halète sous le choc et me redresse péniblement.
Je me retrouvais devant un autre homme . Mon premier réflexe est de reculer tandis qu'il assommait mon agresseur d'un coup à la tête.

- Tu vas bien  ?

Je recule lorsqu'il fait un pas dans ma direction 
Je le regarde un moment sans répondre. J'ai l'impression de le connaître...je ne sais pas trop mais son visage me dit quelque chose...
Il retire sa veste qu'il me tend.
Je la prends timidement et le mets par dessus mon soutien gorge.

- Je...merci...

J'arrive à sortir difficilement

- tu...ton visage...

Je reconnais sa voix...j'essaie de fouiller dans ma mémoire puis sursaute lorsque je me rends compte que c'est le barman du bar où je travaille

- je rentrais chez moi... J'ai voulu prendre un raccourci...

Il s'approche de moi et s'exclame le regard triste

- Putain mais Ambre c'est quoi ça  ?

Je sursaute au ton et comprend vite qu'il est irrité...mais pourquoi  ?

- This a dit que tu avais des problèmes à régler et que tu n'étais pas en conditions de travailler  ! Il n'a pas dit que tu étais aussi...abîmée ! Qui t'a fait ça  ?

- Écoute...j'ai eu quelques ennuis d'accord  ? C'est rien de grave..

J'essuie les larmes sur mon visage en essayant de ne pas trop grimacer
Il ouvre la bouche pour parler mais la referme.  Il me fixe tristement .

- Qui te bat ?

- Personne, tu te trompes...

Je suis gênée,  pourquoi aborde-t'il ce sujet ? Ça ne le regarde pas à ce je saches.

- Ce n'est pas la première fois...

- Pardon  ?

Il ne me répond pas.  Je jette un regard aux alentours pour remarquer qu'on est seul dans la ruelle.
Il reste pensif quelques secondes avant de demander

- Que faisais-tu dehors à cette heure ?

Je me rappelle des bières et m'empresse de ramasser le sac.

- hm...Merci beaucoup...je dois ..m'en aller

Je n'aime pas son regard qui semble en savoir beaucoup plus qu'il ne devrait  ...
Je n'aime pas cette attention qu'il me porte..sa gentillesse me met mal à l'aise
Je sens qu'il va me créer des ennuis avec Loan.
Je vois qu'il veut dire quelque chose mais se retient.

Je me retourne alors et m'en vais après l'avoir remercié, sans manquer des regards pour le type au sol.

- Attends ! Laisse moi te raccompagner

Je me retourne prise de peur

- non !...je veux dire  ...pas besoin.  Ce n'est plus très loin ....

Je me retourne et presse les pas pour rentrer sans attendre sa réponse. 
Je sens des mains s'introduire dans mon vêtement et secoue la tête pour ne plus y penser 
Il ne faut pas que je panique,  ce n'est pas le moment...il ne m'a rien fait,  il ne m'a pas fait de mal.. tout s'est arrêté à temps .

Je franchis les portes de l'immeuble et me dirige machinalement vers l'ascenseur. Quelques minutes après je suis devant la porte de mon appart
J'inspire longuement, la peur revenant au galot.
Je viens à peine de sortir d'un enfer que je m'apprête à entrer dans un autre. J'espère qu'il s'est endormi trop fatigué d'attendre...
Je retire silencieusement mes baskets et ouvre la porte en faisant le moins de bruit possible.
Toutes les lumières sont éteintes, je soupire soulagée et commence à avancer après avoir refermé la porte derrière moi.
D'un coup, les lumières s'allument me faisant sursauter.
Je me retourne vivement et le voit adossé au mur.

Il vient m'arracher le sac pour en sortir les canettes qu'il va mettre dans le frigo.

-  D'où tu sors cette veste ?

Sa question me prend de court et il me faut quelques secondes pour répondre.  J'avais oublié la veste.

- Je me suis faite agressée par un type, un homme m'a aidé et me l'a prêté pour que je me couvre.

Il me fixe quelques secondes indifférent puis ouvre une canette qu'il porte à ses lèvres .

- Va m'arranger ce visage,  t'es horrible à voir

Je me mords la lèvre inférieure sans rien dire. Il n'a pas tord...mais je ne vais pas me maquiller à une heure du matin  juste pour aller chercher des bières que je n'avais pas prévu d'aller chercher non ?

Il passe près de moi en me bousculant puis sort de l'appart en attrapant une cigarette sur le meuble à l'entrée.

Je reste immobile quelques minutes avant de me reprendre et me rendre dans ma chambre. Je prends ma palette sur la commode et vais me placer face au miroir incrusté dans l'armoire.
Sans m'en rendre compte,  je pensais au barman...

Nnieje