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Psycorp

Paul est déçu.

Il a eu l'espoir de voir se dessiner sur les vieux traits de l'oncle la promesse d'une aventure et, a souhaité le voir, les yeux ébahis et les mains tremblantes d'émotions lui annoncer que lui, Paul Veldon, était en possession d'une pièce rare que tous les collectionneurs s'arrachaient. Comme tous, il avait entendu ces histoires ou des vagabonds immunisés avaient déniché des objets d'une grande valeur et avaient fait fortune. Il aurait tant apprécié que Karpov, l'ouvre et qu'il y découvre une relique des temps passés, un trésor d'avant la Chute.

Mais non. Rien de cela, juste un coffre à ouverture gamma...

Tant pis Paul. Ton imagination s'est encore une fois jouée de toi.

Paul a besoin qu'on le traine hors des sentiers trop battus de son quotidien de citadin sans histoire. Après toutes les épreuves qu'il a traversées ces derniers temps, il est urgent pour lui de mettre à nouveau son esprit sous une perfusion de rêves.

Mais voila... il est de retour à la case départ, planté sans son salon, avec ses pensées qui s'entrechoquent dans sa boite crânienne de rêveur patenté. Adèle, de son côté, est déjà affairée à la collecte de détritus qui jonchent le sol et programme le robot ménager en sifflotant.

Au moins paraît-elle heureuse, et n'est-ce pas là l'essentiel ?

Paul s'adosse un instant sur le mur de son salon. L'holotranscipteur qui lui fait face diffuse les nouvelles de M1, mais le son est coupé. La speakerine aux yeux de biche et aux lèvres botoxées semble réciter mot pour mot ce que son interface visuelle intégrée dans l'œil lui dicte. Son visage ne laisse filtrer aucune émotion.

Pas besoin d'être un synthé pour paraître inhumain ; Adèle a peut-être raison.

Foutus implants!

Paul n'en à jamais voulu, ni pour lui ni pour sa fille, bien qu'elle lui ait réclamé plusieurs fois. Bien ok, il est équipé d'un intra, comme tout le monde.Mais peut-être qu'Adèle souffrira un jour de ses convictions ? Elle est encore jeune, mais arrivera bientôt le temps où elle sera en concurrence avec d'autres pour ses études et peut-être que son patrimoine génétique ne sera pas suffisant.

Non, Adèle est une fille intelligente, Paul en est persuadé. D'ailleurs, la sélection génétique est programmée pour cette année. En entendant sa fille chanter à tue-tête dans sa chambre, Paul se rassure. Cela n'a pas l'air de la stresser au moins.

Elle a la même voix que sa mère.

Élise... Comme bien souvent, lorsqu'il se laisse aller à vagabonder dans ses pensées, elle surgit et occupe toute son attention. Peut-être est-il temps de lui rendre une petite visite ? Paul hésite puis se dirige vers sa chambre. Une fois la porte fermée, il se fraie un passage à travers les habits qui jonchent le sol, puis s'assoit sur le rebord du lit et saisit son neurotranscripteur. Il prend une grande inspiration et ajuste l'appareil.

— Projet Élise, dit-il à demi-mot, les yeux déjà mouillés par des larmes naissantes.

— Plongée totale, ajoute-t-il, avant d'activer l'appareil.

En un clignement de paupière, Paul se retrouve dans sa maison de campagne. La plongée totale lui permet de percevoir l'odeur familière d'une marmite de confiture de fraise qui bout sur le feu. Il ressent la chaleur provenant de l'extérieur, à peine filtrée par les rideaux à demi clos, qui laissent passer un faisceau de lumiere dans lequel dansent quelques grains de poussiere. Élise l'apercoit et lui sourit. Plus belle que jamais, radieuse dans une robe à fleurs, éclatante, sémillante.

— Vient Paul ! Adèle fait une sieste. On un peu de temps pour nous.

Son regard pétillant et son déhanchement ne laissent aucun doute sur ses intentions.

Paul avance vers elle, à petits pas. Son cœur bat la chamade,

— Oh, Élise ! tu m'a tellement manqué, murmure-t-il avant de la prendre dans ses bras.

Il l'embrasse avec fougue, une main caressant ses cheveux alors que l'autre tente de faire tomber la robe.

— Fait moi l'amour Paul... prend moi, lui susurre Élise à l'oreille alors qu'elle lui saisit l'entrejambe.

Puis tout s'éteint. Plus de maison, plus d'Élise. Juste le noir et l'écho d'une voix qui va en diminuant dans sa tête.

— Batteries insuffisantes, veuillez recharger votre transcripteur, dit une voix de femme.

Hagard, Paul pose l'appareil sur son socle pour le recharger, renifle un bon coup puis essuie ses yeux embués.

Ensuite, plus triste et déprimé que jamais, il oriente son flegme vers le sofa qui trône au centre du salon, face à l'holotranscripteur. D'un ordre vocal, il active le massage cervical et choisi un morceau de son groupe préféré les « powered chickens » via les commandes tactiles de l'holo. C'est un bon rock agressif sans trop d'effets numériques. Il sait que sa fille déteste, mais il préfère cela à ses sifflements et chantonnements et puis de toute façon elle est occupée à nettoyer et ranger l'appartement.

Il se love et tend ses jambes.

Les mains dans les poches et les yeux dans le vague, Paul se laisse aller et tente de faire le vide, après quelques chansons, il finit enfin par poser son regard sur les deux gros poissons qui évoluent lentement dans la table aquarium et se surprend à les envier. Vous au moins, vous êtes bien : nourris, logés, vous n'avez pas d'œuvre à finir pour pouvoir subsister.

Une décharge d'adrénaline l'électrise sur place.

Œuvre à finir ! Merde !

D'un rapide coup d'œil, il regarde l'horloge holographique accrochée au-dessus de la porte d'entrée.

Son rendez-vous ! Il vient de manquer son rendez-vous chez Psycorp.

Quinze minutes de retard ! C'est jouable Bon Dieu !

Paul s'expulse du sofa en ahanant et se lance dans sa danse de l'homme pressé. Dans la panique, il en massacre tous les pas et se perd dans d'innombrables et inutiles allers retour entre le salon, sa chambre, la chambre de sa fille.

Dans l'urgence, il tente d'assembler quelques habits, priant pour que dans sa hâte, il ne s'accoutre pas d'un ensemble dépareillé.

Puis, non sans mal, et après avoir parcouru tout l'appartement pour réunir les pièces de son puzzle de costume, il ajuste une ultime fois sa veste devant le miroir de l'entrée et peigne sa chevelure hirsute à l'aide de sa main. Le bilan n'est pas catastrophique : la cravate est voyante, sans pour autant violer les codes vestimentaires en vigueur. Elle fera l'affaire. Paul n'est pas rasé, mais il porte bien la barbe naissante d'après sa fille. Sa peau est encore rouge en revanche.

Maudite douche à nano particule !

— Adèle ! Je dois partir chez Psycorp ! braille-t-il.

Et ton travail ! Tu l'emmènes pas ?

Alors qu'il s'apprête à sortir, Paul fait une brusque marche arrière. Il court en direction de son neurotranscripteur à peine rechargé, en bousculant Adèle qui, les écouteurs vissés sur les oreilles vient de sortir de sa propre chambre.

— Hey ! Bha te gène pas fait comme chez toi, bouscule ta fille et t'excuses pas surtout !

— Adèle Bordel, je n'ai pas le temps là. T'a pas entendu ! Je suis en retard pour un rendez-vous hyper important !

— Et pourquoi ça ne m'étonne pas ? Adèle hausse les épaules et replace les écouteurs sur ses oreilles.

Une fois le neurotranscripteur bien en main, Paul est enfin prêt à sortir de l'appartement. Il presse le pas et s'engouffre de justesse dans l'ascenseur qui est en train de se fermer.

Une jeune femme, vêtue d'une jupe très courte est déjà dans la cabine. Il la salue d'un timide bonjour.

Durant la descente de vingt étages, il sait qu'il doit partager l'exiguïté de la cabine avec sa voisine de palier et cela l'effraie. C'est une nymphomane notoire qui a eu des vues sur lui pendant un moment. Paul se sent très mal à l'aise en sa présence. Elle est assez agréable à regarder, surtout moulée dans son haut trop serré, qui laisse apparaitre ses courbes avantageuses, mais elle lui semble tellement vulgaire. Trop de maquillage, un rouge à lèvres qui change de couleurs toutes les dix secondes, un electro tatoo tribal sur la joue droite et puis il y a ce parfum envahissant dont les fragrances lui agressent les narines.

Durant la descente, à mi-chemin, elle tente de briser la glace. En faisant papillonner les trop longs cils de ses grands yeux mauves (lentilles ou implants) elle s'adresse à Paul.

— Ho monsieur Veldon. Vous savez que je suis une grande fan de vos travaux. J'ai toute la collection des rêves aux Caraïbes. Ça donne vraiment envie d'y aller. Bon évidemment on peut pas, mais quand même. Et puis je me disais, comment vous faites pour créer ces rêves, ça paraît si réel. Vous n'avez jamais été aux caraïbes pourtant, enfin c'est impossible et...

— Ce sont des extrapolations de données, coupe Paul qui a décidé de marquer sa distance. Rien de plus que cela. L'espace diégétique est le produit de données factuelles, de calculs savants et d'une bonne dose de créativité. Votre cerveau est leurré puis transmet de fausses informations à votre organisme, car l'e-dream se substitue à vos sens. C'est assez élémentaire quand on y pense.

— Ha, fait-elle le regard perdu, je vois, je vois. Mais son air incrédule indique tout le contraire. Gênée, elle baisse les yeux et se tait pour le reste du trajet.

Lorsque la sonnerie retentit, c'est une délivrance pour Paul dont la misanthropie naturelle a tendance à s'exacerber lorsque des personnes tentent de rentrer en contact avec lui, surtout quand celles-ci ont la main lourde sur les parfums capiteux.

Paul sort de l'immeuble et se jette bon gré mal gré dans la ville, dont les artères sont déjà gorgées d'une foule compacte. À peine est-il dehors que l'angoisse prend naissance dans son ventre. Paul prend une grande respiration ; puis expire lentement.

Hors de question de prendre le transtube sans Adèle, il ne réussira jamais à franchir l'épreuve d'une station bondée de monde tout seul. Il veut héler un taxi avant de se rappeler que cela faisait au moins dix ans que la méthode a changé.

Paul compose un appel depuis sa montre.

La voiture hovercraft jaune et noire arrive une quinzaine de secondes plus tard, jaillissant de la rue bondée. Le véhicule plane légèrement avant de se poser en douceur, faisant voler la poussière au sol.

Un vieux monsieur en canne en descend. Paul remarque immédiatement un camo-avatar de bas niveau. Quelle idée de se déguiser en vieux, pense-t-il, avant de s'engouffrer lui même dans l'habitacle du taxi. Une forte odeur de fraise se mêle à celle du cuir neuf. Décidément son nez est la cible de multiples agressions aujourd'hui.

Le taxi, un gros type rubicond, dont la bouche épaisse est surmontée d'imposantes moustaches rousses l'interpelle en tournant sa grosse tête vers lui..

— Je vous amène où monsieur ?

— Chez Psycorp.

— Vous travaillez là-bas ou c'est pour une visite ?

Paul se rembrunit.

Qu'est-ce que ça peut lui foutre, pense-t-il.

— Ni vraiment'un, ni vraiment l'autre, répond Paul.

Le taxi glousse de rire. Un rire gras, un rire de cochon.

— Vous êtes drôle vous ! Ça veut dire quoi votre réponse ?

— Ça veut dire que je vais passer un entretien. Je suis un créateur d'e-dreams. Sil ils sont contents de mon échantillon, je décroche un contrat. Sinon, et bien, disons que je m'expose à un futur moins glorieux. Voila, vous savez tout.

— J'ai jamais plongé dans un e-dream. Je suis un peu vieux jeu. Je viens de la Ruche et quand j'étais petit, on n'avait pas les moyens pour ce genre de choses.

Paul sourit. Il compatit.

— Vous ne perdez rien, vous savez. Rien du tout. En fait, c'est un passe-temps pour ceux qui n'ont vraiment que ça à faire. Si vous avez trouvé de quoi vous occuper dans ce monde, alors nul besoin de planer dans un de rêve créé par des inductions électriques dans votre boîte crânienne. Je vous envierais presque.

— Hé ben. Vous n'avez pas l'air d'aimer ça dit donc, répond le taxi. Alors, pourquoi en créer ?

— Parce que je sais le faire et aussi parce qu'il le faut. Certaines personnes en ont besoin pour s'échapper un moment de la bulle dans laquelle nous vivons. Les plus faibles ont besoin d'échappatoires.

Le taxi pointe son index vers le haut.

— Quand vous parlez de bulle, vous pensez au dôme, c'est ça ?

— Exactement ça... le dôme. Ce foutu dôme.

Et la discussion s'arrête sur ce dernier mot.

À peine cinq minutes plus tard, le taxi dépose Paul devant le complexe.

— Bonne chance ! dit le rougeaud, avant de s'élever et de reprendre sa course.

Et le taxi hovercraft s'envole dans les hauteurs et disparaît dans la nuée de véhicules, qui virevoltent entre les plateaux.

Ça y est. Le moment de vérité. Paul sent son sang bouillir dans ses veines et son estomac se retourner.

Vu de l'extérieur, l'édifice Psycorp en impose. Au centre d'un jardin fleuri, trois immenses dômes flanquent une immense tour qui monte jusqu'au sommet de M1. La grande tour du conseil.

Si on retire un dôme, on dirait un pénis en érection.

En ce moment même les dômes satellites irradient de lumière diffusent un documentaire sur la conversion des anciennes usines nucléaires de la ruche en générateur teslaique de nouvelle génération.

En général, Paul n'aime pas le « tape à l'œil ». Mais il doit bien s'incliner devant les efforts déployés pour frapper la rétine. Le siège de Psycorp est une forteresse de couleurs, l'épicentre de la culture de M1 et des autres cités dôme.

Le cœur de l'information et des médias. Rien de moins.

Et lui, Paul Veldon, s'y rend en conquérant.

Cette pensée lui donne du baume au cœur, et c'est d'un pas léger, mais déterminé qu'il traverse le parc fleuri pour se rendre à la tour centrale.

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