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La Ruche

À 18 h 15, Paul quitte son immeuble en trombe et prend la direction de la station transtube la plus proche. Le taxi n'est pas une option, car le timing est serré, et aucun véhicule privé n'est autorisé à se rendre dans la ruche. Paul sait qu'il va se mettre à l'épreuve, mais le scénario imprimé dans sa tête ne laisse pas la place au doute : sa fille est en danger !

Malgré un léger embonpoint et un manque d'exercice, il parvient à courir une longue distance en maintenant un rythme soutenu jusqu'à la station.  Mu par une force qui le transcende, il fait fi de la douleur, et parcourt les derniers mètres jusqu'à l'épuisement total.

Lorsqu'il arrive aux abords de la station du Tube, Paul est sur le bord de s'évanouir ; il dégouline de sueur et parvient à peine à respirer. Le vacarme de la ville et du brouhaha résonne dans sa tête, à l'unisson avec le battements de son cœur qui semble vouloir s'échapper de sa poitrine. Il cherche un endroit pour se poser, mais constate que les bancs sont tous occupés. 

Dépité,  il se laisse choir comme une poupée de chiffon, et s'allonge à même le sol. Au-dessus de sa tête, le panneau holographique indique que la prochaine navette sera disponible dans cinq minutes. C'est assez pour se remettre de sa course. Paul ferme les yeux un court moment. Lorsque le panneau affiche une minute, il essuie son front beurré de sueur d'un revers de sa chemise, et se lève.  La rame est bondée,  c'est l'heure à laquelle les gens retournent chez eux après le travail.

Angoisse ; il se retrouve donc coincé dans une foule compacte qui s'agglutine et se compresse autour de lui. 

Paul répète le prénom de sa fille à haute voix, en fixant le sol, afin de réguler son rythme cardiaque qui commence de nouveau à s'emballer. Il sait que l'attaque panique est proche, causée autant par les lumières multicolores qui dansent entre les immeubles et se réfléchissent sur le dôme, que par le monde amassé autour de lui. Sa poitrine est une cage pour ses poumons et l'air semble lui manquer. Sa paranoïa s'amplifie encore plus lorsqu'il est seul et baigné dans la foule. 

Il regarde autour de lui : il ne perçoit plus que des mines patibulaires, des habits étranges, et des regards de biais.

Il est si différent d'eux. Seul et isolé alors qu'ils sont tous connectés à la grande marée numérique ; leurs ondes cérébrales en interaction avec tous les appareils de la pieuvre M1. Lui, sera à jamais écarté de cette communion, de cet esprit de ruche !

Une anomalie Paul... tu es une anomalie !

Et dire que ce matin,  à la même place, il était accompagné de sa fille. Il avait ri de son espièglerie, s'était étonné de son humour déjà bien développé pour son jeune âgé et s'était ému lorsqu'il avait senti l'étreinte de sa main alors qu'elle s'était sentie vulnérable dans les abords du dôme. 

Ici, la situation est bien différente ; Paul est seul, et tourmenté par un imaginaire qui ne laisse aucune place à l'espoir.

Quel piètre humain tu fais Paul ! Quel piètre père ! Ressaisis-toi et cesse de t'apitoyer sur ton sort. Ta fille est en danger bon sang !

Les larmes montent. Paul pleure dans l'indifférence générale. Et puis soudain, il se sent poussé et bousculé. La capsule vient d'arriver. En quelques secondes, il est happé par la foule et se retrouve avalé par l'habitacle. Les voyants passent au  vert, et le wagon est propulsé dans le tube à énergie vide à la vitesse d'un missile.

Le trajet dure à peine cinq minutes jusqu'au centre du dôme, là où l'attend le grand ascenseur de verre.

Ce gigantesque monument, épine dorsale de M1 est placé  au centre du dôme. Ce colosse de plexiglas et de métal fonctionne sans discontinuer nuit et jour et achemine des milliers de personnes entre les différentes strates de M1.

Lorsqu'il sort de la navette, Paul a encore les yeux encore embués, mais la tristesse disparaît assez vite pour laisser place à une angoisse plus grande.

La Place Nicholas Tesla est noire de monde et la file d'attente pour se rendre à l'ascenseur de verre semble interminable.

Pas question d'attendre néanmoins. La situation exige de Paul qu'il passe outre les principes de politesse et de bienséance. La vision de sa fille en détresse imprimée dans son esprit lui donne le courage nécessaire pour affronter les courrants qui refluent dans la marée humaine. 

Paul se lance dans la masse. Il joue des coudes, se faufillle.  Ses phobies  l'assaillent, il les contre par des mantras ; il répète inlassablement le prénom de sa fille et de sa femme, puisant dans la répétition de ces sons, une énergie qui lui permet d'avancer sans vaciller. Sa progression en force dans l'amas compact lui vaut quelques regards désapprobateurs.

Allez tous au diable ! pense-t-il. Seule Adèle compte.

Paul parvient aux abords de l'ascenseur. Il constate que les cabines descendent à grande vitesse vers les couches inférieures. À cet instant précis, Paul mesure combien il serait plus plaisant et confortable d'être ailleurs. Sans l'amour qu'il voue à sa fille, il n'y serait jamais arrivé.

18 h 40. Il sait que bientôt viendra le moment inéluctable où il aura à franchir le seuil de l'immense porte chromée et passera les cercles de Dantes dans une capsule propulsée à haute vitesse pour se rendre sous la surface de M1. 

Directement au cœur de la Ruche

Et Dieu sait que Paul haït la ruche... C'est une peur profonde et sourde, enracinée dans son enfance, le fatalisme :  tous ces gens entassés les un sur les autres, prisonniers de leur routine et de leur labeur, destinés à rester sous terre toute leur vie.

La ruche porte mal son nom. C'est une fourmilière.

Arrivé au seuil de l'immense bâtiment amovible. Il observe la dernière fournée descendre devant lui et disparaître quasi instantanément, happée par les entrailles de la mégalopole. Il sait que cinq minutes plus tard, le plateau remontera, avec un nouveau lot de voyageurs à son bord.

Et ce moment arrive bien trop vite à son goût. Lorsqu'il voit les gens en sortir, il inspire un bon coup et se frotte les mains pour se donner du courage.

C'est ainsi que le souffle court et le cœur bondissant dans sa poitrine au point d'exploser, il s'engage et franchit le seuil de la lourde porte chromée. Une fois placé sur le plateau transparent, il se crispe et tente de respirer par à-coup.

D'où il était situé, il peut voir à travers la vitrine de plexiglas les rues bondées des strates inférieures.

Une fois le dernier passager entré, les portes se ferment et l'ascenseur amorce sa descente ; le pouls de Paul monte en flèche.

Il y a une secousse. La chute soudaine de la cabine arrache un cri de surprise à la foule.

Arrivé à mi-chemin, Paul se sent étranger à son propre corps. Il n'est plus conscient que des battements de son cœur et tous les autres sons lui semblent lointains. Il se force à respirer de plus belle, et tente de prendre de grosses bouffées d'air. Malgré les efforts, il suffoque.

Adèle, Elise, Adèle...

— Adéle, Adéle !

Le cri poussé fait bondir de surprise, un vieux monsieur qui attendait  sur le plateau.

La cabine ralentit enfin. Paul n'est pas rassuré pour autant.

Le plateau fini par se poser. Les portes s'ouvrent sur un  corridor creusé à même la pierre.

Paul réalise. Il est revenu dans  la Ruche, le cloaque urbain, la fange de M1.

« Bienvenu dans La Ruche ! Véritable force vive au centre de la capitale des Dôme M1. la Ruche en est le cœur, le moteur et les fondations. » 

Le message est inscrit sur l'écran holo qui éclaire de son faible halo bleu, le couloir creusé sur les parois, où des tags numériques ondulent au rythme de la musique tribale projetée par de haut parleurs enchâssés dans la pierre.

Il sait que le pire est à venir. La ruche c'est son enfer.

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