Cernes
Diane est n'a pas quitté la salle circulaire située au centre du vaste étage occupé par la police depuis qu'elle est revenue de la scène de crime.
La machine sur laquelle elle est connectée, est équipée d'un processeur organique, dont l'aspect, inspiré du cerveau humain, évoque une expérience biologique qui aurait mal tourné.
Dans la plus pure tradition de l'art NéoCbyer, il est exposé, beigne dans un liquide bleuté, et est parcouru de tuyaux en acier. Diane n'est pas comme la plupart des personnes qui voient cet étalage de chair et de métal comme une déviance obscène de l'IA. Elle apprécie ce côté humain dans la machine. Les cœurs palpitant dans un corps d'acier. La froideur du métal, contre la chaleur de la chair .
Des ordinateurs vivants. N'est-ce pas mieux ? Plus naturel ?
Sa recherche porte sur l'appareil répondant aux ondes gamma. Elle tente de découvrir des anomalies enregistrées. Dans le même temps, elle analyse de nouveau le dossier des victimes précédentes. Les visages, les photographies, les vidéos. Toutes ces données lui apparaissent sous forme d'images mentales, qu'elle arrange, classe et accommode à la manière d'un puzzle que l'on tente de reconstituer. Comme à chaque fois qu'elle opte pour une plongée profonde dans l'Alterné, elle commence à ressentir une légère irritation au niveau des narines. Une petite gêne qui finit toujours en forte démangeaison. Les efforts prolongés déclenchent la grogne de son organisme qui finit par lui envoyer un message clair. Mais elle préfère sans doute se taillader le nez avec ses ongles plutôt que lâcher prise.
Ondes Gamma. Victimes. Point commun. Anomalies. Tueur.
Les pièces sont en place, en évidence, mais ne s'assemblent pas.
Foutu puzzle ! Je te l'avais dit de ne pas fumer !, lui reproche Cassandre.
Diane ne peut réprimer un bâillement qui lui provoque une crampe à la mâchoire.
Malgré cela, elle continue une bonne heure, avant de capituler.
Puis, un détail attire son attention. Comme un insecte minuscule que l'on finit par remarquer sur son écran après une trop longue séance de travail.
Ses yeux s'écarquillent et elle fronce le front.
Mais oui ! Comment n'y a elle pas pensé avant ?
Si sa logique était exacte ; le fait d'avoir un handicap gamma implique forcément une forme de traitement ou de soin particulier...
Il faut donc éplucher de nouveau les dossiers médicaux, mais en les analysant sous un autre angle ; trouver l'historique, les traitements !
L'excitation la gagne de nouveau, faisant taire les plaintes de son organisme, qui après tout est aussi curieux qu'elle.
Il faut reprendre chaque dossier, fouiller les antécédents médicaux avec comme critère de recherche : Handicap Gamma.
Diane est tirée de sa transe lorsqu'une grosse main se pose sur son épaule. La surprise lui arrache un hoquet et elle fait volte-face.
Le gros Phil, placide pachyderme au flegme mythique, un croissant à la main, lui adresse un sourire gêné. Ses yeux de nounours sont fixés sur elle.
— Putain Phil, merde tu m'as foutu les jetons.
— Désolé Diane, mais...
— Écoutes Phil. Pour hier c'est oublié, je te réintègre, on passe l'éponge, d'ailleurs j'ai du boulot à te filer.
Les yeux de Phil s'écarquillent un peu plus. Sa bouche s'ouvre, se ferme et il finit par dire :
— Écoutes, non c'est pas ça du tout... enfin ça on pourra en parler. Non, c'est le boss qui m'envoie. Il veut te voir, il m'a dit que c'était urgent. Un vieux dossier, il... Phil se tut avant de reprendre. Enfin bref... tu le connais.
Une lueur de contrariété traverse les yeux éteints de l'enquêtrice et sa moue se renfrogne.
Elle sait d'instinct que cette convocation ne va pas lui plaire.
— Merci Phil, dit-elle plus doucement qu'à la normale. Dis tu peux faire une recherche pour moi ? Essaye de retrouver les antécédents médicaux de toutes les victimes. Recherche tout ce qui a rapport au handicap Gamma.
— Pas de problème Diane, lâche Phil surpris de la diligence dont vient de faire preuve le dragon du bureau.
Il considère sa collègue d'un œil nouveau lorsqu'elle toque à la porte du chef divisionnaire. En trois ans, il ne l'a jamais entendue dire un merci, autrement que sur un ton sarcastique. En engloutissant son dernier bout de croissant, et se pourléchant les babines, il ne sait dire si ce revirement de caractère, fût-il bref, augure du bon pour l'avenir...
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