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Adèle

Paul quitte l'immeuble une heure plus tard, il est décomposé, anéanti.

Annulé. Le contrat est annulé.

Les critiques ont fusé : Pas assez néo cyber. Bien dans la forme et l'intention, mais bien trop axé sur l'ancien paradigme de cervo création. Manque manifeste de modernité. Suppure la désuétude, a dit l'un. Trop baroque, pas assez organique, à dit un autre. On veut plus d'oxymores.

Et l'autre imbécile de Docteur Jolivalt — qui évoque pour Paul, une rencontre improbable entre un ours et un porc — qui s'est permit d'ajouter 

« Votre matériel est vraiment désuet. Je pense que vous devriez opter pour un modèle plus récent ». Même les autres du conseil se sont sentis gênés, car aucun, à part ce cochon dégoulinant d'imbécilité crasse,  ignorait que Paul souffre un handicap gamma et que son choix dans les neurotranscripteur est limité.

Il s'est certes tu pendant tout le reste de l'entretien, mais le mal a été fait.

Finalement, après une succession d'assaut, Bruckwel a enfoncé le clou en disant que c'est une erreur d'avoir fait appel à lui. Qu'il est un auteur de talent, mais pas assez orienté mode, pas assez populaire, trop... auteur justement.

Trop auteur.

Paul en serre son neurotranscripteur de Rage.

Je vais t'en donner de l'auteur moi, vieux débris arrogant !

Il reste un bon moment à errer dans les jardins, sans but précis, comme une coquille vide.

Il a besoin de temps pour accuser le coup. De beaucoup de temps. 

Ce n'est pas tant la gloire, ou le prestige qui part en fumée, que la manne financière qui vient de s'envoler.

Après avoir vagabondé  dans allées qui traversent les neuf  cercles concentriques du parc, il finit par se laisser choir sur un banc.

Devant lui, quelques papillons virevoltent de fleur en fleur. Des faux bien sûr. Il ne peut s'empêcher de penser que ces insectes doivent exécuter là même une routine programmée, répétant inlassablement les mêmes mouvements dans la journée. 

Pas mieux que les humains. L'illusion de la liberté en moins.

Paul observe les gens aux alentours. Malgré la pluie — elle aussi le produit de routines planifiées par l'IA —, tous paraissent heureux ou font semblant de l'être. Des Mamans qui promènent leurs petits, de jeunes amoureux qui se tiennent la main. Même un mendiant creusé de ride, mais dont le visage n'est marqué par aucun stigmate de misère.

C'est presque dérangeant de voir tous ces faciès souriants qui déambulent dans le parc dans l'insouciance la plus totale.

Ils vivent quand même dans une ville, qui dans le fond, n'est rien de plus qu'une arche de Noé qui abrite une grande partie des derniers Terriens.

Est-ce pareil dans M3 ou M4 ? Les gens sont-ils aussi indifférents à leurs conditions et se contentent-ils de vivre le sourire aux lèvres, heureux de leur quotidien de dernier représentant de l'humanité ?

Comme à chaque fois qu'un obstacle se met sur sa route, Paul ressent le besoin de relativiser sa position, de se remettre à sa place dans le monde.

Il vient juste de perdre le meilleur contrat qu'on ne lui proposera jamais, mais au moins est-il vivant et chanceux de ne pas avoir été balayé de la surface de la planète ; comme ces milliards de personnes lorsque la grande pandémie avait frappé plusieurs dizaines d'années avant. Tous ces gens, c'est peut-être eux qui ont raison dans le fond. Pourquoi se miner l'existence à penser aux pandémies, aux guerres ou autres fléaux. L'IA a peut-être raison de les plonger dans cette béatitude extatique. Une petite averse, un arc en ciel, et même de la neige artificielle. Et puis si la réalité ne suffit pas, bien pourquoi ne pas plonger dans l'Alterné historique pour y vivre comme avant la chute !

La luminosité déclinante fait sortir Paul de ses pensées. En constant l'heure tardive, il se décide finalement à appeler un taxi. La fausse pluie a cessé de tomber et un non moins faux, mais prévisible arc-en-ciel luit dans le dôme, arrachant des exclamations aux badauds.

Paul redoute de rentrer à l'appartement et de devoir annoncer la nouvelle. Il visualise trop bien la scène.

Bon, ma chérie, tu sais ces vacances dans le parc maritime de M2, bien ça ne sera pas pour cette fois-ci .

Se voir se refléter son échec dans les yeux de sa fille, voilà ce qui le mine le plus !

Le taxi arrive sur place en moins d'une minute.

Lorsque Paul rentre dans l'habitacle, il est surpris de voir le même conducteur et visiblement sa surprise doit se lire sur son visage, car le taxi lui dit :

— J'ai reconnu votre numéro d'appel, et par chance j'étais disponible.

Puis vient la question que Paul redoute.

— Alors cet entretien msieur Veldon ? C'était comment ?

— Aussi agréable que de se laver dans une douche à nano particule.

Le taxi est sur le point de parler, mais le regard de paul l'en décourage.

Le trajet du retour est donc plutôt cafardeux. Le conducteur n'ose pas briser le silence et Paul ne fait rien pour l'encourager. Son visage est penché et son regard fixé sur ses chaussures. L'habitacle empeste toujours autant cette odeur de fraise synthétique et la musique électro lancinante, commence à lui taper sur le système nerveux.

Au bout de vingt minutes, Paul se retrouve devant les portes de son immeuble.

— Au revoir, monsieur Veldon, Courage !

— Merci, au revoir, répond-il d'une faible voix.

Et le rougeaud repart dans la nuée.

En prenant l'ascenseur, Paul repense à sa voisine. Il aimerait bien la croiser et lui demander ce qui est tendance, à la mode, populaire et pas... auteur.

Il aimerait voir ses yeux de poulet tenter de comprendre ce qu'il lui dit. Voir sa bouche surchargée de rouge à levres s'ouvrir et se fermer comme celle du poisson dans son bocal. C'est mal,  mais au moins cela lui ferait du bien. Et il avait besoin, là, maintenant de se faire du bien. Tiens il serait même prêt à la prendre quitte à l'insulter pendant leurs ébats.

Et puis merde. Doit-on systématiquement produire du prémâché sous cellophane pour plaire ? Ne peut-il pas y avoir d'incursion, aussi fugaces soient-elles, dans une couche plus profonde que l'épiderme culturel du monde du spectacle et des médias. Sont ils tous si peu ouverts ? Où était-ce lui ?

Tu es une anomalie Paul.

D'une part à cause de ce foutu handicap et aussi parce qu'il est incapable de se satisfaire de la fange culturelle dans laquelle, tous paraissaient se complaire.

Le bruit de l'ascenseur lui serre le cœur. Il doit annoncer son échec et il n'est pas encore prêt pour ça.

Paul se racle la gorge, répète  ce qu'il va devoir dire à sa fille, tout en s'imaginant son visage perdre son éclat.

Puis, il prend une grande respiration et se dirige vers  son appartement.

Mais, en arrivant devant chez lui, Paul se raidit.

La porte. Elle est entrouverte. Chose assez inhabituelle, connaissant sa fille.

Inquiet, il la pousse de la main.

La musique Rock puissante des « Powered Chikens » rugit toujours dans le salon.

Quelque chose cloche.  

Un léger frisson commence à lui courir le long de la colonne.

Il progresse à pas feutrés dans le salon, et puis remarque un vase cassé ainsi qu'un portemanteau renversé.

Paul est pris d'un soudain vertige, son sang bouillonne et le cœur se met à battre la chamade.

Il appelle :

— Adèle ? Tu es là ?

Aucune réponse. Une autre chanson prend  le relais. Paul se précipite pour la couper.

— Adèle ? hurle-t-il cette fois-ci.

Paul parcourt chaque pièce de la maison. Sa maison a été mise à sac ! Affaires renversées, tiroirs fouillés. 

Sa pression artérielle augmente  en flèche, il a l'impression que sa tête va exploser.

— Adèle dis moi que tu te caches bon sang ! C'est moi Papa ! Il s'époumone en criant le nom de sa fille, et sa voix finit en un sanglot étranglé.

Les larmes lui montent aux yeux. Paul est paralysé de douleur.

Quelque chose est arrivé, plus aucun doute possible.

La musique, l'appartement sens dessus dessous. Il a dû y avoir une lutte et puis...

Et puis quoi ?

Paul refuse de répondre à cela. Il n'en est pas capable.

Il s'affaisse et s'adosse à la table basse, incapable d'agir.

Il faut bouger. Tu ne peux pas rester comme ça. La police ; appelle la police. Bouge ton cul Paul Veldon.

Il se lève soudainement et se précipite sur le mini holo qui repose sur la commode dans l'entrée... et remarque que le témoin lumineux est allumé. Tremblotant, et inquiet, Paul active la commande.

— Messages, dit-il d'une voix chevrotante.

— Vous avez trois nouveaux messages.

Paul retient sa respiration. Le premier message provient d'un vendeur d'espaces de voyages dans l'alterné. Le deuxième... vient d'Adèle !

Il hoquète puis sanglote à l'écoute de sa voix.

— Papa, bon je t'ai laissé trois messages sur ton intra, mais visiblement t'a pas répondu. Un type a appelé, concernant le coffret qu'on t'a envoyé. Il paraissait un peu nerveux, mais très sympa. Il m'a dit qu'il n'avait pas trop le temps et qu'il était disponible cet après-midi. Il habite à deux pas du musée de la mémoire. Écoute ne t'inquiètes pas je gère ! Je suis trop excitée, on se croirait dans un film d'espionnage !

Bon sang, son intra ! il l'avait débranché pour ne pas être dérangé lors de sa réunion. Paul enrage en pensant qu'il a coupé son cellulaire à cause de cette maudite réunion !

À la nouvelle, la tristesse et l'angoisse dimininuent pour laisser la place à l'inquiétude.

Mais à quoi pense-t-elle bon sang ? Le musée de la mémoire, c'est dans la Ruche ! Et qui est ce type sorti de nulle part et comment peut-il être au courant pour cette clé ? Et puis il y a aussi l'appartement qui a été visité. Sûrement après le départ de sa fille. Ce qui veut dire que quelqu'un va la pister. La liste des questions s'allonge  et Paul ne peut contenir le bourdonnement qui s'intensifie dans sa tête. Lorsque son imaginaire se met en branle ; le jeu des questions et des réponses donne forme à des scénarios catastrophes dans son esprit angoissé.

Des bandits sont à la recherche de l'objet, ils ont dû savoir que je l'avais reçu, et puis... ils ont appelé. Adèle a été piégée et... non. Cela ne colle pas, dans ce cas ils n'auraient pas remué l'appartement.

Paul se sent très las. Il sait que son imagination lui joue souvent des tours, en l'emmenant dans les allées sombres de son esprit, là où naissaient ses peurs profondes et ses angoisses. Il s'y perd d'ailleurs très souvent, trop souvent. Mais cela est plus fort que lui, surtout lorsqu'il s'agit de sa fille, sans laquelle il ne peut s'imaginer vivre. 

Elle est tout pour lui.

Rester ici et l'attendre, cela signifie ne pas écouter ses peurs et gagner un combat contre lui même. Y aller (et/ou ça donc Paul ?), c'est écouter ses peurs, mais aussi peut-être aussi secourir sa fille... au cas où.

Par contre, si des personnes veulent mettre la main sur le coffre, leur prochaine destination doit logiquement être chez Karpov. Et dans le cas probable où ces types sont des bandits ou des types appartenant à des associations mafieuses, il y a fort à parier qu'ils disposent de bien des moyens pour parvenir à leurs fins.

Tant pis, Karpov, peut-être que tu cours un danger, mais ma fille aussi.

Aller dans la ruche. Cela représente le pire cauchemar de Paul. Son agoraphobie est gérable dans l'espace Olympe ou dans la strate inférieure. Le bord de dôme est limite tolérable et sans Adèle il est impossible qu'il s'y rende sans avoir à gérer une attaque de panique.

Mais cela n'est rien à côté de la Ruche. Même avec sa fille cela représente un défi insurmontable. Et pourtant il va bien falloir qu'il le fasse. Son amour de sa fille est plus grand que ses peurs et il s'accrochera à son image comme on peut s'accrocher à une torche dans l'obscurité. En plus, il avait manqué ses dernières séances de thérapie.

Mais sa décision est prise. Paul  quitte l'appartement. 

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