Yeux ambres (1)
Je prends une douche froide dans les vestiaires, afin de pouvoir évacuer toute l'adrénaline qui permet encore à J de me dominer. Hors de la cage, elle connaît sa place. Tout au fond de moi, enfouie entre les bonnes manières et la fille studieuse que je suis. Je ne la laisse pas sortir ailleurs qu'ici. Ce serait bien trop dangereux.
Les gens me prendraient pour une écervelée, une folle. Ils ne comprendraient pas le bonheur que c'est de pouvoir exprimer la plus sombre partie de soi. Cette partie qui me ronge, mais que je cache à la société pour paraître normale. Ce petit côté vicieux que j'ai dévoilé au monde dans les abysses du Dôme.
J'ai commencé les combats ici pour l'argent. J'en avais besoin pour pouvoir m'inscrire à l'université, afin d'être en mesure d'aider ma famille. Mais depuis un certain temps, ma motivation est tout autre. Je viens ici pour me libérer. J commence à prendre trop de place en moi. Je préfère la calmer en lui offrant ces combats dans la cage. Et Tant que Drew gagne un max, tout va bien.
Je sors de la douche une serviette autour du corps et Drew vient me rejoindre dans les vestiaires.
- J, tu as encore assuré ce soir. Même moi, j'ai douté de tes capacités à un instant pour être honnête. Mais la manière dont tu l'as mis à terre... C'était agressif, primitif. C'était tout ce que j'attendais de toi.
Je l'écoute commenter mon combat, tandis que les courbatures et la douleur pointent le bout de leur nez. J'enfile un shorty et un bas de jogging sous les yeux de mon boss. Mais je ne suis pas très inquiète de ce qu'il pourrait être tenté de faire.
Drew est reconnu pour être violent et vicieux avec les filles qui travaillent ici, mais pas avec moi. Moi, je crois que je lui impose une certaine forme de crainte. Je viens d'envoyer un gars deux fois plus grand que lui aux urgences. Je ne pense pas qu'il soit assez fou pour essayer de creuser sa tombe.
Je me tourne et passe un t-shirt noir au dessus de ma serviette, avant de tirer dessus. Je plie mes affaires et les fourre dans mon sac.
- Notre rente a été très élevée, ce soir. Il y a de plus en plus de monde attiré par toi, par tes combats. Certains misent tellement sur ta tête que j'en deviens fou.
Il me sourit, d'un sourire vrai pas d'un de ses sourires forcés qu'il sort aux clients. Ce type n'est heureux que quand il fait de l'argent. Il me tend un petit sac de sport plein de billets.
Je le prends et ouvre pour vérifier.
- Je crois que même en tant que pute, tu ne pourrais pas te faire autant d'argent J. Et je sais de quoi je parle.
Ce petit sac ne représente qu'un tiers de tout l'argent que Drew s'est fait ce soir. Gagner un tiers avec un mec comme lui, c'est une chance inouïe.
- Seulement avant que tu ne partes, il y a quelqu'un qui veut te voir.
Je tique un instant et me fige. Mes sourcils se froncent et je lui adresse un regard sévère.
- Tu sais très bien que je ne fais pas ça.
Je prononce ces mots dans un murmure faible et presqu'inaudible. Je suis fatiguée et je veux rentrer chez moi. Je n'ai pas le temps pour ses conneries.
- Je sais. Personne ne te demande de baiser avec lui, J. Calme toi. Ce type mise chaque week-end des centaines de milliers de dollar sur ta tête. Je ne serais pas étonné si un jour on arrivait au million...
Je lui lance un regard peu convaincu et pas très sûr de vouloir faire ce qu'il me demande.
- Tu vas juste le voir. Un petit coucou et tu dégages. J'ai été clair. Il ne te touche pas. Tu n'es pas à vendre... Enfin pas avant que tu ne m'en es enfin donner l'accord.
Il éclate de rire et je roule des yeux, avant de le suivre. Les salons qui abritaient jusqu'ici les meilleurs clients de mon patron sont entrain de se vider. Certains rentrent chez eux et d'autres continuent la soirée avec d'autres activités. Nous allons au dernière étage où les pièces sont plus grandes et les escortes plus nombreuses. C'est à peine si on entend pas les clients s'envoyer en l'air dans leur box. Drew s'arrête devant la porte d'un salon spacieux et se tourne vers moi.
- Sois polie, J. C'est tout ce que je te demande. Je laisse la porte ouverte au cas où tu voudrais partir.
Il me fait un clin d'œil, puis pousse le dernier rempart entre cet homme et moi, et se décale pour me laisser passer. J'entre et pose mes sacs juste à côté de la porte. Je m'avance d'un pas hésitant vers le fauteuil. Mon boss ferme la porte derrière moi et je l'entends s'éloigner.
La salle n'est éclairée que de deux petites lumières tamisées se trouvant derrière mon fauteuil et celui en face du mien. La pénombre ne me permet pas de distinguer quoique ce soit au-delà de ces meubles. Je suis confuse un instant et me demande s'il y a vraiment quelqu'un dans la pièce.
Au moment où tout mon être est convaincu qu'il n'y a personne, je sens que ça bouge dans le coin sombre tout au fond et l'individu se redresse. Je reste interdite face à l'être qui se tient dans l'ombre.
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