Thomas se souvient à peine d'avoir conduit jusqu'ici. Il prend cette stupide veste sans l'enfiler malgré le froid. Il a juste besoin de s'en débarrasser et de récupérer la sienne.

  Personne n'est là pour le moment parce qu'il n'est que dix-sept heures, mais le club est techniquement ouvert. Thomas claque la portière de sa voiture se dirigeant vers la porte d'entrée. Ses yeux piquent et il a toujours mal à la tête.

  Quand il entre, il va au vestiaire, mais personne ne s'y trouve. Il roule des yeux, puis se dirige au fond de la boîte. Cet endroit est carrément différent quand il n'y a pas mille personnes.

  "Je peux vous aider ?"

  Thomas se retourne et aperçoit un videur le regarder.

  Il lève la veste. "Je suis là pour retourner quelque chose —et avoir autre chose en échange. J'ai laissé ma veste ici."

  "Avez-vous vérifié le vestiaire ?" Demande-t-il.

  Thomas soupire. "Il n'y avait personne."

  "Tommy ?" Thomas ne veut pas se retourner. "C'est un ami Jorge, je m'en occupe."

  Le videur —Jorge, apparemment— retourne certainement là où il se trouvait juste avant. Thomas resserre son emprise sur la veste avant de se retourner.

  Newt se tient près de la porte qui conduit à l'autre section de la boîte, ne portant aucune chemise. Son jean est très bas sur ses hanches et il penche la tête sur le côté. "Tu es là", déclare-t-il.

  "Où est ma veste ?" Demande froidement Thomas.

  Newt hausse les sourcils en entendant le ton de Thomas. "Je ne m'attendais pas à ce que tu te pointes aussi rapidement, alors c'est dans ma chambre."

  Thomas ne veut vraiment pas le suivre, mais quand Newt se retourne et repart déjà d'où il vient sans un autre un mot, il n'a pas vraiment le choix.

  Il marche le long du couloir regardant Newt devant lui. Comment peut-il se promener sans T-shirt alors qu'il fait si froid ?

  "Comment tu as su que j'étais ici ?" Demande tout à coup Thomas. Il ne sait même pas pourquoi puisqu'il n'est pas d'humeur à parler.

  Ils sont maintenant dans l'espace lounge et Newt montre du doigt la fenêtre. "Je nettoyais ici quand j'ai entendu une voiture et je me suis demandé quel loser pouvait se pointer à la boîte à cette heure-là de l'après-midi."

  Thomas ne répond rien pendant qu'ils continuent de marcher. Ils se rendent à la porte menant à l'escalier et, alors qu'il les monte, Thomas se demande pourquoi il n'a pas pensé, la nuit dernière, que c'était louche ici. Ou insalubre d'ailleurs.

  Quand Newt ouvre la porte et qu'ils entrent tous les deux, Thomas fait à peine attention. Tout ce à quoi il pense, c'est à quel point il se déteste. Il vient de jeter un an de relation sans raison.

  Newt se tourne et tend la main. Thomas la regarde juste. "Ma veste ?"

  "Oh", dit Thomas en lui rendant.

  Newt la prend et regarde Thomas. "Tu as une sale gueule."

  "Merci." Dit-il sèchement. "J'ai ruiné ma propre vie alors ça a probablement quelque chose à voir avec ça."

  "Ça s'est mal passé à ce point alors ?" Demande Newt se détournant de Thomas et regardant ailleurs. Les marques sur son dos et son cou sont encore très visibles et il se balade comme ça ?

  "À quoi tu t'attendais putain ?" Demande Thomas.

  "Je pourrais te poser la même question", dit Newt. Il y a un canapé, une table et une télévision dans la pièce où ils sont et Newt regarde maintenant le canapé.

  "Je ne savais pas ce que je faisais", répond plus calmement Thomas.

  Newt trouve finalement sa veste puis retourne vers Thomas pour se poster juste devant lui. "Je pense que si."

  "De quoi tu parles ?" Demande Thomas. Newt ne devrait pas le tester à l'heure actuelle.

  "Tu ne semblais pas si inquiet pour elle quand tu m'as supplié hier soir." Dit Newt.

  Thomas devint rouge. "Je pensais qu'elle me trompait."

  "Tu étais vraiment prêt à le croire, n'est-ce pas ?" Demande Newt, ses yeux sur les lèvres de Thomas.

  Quelque chose comme la colère traverse Thomas. Sauf que toute cette colère n'est pas contre Newt. Non, mais contre lui-même. Plus que tout, il veut arrêter de ressentir cette culpabilité.

  "Tu es un fils de pute arrogant", dit Thomas se rapprochant encore plus près de Newt.

  "Je suis au courant", dit Newt. Rien ne semble le perturber et ça dérange Thomas. Il est presque envieux d'une certaine manière. Newt a un nouveau regard dans ses yeux maintenant. Quelque chose qui atteint son cœur. "Pourquoi es-tu ici Tommy ?"

  Le duo se regarde un moment. L'instant suivant, la veste de Thomas est par terre et ses mains dans les cheveux de Newt le rapprochant alors qu'ils s'embrassent. C'est brut, comme des affrontements.

  Newt appuie Thomas contre le mur et ce dernier sent le buste de Newt. Thomas se demande s'il peut entendre son cœur battre plus fort. Qu'elle que soit la partie de lui pensant que c'est une erreur est immédiatement noyée lorsque Newt laisse une traînée de baisers intense le long de sa mâchoire jusqu'à son cou. Thomas sent ses yeux rouler jusqu'à derrière sa tête. Ça va laisser une marque.

  Ses mains atteignent et commencent à tâtonner le bouton du jean de Newt et ce dernier se retire. Maintenant, ses lèvres sont rouges, ses yeux sombres.

  Newt prend la main de Thomas et l'amène dans sa chambre. Le T-shirt de Thomas tombe avant même d'atteindre le lit et pendant qu'il fait ça Newt retire son jean.

  Quand finalement Thomas a Newt avec lui, sur le lit, son esprit s'éteint. Tout ce qu'il ressent et voit, c'est Newt. Ce dernier sourit narquoisement quand Thomas est réceptif, les muscles de ses bras se contractent, ses doigts parcours Thomas pour le faire tressaillir. Et ça fait du bien.

~

  Thomas et Newt reprennent leur souffle, les deux étant couchés sur le dos l'un à côté de l'autre. Honnêtement, Thomas déteste ça. Trop de silence. Pas assez de mouvement. Il sait que dans quelques secondes son cerveau va recommencer à fonctionner.

  "Comment tu savais que j'aimais les hommes ?" Demande soudainement Thomas en fixant le plafond.

   "Tu ne m'as pas frappé", répond Newt.

  Thomas tourna sa tête vers lui. Leurs visages sont espacés et ils transpirent tous les deux, mais Newt semble tout aussi lumineux. "Est-ce que ça arrive souvent ?"

  "Plus souvent que tu ne le penses. Mais j'ai quand même un bon radar", dit Newt se tournant maintenant aussi vers Thomas.

  "Tu aimes les filles aussi ?" Demande Thomas, juste pour le plaisir de demander.

  "Même pas... un tout petit peu", répond Newt avec un bref sourire.

  "Et ton meilleur ami est propriétaire de cet endroit ?"

  "Ouais. Minho. Mais, il est en déplacement, alors je m'en occupe."

  "Et... c'est son lit ?" Demande Thomas maintenant extrêmement conscient.

  "Pas exactement. Cet appartement se trouve ici, mais Minho a son propre chez lui. Il utilise celui-là quand il a trop bu pour rentrer", dit Newt.

  Thomas est frappé par le fait qu'il n'a aucune idée du nombre de personnes qui a couché dans ce lit et maintenant, il se sent dégoûté. "Je sais que nous nous sommes protégés et tout, mais quand était-ce la dernière fois que tu as été testé ?"

  Newt rit. "Il y a environ un mois. Tout va bien, pas de souci. Par contre, c'est très responsable venant de toi."

  Thomas n'est pas très doué pour ce truc 'parler après le sexe'. En général, Teresa et lui parleraient de leur journée ou autre s'ils ne s'endormaient pas. Teresa.

  "Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?" Laisse échapper Thomas.

  "Je suis poète", répond Newt.

  "Vraiment ?"

  "Non, je vends des motos. Mais je suis flatté que tu m'aies cru", dit Newt puis, il fait une pause. "Personne ne me demande jamais vraiment des choses."

  "Pourquoi pas ?" Demande Thomas.

  "Personne s'en souci", dit Newt. Il à l'air d'avoir voulu sortir ça pour être drôle mais c'est tombé à l'eau. Puis il regarde le plafond. "Qu'est-ce que tu fais toi ?"

  "Je suis, euh, assistant à temps partiel dans un laboratoire. Mais je suis encore en étude. J'étudie la neurochimie", dit Thomas gêné. C'était une confidence qui faisait de l'ombre.

  "Sérieusement ? T'es un putain de scientifique ?" Demande Newt tournant entièrement son corps vers Thomas cette fois.

  "Eh bien, pas vraiment. Pas encore", répond Thomas en lui faisant face également.

  "Assez proche, tout de même. Tu es intelligent alors ? J'ai échoué à trois cours de mathématiques différents", explique Newt.

  "Ça ne veut pas dire que tu es stupide", dit-il.

  Newt regarde autour de lui. "Mon appartement est de la même taille que cet endroit. Regarde ma vie Tommy. Les gens intelligents font un peut mieux que ça."

  Thomas fronce les sourcils. "Être intelligent n'a pas vraiment d'importance. Es-tu heureux ?"

  Newt hésite, comme si la question l'avait pris au dépourvu. Ses yeux sondent le visage de Thomas avant de regarder le lit. "Bien sûr que je suis heureux", dit-il, son sourire revenant quand il rit. "J'aime ma vie avec le petit appartement et tout ça."

  "J'aimerais pouvoir être aussi... indifférent", dit Thomas sérieusement. "Pour le moment, je ne veux rien ressentir du tout."

  "J'imagine que c'est pourquoi tu es venu", dit Newt avec un signe de tête.

  Thomas se sent soudainement mal. "Je-je suis venu pour ma veste, je ne voulais pas dire—"

  "Tu as raison, tu dois vraiment apprendre comment te calmer", l'interrompt Newt. "J'espère que j'ai aidé au moins."

  "Oui", dit Thomas, son humeur est devenue plus terne maintenant.

  "Tu t'es amusé pas vrai ?" Demande Newt. Thomas fronce les sourcils puis hoche la tête, parce que... il ne va pas mentir. "Tu vois ? Pas de culpabilité. Juste du bon temps."

  Comment Newt ne comprend-il pas qu'il se sent toujours coupable ? "Tu as déjà était dans une relation avant ? Une relation sérieuse et durable ?"

  "Ouais, je suppose. Pourquoi ?" Demande Newt.

  "Alors tu devrais savoir que ce n'est pas aussi facile de mentir et d'oublier. Tu ne passes pas juste au-dessus des choses, tu tiens profondément à l'autre personne. Tu es censé vouloir toujours plus pour eux et plus d'eux." Dit Thomas.

  Newt devient silencieux. "Pourquoi tu me dis ça ?"

  "Parce que tu continues d'agir comme si ce que j'ai fait n'était pas grave après être sorti avec Teresa pendant un an", répond Thomas. "J'ai une sale gueule parce que je me sens comme une merde."

  "Écoute mon pote, je pensais que tu m'utilisais pour te sentir mieux. Choisis", dit Newt en s'asseyant.

  Thomas fait de même après un moment. "Je ne—" il commence avant d'expirer. "Je sais. Désolé."

  Il se sent totalement débile. Ce gars voulait juste coucher avec lui. Que du sexe, rien d'autre. Et pourtant, Thomas lui raconte ses problèmes et sa vie. Newt ne s'en intéressait pas.

  Thomas ne donne pas à Newt une chance de répondre avant de se lever recherchant ses vêtements.

  "Qu'est-ce que tu fais ?" Demande Newt.

  "J'y vais", dit Thomas en remontant son boxer. Il n'a plus de place pour la gêne dans son cerveau, alors il s'en fou de sentir les yeux de Newt sur lui.

  "Pourquoi ?" Demande Newt.

  "Tu n'en as pas grand chose à faire", répond Thomas mettant son pantalon. "Tu ne devrais pas t'en soucier, tu n'as aucune raison de le faire."

  "Es-tu en forme pour conduire ?" Demande Newt. Thomas s'assure qu'il a son téléphone et ses clés avant d'enfiler son T-shirt, suivis de ses chaussures. Newt est toujours au lit, très déshabillé.

  "Je vais bien. Désolé de t'avoir dérangé", dit-il ne vérifiant même pas la réaction de Newt avant de quitter la pièce.

  Il doit ramasser sa veste par terre et pendant qu'il la met, il entend une voix derrière lui.

  "Pourquoi dirais-tu ça ?"

  Newt est debout à la porte, vêtu seulement de son boxer. Thomas se surprend à regarder le corps de Newt, ses abdominaux saillants pendant qu'il s'appuie contre le cadre de la porte. Puis, il revient brusquement à la réalité.

  "Je suis juste un coup et je suis ici pour te parler de mes problèmes de couple que j'ai causés. Même en le disant, j'empire la situation, alors je vais simplement partir", dit Thomas se dirigeant vers la porte. Il l'a à moitié ouverte quand il entend Newt parler à nouveau.

  "Tu ne m'as jamais dérangé", dit-il. Thomas le regarde. Il semble sincère. Puis Newt se dirige vers lui. Thomas ne bouge pas. Newt s'arrête quand il l'a atteint en lui tendant sa main. "Donne-moi ton téléphone."

  "Pourquoi ?" Demande Thomas.

  "Pour que je puisse y rentrer mon numéro", dit Newt. Thomas paraît encore plus confus maintenant. "Tu n'as pas à l'utiliser, mais je te le donne quand même."

  Thomas n'a jamais rencontré quelqu'un avec autant de confiance en soi dans sa vie. Il sort son téléphone puis entre dans ses contacts avant de le remettre à Newt. Thomas observe ses doigts s'enrouler autour du téléphone pendant qu'il tape et s'égare jusqu'à ce que Newt le lui rende. "Hum. Merci", dit Thomas en le mettant dans sa poche.

  "Ouais." Si Thomas ne se trompe pas Newt à l'air tout aussi surpris que lui d'avoir donné à Thomas —un coup d'un soir— son numéro.

  "On se voit, euh", dit Thomas ouvrant la porte. Il ne peut pas dire qu'il verra bientôt Newt. Ce serait trop bizarre.

  "Au revoir Tommy", dit Newt.

  C'est le mot qu'il cherchait. "Au revoir", répond Thomas avant de sortir et de fermer la porte derrière lui, se tenant debout, au sommet de l'escalier, pendant un long moment. Cela ne s'est pas passé comme prévu.

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