Chapitre 5
Arthur palpa le jean qu'il avait pendu dans la douche et grommela. Il était encore mouillé. Il l'aurait bien mis devant le feu, mais il n'avait rien pour le suspendre et le vêtement aurait sûrement goûté sur le parquet fraîchement lavé. Il soupira et se résigna à retourner au salon. Hugo l'attendait, recroquevillé sur le canapé, enroulé dans son plaid, les yeux rivés sur le feu. Le brun hésita en arrivant dans son dos et finit par prendre place à l'extrémité du canapé.
— Ton jean est encore trempé.
— Je te l'avais dit.
Il grogna en guise de réponse et balaya la pièce du regard avant de bâiller. Hugo était aussi fatigué que lui, mais il ne résolvait pas à l'emmener dormir. Parce qu'aucun des lits n'étaient utilisables. Il n'avait pas de draps et les matelas sentaient le renfermé. Ainsi donc, seul le canapé était envisageable. Sauf qu'il était hors de question qu'il dorme collé à son ancien ami. Son corps ne le supporterait pas.
— Je suis fatigué, indiqua Hugo en se frottant les yeux.
Il étendit ses jambes devant lui et Arthur fixa sa nudité, sentant son cœur s'emballer. Ses jambes étaient finement musclées. Il était certain qu'il devait s'adonner à un footing régulier sur la plage. À l'époque, c'était souvent le brun qui l'entraînait dans ce genre de course, le châtain avait dû continuer par habitude.
— Il n'y a pas de lit pour dormir.
— On peut prendre le canapé.
— Il ne se déplie pas.
— On va pas mourir si on dort à deux dessus.
— As-tu remarqué nos carrures ? s'agaça Arthur.
— Je suis sûr que ça passe facilement. Et puis, nous n'avons qu'un seul plaid pour deux.
Le brun laissa échapper un rictus irrité sur son visage et grogna avant de frapper la cuisse d'Hugo pour le faire bouger. Ce dernier lui offrit un sourire canaille et se poussa. Maladroitement, les deux hommes s'allongèrent côte à côte, sur le flanc. Arthur manqua loucher face à la proximité du châtain et sentit un frisson lui remonter l'échine quand le souffle chaud d'Hugo percuta sa bouche. Très mauvaise idée ! pensa-t-il en gigotant.
— Aïe, se plaignit Hugo qui venait de recevoir un coup de genoux. Ne bouge pas autant.
Arthur se figea en sentant la main du châtain effleurer ses côtés et se mordit la lèvre inférieure pour calmer les sensations que cela lui procurait. Le plaid les recouvrit tous deux et le souffle du brun se coupa en sentant la jambe droite de son ancien ami de positionner au-dessus des siennes.
— Ne bouge plus. Sinon je vais tomber.
— Génial..., grogna Arthur.
Le silence s'installa entre eux. Arthur tenta de calmer les battements de son cœur trop affolé et chassa ses pensées désordonnées. Hugo s'infiltrait à nouveau dans sa vie et il avait beau le repousser, son cœur balançait toujours dans sa direction. C'était invivable. Serait-il capable d'aimer quelqu'un d'autre un jour ? Serait-il capable de l'oublier ?
— À quoi tu penses ? souffla Hugo.
— Qui te dis que je pense ? répliqua le brun en écoutant les crépitements du feu un peu plus loin.
— Tu as les yeux ouverts.
Arthur soupira et ferma les paupières par pure provocation. Le châtain lui pinça le nez et l'obligea à le regarder. Le brun se tortilla pour décoincer son bras qui gisait sous son corps et frappa la main d'Hugo.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit avant que tu aimais les hommes ? demanda-t-il en murmurant.
Arthur aurait aimé être ailleurs qu'ici, mais au fond, il appréciait sentir le châtain tout contre lui. S'il s'écoutait, il caresserait sa peau et l'embrasserait avec passion. Sauf qu'ils étaient dans une réalité plus complexe. Ce n'était pas possible.
— Qu'est-ce que ça changes que tu le saches maintenant ou avant ?
— Ça aurait changé tellement de choses ! chuchota Hugo.
Arthur fronça les sourcils et médita ses paroles en silence avant de tenter de se calmer. Pourquoi était-il aussi ambigüe ? Que voulait-il dire ? Il préféra ne pas répondre, à la fois confus et en colère.
— Tu as changé de parfum, commenta ce dernier en se rapprochant légèrement.
Le brun tenta de ne pas réagir à cette promiscuité, mais c'était presque impossible. Il faisait un effort considérable pour penser à tout autre chose, mais c'était tellement compliqué.
— Ne me renifle pas !
Hugo pouffa et caressa timidement la barbe d'Arthur dont le souffle se bloqua. Son cœur battait si fort qu'il avait l'impression de l'entendre contre ses tempes.
— Qu'est-ce que tu fais ? murmura-t-il, troublé.
Hugo ne répondit pas tout de suite. Il glissa ses doigts le long de la mâchoire de son ami et se perdit dans son cou, le sentant frissonner sous son toucher.
— Ferme les yeux.
— Non, Hugo..., souffla Arthur, affolé.
— D'accord.
Le châtain effleura ses lèvres de sa bouche et Arthur amorça un mouvement de recul qui se fit rapidement arrêté par le dossier du canapé. Pourquoi son ami faisait-il cela ? Pourquoi le torturer davantage ? C'était si cruel. Pourtant, il ne put que recevoir la bouche d'Hugo avec un soupir de satisfaction. Ce baiser, il l'avait imaginé un nombre incalculable de fois. Dans n'importe quelle situation. À n'importe quelle époque. Il l'avait désiré avec tellement d'ardeur qu'il peinait concevoir la réalité de la scène.
Les lèvres d'Hugo étaient douces, tentatrices et avaient un goût épicées. Il les lécha lentement avant de mordiller sa lippe, désireux de plus. Sa langue caressa sa jumelle et il se pressa contre le châtain. Il chassa ses incertitudes, les questions que ce baiser soulèveraient dès la minute où ils cesseraient de s'embrasser, et profita simplement de ce moment. Il avait l'impression de redécouvrir la signification du mot « chaleur ». Son corps semblait s'embraser. Avec un simple baiser. Que se passerait-il s'il y avait plus ? Sauf qu'il n'y aurait pas plus. Hugo allait se marier.
Il repoussa le châtain à contre cœur et dû se faire violence pour ne pas l'embrasser à nouveau face à la plainte de son ami.
— Tu vas te marier, lui rappela durement Arthur.
Hugo lui lança un regard indéchiffrable et voulut s'approcher davantage, mais Arthur commença à vouloir se tourner. Soudain, la main du châtain accrocha sa hanche tandis qu'il s'exclamait :
— Tu es dur.
Honteux et paniqué, Arthur sentit son sang ne faire qu'un tour. Bien sûr qu'il était dur ! Son premier amour venait de l'embrasser et dieu seul sait combien il en avait rêvé. D'autant plus qu'il avait toujours trouvé Hugo à son goût. À dire vrai, il représentait son idéal de beauté. Et il ne pouvait s'empêcher de comparer ses petits amis avec lui.
— Bien sûr que je suis dur, putain ! grogna Arthur en tentant de réfréner ses rougeurs. Je suis un mec, merde.
Hugo pouffa et déplaça sa main sur la bosse qu'il sentait à travers le jean de son ami, le sentant tressaillir sous ses doigts. Arthur lui agrippa le poignet avec force, contrôlant l'affolement de son souffle avec difficulté.
— Qu'est-ce que tu fous, sérieux ?!
— Je ne savais pas qu'un seul baiser pouvait rendre aussi dur.
Parce que c'est toi, putain ! songea-t-il en se mordant la lèvre inférieure lorsque son ancien meilleur ami commença à bouger ses doigts. Il tira sur son bras avec fermeté pour l'en écarter et dû lutter face à la soudaine force d'Hugo qui semblait beaucoup trop s'amuser de la situation.
— Je suis gay. Normal que je durcisse, merde.
— Ça veut dire que n'importe quel mec peut déclencher ça chez toi ?
— C'est une réaction physiologique.
— Ouais, enfin n'importe quel mec...
— C'est pas n'importe qui non plus, arrête ! s'énerva Arthur qui rentrait beaucoup trop facilement dans son jeu.
— Je ne suis pas n'importe qui, c'est vrai, s'amusa Hugo en tentant de reposer sa main sur son érection.
Arthur lutta et finit par le plaquer contre le canapé, vissant sa main au-dessus du crâne d'Hugo, sur l'accoudoir. Il le fusilla du regard et ordonna :
— Reste tranquille ! Ça partira tout seul.
— Je peux t'aider, riposta le châtain en remontant son genoux entre les jambes du brun, effleurant la bosse.
Arthur se mordit violemment la lippe et tenta de ne pas réagir. Sauf que la proximité du châtain le rendait fou d'autant plus qu'il s'amusait à l'attiser. Et le sourire taquin qu'affichait Hugo lui donnait envie de bien plus de folie. Pourquoi devait-il être sa bête noire ? Il détestait le monde entier de lui avoir offert un amour impossible.
Hugo devait sûrement être un peu bourré. Peut-être même qu'il se cherchait avant son mariage parce qu'il était terrifié ? Et le lendemain, il regretterait.
— Tu ne sais pas ce que tu es en train de faire.
— Je crois en avoir parfaitement conscience Arthur. Je n'ai plus cinq ans.
— Hugo, je ne sais pas ce que tu recherches, mais tu fais erreur.
— Pourquoi ?
— Arrête avec cette putain de question !
Il relâcha le poignet du châtain et s'asseya sur son bassin, passant une main dans ses cheveux. C'était hors de question qu'il succombe maintenant pour une simple curiosité mal placée. Il avait lutté pendant des années pour effacer ses sentiments. Ce n'était pas un malheureux séjour qui allait tout changer. Il sentit les doigts d'Hugo agripper les pans de son jean, mais fut plus rapide que lui. Il les chassa et descendit du canapé, tandis que le châtain se redressait, le suivant du regard.
— Tu fais quoi ?
— Je fais en sorte que tu ne fasses pas de conneries.
— Arthur...
— Non, Hugo, coupa-t-il durement. Je ne sais pas ce que tu essaye de faire, mais réfléchis à ce qu'il vient de se passer.
Il partit s'enfermer dans la salle de bain, histoire de calmer ses hormones. Il ne pouvait décemment pas se masturber tout en sachant qu'Hugo se trouvait dans la pièce à côté. Cependant, il savait que cela ne partirait pas de sitôt. Parce qu'il avait conscience du jeune homme. Parce que son odeur semblait ancrée dans ses narines. Il se mordit la lèvre inférieure et avisa la bosse dans son pantalon. Un seul baiser et il se trouvait dans cet état. Quel genre d'adulte était-il pour se retrouver en émoi en si peu de temps ?
Il commença à déboutonner son jean, conscient qu'il ne pourrait pas s'endormir avec un tel problème. D'autant plus que s'il se soulageait, il aurait peut-être moins envie de sauter sur châtain. Il sursauta quand des coups furent portés à la porte et jura, le cœur sur la main.
— Tu fais quoi ?
— Tu vas me suivre dans chaque pièce ?! lui répondit-il, caché derrière la porte.
— Je veux juste savoir si tu vas bien.
— Oui. Oui, je vais bien, Hugo. S'il te plaît, retourne te coucher !
Il tendit l'oreille en silence afin de guetter ses bruits de pas et tressaillit une nouvelle fois quand il entendit la voix du châtain.
— Tu te branles ?
— Hugo, dégage !
Le rire à peine contenu de son ami l'agaça davantage, mais il put souffler en entendant ce dernier s'éloigner. Son intervention eut au moins le mérite de calmer sa libido. Il désira donc attendre quelques minutes avant de se passer un coup d'eau sur la figure et de retourner dans le salon. Il avisa le canapé et soupira en constatant qu'Hugo s'était endormit. Tant mieux ! pensa-t-il en l'escaladant. Il se glissa derrière lui et se faufila sous le plaid, récupérant un peu de chaleur en se pressant contre Hugo.
Dans la semi-obscurité de la pièce, il contempla le visage apaisé du châtain et soupira légèrement. Hugo était toujours aussi beau, et visiblement le même. Sa personnalité n'avait pas bougé d'un pouce. Timidement, il balaya la chevelure de son ami du bout des doigts et redescendit sur l'os de sa pommette avant de serrer le poing contre son torse.
Il ne pouvait pas faire cela. Il ne devait pas être aussi proche. Il fallait qu'il rentre. Lorsqu'il serait loin d'ici, il n'aurait pas à gémir devant le bonheur du châtain. Il pourrait peut-être oublier sa peine. Il y aurait sûrement une possibilité pour qu'il tombe amoureux de quelqu'un d'autre, pour qu'il passe enfin à autre chose.
Mais bon sang ! Qu'est-ce que cela faisait mal... il finit par lui tourner le dos parce que ce serait trop dur de le regarder ou d'être aussi proche de son visage. Puis il ferma les yeux, cherchant en vain le sommeil.
Il passa sa pire nuit, littéralement. Trop conscient de la présence d'Hugo et de son souffle dans sa nuque, il ne fit que cogiter encore et encore. Quand il osait se laisser traîner par le sommeil, il se réveillait au moindre frôlement. Dans la nuit, Hugo se rapprocha de son dos jusqu'à l'accrocher et ce simple contact ne fit que le perturber davantage. Horrible torture.
Il avait finalement quitté leur couchette de fortune aux alentours de huit heures du matin, incapable de dormir davantage. Il avait sûrement dû grappiller deux petites heures de sommeil ici et là, mais son corps criait la fatigue. Ses muscles étaient endoloris d'avoir été trop crispés.
Il fouilla dans le sac, lâchant un bâillement digne de son absence de sommeil et réussit à trouver des sachets de thé. Hugo avait pensé à tout, comme toujours. Il fouilla dans les meubles sous l'évier et dénicha un carton où reposait une bouilloire. Il la brancha, la remplie d'eau et la démarra.
Hugo s'étira, le plaid glissant légèrement vers le sol, dévoilant la peau de ses cuisses. Arthur l'observa au-dessus du bar et s'humecta les lèvres avant de détourner le regard. C'était insupportable. Cette situation le fatiguait.
— Hummmm...., fit le châtain en se redressant, se passant une main sur le visage. T'es réveillé depuis longtemps ?
— Oui.
Il laissa au boulanger le soin de se réveiller et en profita pour remplir deux tasses d'eau bouillantes, trempant les sachets de thé verts à l'intérieur. Il les posa sur le bar tandis qu'Hugo se relevait, délaissant le tissu. Il s'approcha d'Arthur en boxer et tee-shirt et ce dernier dû se contrôler pour ne pas fixer ses jambes dénudées.
— Il a cessé de pleuvoir on dirait.
— Ouais. Tiens.
Hugo saisit la tasse qu'Arthur lui tendit et s'asseya sur un tabouret, posant ses mains de part et d'autre du récipient.
— Tu vas avoir du boulot dehors.
— Je sais.
— Je peux aller chercher le petit déjeuner si tu veux ?
— Non merci.
Il but tranquillement une gorgée de son thé, se massant les tempes en sentant le mal de crâne arrivé. Une nuit sans sommeil était sûrement pire que tout. Hugo se montra agacé de ces réponses laconiques et indifférentes.
— Tu comptes vraiment m'ignorer ?
— Hugo, il est huit heures, j'ai à peine dormis... ne me prends pas la tête.
Ce dernier grommela et le foudroya du regard, mais Arthur se contenta de hausser les épaules.
— Où est passé le mec super drôle avec qui je faisais les cinquante coups ?
— Il a maintenant vingt-sept ans, répondit Arthur, blasé.
— Mais moi, je suis toujours fun.
— Bien à toi !
Le brun engloutit une bonne partie de son thé tout en jetant un coup d'œil à son smartphone, vérifiant ses mails ainsi que la météo du jour.
— Arthur, pourquoi tu... p...
— Tu devrais rentrer chez toi. Je crois qu'une boulangerie ça ouvre tôt.
Il rencontra le regard outré du châtain, mais n'en eut cure. Il fallait qu'Hugo disparaisse. Sa santé mentale continuerait d'être malmenée sinon.
— J'ai des employés.
— Mais ta femme doit sûrement s'inquiéter.
Ils se défièrent en silence et Hugo tourna les talons d'un pas rageur. Il récupéra son jean humide dans la douche, l'enfila tant bien que mal et prit la direction de la porte.
— Je te comprends pas Arthur ! T'es vraiment con.
— Je te retourne le compliment.
Et la porte claqua.
~~~
Arthur succombe aux lèvres d'Hugo avant de le regretter amèrement. Son cœur meurtri continue de finir en miette. La réaction d'Hugo était-elle guidée par l'alcool ? La curiosité ?
Je suis malade 😷 depuis que je suis rentrée, mais j'ai tenu à vous publier ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plut 🥺
Si vous voulez me donner un avis sur les persos ou le chapitre, c'est ici !
Merci de voter, commenter et lire ❤️
Bisous à tous !
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