Chapitre 17
— Ne t'inquiète pas, Arthur, fit Martin avant de se tourner vers le châtain qui était pratiquement muet. Je suis désolé de son comportement, Hugo...
— Non. Pas de problème...
— Oh si, il y en a un. Mais il sera vite réglé. Je t'ai laissé des affaires sur la bannette puisque tu voulais te laver, il se tourna ensuite vers son ami et demanda avec un sourire espiègle, J'ai pris dans tes fringues, je doutes que ça t'embête, non ?
Arthur plissa les yeux dans sa direction et haussa les épaules avant de se diriger vers la fenêtre qu'il ouvrit, allumant sa tige de nicotine. Hugo hésita en fixant le dos du brun avant de finalement s'exécuter, étouffant dans cette atmosphère. Martin en profita pour rejoindre son colocataire et s'accouda au rebord de la fenêtre en soupirant.
— Je ne pensais pas qu'elle réagirait comme ça...
— Moi non plus, avoua Arthur qui n'en revenait pas de la petite voix mesquine qu'il avait entendu en arrivant.
— Ce n'est pas de ta faute.
— Je crois savoir pourquoi elle réagit comme ça.
— Moi aussi.
— Elle s'imagine que s'il y a quelqu'un, je vais sans doute partir, dit subitement le brun en soufflant dans l'air.
— Il faut juste la rassurer.
Ils regardèrent l'agitation nocturne qui se profilait en bas et se perdirent dans leurs pensées en silence. La rassurer. Sauf qu'il ne savait pas quoi dire parce qu'au fond, il ne savait pas quoi faire de toute cette situation. Si seulement Hugo s'était déclaré plus tôt ! Si seulement il avait eut le courage de l'embrasser au bal des terminals, peut-être que tout aurait été plus simples. Il grogna et sursauta quand Martin lui vola sa cigarette pour tirer dessus. Moqueur, le brun le regarda faire avant de le chambrer :
— Tu m'expliques pourquoi tu fais tout le temps ça, alors que tu détestes ?
Le rouquin toussa et rendit sa clope à son colocataire, se massant les yeux en grimaçant.
— C'est toujours aussi dégueulasse !
Arthur ricana en secouant la tête de gauche à droite, avant de la rapporter à ses lèvres, savourant ce goût qui le détendait. Bien que ses poumons auraient sûrement souhaité qu'on les laisse en paix.
— Tu vas faire quoi pour Hugo ?
— Argh... mais j'en sais rien ! s'exclama le brun en baissant la tête, fatigué de cette question qui tournait en boucle dans son esprit.
— Il attend une réponse, tu le sais, non ?
— Je sais..., soupira Arthur en se massant les tempes. Je sais. Il me regarde avec beaucoup trop d'attentes, mais... je ne peux pas partir. Je ne peux pas lui offrir tout ce qu'il veut. Je ne sais même pas si nous deux ça marchera.
— Pourquoi tu as autant peur ? Tu as enfin ce que tu veux, qu'est-ce que tu souhaite de plus ?
— Je n'en sais rien, Martin ! Je suis perdu..., souffla le brun qui éteignit sa cigarette dans le cendrier, se tournant vers son ami pour le regarder en silence pendant quelques secondes. Je l'aime, je ne vais le nier. Et savoir que lui aussi c'est... c'est incroyable, mais... il vit à sept heures d'ici et je ne pars pas. Je te l'ai promis. Toi, moi, Lana, c'est pour longtemps.
— On va trouver une solution, ok ? insista le rouquin en attrapant l'épaule de son colocataire. Arthur, ce mec a dit non à quelqu'un pour toi. Il a foutu en l'air cinq ans de relation pour tes beaux yeux. Et tu ressens la même chose. Cesse de tout vouloir contrôler, de toujours vouloir imaginer le futur ! Tu n'as pas ce pouvoir, ok ? Vis l'instant présent. Tu le regretteras toute ta vie, sinon.
Ils se regardèrent intensément, l'un essayant d'insuffler du courage à l'autre, qui se sentait démunis face à cette situation. Arthur hocha la tête avec lenteur avant de passer une main dans ses cheveux. Il imita le sourire du rouquin et croisa les bras sur sa poitrine, le défiant de le taquiner. Silencieux, Martin compris le message et décida d'engager un autre sujet tout aussi sérieux.
— Arthur... qu'est-ce que tu dirais d'adopter Lana ?
Le concerné écarquilla les yeux, surpris de cette demande. Il en oublia même de respirer. Incertain, il sentit ses lèvres trembler dans un sourire et fouilla le regard de son ami sans y croire.
— Euh... t'es... t'es sérieux ? demanda-t-il, fébrile.
Martin rit doucement et acquiesça, sincère. Arthur sentit ses yeux s'embuer de larmes sous l'émotions et lâcha un rire nerveux avant de hocher vigoureusement la tête.
— Oui... oui, carrément ! Mais... tu en as parlé à Lana ? Et... comment on va faire ? Avec Sarah...
Le rouquin déposa une main sur son avant-bras pour le rassurer et lui sourit tendrement avant de répondre :
— Je voulais que tu lui dises. Peut-être que ça la rassurera concernant Hugo, ajouta-t-il avec un clin d'œil. Et il faut que j'en parles avec un ami qui s'y connaît, mais ça devrait le faire parce que j'ai immédiatement reconnus Lana quand elle est arrivée sur le perron et quand on a fait le test de paternité. Je crois même que sa mère a accouché sous X, mais je ne suis certain de rien. Il faudrait que je me renseigne.
— Je vois... dit Arthur en affirmant de la tête, toujours troublé.
Lana allait être sa fille. Juridiquement ! Il n'y croyait pas. Il n'y aurait plus rien pour les séparer désormais. Il ne parvenait à diviser ses émotions tant elle le submergeaient avec intensité. Il sourit un peu plus et prit de lui-même son ami dans ses bras. Dans l'oreille, il lui souffla un sincère « merci » et se détacha en annonçant :
— Je vais aller le lui dire.
— Cours ! se moqua Martin.
Arthur roula des yeux tout en lui dressant son majeur et se détourna, tombant sur Hugo qui se tenait contre un mur, discret. Ce dernier se redressa quand leurs regards se croisèrent et il tenta un mince sourire. Le brun se dirigea vers lui en sentant le regard du rouquin dans son dos et grogna mentalement contre son ami qui jubilait dans son coin, conscient d'assister à une scène inédite qui montrait Arthur sous un nouveau jour. Il mourrait d'envie d'embrasser le châtain, mais il se retint, puisque Martin ne manquerait pas de lui faire une remarque moqueuse la prochaine fois.
Il frôla du bout des doigts la main d'Hugo et lui adressa un sourire sincère avant de chuchoter :
— On parles tout à l'heure ?
— Oui, répondit Hugo en l'accrochant du regard.
Arthur eut du mal à se détacher de ses yeux, mais se fit violence parce qu'il n'avait aucune envie de passer pour un imbécile. Il toqua contre la porte de Lana et l'ouvrit en entendant un petit « oui » aiguë. Il referma derrière lui et s'assit sur le bord du lit dans lequel la petite fille s'était glissée. Elle renifla, serrant son lapin couleur crème dans les bras et se redressa en posant un regard larmoyant sur le brun dont le cœur se serra. Il n'aimait pas que cet enfant pleure, il avait l'impression de partager sa peine.
— Qu'est-ce que tu as fait Lana, pour que papa se mette en colère ?
Elle baissa la tête et renifla une seconde fois, penaude. Il voulait vraiment lui annoncer la nouvelle, mais il préférait également éclairer ce malentendu. Il attendit en silence qu'elle parle d'elle-même. Lana ne faisait que très peu de bêtises, aussi se résolvait-elle souvent à dire toute la vérité quand ses parents la lui réclamait.
— J'ai pas été gentille avec Hu-machin.
Il sentit la hargne dans le dernier mot et se pinça les lèvres pour ne pas rire. Il était certain que la rouquine connaissait le prénom de son ancien camarade et qu'elle faisait tout pour paraître impolie. Ce qu'elle n'était pas en temps normal. Il s'appliqua tout de même à prendre un air relativement sévère tout en la reprenant :
— Hugo. Il s'appelle Hugo.
— Oui, bah je l'aime pas ! répliqua-t-elle en croisant les bras.
— Et pourquoi ?
Elle remonta son regard vers Arthur, fronçant les sourcils tout en le dévisageant avec soin. Ce dernier le soutint sans ciller, optant toujours pour un ton calme face à ce genre de comportement.
— Il t'a fait un bisou sur la bouche. Sauf que tu vis avec papa.
Le brun se pinça les lèvres et sentit que la conversation serait longue. Il s'installa donc en tailleur sur le lit et ne quitta pas du regard la petite fille.
— C'est vrai, je vis avec papa, mais tu sais que papa et moi on n'est pas amoureux ?
Elle fronça les sourcils et se renfrogna, les yeux sombres.
— Tu sais qu'on est amis, n'est-ce pas ? Que je partage ta maison avec lui. On est copains. Ton papa et moi, on ne sera jamais ensembles Lana.
— Mais si t'étais amoureux de papa, eh bah, t'aurais pas besoin de partir et d'embrasser Hugo. Tu veux pas devenir amoureux avec papa ? insista l'enfant en le suppliant du regard. Moi je veux pas que tu partes ! Parce que mes amis, eh bah, ils ont des parents séparés à cause d'autres parents.
Il fronça les sourcils afin d'assimiler la dernière phrase et de la traduire dans une langue plus française et esquissa un petit sourire avant d'ouvrir les bras et d'inciter la rouquine à s'y réfugier. Elle le fit sans hésiter, agrippa la chemise du brun qui portait continuellement son odeur. Une odeur qui la rassurait, qui lui rappelait la maison.
— Ça ne marches pas comme ça, Lana, dit-il en caressant ses cheveux. On t'as déjà expliqué que papa aimait les femmes et que pap's aimait les hommes. On n'a pas de sentiments amoureux l'un pour l'autre. Pour ce qui concerne tes amis, je pense qu'ils parlent plutôt de leur beaux-parents ou de..., il s'arrêta, prenant conscience qu'elle était trop jeunes pour comprendre le mot « adultère » ce qui détruirait sûrement une part de son innocence, écoute Lana. Même si j'aime Hugo et, imaginons, que je sois amoureux avec Hugo, je ne vais pas partir. Je ne partirais pas, Lana. Je serais toujours là pour toi, d'accord ? Je t'aime, mon cœur. Personne ne nous séparera, ok ? Pour Hugo, ce sont des histoires d'adultes, mais il n'est pas méchant et tu n'es pas méchante. Tu veux bien redevenir la petite Lana que papa et moi aimons ?
Elle réfléchit en silence pendant quelques minutes et hocha doucement la tête en se mordant l'intérieur des joues, soucieuse.
— Mais je veux pas qu'Hugo il t'emmène loin...
— Et il ne le fera pas, je te le promets, assura-t-il en déposant un bisou sur son front.
Ils restèrent quelques minutes enlacés avant que le brun ne lui demande de se tenir devant elle, afin de lui annoncer la grande nouvelle. Dans des mots simples, mais lourds de sens, il lui demanda si elle voulait un vrai deuxième père et l'enfant sauta de joie en lui accrochant le cou. Elle répéta qu'elle pourrait être comme tous les autres enfants et se vanter fièrement d'avoir deux parents. Cela fit mal au cœur du brun qui savait que Lana n'avait aucun souvenir de sa mère bien qu'elle sache que cette dernière était partit et il la serra un peu plus contre lui.
— On va aller manger. Tu me promets d'être une fille sage ?
— Promis, dit-elle en lui tendant son petit doigt.
Arthur sourit davantage et le saisit de son auriculaire avant de rire quand elle sauta de son lit en essuyant ses yeux. Ils sortirent ensembles de la chambre et se dirigèrent vers la cuisine où les deux hommes mettaient la table en échangeant. Le brun sentit son ancien ami beaucoup plus à l'aise et se permit de lui sourire franchement. Il lut un certain soulagement dans les yeux du châtain, ce qui le surpris légèrement, et les aida tout en gardant un œil sur Lana qui s'approcha timidement d'Hugo en marmonnant des excuses.
Il savait qu'elle mettrait du temps à accepter la situation, mais pour le moment elle mettrait de l'eau dans son vin et c'était tout ce qui comptait. Hugo accepta rapidement les excuses de l'enfant qui continuait de le regarder avec suspicion et ils se mirent rapidement à table.
Bien que le repas se déroula dans une bonne ambiance, aucun des hommes autour de la table ne manqua le comportement de la plus jeune. Elle faisait exprès d'ignorer Hugo et d'interroger sans cesse ses parents afin d'exclure le châtain qui ne broncha pas parce qu'il n'allait clairement pas se vexer devant la possessivité d'une petite fille. Même si cela devenait agaçant.
Conscient que Lana serait insupportable toute la soirée s'ils ne la satisfaisait pas, Martin et Arthur consentirent à la border ensemble. Le brun se sentait mal de mettre ainsi à l'écart son ancien ami, mais il ne voulait pas briser l'équilibre de la petite fille pour un caprice d'adulte. Ils lui lurent une historie en imitant les voix, se moquant d'eux afin de savourer les rires de l'enfant et Martin lui chanta une comptine tandis qu'Arthur caressait ses cheveux, descendant jusqu'à son nez.
Quand elle s'endormit enfin, ils sortirent sur la pointe des pieds et lâchèrent un soupir fatigué. Le rouquin passa une main dans ses cheveux, lâchant un bâillement.
— J'ai cru qu'on y arriverait jamais ce soir.
— Hum...
Arthur chercha des yeux le châtain qui ne se trouvait pas dans les pièces principales. Il sentit son cœur rater un battement à l'idée que son ancien camarade soit rentré sans lui dire un traître mot et n'entendît pas son ami lui annoncer qu'il allait prendre une douche. Il se dirigea vers sa chambre et lâcha un soupir soulagé en constatant qu'Hugo s'était allongé sur le ventre, à même le lit, jouant avec son smartphone.
Il referma la porte dans son dos et attira l'attention du boulanger qui dévissa son cou dans la direction. Un mince sourire. Ridicule même. Il ne le sentait pas en de bonnes conditions. Il se laissa tomber sur le matelas à ses côtés et le fixa du regard tout en plaçant son bras sous sa tête. De son pied, il lui caressa le mollet et sentit son cœur s'emballer quand Hugo se rapprocha de ses lèvres pour les capturer.
De la journée, ce fut sûrement le plus long baiser qu'ils se soient donnés. Arthur se laissa retomber sur le dos et savoura la langue du châtain qui titillait sa jumelle dans sa bouche, joueuse. Il posa ses mains sur les flancs d'Hugo et apprécia qu'il se retrouve au-dessus de lui, sentant sa chaleur non loin de la sienne. Il remonta jusqu'à ses côtés et lâcha un soupir contre ses lèvres, se faisant la réflexion que son ancien camarade embrassait comme un dieu.
Hugo se laisse retomber à côté de lui sans le lâcher du regard et vint chatouiller sa barbe, songeur.
— À quoi tu penses ? demanda le brun au bout de quelques minutes.
Le châtain papillonna des cils, visiblement surpris qu'Arthur engage la conversation. Il laissa planer un silence étrange avant de soupirer.
— Est-ce que... Martin est ton genre de mec ?
Le brun fronça les sourcils, décontenancé par la question. Il prit tout de même le temps de réfléchir, analysant mentalement son ami avant de frissonner. Non. Certes, il le trouvait sexy dans ses moments d'égarements, lorsqu'il avait besoin de sexe pour chasser ses tourments, mais toute relation amoureuse ou sexuelle n'était pas envisageable. Il ne le voulait pas, tout d'abord, et ils étaient beaucoup trop proches pour envisager ce genre de choses. Rappelons également que le rouquin aimait les femmes. Et rien que les femmes.
— Non... pourquoi tu demandes ça ?
— Tu ne le trouve pas beau ? Sexy ? Charmant ? Bandant ? À ton goût ? Qu'est-ce qui ne t'attires pas chez lui ?
Arthur resta un moment choqué de ces questions puis pouffa tout en se redressant, passant une main dans ses cheveux pour ordonner ses idées.
— Qu'est-ce que tu veux que je te dises exactement ?
— La vérité, s'outra Hugo en se redressant, fouillant son regard.
~~~
Ne vous inquiétez, les vraies conversations arrivent bientôt 🙏🏻😂
Espérons simplement qu'Arthur accepte de leur donner une chance bien que la peur de s'engager et d'en ressortir encore plus blessé soit un frein majeur à son envie d'être avec Hugo 😭
Oui, je sais, Lana fait sa petite peste, mais c'est effrayant pour une petite fille d'avoir la possibilité qu'on l'abandonne une deuxième fois 🥺
Des avis ? Je sens tous ceux qui sont, une fourche à la main, prêt à incendier Arthur parce qu'il met barrières sur barrières. Patience est mère de vertu 😂
Avez-vous aimé ?
Avis sur Arthur ?
Hugo ?
Martin ?
Lana ?
Eh oui, Arthur va adopter Lana. Je vous vois tous en mode « mais alors là, ce sera impossible pour lui et Hugo ! Bla-bla-bla », mais dites-vous d'abord que la vie d'Arthur - avant de retrouver Hugo - était avec Martin. Certes, ils s'aiment, mais Lana est dans sa vie depuis sa naissance... c'est presque un dénouement logique 🤷🏼♀️
Bisous à tous ! 😘
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