Chapitre 16
Tiré du sommeil par son réveil, Arthur grogna et palpa sa table de chevet, rencontrant un corps chaud contre son torse. Il mit quelques minutes à se souvenir de ce qu'il s'était passé dans la nuit et sourit en éteignant l'appareil, sentant Hugo l'entourer de ses bras et grogner lamentablement. Il retomba sur le matelas et chassa les quelques mèches châtains de son front, préférant profiter de l'instant plutôt que de faire sa mauvaise tête en énumérant toutes les raisons qui ne permettraient pas une éventuelle relation. Il avait tant de fois imaginé ce genre de réveil, mais la réalité était tellement plus belle.
Hugo nicha son nez dans le cou du brun, échappant à ses mains. Il était fatigué, cela allait sans dire, sauf qu'Arthur ne pouvait pas rester au lit. Il devait travaillait. Il lui embrassa la joue et se redressa, dénouant de force les mains du châtain qui grogna. Il enfila rapidement son pyjama de la veille et bâilla avant de jeter un dernier coup d'œil à l'homme qui se trouvait dans son lit, groggy. Il l'observa ramener un oreiller contre lui et y plonger sa tête, puis sortit.
Du couloir, il voyait déjà Martin debout derrière sa fille, lui attachant les cheveux en une queue-de-cheval haute qu'elle garderait toute la journée. Il leva les yeux en entendant son ami marcher et lâcha un « b'jour » peu réveillé. Ce fut à ce moment précis qu'Hugo débarqua dans la dos d'Arthur, balayant ses cheveux d'un air endormit, seulement vêtu d'un jean.
Le rouquin écarquilla les yeux et détailla son torse où des marques de suçons y étaient inscrites, attirant l'attention du brun qui, ne comprenant pas sa réaction, se retourna. Leurs yeux s'accrochèrent avant qu'Arthur ne dessine son torse du regard. Il agrippa le coude du châtain et l'envoya dans sa chambre avec hâte, grognant :
— Met un tee-shirt, bordel !
Il referma la porte de la chambre et soupira avant de se diriger vers le duo. Lana mangeait ses céréales au chocolat et au miel, indifférente à toute cette agitation. Confus, Martin dévisageait son ami en silence, la bouche-entrouverte. Coupable, Arthur baissa la tête en arrivant devant lui et murmura :
— Je suis désolé, je sais qu'on avait dit personne ici.
Le rouquin l'observa en silence, assimilant avec lenteur l'information que son cerveau endormit peinait à traduire. Il chuchota, fronçant les sourcils :
— Quand... il est là depuis quand ?
— Tu as cru que je l'avais caché dans un placard ou quoi ? s'agaça Arthur en levant les yeux. Il est arrivé hier soir.
— Et vous avez dormit ensemble ?
— À ton avis, Sherlock !
— Ok, tu n'es pas réveillé avant ta douche.
Martin délaissa les cheveux de sa fille et jeta un regard au châtain qui revenait, une expression craintive sur le visage. Il l'invita à les rejoindre et le fit s'installer autour de la table avant d'agripper le poignet du brun et de dire :
— On va prendre notre douche, tu peux te servir dans les placards si tu as envie de quoi que ce soit.
Hugo fronça les sourcils avant de faire les gros yeux au brun à l'entente du mot « douche », sauf que ce dernier n'était pas assez réveillé pour intercepter ses signaux.
— T'es qui toi ? demanda Lana en le désignant de sa cuillère.
Martin poussa son ami dans le dos, lui intimant de récupérer des affaires fissa, et se tourna vers sa fille afin de répondre :
— C'est un ami d'Arthur. Sois gentille et mange, d'accord ?
— D'accord, dit-elle avec un ravissant sourire.
Les deux hommes s'enfermèrent ensuite dans la douche. Martin croisa les bras le temps que son ami dépose ses vêtements sur le couvercle de la bannette à linge sale et rencontra son regard réprobateur.
— Je veux parler donc va prendre ta douche.
— Je ne suis pas encore exhibitionniste, répliqua Arthur qui ne voulait pas se déshabiller devant son colocataire.
— Oh la la, rétorqua Martin en roulant des yeux, lui faisant désormais dos. Vas-y, je ne regarde pas.
Le brun hésita, mais il savait que le matin était une course contre la montre. Il s'empressa donc de quitter ses habits avant de filer vers la baignoire, tirant le rideau pour le cacher de sa vue. Il actionna l'eau et ferma les paupières en savourant les premières gouttes chaudes.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu l'ai dévoré comme ça ? Il avait pleins de suçons, fit remarquer le rouquin d'une voix taquine.
Bien que son ami ne le voyait pas, Arthur cacha son visage de ses mains et se sentit rougir, embarrassé.
— Je suis désolé, je sais qu'on avait dit pas de sexe à la maison.
— T'inquiète. Et puis, je pense plutôt que tu lui as fais l'amour, mais interprète comme tu le sens.
Arthur grogna et fixa les carreaux de douche avant de s'emparer d'un gel douche pour se laver.
— Je n'ai rien entendu et je pense que Lana aussi, alors tout vas bien. C'est juste... pourquoi il est là ?
Le brun mit du temps à répondre parce que ses pensées étaient encore confuses. Il se contredisait mentalement, savourant avec délice leur échange passé, mais regrettant que cela ne puisses aller plus loin.
— Il a planté Noémie devant tout le monde pour me rejoindre.
— Sérieux ?! s'exclama Martin en ouvrant le rideaux, surpris.
— Putain, Martin ! s'écria Arthur en rabattant la toile devant lui, le cœur battant.
— Oh, c'est bon, rigola son colocataire. On a la même chose entre les jambes et ce n'est pas comme si j'allais te sauter dessus.
— Tu connais l'essence même du mot « intimité » ?
Le ricanement moqueur du rouquin lui parvint et il le maudit mentalement. Il se rinça rapidement et ordonna à son ami de se retourner, le temps qu'il s'enroule dans une serviette. Une fois fait, il sortit du bain et laissa la place à Martin qui se déshabilla sans une once de gêne, obligeant Arthur à rouspéter une seconde fois.
— Hé, rétorqua Martin en se cachant derrière le rideau à son tour, j'ai un corps de rêve pour un mec de trente ans, je ne compte pas me cacher !
— Moi ça m'irait très bien que tu te caches, grogna Arthur en enfilant ses habits.
— Revenons à nos moutons, fit son colocataire. Il a dit non à Noémie, à rouler jusqu'ici pour te faire une déclaration, et vous avez fait l'amour comme des sauvages.
— Calme tes ardeurs.
— Et maintenant ? Vous êtes en couple ?
Arthur contempla son reflet et frictionna ses cheveux dans l'espoir de les sécher. Étaient-ils en couple ? Certainement pas. Mais qu'attendait-il d'Hugo ? Pourquoi l'avoir fait espérer en vain ?
— Non.
— Putain, mais mec, tu m'énerves ! s'agaça Martin en tirant le rideau afin de voir son ami qui détourna aussitôt le regard. Tu l'aimes depuis que t'as quinze ans, le gars te dis qu'il t'aime aussi, vous vous envoyez en l'air, mais tu ne veux pas que ça aille plus loin ?! J'ai vraiment envie de te foutre des claques.
— Tu sais que ce ne sera pas possible ! rétorqua Arthur, irrité.
— On trouvera une solution pour Lana. Je te le promets.
— Remets-moi ce foutu rideau, grogna le brun en exécutant ses paroles à la place du rouquin. Il n'y a pas de solution, Martin.
— Je suis sûr que si.
— Putain, mais t'es comme Hugo ! Tu crois qu'on vit dans un monde de bisounours ? Je suis réaliste.
— Et moi, optimiste, rétorqua son colocataire avant de sortir de sa douche. C'est bien pour ça que Lana sourit tout le temps. Avec un papa aussi génial...
— Oui, oui, bref !
Arthur entretenait sa barbe avec une lamelle, faisant attention à ne pas se couper même s'il avait l'habitude. Martin s'habilla rapidement et sortit le sèche-cheveux qu'il brancha aussitôt.
— Arthur, pourquoi tu ne veux rien tenter ?
Le brun soupira, débarrassa les quelques poils qui étaient tombés dans le lavabo et se tourna vers son ami, croisant les bras sur sa chemise d'un blanc parfait.
— Ce n'est pas ça, Martin... ça ne marchera pas entre nous deux. On est à sept heures de route l'un de l'autre ! Je ne saurais pas faire. Je n'aime pas les relations à distance. Avec mon travail et le sien, nous n'aurons pratiquement aucun week-end en commun et quand on se verra, on passera sûrement plus de temps à se sauter dessus qu'à parler. On ne pourra rien construire de concret et je ne lui demanderais pas d'abandonner son commerce pour moi.
— Pourquoi vous n'en parlez pas à tête reposée ? Je suis sûr qu'on peut trouver un moyen, insista Martin qui se tordait le bras dans l'espoir de réchauffer ses mèches de cheveux arrières.
Amusé par sa souplesse inexistante, le brun récupéra l'appareil et s'en occupa, l'esprit ailleurs. Il ne faisait que d'y penser, mais il ne parvenait à un résultat adéquat.
— Je lui parlerais, consentit-il à dire.
— C'est déjà un bon point, sourit Martin à leur reflet.
Arthur hocha la tête et éteignit l'engin lorsque les cheveux du rouquin furent sec puis ils sortirent de la salle de bain, le brun nouant maladroitement sa cravate. Il déposa un baiser sur le crâne de Lana qui fit de même sur sa joue, puis se posa sur un siège. Aussitôt, un café noir lui fut servit par Martin qu'il gratifia d'un sourire avant de s'afférer autour du noeud. Il grogna et pesta, ne parvenant jamais à un résultat correct jusqu'à ce que le rouquin la lui fasse, une barre de céréales dans la bouche.
Hugo les observait en silence, rongeant son frein. La jalousie montait minute après minute en voyant ce duo rodé à la perfection qui l'excluait totalement. À eux trois, ils formaient une vraie petite famille et le châtain n'avait pas sa place.
Arthur le remercia, but son café en silence tout en agrippant le regard noisette de son ancien ami qui n'avait encore pipé mot alors que Lana, plus réveillée, commençait son babillage. Il lui sourit distraitement et sirota le liquide en silence, observant la petite fille qui prenait son bol à deux mains, le lait glissant dans sa gorge.
Rapidement, ils finirent le déjeuner ce qui stressa légèrement Hugo qui se sentait à la ramasse dans toute cette agitation. Arthur débarrassa la table tandis que Martin s'occupait d'entraîner la jeune fille dans l'entrée, la préparant. Le brun ouvrit le cartable de Lana qui pendait au dossier d'une des chaises, vérifia que tout y était et héla le rouquin.
— Martin ! Les dents avant.
En cœur, les deux roux grognèrent et se dirigèrent dans la salle d'eau sous le ricanement moqueur d'Arthur. Il passa devant Hugo qui se leva, s'arrêta devant le châtain parce qu'il en avait un peu oublié sa présence et déposa un baiser sur ses lèvres avant de dire :
— Je vais me brosser les dents.
— Euh... ok...
Ils se dépêchèrent et suivirent Lana qui sautillait jusqu'à la porte d'entrée, s'asseyant sur le sol afin de chausser ses baskets. Arthur s'agenouilla devant elle, accrochant à nouveau la bretelle de sa salopette bleu nuit qui se détachait sans cesse et releva la tête vers Martin qui enfilait un manteau.
— Tu vas la chercher aujourd'hui.
— Oui, je sais. Tu rentre vers dix-neuf heures, non ?
— Hum. Tu veux que je m'arrête pour acheter quelque chose ?
— Il n'y a plus de raisins, répondit ce dernier en faisant la moue.
Le brun roula des yeux et se redressa, enfilant sa veste de costard et sa sacoche qui contenait quelques documents importants.
— Toi et tes raisins. On y va, Lana ?
Il lui tendit la main qu'elle saisit aussitôt avec un grand sourire, puis les deux hommes commencèrent à sortir. Arthur se retourna, fouilla dans ses poches et déposa ses clés dans les mains d'un Hugo légèrement désorienté.
— Tu dois repartir quand ?
— Euh... mardi soir au plus tard.
— Ok, garde mes clés. Visite si tu en as envie. On parlera ce soir.
Le visage du châtain se décrispa légèrement et il hocha la tête, un sourire timide sur les lèvres. Des lèvres que le brun ne put s'empêcher d'embrasser chastement avant de sortir de l'appartement, surprenant l'étonnement d'Hugo. S'il avait baissé les yeux à cet instant précis, peut-être aurait-il vu le choc que ce baiser avait produit sur la petite fille ainsi que le regard haineux qu'elle envoya à Hugo.
Ils descendirent les escaliers assez rapidement et Arthur déposa l'enfant sur son siège auto avant de démarrer. Avec son ami, ils avaient une bonne routine. Ils commençaient pratiquement aux mêmes heures, mais ne terminaient pas à un horaire similaire. Ils alternaient généralement pour emmener Lana et la ramener à la maison.
Arthur déposa la petite fille à son école, la gratifia d'un baisers et partit s'enfermer dans des bureaux toute la journée. Il n'aimait pas spécialement ce qu'il faisait parce qu'il s'agissait d'une tâche fastidieuse et rébarbative, mais son travail avait au moins le mérite d'être payant. Ce n'était pas astronomique comme somme, mais c'était toujours cela.
Ainsi donc, il passa la journée à son poste, regrettant presque cette semaine à faire le ménage. Même si son dos lui avait fait terriblement mal. Sur le chemin du retour, il fit une halte dans une supérette, récupéra une barquette de raisins verts, et rentra directement.
Lorsqu'il avait un temps libre dans la journée, son esprit le ramenait toujours à cette nuit magique, et il ne cessait d'être troublé. Continuer ? S'arrêter là ? Ne pas espérer ? Le problème, c'était qu'il y avait trop de paramètres à prendre compte, trop d'obstacles. Et une migraine pointait son nez.
Il arriva dans sa demeure en entendant une voix forte et grave qui réprimandait la petite fille d'un ton calme, mais ferme.
— Je ne suis pas d'accord, Lana. Tu n'es pas gentille. Excuse-toi.
— J'ai le droit de pas l'aimer, protesta la rouquine en faisant sa peste.
Le brun, fronçant les sourcils, enleva ses chaussures tout en pendant son costard, écoutant ce qu'il se passait.
— Lana ! Tu as été méchante. Je ne suis pas content.
— Mais je veux pas qu'il reste !
— Stop, ordonna Martin. Je n'acceptes pas ce genre d'attitude. File dans ta chambre et réfléchis à tes actes. Je suis sûr que tu n'aurais pas aimé qu'on dise la même chose.
— Mais...
— Je ne rigole pas, Lana, gronda le rouquin, sourcils froncés.
Arthur arriva dans la pièce au moment où l'enfant sautait du canapé en courant, les joues baignées de larmes. Il observa son ami soupirer profondément et détailla l'embarras qui se lisait sur le visage d'Hugo.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Lana a fait sa petite peste, lâcha Martin qui semblait énervé.
— Pourquoi ? Elle n'est jamais comme ça d'habitude, fit Arthur, surpris.
Il défit sa cravate et interrogea du regard son colocataire qui se mordait la lèvre inférieure, réfléchissant en silence. Le brun lui laissa le temps d'ordonner son esprit et poussa un soupir d'aise quand le bout de tissu bleu atterrit entre ses mains, délivrant son cou.
— Elle t'a vu embrasser Hugo et elle lui fait la misère depuis qu'on est rentré.
— Oh...
Son regard marron se voila de culpabilité et il évita le châtain, cherchant une approbation chez le rouquin. Il n'avait pas pensé que la petite fille prendrait ce baiser aussi mal. Elle savait parfaitement qu'entre eux-deux, il n'y avait rien. Pourquoi donc s'emportait-elle en voyant son pap's embrasser un homme ? Il avait peut-être une idée, mais il espérait que ce ne soit pas cela. Auquel cas, Lana pourrait empêcher une quelconque idylle entre lui et son ancien meilleur ami. Attends... parce que j'envisage quelque chose ?!
Il chassa cette pensée de son esprit et se mordilla la lèvre, anxieux. Inconsciemment, il sortit son paquet de clope et tapota une cigarette sur la petite boîte cartonnée, les iris braqués sur la fenêtre.
Que devait-il faire ?
~~~
Hé oui, Arthur hésite encore ! Mais quand on passe 11 ans a fuir une évidence, on préfère continuer de faire l'autruche par peur d'affronter la réalité, de goûter au bonheur et d'être déçu 😩
L'animosité soudaine de Lana pourrait remettre en question les choix d'Arthur... Hugo n'aurait jamais pensé que sa place pourrait être menacée par une petite fille de 4 ans.
À votre avis, que décidera Arthur ?
Ne blâmez pas trop Lana 🥺 c'est une petite fille qui adore sa famille et qui ne rêve que d'une chose : qu'elle soit éternelle.
Avis sur les personnages ?
Arthur ?
Hugo ?
Martin ?
Lana ?
J'espère que ça vous a plus ! Merci pour vos coms et vos votes ❤️
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