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✦ Daniel Seavey ○ Bleed on me ✦
Je souris en coin tandis que la blonde vient de disparaitre derrière une porte.
Via ♤
Ma jambe me fait encore un peu mal. Tout à l'heure, j'ai trébuché dans les escaliers. Je me suis appuyée à ma jambe gauche pour amortir ma chute mais celle-ci s'est pressée violemment sur les marches. Je soupire et tape mon pieds au sol. Cette journée ne commence pas vraiment bien à mon goût. J'essaie pourtant de me concentrer sur le cours pour ne pas m'ennuyer. Un faible vibrement dans ma poche me fait sursauter. Je prends en main mon téléphone pour vérifier la notification. Heureusement qu'il n'y a personne à côté de moi, je suis assise au fond de la salle.
De Malory :
Viens nous rejoindre après ton cours, nous sommes dans le bâtiment G.
Je lui réponds vite fait.
À Malory :
Okay, je termine dans une heure.
Elle m'envoie un "À tout à l'heure" avec un smiley. Si je compte avancer dans ma mission, il me faut cette fille comme appât. Quand j'aurais sa confiance, le brun sera obligé d'en faire autant pour ne pas la blesser. Je suis quasiment sûre qu'il suit à la lettre tout ce qu'elle lui demande de faire. Je suis juste désolée de l'utiliser comme ça. Malgré sa gentillesse, je ne peux pas me montrer faible devant elle, quitte à abandonner mon but. J'y perdrai ma vie à coup sûr. D'un point de vue externe, j'ai l'air d'un sans-cœur. Voire une égoïste parce que je tiens à ne pas mourir au point de trahir une merveilleuse fille. Je suis ainsi et je ne veux pas changer, mon boulot passe avant tout le reste. Les sentiments à savoir l'empathie, la considération d'autrui et bien sûr la pitié ne doivent pas prendre le dessus, comme je l'ai dit auparavant. Hier, je crois que j'ai sympathisé avec la brunette. Elle a déjà l'air de me prendre dans son cœur...
Je note rapidement les instructions du prof sur un devoir à rendre dans la semaine prochaine. On est au milieu du premier semestre et j'avoue que je suis parfaitement le rythme malgré mon attention sur mon job. Ce qui me plait le plus dans mes études, c'est que ma filière me passionne beaucoup. Je ne me sens pas obligée de mémoriser les cours.
Depuis mon enfance, le monde sous-marin m'a toujours fasciné et j'adorais plonger avec mon grand-père dans la mer quand je vais à Hawaï pour explorer. J'aime la sensation d'être parmi ces êtres vivants dans l'eau ; d'observer les coraux, les algues, les baleines et surtout les étoles de mer différentes les unes des autres. Petite, je rêvais de devenir plongeur professionnel. Bien sûr, ce rêve n'est plus d'usage car ma passion sur le combat a pris le dessus. En intégrant l'agence, je ne voulais plus continuer mes études, je trouvais ça comme une perte de temps puisque je gagnais beaucoup plus que dans un job normal. Mais mon père a insisté sur le fait que je devrais au moins avoir une licence avant de faire ce que je veux pour ne pas aller à l'encontre de notre réputation. Surtout que je ne compte pas reprendre les rênes de l'entreprise. De toute façon, c'est Silva le successeur qui s'en chargera.
Je range mes affaires lorsque Monsieur Chester nous annonce la fin du cours. Je me dirige immédiatement dans le secteur Mathématiques pour rejoindre Malory. J'espère que ce Hall sera avec elle, quoique... Voir sa sale gueule ne m'enchante pas vraiment.
Au rez-de-chaussée, je croise quelques uns de leurs amis dont je ne me souviens pas leurs noms. J'allais prendre l'escalier quand quelqu'un m'interpelle. Une impression de déjà vu. Je me tourne en envoyant un regard noir à la personne mais change d'expression quand un visage rond apparait.
-Salut ! me fait-elle dans un sourire éclatant. Tu vas bien ?
-Oui, et toi pas de gueule de bois ?
-Non, dit-elle légèrement. Je n'ai pas pris d'alcool hier. Toi aussi je présume ?
-Je ne bois pas, dis-je simplement.
Ma réponse semble attirer l'attention des deux garçons. Le fameux Lenn me sourit sincèrement pendant que l'autre me lance un regard toujours blasé.
-Bonjour, tu dois être Via ? Je ne m'étais pas présenté correctement hier. Je suis Lenn, le copain de Malory.
-J'ai cru comprendre, enchanté.
-Eh Alex, tu dis pas bonjour à Via ? demande Malory.
-Salut, souffle-t-il avec tout le plaisir du monde.
T'inquiète pas mon coco, le "plaisir" est partagé.
-On va d'abord étudier dans la salle et après, nous allons manger dans un fastfood à côté de l'Université, propose la brune en ignorant la froideur de son ami. Ça te va ?
-Ça me parait un bon plan.
Je la suis dans une salle autre que la dernière fois où j'ai rencontré le brun. Il n'y a personne à part nous deux. Elle a insisté à me donner des cours de maths malgré mes protestations. À vrai dire, je connais déjà les bases de cette matière dans mon parcours. Mais disons que je ne voulais pas offenser cette fille juste puisque j'ai inventé cette histoire d'aide pour me rapprocher de Hall. Nous commençons par des exercices basiques, puis nous entamons les plus complexes. Elle m'explique une manière -autre que mon professeur enseigne- plus simple pour résoudre les problèmes. Tout compte fait, ce n'est pas une perte de temps d'étudier avec elle. Au bout de deux heures, on décide d'arrêter pour aujourd'hui. Malory me propose de rejoindre les garçons qui étaient dans le bureau d'Alex.
-Comment tu peux aimer Captain Marvel alors qu'elle n'était même pas présente dans tous les Avengers ? je demande en longeant les couloirs du bâtiment.
-Elle est super badass ! Et puis, tu oublies qu'elle était là dans End Game.
-Ouais mais elle n'a fait que deux apparitions. Au début et à la fin du film. Elle est venue pour tuer Tanos et après, elle s'est cassée. Puis, ça n'a servi à rien puisque le Tanos du passé a été mis au courant de son futur, je roule des yeux.
Nous sommes en chemin en débattant sur l'utilité de Captain Marvel dans les Avengers (nda : sans rancune pour les fans de Bri Larson ;P).
-Tu te rappelles dans Spider-Man, Nick Fury ne veut même pas entendre qu'on prononce son nom, ajouté-je dans un rire.
-Rassure-moi, tu as déjà vu l'intégral de Captain Marvel, le film ?
-Non.
-Alors fin de la discussion, fait-elle.
Nous nous regardons toutes les deux avant d'exploser de rire.
-De qui vous vous moquez ? demande une voix masculine qui a ouvert la porte qu'on allait prendre.
On a du mal à le répondre tellement on riait. Je me racle la gorge pour reprendre mon calme.
-On parlait juste d'un film, je réponds sans détail.
Lenn hoche la tête.
-Bon, vous venez ? J'ai trop la dalle ! Al' , dépêche-toi !
Le concerné sort du bureau, le téléphone en main. Nous ne tardons pas à entrer dans un fastfood du coin. Les commandes faites, on attend avec impatience nos plats. Je commence bien à me plaire avec cette bande même si un en particulier me fait chier.
-Comment s'est passé votre cours ? interroge Lenn.
-Très bien, sourit sa copine. Ce n'était pas très difficile de lui avoir expliqué. Via semble plutôt douée en fait.
-Tu exagères, je ne connais que les bases.
-Mais tu t'es très bien débrouillée.
-C'est toi qui explique super bien, je la complimente.
-N'empêche, t'es une bonne élève. Encore un peu d'efforts et tu pourras peut-être surpasser Alex.
Elle me lance un clin d'œil alors que le brun se redresse sur sa chaise.
-C'est impossible, crache-t-il.
-Tu ne m'en crois pas capable ? je le scrute.
-Personne ne peut me dépasser, il m'envoie un sourire arrogant.
Un rire jaune s'échappe de ma gorge.
-Narcissique va, je marmonne.
-Qu'est-ce que tu viens de...
Une sonnerie le coupe dans son élan. Je regarde l'écran de mon téléphone et me crispe légèrement en constatant l'image qui s'y affiche. Je me lève de table.
-Excusez-moi, je dois répondre.
Je sors dehors, l'air frais me fouette le visage. Qu'est-ce que mon père veut à cette heure-ci ? Je décroche après une hésitation.
"Allô ?
-Chérie, tu réponds enfin !
Je fronce les sourcils en reconnaissant la voix d'une femme.
-Maman ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je voulais te proposer si tu veux aller au centre commercial avec moi aujourd'hui.
-Là tout de suite ?
-Oui, enfin... Si tu n'as pas quelque chose de prévu bien sûr.
-Non, ça va. Je vais dire au revoir à mes amis.
-Tes... Amis ?
J'entends au son de sa voix sa surprise. Ma mère n'est pas habituée parce que je ne suis proche de personne à part Libie.
-On peut dire...
-Okay ! On passe te prendre ? Silva veux venir aussi.
-Non je vais rentrer, j'ai ma voiture.
-À tout à l'heure alors !
-Oui."
Elle raccroche enfin. Cet après-midi risque d'être épuisant...
-Tu t'en vas ?
-Euh oui, je dois voir ma mère. Je suis désolée de pas pouvoir rester.
-C'est pas grave, dit Malory en m'embrassant la joue.
-À bientôt, Via !
-Salut les gars !
Je rejoins ma voiture que j'ai laissé au parking de la fac.
✿
✿ ✿
-Maaaan... Ça fait une heure qu'on est ici et qu'on n'a rien trouvé..., je râle.
-Via sois plus positive s'il te plait, répond-elle.
-En plus, j'ai trop faim. J'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis des lustres !
-Attends, je vais appeler Silva. Il traine trop dans cette cabine. Silva ! Ramène-moi tes fesses ici ! Si ça te va pas, on en trouvera d'autres.
Je rigole face au caractère de ma mère. Elle est toujours comme ça avec nous, à nous engueuler (surtout Silva). Je suis affalée sur un long canapé devant la cabine d'essayage tandis que ma mère cherche encore des vêtements à côté.
-Non mais arrêtes de me traiter comme un bébé, grogne Silva en sortant. Les filles vont fuir en pensant que je suis un garçon qui traine dans les jupes de sa mère.
Celle-ci lève les yeux au ciel. Je détaille le grand brun, il porte une chemise bleue nuit rentrée dans un pantalon noir très chic. L'ensemble est très classe et ma mère semble émerveillée par le résultat.
-On l'achète ! s'exclame-t-elle après un silence. Tu es très beau dedans.
-En même temps, je suis toujours canon même dans un sac-poubelle, il souffle.
-Je doute. Tu pueras comme un putois donc..., me moqué-je.
-Petite peste ! Je vais te...
Il ne finit pas sa phrase que je me suis déjà précipitée devant la caissière, l'air de rien. Il allait me tirer les cheveux comme il le faisait avant quand je désobéissais mais s'arrête net en voyant la femme sur le comptoir le regarder de travers. J'étouffe un rire.
-Les enfants, arrêtez vos chamailleries, maman s'avance vers nous. Excusez-les, c'est une retrouvaille entre frère et sœur.
La caissière ne fait pas de commentaires et se contente d'emballer les affaires de Silva. Ce dernier me pince les joues, ce qui m'arrache un petit cri.
-Ça t'apprendra à me traiter de mocheté.
La femme lui jette un furtif regard et sourit. Il lui fait un clin d'œil avec un de ces beaux sourires en stock. Cette scène est trop hilarante avec ma mère qui regarde mal la caissière.
-Maintenant, direction manger ! lancé-je en étirant mes muscles.
On a choisi d'aller dans un Starbucks. Je commande du café et des pâtisseries, contrairement à notre mère qui opte pour du simple thé. Je pense qu'elle a déjà mangé avant de venir. Silva s'empiffre de gâteaux sous le regard noir de maman. Au moins, c'est notre plus grand point commun avec mon frère, on aime trop manger !
Une fois le repas terminé, on retourne dans notre "exploration vestimentaire". Ça fera le sixième magasin qu'on visite et je ne trouve ou plutôt maman ne trouve pas encore ma robe pour la fête. Je commence vraiment à en avoir marre de voir tous ces vêtements sur les cintres...
-Je te préviens, si on ne trouve aussi rien ici, j'abandonne ! dis-je à l'égard de ma mère. Je vais mettre une tenue basique comme un jean et un débardeur simple.
-Ne dis pas n'importe quoi ! s'offusque-t-elle. On finira par te dégoter LA robe parfaite.
-Pourquoi c'est toujours une robe ? demande Silva sur une chaise.
-Moi aussi, je comprends pas. Les jupes sont pourtant jolies.
-Ce n'est pas convenable, tranche-t-elle en me tendant une robe. Vas l'essayer et on verra.
Je la prends sans rechigner. Si ça peut atténuer son ardeur alors, je mettrais la robe volontiers. Je la regarde un instant avant de l'enfiler. C'est une robe cloche de couleur pêche à demi-manche, elle m'arrive jusqu'en haut des genoux et le tissu est en satin. Je crois que j'ai un coup de cœur ; en même temps, les goûts de ma mère sont toujours excellents vu qu'elle travaille pour un magazine de mode. Cette dernière m'appelle pour que je sorte. Je fais ce qu'elle demande en levant le rideau de la cabine. Elle me fait les gros yeux tandis que Silva me sourit exagérément.
-Elle est parfaite pour toi ! déclare-t-elle.
-C'est vrai que t'es sublime Via, me complimente Silva.
-Alors, je la prends ! je réponds en signe de victoire. En plus, je commençais à avoir les jambes en compotes à force de traverser chaque magasin.
-À qui le dis-tu ? soupire le brun.
-On n'a pas encore trouvé les chaussures ! nous fait-elle remarquer.
-J'ai déjà une paire de la même couleur, plus la peine.
-Non, c'est toujours mieux le neuf ! Rappelle-toi que c'est l'anniversaire de ta grand-mère, pas une simple fête. Let's go les enfants !
On râle tous les deux en la suivant. On dirait que maman ne s'épuise jamais quand il s'agit de faire du shopping. Je crois même que c'est une de ses passions préférées... Heureusement qu'on trouve facilement une paire de talons assortie à la robe. Ma mère paie avec sa carte et nous partons non sans se plaindre. Je préfère ne pas préciser que toutes nos tenues ont coûté une fortune mais ça, ce n'est pas un problème.
-On va où maintenant ? demande Silva en démarrant la voiture.
-On rentre, moi aussi j'ai besoin de me poser, réplique ma mère qui met sa ceinture.
-Au fait maman, tu ne m'as pas dit pourquoi tu m'as appelé avec le téléphone de papa tout à l'heure ?
-Oh ça... Il l'a oublié à la maison et le mien était à plat.
-Je vois...
Je n'ajoute rien et me concentre sur le paysage qui défile. Le soleil commence à descendre. Je repense alors à toute la journée que je viens de passer. En fin de compte, elle n'a pas été si terrible que je l'avais pensé.
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