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Chapitre 3

L'homme lança un regard paniqué à sa montre. Tic, tac, tic, tac, répétait-elle. Il grogna, maudissant intérieurement ce bruit horrible qui avait rythmé son enfance et son adolescence.

Le métro s'arrêta brusquement et il vacilla, se retenant de justesse à la barre jaune, sûrement pleine de microbes, à laquelle ses mains s'agrippaient. Les portes s'ouvrirent aussitôt et il se jeta en avant, bouscula les autres passagers, se ruant sur la sortie. Il joua des épaules, n'offrant aucun "pardon, excusez-moi" aux personnes qu'il poussait sans ménagement.

Il n'avait pas le temps. Il devait arriver à son travail dans une minute et il lui restait un kilomètre à parcourir à pied avant de l'atteindre. Or, son patron lui avait déjà lancé un avertissement, ses retards ne seraient plus excusés, la moindre faute risquait de lui faire perdre son boulot.

Il n'osait même pas imaginer la rage de son père s'il lui annonçait qu'il avait perdu le petit job qu'il lui avait dégotté. À vingt-trois ans, encore dans les études, Ulysse n'avait rien trouvé de lui-même et s'était retrouvé obligé de demander de l'aide à l'homme qu'il haïssait le plus au monde.

"-Tiens, tiens, mon cher fils... Cela fait longtemps, tu manques terriblement à ta mère et ton frère !
-Bonjour, père, avait simplement lâché Ulysse.

Un rictus paralysa la bouche du père de famille.
-Quelle froideur, fiston ! Qu'est-ce qui t'amène, si ce n'est le bonheur de me revoir ?

Le jeune homme avait inspiré plusieurs fois pour se calmer, serré les poings et annoncé :
-Je me demandais si ta proposition par rapport au poste chez ton ami Oliver tenait toujours...

Un immense sourire éclaira le visage sombre de l'homme aux cheveux gris, au nez tordu et à la bouche fine et pincée.

-Oui, elle tient toujours. Mais j'aimerais que tu aides financièrement ta chère famille si je t'offre le poste. Ton frère va bientôt finir sa scolarité, il faudra bien lui payer des études...

Il jeta un coup d'œil autour de lui, verifia qu'il était encore seul avec son fils aîné dans le couloir et murmura :
-Ne compte pas sur moi pour offrir mon salaire à ton merdeux de frère, il ne m'offre pas l'amour et le respect qu'un enfant doit à son père. Il a même essayé de convaincre ta mère de partir... Tu comprends que dans ces conditions, je ne peux pas lui payer d'études. Et ce n'est pas faute de l'aimer, tu le sais n'est-ce pas ?

Ullysse le fusilla du regard, ses yeux bleus lançaient des éclairs et il répliqua :
-Je t'interdis de parler de César comme ça !

Son père rugit :
-Ah oui ? Et tu te prends pour qui à me donner des ordres ?

Sa main partit et frappa violemment la joue de son fils. Il voulut riposter, se jeta en avant, poing serré, prêt à cogner son père. Mais ce dernier, plus grand et fort que lui, attrapa sa main, tordit son bras dans son dos et le plaqua contre un mur.

Il sussura à son oreille :
-Ne fais pas le malin avec moi Ulysse, nous savons tout les deux qui est le chef ici ! Je ne veux que votre bien à tous... Compris ?
-Oui, marmonna Ulysse, joue collée contre le mur, son bras tordu lui envoyant des décharges de douleur dans l'épaule.

Un silence marqua sa réponse, brisé par le son étouffé de l'imposante horloge du salon : Tic, tac, tic, tac. Et finalement, la voix du père lâcha, d'une voix satisfaite :
-Bien, très bien, mon grand. Allons saluer ta mère !

Il relâcha son fils, presque avec dédain, fit volte-face, pénétra dans la cuisine et disparut du champ de vision d'Ulysse. Ce dernier recula du coin dans lequel il avait été acculé et essuya rageusement la goutte traîtresse qui dévalait sa joue gauche.

Il suivit les pas de son père et entra dans la cuisine. Elle était vide, à la plus grande déception du jeune homme qui espérait tomber sur son frère. Il soupira et quitta l'endroit pour le salon. Là, une masse de longs cheveux noirs l'accueillit.

Ils dépassaient à peine du dossier du fauteuil, mais il n'en fallait pas plus à Ulysse pour reconnaître sa mère. Il hésita entre se jeter dans ses bras ou la regarder froidement, son cœur partagé entre l'amour qu'il lui portait et la haine qui brûlait en lui quand il pensait à toutes les fois où elle n'avait pas agi, ne levant pas le petit doigt pour protéger ses enfants.

Même lorsqu'il avait quatre ans, première fois où son père avait levé la main sur lui, pour une bête histoire de chaussures empruntées à tort, elle n'avait pas agi.

Ce n'avait été qu'une gifle. Une seule. Rien de plus, il n'était qu'un enfant après tout. Mais il avait bien fallu marquer le coup tout de même, pour qu'il comprenne que c'était mal de ne pas obéir à ses parents. Et la joue brûlante, la douleur vive contre sa peau, Ulysse avait espéré que sa mère le réconforterait.

Il fit disparaître de sa tête l'image du petit garçon qui levait des yeux embués vers sa maman et qui s'en voulait d'avoir joué au cowboy, et se concentra sur l'instant présent.

Sa mère s'était retournée et ses yeux doux lui faisaient face. Il lui sembla que ses cernes étaient plus profonds que lors de sa dernière visite, que ses joues s'étaient creusées et son teint paraissait blafard.

Cela intrigua le jeune homme, persuadé que quand il vivait encore à la maison, jamais son père n'avait levé la main sur sa femme. Son hésitation disparut et il se jeta dans ses bras, lui offrant un câlin protecteur.

-Ulysse ! s'écria une voix grave du haut des escaliers.

César descendit comme une flèche et se trouva une place entre sa maman et son frère. Il renifla l'odeur rassurante de son aîné et lui sourit. "

Le jeune homme sortit brusquement de sa torpeur lorsque son pied se prit dans une pierre plus grosse que les autres. Il émergea d'un seul coup de ses songes et se reconcentra sur sa mission : parcourir un kilomètre en moins d'une minute.

Il accéléra la cadence, passant d'un trottinement léger à une course rapide. Ses pieds foulaient à peine le sol, l'effleurant du bout de leur semelle noire. Ses chaussures, peu adaptées pour courir crissaient et s'abîmaient tandis qu'Ulysse s'essouflait.

Tic, tac, tic, tac, répéta sa montre. Et ses pas lui firent écho : paf, paf, paf, paf. Tic, paf, tac, paf. Ulysse perdait la tête. Au milieu de cette cacophonie qu'il semblait être le seul à entendre, il ne savait plus quoi faire pour échapper à ce son vicieux du temps qui lui échappait.

Qui lui avait toujours échappé.

Sa course lui sembla éphémère. Toute cette galère pour être à l'heure, alors que le temps restait rieur. Quelle stupidité ! Une course contre le temps ne se gagnait jamais car il était régulier, inépuisable, imbattable. Il gagnait sur l'endurance face à un Ulysse perdu et troublé par cette notion si abstraite.

Le temps.

Son allure diminua, jusqu'à ce qu'il fusse à l'arrêt complet. Il ne savait plus pour quelle raison il avait vécu jusque là, dans cette peur, cette poursuite du temps et du bonheur. Tout devenait sombre et inexpliqué, tous ces gestes, ces moindres actions perdirent de leur sens. Pourquoi se demanda-t-il ?

Pourquoi la vie, pourquoi la mort ? Des questions sans réponses, qu'il s'était déjà posées lors de ses cours de philosophie au lycée. Elles ressurgissaient soudainement, comme si comprendre que le temps ne lui appartenait pas ébranlait tous ses piliers.

Pourquoi les gens agissent d'une manière et pas d'une autre ? Pourquoi mon père me déteste-t-il ? se demanda Ulysse figé au milieu de la rue pleine de monde.

Les passants avançaient sans lui prêter attention, concentrés uniquement sur leurs objectifs. Des pas rapides, des épaules qui le bousculaient, des yeux qui, absorbés par leur destination, ne le voyaient même pas. Ulysse n'apercevait plus que des couleurs : du gris, du brun, du noir, un tourbillon sombre et triste qui couvrait tout le reste. La tristesse et la désolation s'abattirent sur ses épaules, il se recourbait, chutait vers ce sol, si sombre lui aussi, si froid, si vide d'émotion. Il se retrouva à genoux, sous la plus grande indifférence de la foule de travailleurs pressés.

Ils semblaient tous savoir où ils allaient... Pourquoi était-il le seul à ne plus trouver de sens à la vie ? Il n'en savait rien, strictement rien, et cela l'affolait.

Tout ça à cause de cette montre ! Elle  qui, indifférente à son mal-être, continuait sa tâche infernale.

Et au milieu de cette panique intérieure, Ulysse eut une certitude, une seule conviction, un dernier objectif :

À partir de maintenant, il contrôlerait le temps. Il ne laisserait plus personne lui donner de contraintes, le forcer à se battre contre les aiguilles de sa montre. Ni son père, ni son patron, personne. À part lui. Et seulement lui. Il déciderait du moment où tout pouvait basculer, il choisirait d'interrompre le "Tic, tac, tic, tac" pour se permettre de crier : BOUM. Et lorsqu'il le ferait, les gens paniqueraient, car ils sauraient que c'était la fin. Il avait toujours subi ce "BOUM" fatidique mais ce temps là était révolu, il en était convaincu.

Les règles allaient changer.

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