Introduction
Un soleil éblouissant l'aveuglait alors qu'elle n'aurait souhaité qu'observer, figer l'instant dans sa mémoire pour que même les yeux fermés elle puisse se souvenir parfaitement. Mais on n'y pouvait rien. Les cheveux blonds d'Hella ne faisaient que rediffuser la lumière de l'astre chaleureux.
Ses doigts passèrent sur son visage pour y écarter une mèche qui semblait la déranger.
Hella lisait. On aurait pu croire qu'elle était absorbée, elle l'était sans aucun doute. Mais son attention demeurait toujours aussi affutée et ses sens guettaient le moindre changement dans son environnement, le moindre danger. Strix connaissait son amie par cœur. Sa meilleure amie. C'était ainsi depuis très longtemps. Elle pouvait se rappeler de leur première rencontre comme si cela c'était passé hier. A cette époque, Strix se battait souvent. Elle n'utilisait que rarement la magie, ne parvenant pas à s'en servir correctement encore. Bien sûr, elle connaissait Hella par le biais de photos qu'Annette lui montrait. Un soir de pluie d'avril, alors qu'elle allait seulement retourner aux dortoirs, Strix avait croisé le chemin de personnes avec lesquelles elle s'était confrontée la veille. Des garçons qui souhaitaient se venger. Mais bien plus nombreux, Strix n'avait que très peu de chance de s'en sortir indemne. Puis Hella était apparue. Elle s'en souvenait à cause de l'image qui s'était gravée dans sa mémoire.
La Lune derrière Hella avait formé comme une auréole, la lueur de cette dernière ne semblant montrer qu'elle. Strix, qui avait fini par terre à cause d'un coup de poing, la regardait simplement se placer devant en essayant de raisonner les agresseurs. Enfin, en y repensant, « Porcinet, retourne bégayer dans la porcherie qui te sers de chambre » ne devait pas être une tentative de calmer quelqu'un. toujours est-il que les gars avaient répliqué avec un coup de poing arrêté net par la main d'Hella qui s'était refermée sur la sienne. Elle avait confié son sac à Strix, toujours assise au sol. Et sous la pluie fraîche d'un début de printemps, elle avait massacré le groupe d'hommes en peu de temps. Puis elle avait prit de son sac l'un des très nombreux chocolats qu'il contenait, l'offrant à Strix.
« C'est un chocolat de Pâques, euh non, de pacte. Tu gardes le secret sur le fait que je suis Wonder Woman et je ne dirais à personne que tu as perdu face à un homme. »
C'était idiot mais Strix avait gardé sa langue. Le lendemain, elle avait emménagé dans les dortoirs de la fac et, comme le hasard faisait bien les choses, ce fut avec Hella qu'elle se trouva.
Depuis, les deux étaient inséparables. Et comme des sœurs, elles pouvaient se comporter en garce l'une envers l'autre. Mais là...
Hella se retenait de rire mais son sourire en coin ne trompait personne.
— Hella, je vais vraiment te tuer.
— Pourquoi tant de haine ?
Les poings serrées, Strix n'osait même plus regarder son reflet dans un miroir. Ses cheveux...Ses pauvres cheveux...
— Parmi toutes les couleurs du monde, pourquoi as-tu choisi un putain de rose !?
Elle ne se retint plus, éclatant de rire. Les larmes aux yeux tant sa farce l'amusait, Hella se pliait en deux en regardant la tronche de Strix. Ses beaux cheveux noirs avaient viré au rose. Ça et ses yeux. Eux aussi avaient pris cette couleur affreuse !
— Et qu'est-ce que t'as fait de la robe à froufrou que je t'ai laissé ?
— Alors ça aussi c'était...Je vais vraiment te tuer !
— Va chez le coiffeur.
— C'est un putain de sortilège, Miss Doll ! Peu importe les teintes que je mets dessus, ça ne partira pas !
— Oh ça va Mercredi, continuait-elle de rire.
Ce fut trop pour Strix.
« Oh, tu veux jouer à la magie avec une sorcière ? Tu ne vas pas être déçue du voyage. »
Et le soir venu, alors que les cheveux de Strix et ses yeux étaient revenus à la normale grâce à l'aide d'Annette, ce fut sous la Lune qui serait bientôt pleine que la sorcière avait dressé un cercle à l'aide de sa baguette.
Une chouette sur l'épaule, elle ferma les yeux.
— Ô divinité du printemps, ô divinité de l'aube, réponds à l'appel de ton enfant, venge une sorcière probe.
A ces mots, la poussière se souleva au centre du cercle. Des fleurs naissaient, fleurissaient devant ses yeux, laissant apparaitre une splendide jeune fille. Une adolescente blonde en apparence, vêtu de tissus légers et de fleurs.
— Strix, que t'arrive-t-il ?
— Ostara, veux-tu m'aider à jouer un tour à une sorcière en un jour sacré pour toi ?
Et les yeux de la déesse Ostara brillèrent.
Strix n'avait peut-être pas un puissant Dieu Druide pour divinité, mais Ostara était une déesse à ne pas prendre à la légère. Surtout lorsqu'elle décidait de lâcher les lapins.
« Trouve tes œufs maintenant, Hella. »
***
Bon, Strix devait vraiment m'en vouloir pour hier.
Comment le savais-je ? Un simple regard dans un miroir pouvait me le confirmer. Sinon, comment expliquer les oreilles et la queue de lapin qui avaient poussé en une nuit sur moi ?
— Pitié, faites que mes dents soient normales....
Ouvrant la bouche, je découvris avec soulagement que oui, Strix n'avait pas touché à mes dents. Le problème à présent c'était de savoir comment se débarrasser de ces choses qui semblaient faire partie intégrante de mon anatomie.
La porte de la chambre s'ouvrit, laissant Strix entrer dans notre dortoir. Elle avait une fierté sur le visage qui me donnait envie de l'étrangler, même si je commençais à me dire que ceci pourrait tourner à mon avantage. Aujourd'hui était Pâques. Je n'aurai qu'à faire passer tout ceci comme un costume de lapin. Avec une tenue plus ou moins décente, je récolterais surement plus de chocolat que les années précédentes.
— Laisse-moi deviner. Tu penses à aller draguer des gars en tenue de lapine chaudasse pour avoir plus de chocolat ?
— Quand tu le dis, ça semble vraiment vulgaire.
— Surement parce que ça l'est. Mais je suis au regret de t'annoncer que tes plans pour cette année sont morts.
— Qu'est-ce que tu dis ?
Bombant le torse avec orgueil, elle se retenait de se moquer de moi.
— Strix, qu'est-ce que tu m'as fait ?
— Mouahahah ! Tu aurais dû te renseigner avant de m'énerver la vieille de Pâques parce que moi, la grande sorcière Strix, suis sous la bénédiction de la grande Ostara !
Ostara, déesse du printemps. Elle dormait tous le reste de l'année et se réveillait à Pâques, ou quelque chose du genre.
Ainsi donc, Ostara était la déesse de Strix.
— Et aujourd'hui, pour venger sa si précieuse sorcière, Ostara a fait de toi un lapin de Pâques !
Je me serais attendue à une bien pire révélation.
— Donc je dois cacher du chocolat ?
Ah, mauvaise réponse. Strix sembla déçue.
— Tu ne connais pas les lapins de Pâques ? Pourquoi crois-tu que l'on mange du chocolat et un bon repas à Pâques ?
— Euh, ça dépend. T'es catholique ou juive ?
— Oh, oh, là n'a rien à voir Hella. Je te parle de tradition non-humaine.
— En sachant que j'ai une éducation humaine...
Ma meilleure amie un regard amusé qui n'augurait rien de bon.
— Il était une fois, le printemps.
— Super début.
— Tais-toi, c'est moi qui raconte. Bref, à l'arrivée du printemps, la vie remplaçait les silences mortels de l'hiver passé. La déesse Ostara offrait ses merveilles au monde. Mais très joueuse, elle s'amusait à cacher des œufs très particuliers à chaque fin de printemps qui écloraient pour le printemps suivant. Si ces œufs étaient trouvés, ils offraient la prospérité durant une saison entière. Mais s'ils restaient cachés, au printemps suivant des lapins en sortiraient.
— Alors je m'y connais un peu en mythe et légende. Et là, je peux te dire que ce que tu racontes c'est du grand n'importe quoi.
— Ce n'est pas écrit dans les manuels humains.
Elle sortit de son propre sac un livre assez vieux, juste pour me montrer qu'elle possédait une source avec elle de ce qu'elle m'affirmait.
— Ces petits lapereaux auraient la capacité d'apporter la vie durant une année entière. En somme, durant un an la personne vivait sans crainte de la mort. Et pour ce pouvoir, on consommait le lapereau.
Mes mains se posèrent sur mes nouvelles oreilles. Je commençais à redouter mon avenir.
— Bon, en vrai la partie des œufs et des lapins est bidon. Je voulais juste te faire peur.
Strix avait-elle toujours eu une imagination aussi spontanée ?
Soulagement de courte durée. Strix sortait de nouveau son livre, cette fois pour l'ouvrir sur l'image d'une femme tenant un lapin.
— Ostara avait pour habitude d'emmener avec elle quelques lapins pour l'aider à fertiliser le monde de son printemps. De leur arôme particulier, attractif, les lapins attiraient la vie.
— Pourquoi j'ai l'impression que je ne vais pas aimer la suite ?
— Sans doute parce que tu ne vas pas aimer la suite ?
Elle tourna la page et toutes mes craintes eurent une image. Celle de jeunes femmes magnifiques avec des oreilles de lapin. En somme : moi aujourd'hui.
— Si je comprends tes sous-entendus, en ce moment je produis un parfum particulier qui va m'attirer des ennuis.
— Oh ouais. Tous les humains te trouveront particulièrement attirantes aujourd'hui mais les créatures non-humaines...
Un machiavélique lui échappa, me faisait presque peur.
— Tu vas te faire dévorer toute crue !
— Sorcière ! Tu oses faire ça à ta meilleure amie ? A ta sœur de cœur ?
— Tu as transformé mon apparence.
— Je ne mérite pas de me faire poursuivre par des monstres en ruts !
— Tu as pris des photos de moi avec cette maudite robe rose pendant que je dormais et tu les as publiée sur mes comptes. Sur tous mes réseaux sociaux.
Un point pour elle, j'avais été une peste sur ce coup-là.
— Tu es consciente que je vais me faire violer ?
— A d'autres, tu les auras tous castrer avant qu'ils n'aient pu faire quoi que ce soit. Mais je peux t'aider. Si tu me supplies, alors je ferai annuler tout ça.
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