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[O&P] 8. Qu'à cela ne tienne

- Cinquième année - 

17 avril 1994


-Et tu comptes faire quoi pendant les vacances ?

Octavia avait noué les doigts aux siens, à l'ombre d'une arcade sur le quai de la voix 9¾. Le Poudlard déversait sur eux un panache de fumée blanche qui rendait le quai brumeux et les silhouettes floues, à peine discernables. Leurs parents et leurs bagages les attendaient plus loin. Quelques élèves défilaient non loin d'eux mais Simon arrivait bravement à les ignorer et à ne pas retirer sa main. Un exploit au bout de cinq mois de relation ... Il fixa leurs doigts entrelacés avant de reporter son attention sur le petit sourire d'Octavia.

-Je n'en sais rien ... flâner, sans doute. Et toi ?

-Mon père nous emmène en Grèce ... J'essaierais de t'envoyer quelques lettres depuis là-bas mais ça risque de ne pas être facile ...

Elle se mordit la lèvre et jeta un bref regard au quai qui se vidait. Avec un certain malaise, Simon capta le regard d'Emily sur eux, désapprobateur. Contre toute attente, il n'avait pas tenu très longtemps dans la clandestinité totale. Il n'était pas un très bon menteur et surtout, il détestait les contraintes que cela impliquait. Cédric avait compris au bout d'une semaine. Emily au bout d'un mois – et cela aurait pu provoquer une véritable catastrophe si Simon n'avait pas su exceptionnellement crier plus fort qu'elle pour s'assurer la paix. Quant à Victoria ? Il avait demandé à Emily de ne rien lui dire et évitait de s'exhiber avec Octavia devant elle mais il ignorait totalement s'il était parvenu à la discrétion voulue.

-Tu pourrais venir avec nous, lança brusquement Octavia d'un ton détaché.

-Excuse-moi ?

-Chez moi. On ne part que demain. Tu peux venir ce soir chez moi ... Tu rencontrerais mes parents, comme ça.

Simon avait conscience de trop cérébraliser leur relation, de se poser trop de question sur ces gestes, sur l'attitude à avoir, sur sa posture. Pourtant là, il réagit instinctivement en récupérant vivement sa main pour croiser les bras sur sa maigre poitrine et toiser la jeune fille. Nullement désappointée, Octavia soutint son regard.

-Rencontrer tes parents ? répéta Simon avec cynisme. Depuis quand c'est aussi sérieux, Miss McLairds ?

-Depuis que ça fait cinq mois qu'on est ensemble ? rétorqua Octavia. Allez, Simon, ce n'est pas grave ... Comment on fera cet été pour se voir si nos parents ne sont pas au courant ? Ce n'est pas de l'officialisation, c'est purement ... pratique.

Simon se contenta de la lorgner avec scepticisme. Peu à peu, il avait pris ses marques dans ce nouveau type de relation qu'il expérimentait. Il avait appris à laisser Octavia lui tenir la main et le gratifier de marque de tendresse, il avait appris à esquisser lui-même ses gestes – plus pour entrer dans le moule que par réelle envie – et surtout, il avait continué d'apprendre à connaître celle qui se faisait à présent appelée « sa petite-amie ». Ils avaient longuement parlé, à deux dans les salles de travail de Poudlard ou dehors, des discussions qui se finissaient rapidement sur des baisers de plus en plus prolongés.

Il avait appris à gérer tout cela. Octavia et même le regard de ses amis. Mais les parents ? Simon s'imagina avouer à sa mère qu'il avait une petite-amie. La scène lui semblait si fausse qu'elle se brisa dans son esprit.

-L'été, on a encore quelques semaines pour y songer, fit-t-il valoir d'un ton résolument calme. On est qu'en avril ... Là ... C'est trop précipité, Octavia. On verra ça plus tard, je veux juste rentrer chez moi.

Octavia le considéra quelques secondes, quelques secondes où Simon craignit qu'elle ne se mette en colère ou lui fasse un discours organisé pour lui expliquer pourquoi c'était une chose qui devait être faite au bout de cinq mois de relation. Mais contre toute attente, elle sourit et caressa la joue de Simon.

-Tu as raison, c'est trop précipité. Je voulais juste ... profiter quelques heures de plus. (Sa main se figea quelque part sur la mâchoire de Simon). Mais tu vas y réfléchir, vraiment ?

Le souffle de Simon se bloqua dans sa gorge. La vérité, c'était que l'idée le mettait mal à l'aise et qu'il préférait que leur relation reste une romance d'adolescent fait de confidences et de baisers volés dans la cour. Il commençait à peine à s'y sentir bien, pourquoi tout compliqué en impliquant les parents ? Mais il devait avouer que l'argument de l'été n'était pas dénué de sens. Supporterait-t-il de mentir à sa mère pour rejoindre Octavia ? L'espace d'un instant, il envisagea de ne pas voir sa petite-amie pendant deux mois avant de se rendre compte qu'elle le prendrait sans doute très mal.

-Oui, céda-t-il finalement. Oui, je vais y réfléchir.

-Vraiment ? s'enthousiasma Octavia avec un sourire rayonnant. Parfait ! En plus mon père est déjà en train de regarder pour avoir des places pour la Coupe du Monde de Quidditch ! Elle a lieu cet été en Angleterre, ça ferait un beau cadre pour les rencontrer, non ?

Octavia dut réaliser qu'elle allait sans doute trop vite en besogne – ou la mine de Simon devait largement le lui indiquer – car elle s'interrompit brutalement. Son sourire se fit presque penaud et sa paume se calla plus franchement contre la joue de Simon. Il retint son souffle.

-Pardon, je vais vite c'est juste ... (Elle eut un sourire plus sobre, plus digne, plus Octavia). Je suis très contente que tu y réfléchisses ... ça me touche.

Elle s'empressa de le remercier en se penchant sur lui pour l'embrasser. Simon se laissa faire et suivit docilement le mouvement de ses lèvres. Il y avait bien une chose sur laquelle ses perceptions avaient changé : c'étaient bien les baisers. S'il avait trouvé la sensation rassurante dans les premiers temps, il avait vite fini par les trouver tristement insipides. Où étaient les papillons dans le ventre, la fièvre, l'étourderie : tout ce qui lui avait fait peur d'un prime abord et qui semblaient à présent cruellement manquer ? Non, tout ce qu'il ressentait était banalement physique, la sensation simple de ses lèvres contre lui. Même les nouvelles expériences – la langue, les mains dans les cheveux – n'avaient rien arrangé.

-Bones, qu'est-ce que tu fous ? Je veux rentrer, moi, ça fait des heures que ... Oh.

Simon s'écarta vivement d'Octavia et découvrit par-dessus son épaule Victoria Bennett, déjà habillée d'un jean et d'un tee-shirt violet. Elle les contempla quelques secondes, abasourdie, avant de serrer son poing contre sa bouche pour contenir ce qui semblait être un rire.

-Désolée ... Hum ... On t'attend derrière la barrière, pour quand tu en auras ... fini.

Les épaules frémissantes et les cheveux s'agitant comme d'affreuse tentacule autour de son visage, elle se dépêcha de disparaitre. Simon resta un instant interdit avant de se frapper le front du plat de la main.

Victoria qui savait, c'était tout Terre-en-Lande qui savait. Et ... L'horreur s'éprit de Simon en comprenant parfaitement qu'elle pouvait bien aller trouver son père, qui était venu les chercher, pour lui dire ce qu'elle avait vu. Octavia parut percevoir la détresse sur ses traits car elle se fendit d'un petit sourire penaud.

-Urgence ?

-Urgence, confirma-t-il.

Il fit quelques pas pour se précipiter vers Victoria, avant de faire volte-face et de revenir en arrière pour embrasser une dernière fois Octavia – la fuite aurait été trop brutale, sans cela. Rassurée par son retour, elle voulut prolonger le baiser en glissant une main sur sa nuque mais Simon se dépêcha de rompre leur étreinte.

-Bonnes vacances. Profite bien de la Grèce !

Puis il la planta là sans se retourner.

Le quai de la voie 9 ¾ se vidait progressivement mais il dut tout de même slalomer entre les derniers retardataires – beaucoup de parents profitaient de ce moment pour prendre des nouvelles de vieilles connaissances et s'attardaient à la gare malgré leurs enfants derrière eux qui n'attendaient qu'à rentrer. Il finit par apercevoir la chevelure brune de Victoria une seconde avant qu'elle ne passe la barrière. La maudissant de tous les noms, il la passa à son tour et se retrouva nez à nez avec son père. Victoria, elle, s'était cachée d'un bond derrière Caroline, les yeux étincelants, le regard planté sur lui. Il eut à peine le temps de lui décocher une œillade assassine que son père l'enfermait dans une brève étreinte. Simon se tendit de façon mécanique. Il n'aimait pas que son père le prenne dans ses bras – chaque fois, ça lui paraissait forcé et artificiel, bien loin de la douceur de sa mère.

-Enfin ! souffla George en le relâchant, un sourire aux lèvres. J'ai cru tu n'arriverais jamais ...

-Ce n'était pas maman qui devait venir nous chercher ?

Simon avait parfaitement conscience que ce n'était pas le plus aimable des bonjours pour son père qu'il n'avait plus vu depuis noël et il crut lire la blessure dans le frémissement de sa barbe rousse. Néanmoins, le sourire qu'il afficha ensuite était tranquille.

-Tu sais le travail qu'elle a ... je sais qu'elle l'avait promis, mais c'était vraiment impossible ...

Simon retint de peu les mots amers qui lui venaient aux lèvres. Sa mère était aussi affectueuse qu'elle pouvait être absence – généralement, elle s'efforcer de dégager du temps pendant les vacances, mais c'était rare de la voir sur le quai. Souvent c'était George, reconnaissable entre mille avec ses larges épaules, sa barbe fournie et flamboyante et ses yeux verts étincelants qui s'humidifiaient dès qu'une fille lui sautait dans les bras. A présent, c'était réduit à la jeune Susan. Caroline avait depuis longtemps décrété qu'elle avait passé l'âge d'embrasser son père en public.

-On peut acheter une glace avant de rentrer ? pépia Susan.

-Susie, on dîne dans une heure, protesta Caroline avec la voix de la mère courroucée. Mais enfin !

-Tu mangeras quelque chose à la maison, trancha George avec un coup d'œil sévère pour son aînée. Caroline, prends Susan avec toi, moi je fais transplaner Vic' et Simon.

Caroline tapa du pied, visiblement exaspérée de ne pas être prise au sérieux par son père. Néanmoins, elle noua docilement ses doigts au gilet en laine de Susan et transplana dans un recoin à l'abri des regards. Simon eut à peine le temps de se préparer que son père abattait sa grande main sur son épaule. Aussitôt, il se sentit étouffer et oppressé, coincé dans un tube magique qui le broyait chaque partie du corps. La panique commença à le gagner au moment où la sensation disparaissait. Il cligna des paupières, ébloui par le soleil qui brillait sur leur jardin de Terre-en-Landes. Il recula d'un pas et se stabilisa, une main sur son cœur qui battait à un rythme affolant.

-Mais préviens la prochaine fois !

-Oh la la, soupira Victoria avant d'empoigner sa valise et de sourire à George. En tout cas merci beaucoup du voyage !

-Tu ne veux pas que je te ramène chez toi ?

Il y avait de l'inquiétude mais aussi beaucoup de tendresse dans la voix de son père et Simon en roula des yeux, exaspéré. De ses parents, il avait toujours eu un lien plus proche avec sa mère Rose. Au contraire, il avait l'impression que George s'était tenu en retrait et avait préféré élever des filles à son unique garçon. Il préférait même s'intéresser à Victoria ... Simon ignorait si c'était sa personnalité qui rebutait le droit-dans-ses-bottes et étrangement timide George Bones ou si ... De nouveau, son cœur se mit à battre si fort qu'il crut qu'il transplanait de nouveau, mais dans son esprit ce furent les images de décembre dernier, de la neige et du Détraqueur qui avançait qui défilèrent.

Il secoua la tête pour chasser les souvenirs et écouta résolument la réponse de Victoria :

-Non, merci ! Je vais me débrouiller seule, ça me fera marcher ... Encore merci, bonne soirée !

Elle prit sa valise, adressa un dernier sourire à George et s'en fut enfin. Son bagage devait faire le double de son poids et traina derrière elle en traçant des sillons dans l'herbe. Avant de contourner la maison, elle jeta un dernier regard par-dessus son épaule – un regard clairement planté sur Simon, moqueur, entendu. Il lisait inscrit en lettre capitale dans ses prunelles bleue « JE SAIS ». Il sentit son sang déserté son visage et un mélange d'exaspération et de dépit courrir ses veines, si bien qu'il entendit à peine son père maugréer :

-Hum ... Je n'aime pas trop la savoir seule dans le village ... Je sais qu'elle sait se défendre, mais quand même ... Qu'est-ce que dirait Edward s'il arrivait malheur à sa fille en chemin ... Ou pire, Marian ...

-Je vais la raccompagner, t'inquiète.

La résolution venait brusquement de le prendre. Il ne savait pas trop bien pourquoi. Volonté d'effacer cet insupportable sourire des lèvres de Victoria ? Crainte qu'en effet un malheur s'abatte sur elle avec le karma qu'elle avait ? Mais il comprit tout simplement en croisant enfin le regard de son père qu'il ne voulait pas rester seul avec lui. Il allait s'occuper de Susan, tenter d'arracher quelques mots à Caroline en pleine crise d'adolescence et lui allait se sentir perdre consistance jusqu'à devenir un fantôme à leurs yeux. Non, il préférait aller se battre avec Victoria et affronter une conversation des plus gênantes plutôt que d'être ignoré dans cette maison.

George parut circonspect face à la proposition.

-Hum ... Tu veux être sûr qu'il lui arrive bien quelque chose, c'est cela ?

-Exactement, railla Simon en lâchant le sac qu'il tenait. Ça fait longtemps qu'elle n'a pas fini dans le canal...

-Fais attention. Généralement, tu y finis aussi. Ou le nez en sang. Ou une cheville cassée. Merlin, quand est-ce que vous allez arrêter ?

Simon ne tenta même de réprimer le sourire extatique qui lui venait aux lèvres. La réponse il la connaissait : jamais. Et c'était parce que cette constante était dans sa vie qu'il acceptait que Victoria y reste. Son père soupira profondément devant sa mine réjouie.

-Bon. Evite de revenir en sang, cette fois ...

-D'accord !

Et il abandonna sans vergogne ses bagages aux bons soins de son père pour courir à la poursuite de Victoria. Il ne jeta pas le moindre regard en arrière et contourna la maison. Il la vit alors, quelques mètres plus loin, tirant sa grosse valise au bout de son bras sur la route pentue qui menait au cœur du village, plus haut sur la colline. Il tenta de la rattraper, mais il comprit vite que ce serait vain et humiliant : Victoria avait une bien meilleure condition physique qui lui permettait de gravir sans problème la pente malgré son chargement et ses petites jambes. Son activité physique se réduisait à lui aux parties de foot et de balle au prisonnier pendant les vacances – et les dernières étaient loin. Son souffle s'était mis à se raccourcir dès les premiers pas sur la pente et il préféra le rationner en criant :

-Vicky !

-Je vais te péter le nez, Bones ! lança-t-elle sans même se retourner.

Simon retint un sourire fier face à la pique. Les réactions au surnom se faisaient de plus en plus rares, comme si son être commençait à accepter au bout d'année d'effort ces deux petites syllabes qu'elle détestait tant – et c'était un sacré tour de force. Elle ralentit néanmoins le pas, assez pour que Simon finisse par la rattraper en quelques foulées. Ces derniers mois, il s'était mis à la dépasser de façon significative après des années à plafonner à quelques centimètres d'elles, à peine plus haut pour être crédible. Mais à présent, il commençait à prendre une avance acceptable qui lui permettait au moins de pouvoir la toiser de haut pour la première fois de sa vie. Victoria soupira lorsqu'il parvint à sa hauteur.

-Quoi Bones ? Tu veux qu'on en parle ?

-Non, je veux juste ...

-Octavia McLairds ! J'avais beau le savoir mais je rêve !

Le mot et le ton de Victoria indiquèrent beaucoup trop de chose à Simon et c'était d'autant plus illisible qu'elle continuait de marcher pour lui tourner résolument le dos et qu'il ne pouvait lire l'expression de son visage. Il fit un dernier effort pour se porter à sa hauteur et constater qu'il n'était ni moqueur ni troublé : ses traits étaient crispés par la concentration et elle gardait son regard obstinément levé vers sa destination en haut de la colline. Elle lui jeta un petit regard avant de rouler des yeux.

-Quoi ? Tu t'attendais à ce que j'approuve ? C'est ça, t'as besoin de ma bénédiction, Bones ?

-En fait, j'allais juste de te demander de ne pas déballer tout à mes parents ou à Alex.

Victoria ricana. En plus de sa valise, elle avait un lourd sac passé en bandoulière. Simon aurait pu proposer de la décharger, mais il n'en fit rien : sans ce fardeau, elle prendrait un malin plaisir à le semer dans la poussière sur les routes mal entretenues de la colline.

-Et tu comptes faire quoi pour m'en empêcher ? On est en dehors de Poudlard, Bones. Tu n'as plus de baguette, et moi ... et bien je reste moi.

Une petite teigne qui finit par se servir de ses pieds et ses poings parce qu'elle n'a jamais su se servir de sa langue, traduisit Simon avec une certaine amertume. Il trouvait ça profondément injuste de se sentir si impuissant face à elle une fois de sorti de l'école alors qu'en classe il pouvait si simplement la tenir en respect ... Mais encore une fois, c'était l'histoire de leur vie – leur équilibre, en quelque sorte.

-Alors fais-donc, la défia-t-il avec un sourire tordu. Vas-y, dis-le à Alex, voire à mes parents ... mais je te jure qu'un jour ce sera mon tour. Tu veux que j'apprenne au révérend Bennett que tu as un petit-copain sorcier ?

Victoria eut une réaction qui le laissa pantois : elle éclata ouvertement de rire, si fort qu'il se répercuta dans les rues désertes. A bout de souffle, elle s'immobilisa et lâcha sa valise le temps de se calmer.

-C'est ça ta menace ? haleta-t-elle, incrédule. Mais enfin ... Le temps que ça arrive ça fera longtemps que tu ne seras plus avec Octavia McLairds, Bones ...

-Qu'est-ce que tu en sais ? rétorqua-t-il. Je ne pensais pas que ça m'arriverait si tôt et ...

-Et comment s'est arrivé, d'ailleurs ? Octavia McLairds bon sang ! Quand Emily me l'a dit, je n'ai pas voulu y croire, c'est tellement incongru ... Je veux dire, c'est une peste, elle me prend tout le temps de haut mais elle est jolie, populaire ...

-Ouh la la, je sens venir la suite ...

Un faible sourire, confus, s'étira sur les lèvres de Victoria. Elle replaça une courte mèche derrière son oreille.

-Crois-moi, je ne vais pas t'attaquer sur le terrain-là, Bones. On est pareils. Deux crevettes. Mais voilà, dans l'idée c'est comme si je sortais avec quelqu'un comme Cédric ... Ou Roger Davies. Plus Roger, Roger a un côté inaccessible. Bref, ce sont les Emily qui sortent avec les Roger, pas les Victoria. Et désolée, mais ce ne sont pas les Simon qu'on attend à voir avec les Octavia.

-Mais pourquoi tu hiérarchises comme ça ? s'étonna-t-il, estomaqué. Tu penses vraiment que c'est aussi simple ? Tu penses vraiment que Cédric réfléchit comme ça ?

Il fut à peine fier de constater l'embarras dans lequel il avait mis Victoria. Pour la première fois de sa vie, simplement pour la contredire, pour faire aller son cerveau, il tenta de l'imaginer avec le regard qu'un garçon lambda poserait sur une fille lambda. Certes, Victoria était loin de cocher tout les critères habituels de beauté. C'était une fille nerveuse, sans la moindre forme, aux épaules légèrement voûtées. Ses cheveux étaient courts depuis l'enfance : ses boucles brunes lui chatouillaient le menton mais manquaient de soin – et donc de lustre et d'éclat. Pourtant, même lui ne se risquerait jamais à la qualifier de laide et il comprenait même comment certaines personnes pourraient la trouver jolie. Elle avait un joli sourire, par exemple, c'était un fait. Quand elle souriait, peu importait qu'elle ait des pommettes trop saillantes ou des yeux trop petits : tous les défauts de son visage s'effaçaient. C'était quelque chose qui participait à son aspect angélique, ce sourire. Il avait fait fondre les résistances de Cédric dès les premières années, quoi qu'en dise Victoria. Certes, il la voyait certainement plus comme une petite sœur, mais il n'empêchait que cette différence de classe qu'elle invoquait ne l'avait pas empêché de poser les yeux sur elle. Et si cela valait pour l'amitié, ça le valait pour d'autres types de relations.

Fier de son argumentaire, il s'apprêtait à le débiter mais Victoria prit la parole en premier, malgré ses yeux rivés sur ses chaussures :

-Non ... non, je sais que Cédric ne réfléchit pas comme ça, lui. Mais la majorité des gens le font, Simon. Qu'est-ce que tu crois ? Tout le monde est surpris que tu sortes avec Octavia.

Simon releva à peine que, pour une fois, elle l'avait appelée par son prénom. Une information capitale venait de jaillir de la bouche de Victoria et cela effaçait le reste, même le rouge sur ses joues.

-Comment ça « tout le monde » ?!

Victoria papillonna des yeux.

-Euh ... Tout le monde. Erwin en a parlé une fois quand tu n'es pas venu déjeuner, il n'en revenait pas ...

-Erwin sait ?

-Tout le monde sait.

Simon accusa le coup avec un mélange de colère et d'embarras. Certes il avait consenti à ne plus se cacher, mais pas à lancer les rumeurs. Être ainsi au centre de certaines conversation sans qu'il le sache l'exaspérait au plus haut point. L'apprendre de la bouche de Victoria le rendait proprement furieux. Songer qu'Octavia elle-même devait être à l'origine de certaines rumeurs qui donnait envie de couper court purement et simplement à leur relation.

Ça devait arriver, tenta-t-il de se calmer en inspirant profondément. C'est la direction qu'on prend, non ? On risque d'en parler aux parents. Aux parents par Merlin ... Il croisa alors le regard de Victoria, légèrement perplexe, même plus moqueur ni embarrassé. Il considéra un instant ses différentes réactions, de son éclat de rire quand elle les avait surpris à sa résignation à présent. Rien n'était lisible, même pas chez la personne qu'il se vantait de connaître par cœur.

-Et toi ? Tu en penses quoi ?

Victoria lui lança un long regard soupçonneux.

-Quoi, ça t'intéresse ?

-Bizarrement, oui. Je te fais confiance pour me dire mes quatre vérités.

Ça, c'était certain. Tout le monde prenait des gants avec lui. Son père ne savait pas par quel bout le prendre. Cédric restait mesuré, mais c'était dans sa nature. Emily le craignait un peu – sa répartie ou sa baguette. Même Octavia qui avait souhaité la franchise ne l'orientait que sur les sujets qui l'intéressaient. Elle avait l'esprit retors, elle était assez maligne pour comprendre comment lui parler, même si ça signifiait parfois le faire de façon complètement détournée.

Victoria ne se parait pas de tels artifices. Elle n'avait pas les réserves de Cédric. Et surtout, elle n'avait pas peur de lui. Encore moins à Terre-en-Landes. Terre-en-Landes, c'était sa place forte, l'endroit d'où elle tirait toute son énergie, l'endroit où se libéraient toutes les parties d'elles, même les moins avouables. Elle le fixa droit dans les yeux, impassible malgré la brise qui ramenait quelques boucles brunes contre son visage et sa bouche. Elle finit par écarter une mèche d'un geste impatient et détourna le regard pour le porter en haut de la colline.

-Tu fais ce que tu veux, Bones. Honnêtement, je ne pensais même pas que tu serais capable de t'intéresser à une fille, tu as l'air toujours tellement ... détaché. Je n'aime pas McLairds : je te dis, je la trouve hautaine et je n'aime pas comment elle peut me parler ... Mais après tout peut-être que c'est ce qui t'a plu.

Simon capta parfaitement la petite pointe d'amertume qui vint teinter sa voix dans les derniers mots et ce qu'elle sous-entendait le hérissait complètement :

-Attends ... tu ne crois quand même pas que je sors avec Octavia contre toi quand même ?

Devant le regard furibond qu'elle lui réserva, il ne put s'empêcher d'éclater de rire à son tour, incrédule. Un éclair traversa les prunelles de Victoria et l'espace d'un instant, il l'imagina se ruer vers lui pour l'obliger à étouffer son hilarité mais elle se contenta de darder son regard assassin sur lui le temps qu'il retrouve son calme.

-Non mais sérieux Bennett ! Tu crois que mon monde tourne autour de toi ? Que je prendrais une décision juste pour ça ? Que je te veux tellement du mal que je serais sorti avec ta pire ennemie ? Sérieux ?

-Oh, tu en serais capable ...

Mais elle était sérieuse, constata Simon – et son envie de rire se coupa aussitôt. Son visage était aussi fermé que lorsqu'il l'avait rattrapée sur la route et dans ces yeux il lisait tout le tourment qu'il avait pu lui causer le long de leur vie, par des piques acides ou des remarques méchantes alors que pour une fois il n'avait rien fait de tel. Quelque chose au creux de son ventre se contracta de façon douloureuse.

-Vraiment ? cingla-t-il d'un ton glacial. C'est vraiment ce que tu penses ?

-Oh arrête, s'agaça-t-elle. Ce ne serait pas nouveau, Bones, ni la première chose que tu fais juste pour m'embêter. C'est comme la guitare, tu te souviens ?

-La guitare ?

-Oui, la guitare de mon père ! Celle qu'il t'a donné ! A toi ! Après ça tu t'es pavané des semaines avec devant moi, pour bien me faire comprendre que mon propre père te préférait à moi !

Simon la considéra, un étrange rictus aux lèvres, entre la grimace de dépit et le sourire incrédule. Il n'en revenait pas qu'elle lui rejette à la figure avec une telle acidité une vieille dispute. Quel âge avait-il eu quand le révérend lui avait offert la guitare ? Huit, neuf ans ? Alors oui il se pouvait qu'il ait cruellement crâné devant Victoria. Certes elle chantait bien, mais elle n'avait aucun talent pour l'instrument quand Simon avait réussi à faire sonner les cordes justes dès ses premiers essais. Alexandre n'en avait pas voulu, c'était à lui qu'avait échu la belle guitare dont le bois usé l'avait rendu nostalgique. Il savait que Victoria lui en avait voulu sur le coup – mais que le venin de la jalousie la consume encore, c'était surprenant. Surtout de la part d'un ange.

Mais elle n'était pas un ange. Encore moins à Terre-en-Landes.

Il croisa les bras sur sa poitrine et tenta de prendre un air condescendant, mais c'était difficile. Intérieurement, il se sentait blessé. Il avait l'impression d'avoir fait des efforts ces dernières années. Peut-être même s'était-il même infléchi à son égard : toujours était-il qu'il se sentait infiniment moins virulent que quand ils étaient enfants. Peut-être justement parce qu'ils n'étaient plus des enfants et que leurs actes avaient enfin des conséquences. Peut-être parce que Victoria avait pris confiance et était un petit peu moins agaçante. Peut-être que Cédric déteignait sur lui. Peut-être parce qu'à force d'être obligé de trainer tous les jours avec elle au sein de leur groupe, il avait fini par accepter sa présence et à complètement l'intégrer dans son système ... qualités incluses.

Il s'était réfréné quand son monde s'était bouleversé en arrivant à Poudlard. Il l'avait écoutée et accompagnée quand elle était venue lui faire les affreuses confidences sur le 5 Novembre, sous le porche de sa maison. Lors de l'épisode de la Chambre des Secrets, il aurait pu retourner le château pour la retrouver quand on lui a annoncé qu'un Poufsouffle était agressé. Les mois qui avaient suivi, il l'avait collée pour être certain qu'elle ne serait pas la prochaine agressée. Mais quand ils se trouvaient face à face, la seule chose qu'elle voulait se rappeler c'était qu'il l'avait blessé en pavanant avec la guitare de son père six ans plus tôt. Six ans, effacé et soudainement ils se retrouvaient enfants de nouveau, avec leur haine absurde et absolue. Simon se pensait plus intelligent que ça. Mais il tomba les deux pieds dedans.

Alors c'est ce qu'elle veut ? ragea-t-il, à moitié mortifié. Qu'à cela ne tienne ...

-Bon, Vicky. Je sais qu'on n'arrive pas à se débarrasser l'un de l'autre depuis qu'on est né, mais crois-moi c'est une coïncidence. J'aurais été à Gryffondor au lieu de Poufsouffle, je me serais fait une joie de te laisser sur le carreau. Mais ce n'est pas le cas et on est forcé de cohabiter. Mais ce n'est pas parce que l'univers nous en veut que mon monde tourne autour de toi. Redescends un peu sur terre. Ma destiné dans cette vie n'est pas de te nuire : je laisse ça aux Selwyn. Moi je vise plus haut.

Il regretta à peine l'allusion aux Selwyn – et au 5 Novembre. Victoria blêmit si fort qu'il crut un instant qu'elle allait s'écrouler, mais l'expression de frayeur sur son visage le laissa de marbre et attisa même encore un peu sa colère. Le retour de Victoria la victime. Quand comprendrait-t-elle enfin qu'elle était plus forte que cela ? Cela lui donna la force nécessaire pour asséner en conclusion :

-Après si tu veux vraiment que je sois méchant, je vais l'être. Aucun problème avec ça. Et je commencerais par te dire que si tu veux un jour attirer le regard d'un gars, commence par éviter de mettre des tee-shirts avec des trous.

Le regard de Victoria se baissa subitement sur son tee-shirt violet et sur la déchirure qu'il contenait au niveau du ventre. Ce n'était pas visible au premier coup d'œil mais la remarque était assez humiliante pour que Victoria en rougisse et presse son bras contre son ventre pour la masquer. Les lèvres de Simon se retroussèrent en un sourire suffisant.

-Mieux, minus.

-Minus toi-même, rétorqua-t-elle d'un ton acide.

-Oh mais quelle maturité ... Quel âge tu as dans ta tête, déjà ? Quatre ans ? Presque ton niveau en magie, tiens !

-C'est bon, j'ai compris, maugréa-t-elle, les joues écarlates. Tu es méchant.

Seulement parce que tu le veux.

-Exactement, répondit-t-il plutôt avec un sourire qui la fit reculer. Et tache de t'en souvenir si jamais il arrive à mes oreilles que ton frère et mes parents savent au sujet d'Octavia.

Elle le lorgna méchamment, les joues toujours rouges de confusion, le regard étincelant, le bras pressé contre son ventre et son tee-shirt troué. Sur son visage se peignit une expression farouche qu'il appréciait plus que la peur ou la réserve. Ça ne la rendait pas aussi mignonne qu'un sourire, mais c'était déjà bien plus agréable de la voir ainsi.

-Qu'est-ce que tu crois, Bones, répliqua-t-elle et un fin sourire vint ourler ses lèvres. Mon monde ne tourne pas autour de toi ...

Et sans attendre sa réaction, elle empoigna de nouveau sa valise, repoussa une nouvelle boucle qui avait décidée de se plaquer contre ses lèvres et s'en fut résolument vers chez elle, le menton relevé, le regard pointé vers le sommet de la colline. Les bras toujours noués sur sa maigre poitrine, Simon la regarda s'élever mètre par mètre jusqu'à ce que sa valise disparaisse à la faveur de la courbure de la route derrière les vieilles maisons couleur miel du village. Mais juste avant, une ultime fois, il le perçut ce petit regard en arrière, bref, presque coupable, furtif. Puis elle accéléra le pas et disparut pour de bon.

Ce ne fut que lorsqu'elle disparut complètement de sa vue qu'il relâcha son souffle et brusquement, toutes les sensations que la colère avait écarté l'assaillir. Il avait le ventre en vrac, la peau sur ses joues fondait sur ses os et il avait l'impression qu'une boule brûlante lui dévorait la poitrine. Il y porta une main, sonné. Au creux de sa cage thoracique, bien enfermé, il semblait que son cœur s'était arrêté, comme frappé par un coup mortel qui avait réduit ses pulsations à un vague battement sourd au niveau de ses tempes.

Mais je rêve ... elle m'a vraiment blessé, réalisa-t-il, choqué. C'était cela : il était blessé qu'elle ne l'estime pas, lui et sa parole. Elle rejette d'un revers de main tout ce qu'il avait pu faire pour elle ces dernières années. Mais l'avait-t-elle vraiment vu ? Avait-elle pleinement réalisé combien il avait pu la soutenir, la surveillait, s'inquiéter, alors qu'elle-même ne songeait qu'à la guitare et aux coups qu'elle pouvait lui mettre ? Si, elle s'est inquiétée, dut-il admettre, amer. En début d'année, au cours de l'épouvantard ... Il se souvenait parfaitement du souci qu'il avait perçu dans ses prunelles bleues. Il se souvenait aussi l'avoir vertement repoussé. Peut-être que cela l'avait vaccinée ... Peut-être était-ce à cause de ce rejet qu'elle en était restée à la bonne vieille guerre enfantine.

-Oh, stop, maugréa-t-il en faisant résolument volte-face. Il faut que j'arrête de me prendre la tête ... Ce n'est que Victoria.

Mais les derniers mots l'accompagnèrent sinistrement pendant sa route qui le ramenait dans l'antique demeure des Bones. Et chaque fois, ils prenaient une coloration différente qui le mortifiait et l'électrisait tour à tour.

Que Victoria.

Que Victoria.

Que Victoria. 

*** 

OK C'est CLAIREMENT un poste-compulsif. Pourquoi? 

1) ça fait trois heures que je suis en panique. Mes trois têtes sont coupées. WhatsApp est en panne et je ne peux plus parler à l'Hydre et c'est TERRIBLE (non mais on est toutes les trois décontenancées c'est terrible - TERRIBLE)

2) Ce n'est pas forcément une partie que j'avais prévue. Je doute même de sa qualité, pour tout dire. Mais je trouve qu'elle illustre parfaitement ce que je vous ai dit dans l'analyse du Simoria, sur le décalage entre Simon et Vic donc je trouve ça bien que ça arrive à ce timing. 

3) Anna est une balance. C'est important à savoir. Non sérieux l'Hydre est déréglée et au fond du trou RENDEZ-NOUS WHATSAPP. (ça vous dit le poids qu'on a dans nos vies là) 

Voilà j'espère que c'est une petite partie qui vous aura plu quand même ! La prochaine est écrite  - et elle je suis 100% sûre de son intérêt MOUAHAHAH. 

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