[O&P] 1. Une petite voix
Première année
- 1 septembre 1989 -
-Bienvenu au collège Poudlard.
Minerva McGonagall, la directrice-adjointe, les surplombait sur les marches, le regard abaissé de chaque côté de son nez sous ses lunettes rectangulaires. Elle paraissait intimider le groupe ameuté à ses pieds, mais Simon Bones ne put retenir un immense sourire. Un sentiment d'excitation s'éprit de lui lorsque cette phrase fut prononcée. A dire vraie, il ne tenait plus en place depuis le matin où il avait revêtu son bel uniforme flambant neuf, qu'il avait empoigné sa toute nouvelle baguette et qu'il avait enfin quitté ses parents et Terre-en-Lande pour le Poudlard Express. Simon aimait sa famille et son village, mais plus il grandissait, plus il s'y sentait oppressé : les entraves qui le liaient à la belle maison victorieuse étaient plus des chaines que de réels liens. Non, Simon avait soif d'autre chose : d'aventure, de connaissance, d'un nouvel air. Un air neuf. Un air qui n'avait pas le goût du souvenir.
-Simon ...
Il retint un grondement. Malheureusement pour lui, il avait amené dans ses bagages un souvenir de Terre-en-Lande. Il se retourna sur la petite Victoria qui se tenait dans son ombre, comme depuis le début du voyage au Poudlard Express. Il fut vaguement ému lorsqu'il vit ses yeux rougis et écarquillés par l'appréhension. Ils étaient voisins, se connaissaient depuis l'enfance, mais avaient vécu totalement différemment cette aventure. Pour Victoria, qui venait d'apprendre sa nature, c'était un bouleversement dont elle peinait à se remettre. Quitter le Gloucestershire et ses parents avait été autant un déchirement pour elle qu'il avait été une libération pour Simon. C'était parce qu'elle avait semblé au bord des larmes dès que King's Cross avait disparu dans un panache de fumée qu'il avait consenti à passer son trajet avec elle. Il n'était pas cruel au point de la laisser seule dans un tel moment. Il ne l'aimait pas : ils se disputaient depuis qu'ils étaient nés et elle l'agaçait parce que malgré sa méchanceté avec lui, tous lui trouvaient des aires de Sainte descendue des cieux. L'image le troubla un instant et il fronça les sourcils.
-Quoi ? lança-t-il, exaspéré, alors que la professeure se lançait dans de grandes explications.
-Et si le Choixpeau ne sait pas où me mettre ?
Les inquiétudes de Victoria concernant Poudlard étaient nombreuses, mais celle-ci était celle qui revenait le plus. Simon avait promis à son père et Alexandre d'être gentil avec elle – il admettait volontiers que la situation était loin d'être facile pour Victoria – mais sa façon de s'accrocher à lui l'exaspérer. Il préférait largement lorsqu'ils se disputaient. Au moins dans ses moments elle était sûre d'elle et pleine de vie, pas la petite trouillarde qui se cachait derrière lui en tremblant.
-Le Choixpeau classe tout le monde, ne t'en fais pas, Vicky.
-Ne m'appelle pas comme ça ! tempêta-t-elle aussitôt, oubliant sa peur et son appréhension pour lui jeter un regard flamboyant. Je te l'ai dit cent fois !
Simon retint un sourire. On disait souvent qu'il fallait connaître ses ennemis, et Simon connaissait si bien Victoria qu'il savait précisément où appuyer pour faire mal ou la sortir de ses gongs. Un peu d'énergie ne lui ferait pas de mal pour la répartition et il savait qu'elle exécrait ce surnom. C'était presque trop facile, elle l'avait habituée à plus d'adversité.
-Et moi je t'ai dit que je m'en fichais, j'aime bien t'appeler Vicky.
-Tu aimes bien juste parce que je déteste.
-Précisément, oui.
-Espèce de ...
-Vous deux ! les apostropha vertement la directrice-adjointe d'une voix froide. Taisez-vous, ou vous serez les premiers à être collés le jour même de votre arrivée.
Victoria rougit comme un souafle et toute sa belle énergie sembla fondre comme neige au soleil lorsqu'elle bredouilla des excuses inaudibles. Simon se mordit la lèvre pour ne pas laisser échapper un commentaire moqueur. Ce n'est pas facile pour elle, ce n'est pas facile pour elle, se répéta-t-il alors que McGonagall poursuivait son discours. Si tu te moques trop, Alex ne va pas te louper à noël et va te jeter dans la rivière. C'était peut-être la guerre avec Victoria, mais il adorait son frère aîné Alexandre et c'était bien parce qu'il lui avait sérieusement fait promettre de faire un peu attention à Victoria qu'il se censurait ainsi. Bon sang, ce qu'il ne ferait pas pour avoir une miette de reconnaissance de la part d'Alexandre Bennett ...
McGonagall acheva enfin sur l'annonce de la répartition et descendit de son piédestal pour ouvrir les deux grandes portes sur leur gauche. Intimidés, tous s'engouffrèrent à sa suite. Simon ne put s'empêcher de jeter un regard moqueur à Victoria, qui malgré leur prise de bec restait dans son ombre.
-Les dames d'abord ...
-Je te déteste, souffla-t-elle en emboitant néanmoins le pas à leurs camarades. Dès que j'apprends à transformer quelqu'un en crapaud, j'essaierais sur toi !
-Oui, oui, en attendant essaie d'avancer sans tomber, répliqua-t-il en la poussant devant lui.
Elle se dégagea sèchement de la prise et lui griffa méchamment la main au passage. Mais l'entrée dans la Grande Salle mit fin à leurs gamineries : les yeux de Simon étaient agressés par tous ce qui se déployait devant ces yeux. Cette salle était déjà majestueuse dans ses proportions et dans les voûtes qui la soutenaient, mais le plafond parsemé d'étoile, la réplique exacte du ciel qu'ils venaient de quitter un instant plus tôt attira toute son attention. Il ne parvint pas à le lâcher du regard alors qu'ils progressaient entre les tables : quel sortilège était capable de créer pareil enchantement ? se demandait-il, fasciné. Sa contemplation fut écourtée lorsqu'il heurta la personne devant lui.
-Bon sang, Vicky !
-Désolée, couina-t-elle en reprenant timidement sa marche.
Il en resta un instant hébété. Pour qu'elle ne s'insurge pas au surnom et qu'en prime elle s'excuse, c'était qu'elle devait être sacrément troublée. Et un coup d'œil lui suffit pour constater que c'était le cas. Elle avait pâli et fixait obstinément ses chaussures. Simon songea que c'était de la timidité avant d'embrasser une nouvelle fois la pièce du regard. Il y avait là plus de magie réunie que Simon n'en avait jamais vue, alors qu'est-ce que ça devait être pour une née-moldue comme elle ? Une vague de compassion l'effleura et il consentit à marcher derrière elle, à son rythme pendant que lui dévorait chaque détail de la pièce. Ils finirent par s'arrêter devant l'estrade. Malheureusement, il était plus petit que la plupart de ses camarades et leurs grandes têtes l'empêchait de voir ce qui se trouvait devant. Il fronça les sourcils, avant d'empoigner fermement les épaules de Victoria.
-Allez, Vicky, avance !
-Maaaais ... ! laissa-t-elle échapper alors qu'il la forçait à slalomer entre les élèves.
Elle qui était encore plus petite qu'il ne l'était, il parvint à la placer au premier rang quand un garçon d'humeur charitable lui laissa la place, la faisant rougir jusqu'aux oreilles. Mais lui dût se contenter de rester derrière à côté de la blonde qui avait partagé leur barque – et qui à sa grande honte le dépassait de presque une demi-tête ... Refusant de s'attarder sur ce détail, il se hissa sur la pointe des pieds pour apercevoir devant eux la table des professeurs et surtout, le grand et l'illustre Albus Dumbledore. Il avait tant entendu parler de lui, tant contemplé sa carte de chocogrenouille qu'il ne fut que modérément impressionné par la présence du professeur. C'était presque comme s'il avait l'impression de le connaître. Mais ce n'était pas le puissant sorcier qui attirait les regards. Devant cette table, aux côtés du professeur McGonagall, trônant sur un tabouret se tenait un vieux chapeau défraichi. Il eut à peine le temps de se sentir déçu de l'allure qu'une déchirure d'ouvrit en son bord et qu'une voix s'éleva et se mit à chanter :
-Il parle, laissa échapper Victoria, abasourdie. Simon, le chapeau parle !
-Evidemment qu'il parle, c'est un chapeau magique ! Maintenant, tais-toi !
Le professeur McGonagall venait en effet de reprendre la parole et il ne souhaitait pas le moins du monde être le premier élève collé avant d'être réparti.
-Lorsque j'appellerais votre nom, vous viendrez ici et je mettrais le Choixpeau sur votre tête. Bennett, Victoria !
Et en plus il faut qu'elle soit la première ..., songea Simon alors que Victoria se raidissait devant lui. Il eut un instant de flottement où elle n'osa pas s'avancer, pétrifiée à l'idée d'être ainsi mise à nue devant l'ensemble de l'école. Simon leva les yeux au ciel, entre attendrissement et agacement. Merlin que c'était dur de garder en tête que tout son monde venait de s'écrouler en l'espace de deux mois ... Mais bon sang, il fallait qu'elle apprenne à se bouger. Si elle ne le faisait pas seule, c'était lui qui allait le faire. Il dépassa le garçon qui s'était intercalé entre eux et mit une main sur la frêle épaule de Victoria, qui sursauta.
-Allez, Vicky, il faut y aller.
Et il la poussa avec toute la gentillesse dont il était capable et elle fit un pas vacillant devant elle. Elle fit brutalement volte-face avec la vivacité d'un chat et un regard farouche que Simon lui connaissait le mieux, le regard qui disait très clairement qu'elle allait lui sauter à la gorge et qu'ils allaient rouler dans sur la colline jusqu'à ce qu'Alexandre et Caroline les séparent. Puis elle se souvint d'où elle était, devant qui elle était et qui l'attendait et une étincelle de panique envahit son regard. Néanmoins, cette énergie provoquée par la poussette de Simon sembla demeurer assez longtemps pour lui donner la force de monter les marches jusqu'au tabouret bien trop haut pour elle. Simon l'observa un instant, dépité. Bon sang, qu'est-ce qu'elle ferait si je n'étais pas là ... J'espère que ce ne sera pas toute l'année comme ça, sinon on va finir en charpie. Ne restait plus qu'à espérer qu'ils n'atterrissent pas dans la même Maison ... Mais Simon entretenait peu d'espoir. Les choix pour Victoria semblaient réduits. Le Choixpeau lui couvrit les yeux et seules quelques mèches brunes dépassèrent pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'une voix sonore ne s'élève :
-Poufsouffle !
Les applaudissements nourris de la table située à gauche masquèrent le grognement que poussa Simon. McGonagall retira le Choixpeau, révélant le regard perdu et éberlué de Victoria, sans doute surprise de la rapidité de l'action. Puis le professeur lui indiqua la table qui l'appelait un grand cri et pour la première fois depuis Londres, un timide sourire apparu sur les lèvres de Victoria. Elle sauta avec souplesse du tabouret pour rejoindre les Poufsouffle. Elle eut le temps de capter le regard de Simon avant de lui laisser la place, un regard encore un peu hagard qui laissait supposer qu'elle ne comprenait pas encore tout ce qui venait de se passer. Simon la vit rejoindre Caroline qui l'accueillit chaleureusement mais se désintéressa vite d'elle, impatient d'en finir. Bones se situait juste derrière Bennett dans l'ordre alphabétique, aussi amorça-t-il un mouvement pour s'avancer, confiant et excité, mais la voix de la directrice adjointe le coupa net dans son élan :
-Bletchley, Miles !
Simon se figea en plein mouvement au moment où un garçon aux cheveux bruns montait les marches d'un air hésitant. Il se sentit rougir et réintégra proprement le rang, confus. Il était si habitué à suivre Victoria dans l'ordre alphabétique en primaire qu'il n'avait pas songé que quelqu'un puisse être intercalé à Poudlard. Fort heureusement, à part la fille blonde qui avait partagé leur barque juste à côté de lui qui pouffa, personne ne sembla remarquer : tous les yeux étaient braqués sur Miles. Comme pour Victoria, l'attente ne fut pas longue.
-Serpentard ! annonça le Choixpeau et la table à l'extrême droite se leva avec force de cri.
-Allez, cette fois ça va être ton tour, se moqua la blonde alors que Miles partait rejoindre ses camarades.
Simon lui jeta un regard noir qui fut gâché lorsque McGonagall l'appela :
-Bones, Simon !
Le calme revint dans la pièce, si assourdissant que Simon pouvait entendre les battements de son cœur. Cette fois, ça y était enfin. Car la vie à Poudlard ne commençait réellement qu'une fois réparti. Sans peur, mais avec une légère appréhension, Simon s'avança vers le tabouret et l'artefact magique. Bon sang, jura-t-il et son courage vacilla l'espace d'un instant. Il est trop grand pour moi aussi ... Il tenta de ne pas avoir l'air trop ridicule en s'y hissant et laissa échapper un gros soupir lorsqu'il fut installé. Il embrassa la Grande Salle d'un regard révérencieux. C'était impressionnant, dut-il admettre avant que le Choixpeau ne s'abatte sur lui et que l'obscurité deviennent sa seule réalité.
-Hé bien, hé bien, susurra une voix à son oreille. Si vite un choix si difficile ...
Le cœur de Simon manqua un battement. Comment ça un choix difficile ? Les Bones allaient à Poufsouffle depuis la nuit des temps. Il y avait même les armoiries de la Maison sur leur cheminée et dans la bibliothèque ...
-Oui mon garçon mais ce n'est pas une question de sang, c'est une question de personnalité, poursuivit la voix comme si elle avait suivi le cours de ses pensées. Je ne dis pas que j'écarte Poufsouffle, tu as indéniablement quelques qualités qui te ferait d'épanouir dans cette Maison ... Un grand sens de l'équité et de la justice, bien sûr ... Des capacités de travail certaines ... Une loyauté à toute épreuve ... Tu n'as pas l'air d'une grande patience, néanmoins, mais c'est justement ce que peut t'apporter Poufsouffle, un moyen de canaliser ce feu ... Hum ... Cependant ...
Cependant quoi ? Les mains de Simon devenaient moites sous le tabouret. Il sentait déjà que le temps s'éternisait : ça faisait presque une minute qu'il s'était assis là. Il ne comprenait pas. Il n'allait quand même pas le priver de la Maison familiale parce qu'il manquait de patience, si ? Et pour le mettre dans quelle Maison ? Il se savait plutôt intelligent, il avait toujours eu les meilleures notes à l'école ... Serdaigle ?
-Certainement pas, répondit immédiatement le Choixpeau. Tu as de grandes capacités en toi, je te le concède mais ce n'est pas à Serdaigle que tu en exploiteras le meilleur ... Non, à dire vrai je pensais plutôt à Gryffondor pour toi.
Simon crut qu'il allait s'évanouir. Là, maintenant, devant les yeux de l'école braqués sur lui. Dans l'obscurité qui s'était abattu, une lueur jaillit, une lueur verte et glacée découpant une ombre ... Simon pressa les paupières. Son cœur tambourinait contre sa poitrine et ses mains se crispèrent contre le bord du tabouret.
Cette fois, il avait peur.
-Non, souffla-t-il à voix haute. Non ... Pas Gryffondor.
Serdaigle et leur snobisme, Poufsouffle avec Victoria et même Serpentard s'il le souhaitait, poursuivit-t-il à part lui. Mais pas Gryffondor. Pas Gryffondor, pas Gryffondor, par pitié, pas Gryffondor. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et fut heureux que le Choixpeau le cache à l'école. Il se sentit stupide de réagir ainsi, mais plus il tentait de se reprendre, plus la panique le gagnait. Les Bones, c'était Poufsouffle, se répétait-t-il, la gorge nouée. Pas Gryffondor ...
-Pourtant, tu en as toutes les qualités, tu sais ..., tenta de le convaincre le Choixpeau. La hardiesse, le courage ... Oui, mon garçon, tu ne manques pas de tout cela ... Gryffondor t'aiderait sans doute à aller jusqu'au bout de ton potentiel, c'est une Maison qui pousse à l'excellence ...
Non, non ... je ne suis pas un Gryffondor ... Je ne suis pas ...
Même en pensée, il était incapable d'achever cette phrase. Il savait pertinemment, mais il ne pouvait pas, c'était impossible ... Il préférait oublier. Ne pas se souvenir. C'était pour ça qu'il était si heureux de laisser Terre-en-Lande derrière lui. Il sentit une larme rouler sur sa joue mais fort heureusement elle fut absorbée par le Choixpeau et personne ne la vit.
Il aurait dû s'en douter. Ce n'était pas en fuyant qu'on extirpait ses fantômes.
-Je vois ..., souffla le Choixpeau d'un ton peiné après un temps qui parut une éternité à Simon. Inutile de provoquer tant d'émois ... De toute manière, les deux Maisons ont des qualités certaines qui te mèneront au meilleur de toi-même. Mais comme il faut que tu arrives à canaliser tout ce qui te traverse, mon petit, mon choix s'arrêtera sur ... POUFSOUFFLE !
Il fallut que les applaudissements crèvent sa bulle pour qu'il se rende compte que le dernier mot avait été prononcé à voix haute. Le Choixpeau lui fut arraché et la lumière fut. Pourtant, si brillante et doré soit-t-elle, émanant des bougies, des reflets dans les gobelets d'or, Simon lui trouva une lueur vérâtre qui lui donna la nausée.
-Vous pouvez y aller, Bones, lui dit le professeur McGonagall avec une certaine douceur qui tranchait avec la sécheresse dont elle avait preuve. Votre Maison vous attend.
Elle sait, réalisa-t-il en la fixant d'un œil vide, la tête pleine des paroles du Choixpeau et tous ce qui affluaient désagréablement à sa mémoire. Mon dieu et après tu dis de Victoria ... remues-toi ! se morigéna Simon en descendant du tabouret. Il avait les jambes flageolantes et gardait la gorge nouée, mais cela lui fit un bien fou de quitter l'estrade et de retrouver le monde réel, le monde présent, celui qu'il s'était construit. La table des Poufsouffle exultait. Hagard, il reçut des tapes dans le dos, et se retrouva assis à côté de Victoria qui était évidemment la seule à ne pas l'applaudir. Elle avait repris quelques couleurs là où Simon était devenu blanc comme un linge. Quand il s'installa, elle le lorgna d'un air dépité.
-Je vais finir par me résigner, soupira-t-elle en plantant sa joue sur son poing. On ne va pas se lâcher comme ça, hein ?
Etrangement, la constatation le rassura. Il se tourna vers Victoria, observa son air blasé, ses yeux bleus-gris qui restaient tristes et fuyant, son nez slave qui se fronçait chaque fois qu'elle posait les yeux sur quelque chose de magique. Elle finit par sentir l'examen dont elle était l'objet car elle leva son regard vers lui, les sourcils froncés.
-Ça va ?
-Oui, répondit-t-il précipitamment, parfaitement conscient que ton mutisme était anormal. Oui, oui ... C'est jute que ... Je n'ai pas apprécié qu'on fouille dans ma tête.
-Moi non plus, avoua Victoria d'une petite voix. Surtout pour me retrouver avec toi ... Mais ça a pris du temps non ? Tu es resté là-dessous presque cinq minutes ... Comment ça se fait ?
Simon ne voulait pas répondre. Il ne voulait même pas songer à ce qui s'était passé sous le Choixpeau. Comme tout le reste, il préférait oublier. Alors Victoria sourit et se mit à le taquiner, retrouvant un semblant de joie de vivre qui la caractérisait d'habitude. Et ce fut au moment où elle l'agaçait si fort qu'il se sentait prêt à lui jeter son verre de jus de citrouille à la figure que Simon réalisa que rien n'avait changé. Le décor était différent, mais rien ne changerait, rien n'avait à changer : il se disputait toujours avec Victoria Bennett. Et cela fit naître un sourire absurde sur ses lèvres. Lui qui avait si ardemment souhaiter la nouveauté, le voilà qui se raccrochait à la familiarité comme à une bouée. Cela le rassura et dissipa les brumes qui l'avait envahi sous le Choixpeau : la lueur vérâtre s'éteignit enfin. Et bon sang, il était à Poufsouffle, réalisait-il enfin. La Maison de ses ancêtres. Tout s'était passé selon ses plans ... Rien ne changeait mais tout changeait ... C'était parfait.
Un garçon les rejoint : il s'appelait Cédric Diggory et Victoria se tut enfin, intimidée par son grand sourire et sa mine avenante. Puis ce fut au tour de la blonde qui se nommait en réalité Emily Fawley. Simon commençait enfin à se détendre lorsqu'il croisa le regard de Caroline. Sérieux. Songeur. Entendu. De nouveau, un vertige le reprit. Elle aussi elle savait.
Evidemment qu'elle sait, lui rappela une fois insidieuse dans sa tête ... Il n'y a que toi qui ne sais pas.
Alors, qu'est-ce que vous en dites?
Vous avez des attentes particulières? N'hésitez pas à le dire !
A la semaine prochaine pour le chapitre d'O&P !
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