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[LDP] 1. Regrets

POUAHAHAH bonne lecture lol, on a oublié une partie quand même. C'est le moment où Perri raconte sa viiiiie 

(Pour celle.eux qui demandent comment s'est passé le concours, je pense que je vais répondre : je ne sais pas. L'année dernière j'avais un bon feeling et j'ai eu 6 DONC BON on verra bien j'ai envie de dire) 

(Et funfact sur mon brouillon est noté "Pas d'intro de 3km de long Perri tu réserves ça pour Wattpad". Vous allez prendre pour tout le monde !)

Non parlons plutôt de ... PERCY JACKSON il faut absolument que je partage mon opinion dessus. C'est mon avis, évidemment que ça n'engage que moi ...  mais attention c'est un unpopular opinion qui arrive parce que honnêtement ... je suis déçue. Voilà. 

ATTENTION SI VOUS N'AVEZ PAS VU peut-être qu'il faut mieux vous abstenir, je vais prendre des exemples. Bon après si vous avez lu les livres il n'y pas de risque de spoile, mais bon.  Et j'ai tellement à dire je risque de faire un pavé. 

BREF, heureusement qu'il y a eu le dernier épisode que j'ai trouvé vraiment sympa, peut-être le meilleur de la saison, parce que sinon je pense que j'aurais été assassine. Ah ça récitait ses gammes. Ah c'était top, on avait une liste on faisait "check, c'est bon. Tel événement? C'est bon. Tel monstre? Parfait". Vraiment parfait par rapport aux livres : on avait la trame, à la virgule près. 

MAIS QUE C'ETAIT PLAT. C'est mon principal grief et de lui découlent tous les autres. La première impression que j'ai eu au 1er épisode ne s'est jamais démentie. Il y a quelque chose dans la façon dont c'est filmé, dont les plans s'enchainent, dont les dialogues étaient écrits qui rendait le tout ... insipide. Il y a un manque criant de dynamisme et de peps. C'est raconté ; presque pas interprété. Pour ceux qui ont la ref, l'ensemble m'a fait pensé au jeu de Susan dans Narnia (les vidéos de Math me font hurler de rire sur ce point) 

Alors il faut le dire, on part avec un grand handicap : on est privé de la narration hilarante de Percy qui parvient à nous faire oublié qu'au début du 1, Percy est surtout en colère et terriblement perdu. Mais il y a des moyens de compenser ce manque de narration par une ambiance, des musiques décalées, je ne sais pas quelque chose. Même les films ont réussi à le faire bon sang ! Là ils n'ont pas réussi ; ils se sont même compliqué la tâche avec une réalisation qui laisse plus qu'à désirer. 

ENSUITE c'était quoi leur manie de retirer tout l'enjeu d'absolument chaque étape du parcours? Vraiment ils ont réussi à nous enlever tout ce qui pouvait nous tenir en haleine ! On avait pas le temps d'être stressé, de découvrir, de faire montrer un peu la sauce : systématiquement ils nous coupaient l'herbe sous le pied. Mon principal exemple : l'hôtel du casino-lotus, scène peut-être la plus attendue et qui au final a été la plus décevante de toutes. De l'arrivée où ils savent d'ors et déjà que c'est un piège (au lieu de tomber dedans et de s'évertuer à s'en sortir), à l'annonce que leur deadline est passée qui ne provoque absolument pas de sursaut d'angoisse en passant par l'intervention d'Hermès parfaitement inutile (d'autant que j'aime tellement l'introduction d'Hermès dans les livres, j'ai l'impression d'en avoir été privée pour rien), rien ne va. Aucun enjeux, on n'est jamais tenu en haleine, parce que justement on est informé dès le début que c'est un piège. La hype retombe comme un soufflé. 

(Et alors quand ils nous font le même coup avec la scène des matelas dans l'épisode d'après je vous jure j'ai poussé un soupir digne de mon visionnage des AF3 ce qui n'est pas bon signe) 

Je trouve également qu'ils ont très mal gérer l'émotivité/l'épique de certaines scènes. Le combat contre le Minotaure était très étrange, de même que la scène avec la Chimère qui n'étaient pas aussi épique qu'elles pouvaient l'être (au contraire des combats du dernier épisodes qui eux étaient ultra stylés : comme quoi ils savent le faire !). Je pense que ça va de paire avec la façon de filmer et de caller la musique, mais à chaque fois ça ne provoquait vraiment pas grand-chose. Et alors ils nous braqués un projecteur rose sur Percy et Annabeth ! Surtout dans les tunnels, avec ces violons larmoyants c'était too-much à mon goût. Vraiment ils se sont un peu échiné à nous dire que ces deux-là finiraient ensemble alors qu'on a cinq saison pour ça et qu'on peut les laisser avoir 12 ans et être simplement ami pour quelques années encore. 

CELA DIT il y avait quand même de grosses satisfaction. Au niveau du cast déjà : Grover est mon coup de cœur absolu, j'ai adoré toutes ses interventions et qu'on mette déjà l'accent sur sa quête pour Pan. Percy et Annabeth ont mis plus de temps à se révéler (encore une fois pas aidé par la façon de filmer/les dialogues pas très impactant) mais à la fin on touchait quelque chose de sympa. Les dieux étaient tous excellents (sauf Hadès, quelle déception Hadès, quel dieu lambda absolument pas digne d'être le père de Nico) avec un petit plus pour Poséidon et Arès. Zeus aussi était parfait (et je le savais parce qu'il joue dans Fringe et que Fringe c'est trop bien et j'ai eu un pincement au cœur en regardant l'épisode, repose en paix Lance). Et ils ont trouvé une Sally Jackson merveilleuse ! 

Ce que j'ai beaucoup aimé aussi c'est que Sally ait instruit Percy, et qu'il ne se retrouve pas aussi ignorant que dans les livres. J'aime bien le fait qu'il ait un peu plus de réponses et que ça permette à Annabeth d'être moins celle qui doit toujours l'informer sur tout, ça rééquilibre les choses (et évite le clivage garçon ignare mais a une épée/fille intelligente) 

L'esthétique était vraiment incroyable, avec un coup de cœur pour la colonie et la scène avec Méduse que j'ai trouvé finement jouée et qu'elle apportait un petit plus par rapport aux livres. Vraiment c'était ultra agréable d'être enfin visuellement plongé dans l'univers. Et ça va de paire avec la fidélité de la trame, évidement. Et ça a donné quelques jolies scènes.  L'entrée dans l'antre de Méduse était incroyable (même si sa mort manque d'adrénaline encore), le moment qui raconte la vie d'Héphaïstos était très stylée (même si on intervention en personne n'était vraiment pas obligatoire). Les flash-back étaient tous bien dosés et très touchants. Et vraiment je retiendrais le dernier épisode. Il n'est pas parfait, encore un peu plat/pas hyper dynamique, mais comme quoi ils savent nous faire de l'épique et de l'émotion bien dosée. J'espère sincèrement que c'est sur cette lignée qu'ils repartiront pour la saison 2 ! 

Conclusion : Ce n'est pas nul. C'est juste tellement loin de mes attentes que je ne peux pas m'empêcher d'être déçue. Je n'irai pas jusqu'à dire que les films sont mieux ... mais les films ont réussi où la série a échoué. A défaut d'être fidèle, ils étaient frais, drôles et DYNAMIQUES. Et surtout pour les novices, ils étaient une parfaite porte d'entrée pour aller lire les livres. Est-ce que je conseillerais la série à des ami.es qui n'ont pas lu les PJ? Honnêtement, je ne sais pas ... ce qui veut tout dire sur sa réalisation. Une série est réussie quand elle offre une alternative acceptable aux livres, comme ce fut le cas pour les Harry Potter, ou Game of Thrones. Là, je ne trouve pas l'alternative assez satisfaisante ... Un exemple très con : mon petit frère de 11 ans préfère les films. Voilà. 

BON à présent que j'ai fini de donner mon avis (son s'envoyait de ces vocaux récap avec l'Hydre ahahahah) je veux bien entendre le vôtre ! 

Et surtout je veux savoir comme vous allez ! dites-moi tout <3 

MAINTENANT que j'ai fait ça on peut passer au bonus ! Bonne lecture à tous.tes ! 

***

         21 juillet 1998

Dos à la mer, Farhan faisait face à la tombe.

Les embruns marins fouettaient son visage et pourtant seuls, ils ne pouvaient justifier l'humidité abondante qui tapissait ses joues. Ses yeux avaient fini de verser ses larmes qu'elle était encore là, rendue glacée et brûlante à la fois par la brise qui cinglait sa peau. Tout était cruel en cet endroit. Des vagues qui martelaient implacablement les rochers avec leur bruit de tonnerre au vent qui tourbillonnait incessamment à désarçonner le plus solide.

Mais le pire, toujours le pire, le pic glacé dans leur cœur, c'était ces deux tombes jumelles côte à côte. Leur seul décorum était l'herbe verte qui tapissait le sol jusqu'aux pieds d'une auberge à moitié miteuse. Les moldus qui la fréquentait voyait-t-il ce qu'elles étaient ? Devant quoi ils passaient avant d'aller festoyer ? Ou la magie dissimulait-t-elle ce triste spectacle à leurs yeux ? Farhan avait vécu l'enterrement comme dans un brouillard : il ne se souvenait pas si un sortilège avait été posée en cette dernière demeure. Non, la seule chose dont il se souvenait, la seule chose qui l'obnubilait, c'étaient les lettres d'argent sur le marbre gris.

Nymphadora Lupin, née Tonks

7 janvier 1973 – 2 mai 1998

En ultime hommage, on avait gravé une baguette levée et d'où jaillissaient des étincelles sous le nom. Car s'était ainsi que sa meilleure amie était tombée. Baguette à la main. Seule contre Bellatrix Lestrange. Se battant pour ses idées et pour son fils. Son fils ... La simple idée faillit lui scier les jambes et l'envoyer valser au sol. Mais l'instant de faiblesse fut coupé dans l'œuf quand la présence restée si longtemps en arrière s'avança à ses côtés. Une main s'abattit sur son épaule, présente sans être oppressante et il laissa échapper un soupir tremblant.

-Déjà presque trois mois ...

-Le temps passe vite quand on pleure, ricana Charlie avec un sinistre rictus. Allez, Fa'. Tu n'as pas passé toutes ses nuits blanches pour rien.

Il pressa son épaule avant de s'éloigner d'un pas. Avec effort, Farhan posa un genou à terre et déposa le bouquet qu'il avait soigneusement préparé. Une ficelle encerclait des tiges d'un vert sombre qui tiraient vers le bordeaux aux épines et au bout desquelles se déployaient de magnifiques pétales d'un rose si vif qu'elles semblèrent faire de l'ombre au soleil en terme de rayonnance. Des nuits blanches, oui et tous ses talents d'herboristes avaient été mobilisés pour créer cette espèce unique de rose, reproduire avec la plus grande fidélité la teinte exacte des cheveux de Tonks, cet étendard qu'elle avait porté partout, jusque son dernier souffle. Et puisque des témoins lui avait conté qu'au cœur de la bataille, ils avaient semblé luire dans la nuit, Farhan avait fait en sorte qu'il en soit de même avec les pétales.

-Elles sont magnifiques, Fa', s'émerveilla Charlie.

Oui, elles étaient magnifiques. Joséphine avait pleuré en les voyant fleurir. Elle avait elle-même préparé un bac de terre à l'entrée de la boutique pour qu'elles puissent l'égayer éternellement. Sur le bois, elle n'avait gravé le nom qu'elle leur avait donné. « La Dora ».

-Je n'en reviens pas qu'ils l'aient enterré sous le nom de Nymphadora, lâcha-t-il dans un souffle. Elle détestait ce prénom ...

-Je pense que ses parents y ont tenu, murmura Charlie d'une voix rauque. Elle ne l'aimait pas, mais c'est le prénom par lequel elle est née ... Le prénom qu'ils ont choisi pour elle.

-Même ... Rien ne va dans le nom ... Elle n'est pas « née Tonks », elle était Tonks.

-Dans nos cœurs et à jamais. A la limite je te l'accorde, ils auraient dû graver « Tonks Lupin », ça aurait été plus correct.

Farhan entendit le sourire dans la voix de Charlie mais n'y fut pas sensible. Du coin de l'œil, il toisa la deuxième tombe où desséchaient encore les fleurs, brûlées par le soleil et le sel de mer. Là, pas d'ambiguïté. Un simple nom, quatre petites syllabes. « Remus Lupin ». Plus que par le nom de famille qui paraissait toujours à Farhan des plus artificiel, c'était la date de leur mort qui à tout jamais les unissait.

-Je ne l'ai pas connu, avoua Charlie en suivant le regard de Farhan. Je ne suis même pas sûr de lui avoir parlé au mariage de Bill ... j'étais tellement obnubilé par le ventre de Jo ...

-Je ne l'ai quasiment pas connu non plus.

Et l'avouer arrachait le cœur de Farhan. Il avait laissé la guerre le séparer de sa meilleure amie. Pendant qu'elle s'engageait dans l'Ordre du Phénix tout en découvrant l'amour et ses douleurs, Farhan se focalisait sur sa famille naissante et l'impérieux besoin de la mettre à l'abri. Et en tant de troubles, ça demandait la mobilisation de toute ses ressources ... Il se souvenait encore du sourire triste de Tonks lorsqu'ils s'étaient revus à ce fameux mariage, partageant ensemble un moment d'insouciance pour la première fois depuis des mois. Il s'était excusé de la négliger ... et le ton de Tonks s'était fait amer : « crois-moi, Farhan, je te néglige tout autant. Tu-Sais-Qui est en train de nous bouffer un à un ... mais crois-moi je n'ai pas l'intention de le laisser faire ».

Non. Non, c'était évident ...

Farhan porta sa main à sa poitrine où une douleur sourde pulsait, prenant de l'intensité à mesure des secondes. Il fixa les roses avec un début de colère mêlée de dépit. Il s'était échiné des nuits durant en Irlande, dans la maison de Fiona à Belfast avec Charlie pour seule compagnie. Il avait mis tout son cœur et toutes ses larmes dans cet ultime hommage à sa meilleure amie. Il avait voulu expier dans ce travail qui mêlait son savoir-faire et sa passion pour faire disparaître, éclater ce poids qui alourdissaient sa poitrine et le clouait pour toujours au soir du 2 mai. Enfin, après trois mois à ne pas voir le fond du deuil. La mort de Tonks l'avait déchiré, bien plus que ne l'aurait jamais pu faire celle de ses parents. A présent debout devant sa tombe, son offrande à ses pieds, il réalisait que ses espoirs étaient vains. Les roses étaient magnifiques ; mais sa souffrance était intacte.

-Jo n'arrêtait pas ..., entonna Farhan avant que sa voix ne se brise et qu'il soit obligé de se râcler la gorge pour lui redonner contenance. Elle n'arrêtait pas de lui répéter qu'elle lui en voudrait toute sa vie de s'être mariée comme ça, dans notre dos. C'était à moitié pour plaisanter ... je la laissais faire ... pour ne pas avoir à le dire parce que je n'en pensais pas moins, j'étais vexé qu'elle ne m'ait même pas prévenu qu'elle comptait se marier ...

Charlie garda le silence, les yeux rivés sur la tombe, alors qu'une nouvelle larme dévalait la joue de Farhan. Il l'écrasa d'un revers de main et leva les yeux sur l'auberge, cette même auberge jusque laquelle ils s'étaient traînés pour s'unir sur un coup de tête, simplement pour profiter de la vie, de l'instant ... d'avoir ce moment magique qui leur appartiendrait à eux pour toujours.

-J'ai l'impression d'être passé à côté son histoire d'amour et je lui en ai voulu pour ça ... maintenant je le regrette ... j'aurais dû être là pour elle, à chaque instant ...

-Farhan, tu ne pouvais pas, lui rappela doucement Charlie. Tu ne peux pas être là pour les autres quand tu as tes propres ennuis à régler. Ça allait mal avec Joséphine, puis elle est tombée enceinte, tu devais gérer la boutique désertée à cause des descentes de Mangemorts ... Tu ne pouvais pas en plus de ça deviner quelque chose que Tonks ne voulait pas que tu saches.

-Hum ... j'oubliais que tu étais dans la confidence, toi ... Dans l'Ordre aussi ...

Mais il n'y avait même plus d'aigreur dans le ton de Farhan : son ton était atone, délibératif, morcelé. Charlie grimaça et passa une main gênée dans ses mèches rousses emmêlées par le vent. Après les coups de ciseaux ravageurs de Molly l'été dernier pour le mariage de Bill, ils avaient enfin retrouvé une longueur appréciable qui rendait à Charlie sa véritable identité.

-Et je devrais à nouveau choisir aujourd'hui que je ferais la même chose, Farhan. Je ne te dirais rien. Je ne te proposerais pas d'entrer dans l'Ordre. Encore moins à Joséphine. Farhan, tu n'étais pas prêt à en faire davantage, à t'engager de cette façon. Ce que vous faisiez tous les deux ... c'était déjà plus qu'assez.

Plus qu'assez. Lui aussi avait eu cette intime conviction, lorsqu'il suppliait Joséphine de modérer ses ardeurs dans la ligne éditoriale de La voix du Chaudron. Lorsque les Mangemorts étaient venu saccagés sa boutique et lui casser une côte d'un coup de pied pour lui envoyer un message. Lorsqu'il avait accepté, au cœur des tourments, qu'elle poursuive clandestinement l'activité, parce qu'après tout ? Si elle, Joséphine Abbot, ne faisait rien, alors personne ne le ferait – et le monde dans lequel leur fille vivrait serait foutu. Il avait même eu la sensation d'apporter sa contribution lorsqu'Eugenia Dragonneau, la fille de son fournisseur en crin de licorne et de peau de salamandres, était venue lui demander l'asile pour une nuit, tremblante, les yeux écarquillés, les mains blanches crispées sur sa valise. Elle aussi avait été tuée. Quelque part dans la campagne anglaise existait une tombe à son nom, avec la même maudite date que celle qui brillait sur celle de Tonks. Et il avait trouvé que sa côte cassée et les pleurs de sa fille, c'était plus qu'assez.

Non. Maintenant, tous ses efforts, toutes ses angoisses, toutes ses douleurs ... lui semblaient tristement insignifiantes. Plus qu'insuffisantes.

Son scepticisme dut se lire sur son visage, car Charlie insista avec plus d'aplomb :

-Sois honnête, Farhan, tu nous aurais dit quoi, à Tonks et moi, si on était venu te voir pour te parler de l'Ordre ? Tu voyais déjà comment tu fustigeais Joséphine de trop écrire ? J'ai encore tes lettres pleines d'angoisses qu'ils viennent la prendre comme un jour on a pris tes parents !

-Je sais, lâcha Farhan avec dépit. Je me souviens de ce que j'ai écrit, inutile de me le rappeler ...

-Alors ne nous en veut pas de ne pas avoir ...

-Vous en vouloir ? Charles, c'est ce que j'essaie de t'expliquer depuis tout à l'heure. C'est à moi que j'en veux !

Son cri de désespoir fut emporté par les vents et se répercuta sur les falaises. Peut-être même que les moldus de l'auberge l'avaient entendu et rivaient à présent leurs yeux sur les deux jeunes hommes étrangement statiques au milieu de la pelouse. Visiblement, Charlie n'eut aucun scrupule à rendre la scène plus étrange. Avec une poigne de fer, il obligea Farhan à se détourner de la tombe et à lui faire face. Ses deux mains se clouèrent à ses épaules pour l'empêcher d'échapper à son regard.

-Ne crie pas, l'enjoignit-t-il. Pas sur sa tombe, pas devant elle. Elle a donné sa vie, pour ses idéaux, pour son fils et même moi qui la connaissais moins que toi je sais qu'elle n'aurait pas voulu partir d'une autre façon ...

-Personne ne veut partir à vingt-six ans, Charlie.

-Mais puisqu'il faut le faire, autant que ce soit de cette manière pour une femme comme Tonks. Tu sais j'ai parlé à des dizaines de gens, des personnes de l'Ordre, des personnes qui ont lutté discrètement, dans l'ombre, des personnes ... Et au fond, c'est toujours le même discours que j'ai entendu. On était des gouttes d'eau dans un océan Farhan. Tous autant qu'on était, peu importe nos actions, on comptait à peine dans la machine infernale qui s'était mise en place. On a gagné ? Tu parles ! On y serait encore si Harry Potter ne nous avait pas tiré de là !

Sa voix était à peine plus haute qu'un murmure assourdi et pourtant elle tonnait aux oreilles de Farhan. Avec une fois enrobée d'une fermeté pareille, il imaginait parfaitement la scène qu'on lui avait conté quelques heures après la Bataille de Poudlard : Charlie Weasley, retrouvant son âme de Capitaine à la tête des habitants de Pré-au-Lard, menant la charge pour le salut de Communauté des Sorciers. Percy l'avait prévenu et il avait transplané toute la nuit pour se porter à la rescousse de l'école assiégée. « Preux chevalier jusqu'au bout », avait constaté Joséphine face au récit. Elle en avait fait un article spécial dans La voix du chaudron, l'exilé de Roumanie qui traversait le continent pour porter secours. Accompagné d'une photo de Charlie s'occupant des dragons qui avaient eu plus de succès que l'article lui-même. Le seul fou-rire de Farhan ces derniers mois avait été réservés à un Charlie rouge comme un souafle, débarquant dans leur appartement au moment du petit-déjeuner avec dans ses mains moults lettres de fervente admiratrices. L'une d'elle était maculée de nombreuses marques de rouge à lèvres.

Toutefois aujourd'hui, ces joues étaient d'un pâle presque laiteux : la couleur venait de ses innombrables tâches de rousseurs et de ses prunelles bleues où brûlait un certain dépit.

-Alors crois-moi, que tu rentres dans l'Ordre, que tu luttes plus, ça n'aurait vraiment rien changé ... tranquillise-toi là-dessus.

-Ne me dis pas ça, chuchota Farhan, désemparé. Charlie, ne me dis pas ça. Ça voudrait dire qu'elle est morte pour rien ...

Il fallut une seconde, une affreuse seconde à Charlie pour sortir de la torpeur provoquée par la supplique de Farhan et trouver une réponse audible à lui apporter :

-Non ! Non, je ne dis pas ça non plus. Si on ne s'était pas tous mobilisé pour tenir l'école, jamais Harry n'aurait eu raison de Tu-Sais-Qui. On a servi de bouclier, si on veut, pendant que la vraie bataille se jouait entre les deux ... Un bouclier chèrement payé, mais efficace.

Chèrement, oui. A défaut de Bataille, Farhan avait participé à la petite cérémonie qui avait eu lieu au bord du Lac noir le lendemain. Les dizaines et dizaines de fleurs illuminés sur sa surface, représentant chaque personne tombée, lui avait donné la nausée. Seule la main de Joséphine dans la sienne lui avait donné la force de ne pas simplement se détourner du spectacle.

-Alors c'est à la Bataille que j'aurais dû être. Avec toi. Avec elle.

-Farhan, je te l'ai déjà dit, je n'ai pas eu le temps d'aller te prévenir ... le transplanage m'avait usé, je n'étais pas lucide, je pensais juste à rejoindre mes parents ...

-Je sais, je sais ... Mais Tonks aurait pu me prévenir. Ton père, Bill, McGonagall je ne sais pas mais quelqu'un. Pour ça, je serais venu ... je vous jure, je serais venu ...

Je te le jure Tonks, et son regard s'aimanta à la tombe malgré la poigne de Charlie. Je te promets que je serais venu. C'était facile à dire, maintenant que le soleil brillait. Maintenant que le journal de Joséphine n'était plus dangereux mais florissait. Maintenant que Moïra était insouciante et hors de danger. C'était si facile de faire cette promesse ... Au fond de son cœur, Farhan se sentait lâche. C'était peut-être le cœur de cette histoire, le cœur de sa douleur profonde d'avoir perdu Tonks et dont il ne voulait pas se remettre. Elle avait eu tout le courage qui lui avait manqué. Pendant que Farhan se terrait, malade à l'idée qu'on lui enlève sa famille fraichement et si péniblement acquise comme un coup du sort l'avait fait à ses cinq ans, Tonks s'était battue jusqu'à son dernier souffle. Elle aussi avait acquis sa famille dans la douleur et pourtant jamais son monde ne s'était réduit à elle. Tonks avait toujours eu le cœur assez grand pour voir plus loin.

Il voulait s'en persuader. Autant il s'évitait de s'attarder sur l'Ordre pour ne pas regarder l'évidence en face : non, jamais il ne se serait engagé ... il avait cédé à la peur, et à travers elle à la lâcheté. Le simple fait d'y songer lui donnait la nausée. Mais pour la bataille ... pour une bataille si importante, si décisive, il serait venu. Il aurait aimé ne serait-ce qu'être mis devant ce choix, pouvoir ouvrir son monde et enfin trouver son courage. On l'en avait privé et Tonks était morte.

Cette fois, Charlie sembla à court d'argument. Farhan le comprit quand il lui lâcha les épaules et se détourna, se frottant sa mâchoire contractée. Il s'éloigna des tombes de quelque pas et darda sur la mer un long regard, un regard avec lequel Farhan commençait à être familier ... Il l'avait vu tous les jours pendant leur séjour commun en Irlande, ces quelques jours éloignés de tout où ils avaient tenté de faire leur deuil.

-Farhan, je t'en supplie, arrête de ressasser ... Ça ne sert à rien à part mettre du sel dans la plaie ... Tu le disais à l'époque, non ? Qu'il ne fallait pas que tu laisses empoisonner par des « si » ? « Si » Shahrazade n'avait eu d'Obscurus, « si » les Aurors n'étaient pas intervenu à l'hôtel ... Franchement, je n'en reviens pas que je sois obligé de te retourner ton propre conseil alors que je pense à toi chaque fois qu'avant de dormir, je me demande ce qui se serait passé si ... si je ne me trouvais pas en Roumanie. Si j'avais pu arriver plus tôt ...

Un nouvel éclair traversa la poitrine de Farhan et il jeta un regard éperdu à Charlie. Cette journée il se l'était dédiée à Tonks, trois mois après sa mort pour lui présenter les fleurs ... et obnubilé par leur couleur rose, il avait oublié que pour Charlie, leur amie n'avait pas été la seule à tomber ce jour-là. Sur une autre tombe, dans le cimetière de Loutry Ste Chaspoule, la date du 2 mai était elle aussi gravée. Farhan s'avança vers Charlie à pas lents et à son tour, plaça une main sur son épaule. Ce fut qu'à cet instant qu'il réalisa à quel point elle était dure, tendue.

-Je suis désolé ...

Un semblant de sourire frémit sur les lèvres de Charlie.

-Excuse-toi encore une fois et je t'envoie valser dans la mer. On verra si tu plonges aussi bien que ta dulcinée.

-Mais c'est vrai ... tu parles de devoir gérer d'abord ses problèmes avant ceux des autres ? Charles, tu as tes propres problèmes, non ?

Ce n'était rien de le dire. La cruelle mort de Fred Weasley avait réussi à ébranler le Terrier jusque dans ses fondations. Charlie avait même craint pour la santé mentale de sa mère. Partir de chez lui pour le suivre en Irlande l'avait angoissé : il l'avait vécu comme un abandon, jusqu'à ce qu'il réalise au milieu de la verdure irlandaise qu'au moins, sur cette île, il pouvait se concentrer sur lui et son propre deuil. Pleurer enfin, après des semaines complètes à essuyer les larmes sur les joues de sa famille. Farhan s'était laissé avoir par une forme de sérénité retrouvée ... il avait oublié toutes les larmes qu'ils avaient échangé ces derniers jours.

-C'est avec ta famille que tu devrais être, déclama-t-il à mi-voix. Pas avec moi.

-Je pensais qu'on avait réglé la question à la fin de Poudlard, non ? rétorqua Charlie avec un vague geste d'humeur. Tu es mon frère, Farhan. C'est normal que je sois à tes côtés aujourd'hui.

-Mais ...

-Ne t'en fais pas, ma famille est bien entourée. Mon père vient de reprendre le travail, Ron et Ginny sont à Poudlard pour reconstruire, Bill et Percy restent avec ma mère ... il n'y a que George qui ... qui ... (sa voix se brisa et il cligna plusieurs fois des yeux avant de reprendre : ) Je suis là où je veux l'être. Où j'ai besoin d'être. Et puis c'était aussi mon amie, tu sais.

Il s'essuya le nez d'un revers de manche et décocha un bref regard à la tombe. Le spectre de Fred brillait toujours dans ses prunelles. De manière moins fiévreuse mais toujours aussi prégnante.

-Je suis content de ne pas avoir eu le temps de te prévenir pour la Bataille. Tonks, c'est une chose ... mais si c'était toi qui étais tombé, Farhan, jamais je n'aurais pu me le pardonner.

La tombe et la prairie écossaise se brouillèrent à la vue de Farhan et il pressa les paupières pour refouler les larmes qui montaient. L'espace d'un instant, il s'imagina qu'un sort avait fauché Charlie lors de sa folle charge. Le tableau était si réaliste, si plausible qu'un éclat de douleur faillit le terrasser. Il manqua de poser un genou à terre tant la simple possibilité le mettait au supplice. Si c'était arrivé ... non, jamais il n'aurait pu s'en relever. A l'aveugle, il se rapprocha de Charlie jusqu'à ce qu'il sente son épaule effleurer la sienne. Immédiatement, le bras de son meilleur ami l'entoura et le poids qu'il s'était crée seul dans sa poitrine reflua.

-Tu as une fille et une femme qui ont besoin de toi.

-Jo n'est pas ma femme, rectifia Farhan en rouvrant les yeux pour les lever au ciel.

Et il en avait assez de le répéter. Joséphine avait failli frapper le dixième infirmier qui était entré dans sa chambre de repos à Ste-Mangouste après la naissance de Moïra en l'appelant « Mrs. O'Neil ». Le mariage ne lui était rien. Et dans un situation familiale compliquée comme la leur ? Impensable. Moïra était un ciment familial bien plus symbolique et efficace aux yeux de Farhan. Un sourire retroussa les lèvres de Charlie.

-Certes. Mais il n'empêche, qu'est-ce qui lui arriverait sans toi ?

-Tu plaisantes j'espère ? Tu veux que je te fasse le portrait de nos derniers mois ? Tout en luttant à la pointe de sa plume, elle a trouvé le moyen de supporter mes angoisses et de porter notre enfant. Crois-moi c'est elle qui est devenue ma bouée de sauvetage.

Il se pinça le nez entre le pouce et l'index. Enfin une bouée de sauvetage qui s'éloignait de plus en plus, battues par les mers de l'actualité. Le 2 mai, au moment où la vie de Tonks s'achevait, celle de Joséphine s'envolait. En bonne flaireuse d'opportunité qu'elle avait toujours été, elle avait profité de l'interdiction administrative de La Gazette pour occuper l'espace avec son propre journal. Depuis trois mois, Joséphine travaillait jours et nuits, ramenait plus de Gallions en une semaine qu'elle ne l'avait fait ces six derniers mois. Elle écrivait, organisait, parcourait le monde sorcier en long, en large et en travers. Les journalistes au chômage technique de La Gazette étaient venus ramper à ses pieds pour garder des miettes d'honneur et de visibilité, mais en accord avec Noah, elle n'avait embauché que les stagiaires fraîchement débarqués qui n'avaient eu aucune part dans la propagande de Thicknesse. Et pendant que Joséphine puisait toute son énergie dans la catastrophe, celle-ci avalait toute celle de Farhan.

Et pourtant, malgré cette folle activité, Farhan ne la blâmait pas de ne pas avoir été là pour le soutenir dans son deuil. Elle avait fait de son mieux. Lorsqu'il s'était retrouvé incapable de gérer sa boutique, c'était elle qui avait traversé la mer pour supplier Fiona de le remplacer. Elle restait à ces côtés chaque soir pour être certain qu'il dorme avait de se relever pour écrire ses articles. Elle avait été là pour lui secouer les puces, lorsqu'un jour juin il avait peiné à sortir de son lit, incapable d'avancer dans un monde dans lequel Tonks n'était plus. Elle avait pesté, avant de retirer son manteau avec un grand soupir théâtral. « Mais puisque tu veux rester au lit, autant en faire quelque chose d'utile ». Et ses lèvres plaquées contre les siennes, le poids qui pesait sur son cœur et ses épaules s'était envolé l'espace d'une heure.

Alors lui, traîner Joséphine comme un boulet ? Merlin ... C'était elle qui faisait fonctionner à la fois sa famille et La voix du chaudron à bout de bras. Parfois il ne faisait que la regarder écrire ou embrasser Moïra sur la joue et il n'arrivait pas à parfaitement à réaliser à quel point Joséphine Abbot était devenue une femme d'exception.

-Il faut vraiment que je me secoue, soupira Farhan en fixant les fleurs. C'est pour ça que j'ai travaillé sur les roses, pour faire quelque chose enfin, occuper mon esprit ...

-Et ça a marché, non ? ça t'a fait du bien de retourner dans ton laboratoire, remettre les mains dans la terre ?

-Un peu sur le coup. Mais maintenant que je les vois ... j'ai l'impression de replonger la tête la première.

-Se remettre d'un choc, ce n'est pas linéaire Farhan. Et ça, c'est ta copine qui te le dira.

-Elle l'a fait ... et je l'ai à peine écouté, avoua Farhan, penaud. Je ne sais pas, je suis orphelin, j'ai perdu mes parents, ma sœur, je me suis pris le souffle de l'explosion à douze ans d'écart en plongeant dans la Pensine ... Je n'ai rien à apprendre au sujet de la façon dont on gère un choc. Je devrais le savoir, j'aurais dû ... je ne devrais pas me sentir si mal, je devrais savoir me gérer mieux que ça ! Je devrais pouvoir être là pour aider Jo à supporter le changement de dimension du journal, je sens que ça l'angoisse ! Je devrais être capable de tenir ma boutique au lieu d'obliger Fiona à venir m'aider alors qu'elle a passé l'âge ! Je devrais passer mon énergie à t'aider toi, ta famille ... et là encore je dois arrêter parler de moi, Merlin j'en ai assez ! Je suis devenu un pleurnichard c'est insupportable !

Il faillit donner un coup de pied dans le vide, mais le bras de Charlie était toujours passé derrière ses épaules et il avait besoin de sentir que son meilleur ami était là. Le problème était que de l'autre côté, la tombe de Tonks était auréolée d'une aura glacée qui l'aspirait. Son cœur creusa sa propre fosse pour dégringoler dans sa poitrine.

-Je me suis remis de tout, de mes parents, d'apprendre comment ils sont morts ... Pourquoi là je n'arrive pas ? Pourquoi je reste bloqué, en boucle ...

-C'est simple, Farhan. Parce que tu passes tes journées à te dire « et si ? ». Et que c'est en train de te bouffer.

Incapable d'ajouter quoique ce soit, Farhan se contenta de contempler les sépultures à s'en dessécher les yeux. Evidemment que Charlie avait vu juste. Certainement parce qu'ils en avaient parlé longuement autour d'une casserole de pâte en Irlande. Lui avait eu la sensation d'emmagasiner son chagrin à l'infini jusqu'à explosion parce qu'il devait soutenir sa famille. Une fois Fred pleuré pour lui-même, il avait pu revenir. Farhan lui, restait comme un disque rayé sur des conjectures, des possibilités invérifiables. La culpabilité l'étranglait, chaque fois que le nom de Tonks explosait dans son cœur.

Quand elle s'est engagée dans l'Ordre. J'aurais dû être là.

Lorsqu'elle se morfondait pour son loup-garou. J'aurais dû être là.

Lorsqu'elle s'était précipitée face à son destin. J'aurais dû être là.

J'aurais dû être là et je ne l'étais pas. Jamais il ne pourrait se pardonner d'avoir cédé à la lâcheté et la facilité. Jamais. Pas quand la plus belle personne du monde s'en était allée de manière si cruelle, injuste. Et alors quand il pensait au fils même pas sevré qu'elle avait laissé derrière elle, ses entrailles se liquéfiaient. Si Teddy n'était pas une excuse pour Tonks, Moïra n'en était pas une pour lui.

-Je sais ... je n'arrive pas à arrêter. Je ne comprends pas comme tu arrives à les stopper.

-Je te l'ai dit. Je pense à toi, à ce qu'il t'a fallu pour surmonter la mort de tes parents et rien que le fait que tu y sois parvenu me prouve que c'est possible. Je ne dis pas que c'est simple. Ni que j'y arrive à chaque fois.

Ses yeux se baissèrent sur ses baskets pleines de boue.

-Et tu es trop sévère avec toi-même. Tu viens de passer des semaines sur une fleur digne de rendre hommage à Tonks, c'est normal que tu aies le nez dessus aujourd'hui. Tu as le droit de ... « pleurnicher ». Mais pour ce que ça vaut, tu as été là pour moi. La virée en Irlande ... sans ça moi aussi j'aurais plongé.

Farhan parvint à arracher son regard à la tombe pour le planter sur Charlie, à moitié surpris par l'information. Pour lui avoir fait des potions de sommeil et passer les mouchoirs alors qu'il pleurait Fred, il savait à quel Charlie avait été terrassé par la mort de son jeune frère. Mais pas une fois il avait douté que son grand gaillard de meilleur ami allait survivre à ça. A force d'affronter des dragons tous les jours, il était devenu serein, endurant, solide comme un roc à l'image des montagnes roumaines dans lesquelles il vivait. Non vraiment que Charlie s'écroule était le dernier des spectacles envisageables pour Farhan.

-N'importe quoi, souffla-t-il en secouant la tête. Ça aurait été difficile, je ne dis pas et ça le sera toujours un peu ... Ce n'est pas quelque chose dont on se débarrasse, on en garde toujours une petite marque ... Ce qu'il faut c'est réduire la douleur à gêne et la gêne à la mélancolie, je suppose. Tu y serais arrivé dès que tu aurais retrouvé tes dragons, j'en ai aucun doute.

-Hum, lâcha Charlie, dubitatif. Seul en Roumanie à ruminer ... Non. En plus Ladona ne m'aurait pas laissé monter sur un balai avec des idées noires plein la tête. Il faut être lucide et sain d'esprit quand tu travailles avec les dragons. Et il y a encore quelques semaines, je ne l'étais pas. Merci.

-Remercie Joséphine, éluda Farhan, gêné. C'est elle qui t'a forcé à venir avec moi ...

-Elle n'a pas eu à beaucoup insister. J'étouffais. Et j'avais besoin de toi.

L'aveu parut déplaisant à Charlie, qui n'avait pas quitté le bout de ses chaussures des yeux. Peut-être avait-il eu la sensation de redevenir l'adolescent de Poudlard dépendant de son secrétaire particulier l'espace de quelques semaines et que ce retour en arrière l'avait blessé dans son orgueil d'homme fait.

-Quand est-ce que tu retrouves tes dragons, d'ailleurs ? l'interrogea Farhan pour l'égayer quelque peu. Ladona t'avait donné deux mois ...

-Je ne sais pas. Je devais rentrer la semaine dernière, j'ai déjà repoussé ... et je ne sais pas. Je réfléchis de plus en plus à prolonger.

-Prolonger ? répéta Farhan, secrètement ravi. Combien, d'une semaine ?

-Et si ... et si on disait un an ?

Cette fois, Farhan se dégagea de Charlie et parvint à ignorer la sinistre aura de la tombe derrière lui pour dévisager son meilleur ami. Si un sourire s'était étiré sur ses lèvres, son regard était des plus sérieux – et toujours planté sur l'herbe, comme s'il n'osait pas encore affronter la réaction de Farhan.

-Un an ?!

-Tu sais, tu n'es pas le seul à avoir des regrets. J'ai tout loupé en étant en Roumanie. La scolarité de Ron et Ginny, le mariage de Tonks, la naissance de Moïra ... Lauren, aussi, ça m'a fait tellement de bien de retrouver Lauren pour de vrai ... (Il parvint à lever les yeux pour les poser vers Farhan, un sourire aux lèvres). Elle m'a même proposé de m'installer un peu chez elle. Je pense qu'elle aussi, ça lui fait du bien de ne plus simplement vivre seule. C'est pesant au bout de quelques années ...

-Charlie ... les dragons, la Roumanie ... c'est ta vie rêvée ... Je sais que j'ai pu te dire des choses quand j'ai choisi ... (Il déglutit violemment et ses lèvres parvinrent douloureusement à articuler : ) Tonks ... Tonks pour être la marraine de Moïra ...

Le choix cornélien qui l'avait déchiré pendant la grossesse de Joséphine gagnait en cruauté. Charlie lorgna une demi-seconde la pierre tombale avant de revenir sur Farhan.

-Et tu as eu raison de le faire, à l'époque, assura-t-il avec douceur. Je mentirai en disant que ça ne m'a pas attristé ... mais j'ai compris. Et j'ai encore compris davantage en me tenant devant le trou qui allait engloutir mon petit frère ... (Sa voix s'assourdit l'espace d'un instant et il toussa pour se redonner du coffre). Et ça ne se reproduira plus. Je te le promets, Farhan. Maintenant je serais là. Dès que ça comptera je serais là.

-Mais les dragons ...

-Ne remplacent pas ma famille. Et aujourd'hui, c'est de vous que j'ai besoin. Il me faut ce congé, Farhan, pour me reconnecter, me retrouver un peu ... La Roumanie, c'est un rêve éveillé et parfois je me laisse enivrer. Là ce n'est pas d'un rêve dont je veux. Je veux être là pour toi, je veux faire des randonnées avec Lauren, je veux recevoir les articles de Jo au Terrier en petit-déjeunant avec mon père. Et un jour la Roumanie me manquera et j'y retournerai ... mais quand je serais prêt. En attendant je serais là.

La gorge de Farhan fut obstruée par une boule brûlante qu'il connaissait par cœur. Mais cette fois ce n'étaient pas les pleurs de désespoirs qui la nouait ainsi. C'était la reconnaissance.

-Tu es déjà là, Charles, promit-t-il. Vraiment, c'est moi qui aurais plongé si tu n'avais pas été là ces dernières semaines ...

-J'ai fait ce que j'ai pu, marmonna Charlie avec un haussement d'épaule.

-Tu veux rire ? Tu es là avec moi aujourd'hui, tu m'as suivi en Irlande, tu as même gardé ma fille toute une semaine ! Et je veux bien l'admettre, je n'étais pas le plus rassuré du monde en te la confiant ...

La confidence arracha un sourire à Charlie qui, une nouvelle, balaya la remarque d'un revers de main.

-Arrête, elle est adorable.

-C'est faux, c'est un petit monstre et on l'oublie dès qu'elle sourit. Comme sa mère, un peu. Mais c'est de toi que j'avais peur : tu sais t'occuper à merveilles de dragons, mais j'avais peur que tu paniques devant une couche.

-Oh ! J'ai paniqué, c'est ma mère qui s'est occupé des couches. Merci pour ça aussi, d'ailleurs. C'était la première fois que je voyais ma mère sourire autant ...

Une ombre s'abattit sur son visage et il se tordit les doigts, l'air soucieux. La ligne de ses épaules s'était mise à ployer.

-Je devrais rentrer, d'ailleurs. Je ne lui ai pas encore annoncé que je restais, j'attends d'être sûr, que ma demande soit acceptée par Ladona ...

-Ce serait formidable. Tu m'as manqué, Charles.

Charlie sourit, et l'avenir de Farhan s'éclaira. Secrètement, il savait que ce qui l'avait angoissé ces dernières semaines était le départ prévu de son meilleur ami. Il s'était si rapidement réhabitué à sa présence dans sa vie, s'était tellement appuyé sur lui ces dernières semaines ... Joséphine l'avait soutenu, mais Charlie l'avait supporté. S'il parvenait à traverser son deuil, c'était parce qu'ils l'avaient fait ensemble. Et à présent le spectre du départ s'éloignait assez pour qu'il puisse inspirer profondément et laisser l'air frai entrer à flot dans ses poumons.

Sans réfléchir, il s'avança vers son meilleur ami et l'étreignit. Parfois, les émotions se passaient de mots et en tant normal, il était maître en cet art. Là, l'essaim d'émotion était trop présent, bourdonnant, piquant pour qu'il puisse se contenter du silence ... mais les gestes pouvaient suppléer. Charlie referma ses bras sur lui, avec un naturel qui apaisa Farhan. Lorsqu'il avait choisi Tonks en marraine pour Moïra, il avait eu la terrible sensation de verbaliser la faille béante qui s'était ouverte entre eux depuis son départ en Roumanie. Mais à présent, tout était clair. Toute sa vie, dans les pires tempêtes et au fond du gouffre, il pourrait compter sur Charlie Weasley. Il avait eu besoin de réapprendre ça.

-Toi aussi, Fa', murmura Charlie, avant de s'écarter avec un sourire. Je dois vraiment y aller. Et par pitié, va te reposer ... ça se voit que tu as passé des nuits blanches ces derniers temps.

Son regard glissa sur la tombe et loin de faire mourir son sourire, il se teinta d'une sorte de mélancolie que Farhan lui enviait. Lui n'avait pas encore passé ce stade.

-Et ça valait le coup, vraiment. Elles sont sublimes. Digne d'elle. Et c'est dire ...

Il laissa les mots s'envoler avant de briser l'aura émotive qui flottait entre eux d'une tape bien virile dans le dos. Il lui en fut reconnaissant : le décalage du geste lui arracha un rire assez engageant pour Charlie décrète qu'il pouvait partir sans risquer que Farhan se jette à la mer sitôt partie. Alors un sourire aux lèvres, il transplana avec un « CRAC » qui fut emporté par la brise marine, laissant seul Farhan et les deux tombes. Le vent faisait onduler les pétales des roses, qui se mirent à luire dès qu'un nuage apporta l'obscurité au marbre. Aussitôt toute la surface fut arrosée de tâches rose comme l'aurore.

-Elles ne seront jamais dignes de toi, Dora, souffla-t-il au ciel, le cœur serré. A plus tard. Je reviendrai. Bientôt.

Oui, il reviendrait. Parce que même si Charlie restait, même si le soleil revint frapper l'herbe et la mer, même s'il avait réussi à quitter son lit, les « et si ? » incessant lui empoissonnaient l'esprit.

Il était frustré, à moitié en colère et épuisé par l'épreuve lorsqu'il franchit le seuil de sa boutique. Fermée plus tôt parce que Fiona amenait Nolan faire des examens à Ste-Mangouste, elle était silencieuse, déserte, presque sinistre si les pétales de « la Dora » ne luisaient pas de tout leur rose dans le bac préparé par Joséphine. Les contempler gonfla encore un peu plus son cœur de culpabilité et de frustration. Non, rien ne sera jamais suffisant pour lui rendre hommage. Rien ne sera suffisant pour effacer ses regrets.

Le pas lourd, il grimpa les escaliers, appréciant d'avance le calme de l'appartement et l'idée d'un bon thé embaumant son petit salon de menthe et de chaleur. Il allait mettre la main sur les feuilles séchées dans la cuisine quand une voix le fit sursauter :

-Farhan ? C'est toi ?

Sa baguette apparut dans sa main sans qu'il ne réalise son geste. Les réflexes des derniers mois peinaient à s'effacer et ce fut à pas prudents qu'il s'avança jusque sa chambre. Sa chambre, sa chambre d'enfant, d'adolescent, de jeune homme qu'il avait transformé pour accueillir Joséphine quand elle s'était installée avec lui. Elle était allongée dans le lit qui prenait presque toute la place, les jambes nues entremêlées dans les draps, redressée sur un coude. Elle aussi avait attrapé sa baguette, remarqua Farhan dès qu'il entra dans la pièce. Et il comprit lorsque ses yeux s'habituèrent à la semi-obscurité dans laquelle Joséphine avait plongé la pièce : roulée en boule, Moïra dormait à poings fermés contre sa mère. Celle-ci poussa un profond soupir lorsqu'elle reconnut Farhan et lâcha sa baguette sur les draps.

-Oui, c'est toi ... tu m'as fait peur, bon sang, je dormais ...

-Qu'est-ce que tu fiches ici ? chuchota Farhan pour ne pas réveiller sa fille. Tu n'avais pas le numéro à boucler ?

-Noah s'en charge, répondit Joséphine en retombant sur son oreiller. Je ne me sentais pas bien ... Je voulais faire une sieste avec ma fille.

Sur ses paroles, elle caressa tendrement les cheveux noirs et bouclés de l'enfant blottie contre elle. Un doux sourire retroussa les lèvres de Farhan. Sans attendre, il se glissa dans les draps, effleura lui aussi les mèches soyeuses de leur fille endormie entre eux et la joue de Joséphine d'un baiser. Pourquoi voudrait-il un thé quand il pouvait s'allonger tranquillement avec sa famille ... ?

-Tu devrais ralentir un peu ... Tu as l'air épuisé ces derniers temps, Jo. Il ne faut pas que tu te brûles les ailes en essayant de tout gérer ...

Le sourire que tenta de produire Joséphine voulait craqueler son visage tant ses traits étaient tirés. Elle avait encore de l'encre sur les doigts, et malgré son simple débardeur et sa culotte, de la sueur collait ses mèches contre son front. Inquiet qu'elle fasse de la fièvre en plein mois de juillet, Farhan effleura sa peau du bout des doigts.

-Tu veux que je te prépare une potion ? C'est Moïra qui t'a refilé un virus ?

Il tâta doucement le visage de sa fille, mais elle dormait paisiblement dans la moindre trace de trouble. Joséphine ricana et attrapa sa main pour embrasser ses doigts. C'était difficile à percevoir dans la pénombre – les rideaux étaient tirés et ne laissaient échapper qu'un filet de lumière – mais il lui semblait que malgré la fatigue manifeste, ses yeux étincelaient.

-Tout va bien. A la limite tu peux me faire un anti-vomitif ... mais tant que je suis allongée ça va.

-Enfin, Jo ... Vraiment il faut que tu en fasses moins. Ou que tu embauches. Ou que tu obliges Noah à prendre un peu plus de responsabilité, il est le Perroquet Noir ou pas ?

Et il avait failli étrangler cet effronté d'Américain lorsque Joséphine l'avait compris, alors que fleurissait partout sur le Chemin de Traverses ses tracts engagé pour l'Ordre du Phénix. Avec cette double activité, c'était tout le journal qu'il avait mis en danger – et avec Joséphine, sa rédactrice-en-cheffe, en première ligne. A présent, le souvenir enfonçait Farhan un peu plus dans le gouffre. Même Noah Douzebranches à qui l'Angleterre n'était rien avait eu plus de courage que lui.

-Je vais le faire, promit Joséphine dans un souffle. Il n'aura pas le choix de toute manière ... Sinon je vais vomir sur ses chaussures et je ne suis pas sûre qu'il va apprécier la blague.

-Moi si.

-Oh moi aussi, je me tordrais de rire avant de tourner de l'œil.

-Ça ne va pas à ce point ? Tu veux aller à Ste-Mangouste ... ?

C'était certain à présent. Les yeux de Joséphine pétillaient. Il pouvait percevoir chaque éclat transpercer ses prunelles noisette pour tenter de l'atteindre.

-On ira dans un futur proche, ne t'en fais pas.

-Pourquoi tu ... ?

Les mots de Farhan s'étouffèrent pêle-mêle dans sa gorge : Joséphine venait d'agripper plus fermement la main qu'elle tenait toujours pour la glisser sur son ventre. Et alors tout s'éclaira. Rien n'était visible et pourtant tout était clair, si clair que Farhan en fut ébloui. Et le cœur de cette lumière magnifique se trouvait autour du nombril de Joséphine. Sa main avait depuis longtemps quitté la sienne qu'il caressait encore son ventre, glissant sa main sous le débardeur pour tenter de percevoir la moindre trahison de ce qu'il venait de comprendre. Mais sous sa paume, la peau était aussi lisse qu'ordinaire.

-Tu es sûre ... ?

-Mes règles sont en retard, j'ai failli vomir dans le café de Noah tous les matins cette semaine et bon sang je ne peux plus dormir sur le ventre tellement j'ai mal aux seins. Oui, je suis sûre.

Et comme Farhan la dévisageait toujours avec des yeux grands comme des gallions, la bouche entrouverte, elle sourit et caressa la ligne de sa mâchoire du bout des doigts. La joie venait de chasser la fatigue pour illuminer ses traits.

-Tu vas encore être papa, Farhan.

Le cœur de Farhan manqua un battement à l'annonce. Entre eux, il n'entendait que la respiration apaisée de son premier enfant, sa joie la plus forte, la plus intense. Ce qu'il avait pu pleurer en prenant Moïra la première fois dans ses bras ... Ce que le bonheur avait irradié dans sa poitrine à lui en éclater les côtes. Il ne pensait pas pouvoir atteindre un tel degré d'allégresse, plus jamais ...

Il se trompait. Merlin qu'il s'était trompé ...

Tout arriva en même temps. Le sourire, l'euphorie, les larmes, les gestes. Avec à peine de considération pour sa fille endormie, il glissa jusqu'au ventre de Joséphine pour plaquer un long baiser sur son nombril. La nouvelle l'étourdissait tant qu'il entendit à peine le rire de gorge de Joséphine, ni le claquement de ses propres baisers contre ses ventres. C'était à peine s'il sentait sa peau. Ton son être était tourné vers l'enfant qui se développait, son enfant, leur enfant, encore un. Une autre félicité en élévation, au sein même de la femme qu'il aimait. Joséphine passa une main tendre dans ses cheveux.

-Garde ça pour quand les hormones auront effectué un virage à cent-quatre-vingts degrés ...

-Bon sang, Jo ...

-Parce qu'elles vont le faire. Souviens-toi de Moïra. Je te sautais dessus pour aller vomir la seconde d'après ...

Farhan se souvenait parfaitement de ces matins épiques où les hormones jouaient littéralement avec les nerfs, la libido et l'estomac de Joséphine. Pourtant, elle avait accepté cela, supporter son ventre qui s'arrondissaient, son corps qui se métamorphosait parfois de la manière la plus perturbante. Elle avait forcé l'admiration de Farhan en mettant leur fille au monde et voilà qu'elle s'apprêtait à de nouveau vivre cela à un an d'intervalle. Pourtant, il ne sentait pas la moindre amertume dans son ton. Même depuis son ventre qu'il continuait d'embrasser, de caresser, fasciné, Farhan percevait son sourire.

-Oh Jo ...

-Tu es content ... ?

La prudence dans sa voix faillit lui briser le cœur. Les derniers mois défilèrent comme un film désagréable dans son esprit et il réalisa pleinement le sens de la question de Joséphine. La mort de Tonks l'avait cloué au 2 mai, sans réelle perspective d'avenir, d'avancer dans un monde dénué de la présence solaire de Nymphadora Tonks. Il avait à peine eu la force que de s'occuper de sa fille ... alors un second bébé ? Etait-ce le moment, au moment où Joséphine était plus accaparée que jamais par son journal, au moment où lui sombrait, la tête à peine maintenue hors de l'eau ?

Les réflexions claquèrent sa bulle d'euphorie. Après un dernier baiser pour leur enfant à naître, il replaça sagement le débardeur sur le ventre de Joséphine et remonta à sa hauteur. Il se plaça derrière elle, enroula ses bras autour de sa taille et enfouit son visage dans son cou. Parfois, les émotions se passaient de mots et Joséphine avait fini elle aussi par développer l'art d'écouter les silences. Rassurée, elle s'abandonna à son étreinte et exhala un petit soupir de soulagement.

-Tant mieux, murmura-t-elle, avant de caresser doucement les cheveux noirs de Moïra. Tu penses qu'elle voudra un petit frère ou une petite sœur ?

Une petite sœur. Il songea à Maya, la petite Maya qui avait bien grandi et possédait à présent son propre appartement à Londres. Ils n'avaient jamais pu grandir ensemble ... Leurs liens s'étaient tissés à l'âge adulte. Moïra, elle, aurait cette chance de partager les souvenirs d'enfance, les bêtises et les coalitions contre les parents. Farhan sourit dans le cou de Joséphine, comblé par cette image.

-Je pense qu'elle a neuf mois et qu'elle fera avec ce qu'elle aura. (Joséphine s'esclaffa et il embrassa longuement son épaule avant d'ajouter : ) et je pense que le parrain sera Charlie.

-J'allais le proposer.

La voix de Joséphine était déjà à moitié morte, prête à s'éteindre pour plonger dans les méandres du sommeil. Farhan caressa ses cheveux avec tendresse. Sans lui demander la permission, sa main s'était à nouveau glissé sur son ventre. Il avait hâte qu'il s'arrondisse de nouveau. La première fois, il n'avait pas pleinement réalisé avant de véritablement sentir l'enfant sous la peau de Joséphine.

Et alors ça le frappa. D'un coup, d'un seul, l'avenir venait de s'éclairer. Il n'avait été que ténèbres et incertitudes depuis deux mois, assombri par un poids dont Farhan refusait de se débarrasser. Le poids était toujours là, prêt à faire ployer son cœur, mais à présent il lui semblait que son cœur avait gagné en force et en ardeur. Comment avait-il pu penser que sa vie s'arrêtait ... ? Si au milieu des pires moments de sa vie, il avait pu concevoir un tel espoir, c'était le deuil n'était pas si insurmontable. Il allait finir par le traverser, le réduire à une marque. Il allait surmonter sa douleur. Tout venait de s'éclairer.

Alors Farhan s'allongea, une main toujours contre le ventre de Joséphine, et s'enivra de l'amande douce qui émanait de ses cheveux. Pour la première fois depuis des lustres, le sommeil lui vint naturellement : bercé, il s'endormit avec le sourire. Les « et si ? » pouvaient bien l'empoisonner. A présent, le voile était percé. Il était armé pour leur faire face. 

***

ALOOOOOORS ? 

Honnêtement pour ce bonus j'avais les deux dernières parties bien définies dans ma tête et il ne manquait plus que la première. Ecoutez j'y suis allée en free-style avec toute ma frustration ne pas avoir pu m'étendre dans Les deux faces d'une même pièce et la vague idée de Farhan devant la tombe ! 

(ça fait du bien de retrouver le free-style cela dit) 

La deuxième partie est écrite, je verrais quand je la posterai (un anniversaire dans un futur proche?). La troisième est en cours mais je me laisse du temps, pas de rush ! 

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