Chapitre 9
Claire était allongée dans une chambre de l'hôpital.
On l'avait vêtue d'une sorte de blouse à manches courtes. Ses bras portaient des éraflures partout, sur lesquelles un produit désinfectant avait visiblement été badigeonné, et une plaie légère à la tête.
Elle semblait ailleurs, choquée.
- Mais comment est-ce arrivé ? demanda Chloé.
- Comme je l'ai expliqué aux gendarmes, dit Claire d'une voix monocorde. Nous étions sur les falaises de Meschers. Jacques voulait que je le prenne en photo devant la mer, sur cette falaise. Il s'est approché très près du bord et il m'a semblé qu'un bout de terre avait cédé, ou bien qu'il avait glissé. J'ai essayé d'attraper son bras mais sa manche m'a échappé. Il est tombé dans le vide et moi à sa suite mais je suis restée en équilibre, retenue par une espèce de racine ou d'arbrisseau, je ne sais plus.
- Jacques est mort ?
- Oui, il a fait une chute de plus de 30 mètres et a atterri sur des rochers affleurant l'eau.
- C'est horrible, dit Léa en se cachant les yeux avec ses mains.
- Oui, c'est affreux, dit Claire de la même voix neutre. Tout ça pour une photo.
Claire n'était, au final, qu'assez légèrement blessée mais on préféra la garder en observation jusqu'au lendemain en fin de matinée, qui était un dimanche.
Jacques avait été tué sur le coup, le corps fracassé en contrebas de la falaise.
Les gendarmes interrogèrent Claire, Chloé et Léa le lundi.
Il s'agissait d'une procédure de routine, l'accident ne faisant aucun doute.
Léa ne trouva pas expédient de mentionner aux enquêteurs ses sentiments particuliers pour Jacques. A quoi cela aurait-il servi, à part se créer des problèmes ?
Et puis cela n'aurait pas ramené Jacques...
Les forces de l'ordre classèrent rapidement cette malheureuse affaire. Ce n'était pas la première fois qu'un imprudent tombait de ces falaises instables, comme à La Rochelle, comme à Etretat, comme partout où il y avait des falaises...
Léa semblait plongée dans des abîmes de réflexion, comme dans un état second, et il était difficile de dire si elle avait vraiment du chagrin.
Elle quitta la villa le plus vite possible, sans doute pour éviter toute discussion sur ce qu'il s'était passé ces derniers jours, en remerciant poliment Claire.
Cela avait un côté surréaliste.
Chloé comprit qu'elle ne la reverrait probablement pas de sitôt.
Le commandant et sa femme, mis au courant du drame, vinrent présenter leurs condoléances, catastrophés.
Il restait presque 15 jours de vacances, mais Claire décida d'écourter et de rentrer avec la Mercedes afin d'assister aux obsèques de Jacques dont les enfants étaient en train de faire rapatrier le corps à Dijon.
Chloé l'accompagna à ces funérailles, non par respect pour Jacques mais pour ne pas la laisser seule avec la famille de ce dernier, en particulier ses enfants : eux et Claire ne s'appréciaient guère.
En rentrant de la cérémonie, elles se retrouvèrent toutes les deux dans la maison de Dijon.
Les vacances à Royan étaient certes terminées mais il restait quelques beaux jours en cette fin de mois d'août.
Assise dehors dans un fauteuil de jardin, Chloé regardait sa mère qui semblait plongée dans ses pensées.
- J'espère que tu ne vas pas reprendre le boulot tout de suite, mamounette. Ce n'est pas parce que nous sommes rentrées à Dijon que tu dois revenir sur ce que tu m'as promis : un mois complet de vacances ensemble.
- Je sais ce que je t'ai promis, dit Claire en souriant. Non, je n'ai pas l'intention de retourner au travail tout de suite. Nous passerons la fin du mois tranquillement toutes les deux. Il y a tellement de choses à voir dans la région, que nous ne prenons jamais le temps de visiter. Et puis, après ce qu'il s'est passé, j'ai besoin de quelques jours pour souffler un peu et faire le point.
- Dis moi, mamounette, alors la maison de Royan, on va pouvoir la garder ? Je veux dire... la dette...
Claire la regarda.
- La dette a disparu avec la mort de Jacques, oui, si c'est ce que tu me demandes.
- Je ne peux pas m'empêcher de penser que tu as failli tomber avec lui. Qu'est-ce que je serais devenue moi, toute seule. Tout ça pour faire une photo !
Elle se leva et se jeta au cou de sa mère.
- Une photo... dit Claire pensivement.
- Ben oui. Vous l'aviez prise la photo, avant que vous ne tombiez ?
- Pourquoi les gendarmes n'ont-ils pas retrouvé l'appareil photo, Chloé ?
- Il a dû tomber dans la mer en même temps que Jacques, et ensuite, les vagues...c'est ce qu'ont dit les gendarmes, dit Chloé.
- Tu m'étouffes, ma chérie, à me serrer comme ça.
Claire se dégagea gentiment de son étreinte et mit ses mains sur les joues de Chloé, lui tenant la tête droite, les yeux rivés dans les siens.
- Ni Jacques ni moi n'avions d'appareil photo ce jour là, Chloé... , dit-elle tout doucement.
CE N'EST PAS FINI ! NE RATEZ PAS L'EPILOGUE DEMAIN, IL RESERVE ENCORE UNE SURPRISE.
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