Salut !

Je t'ai jamais parlé de mes goûts en matière de lecture, et pourtant je suis en L, quel scandale !

Alors le bon sens voudrait que je te parle du meilleur livre que j'ai lu, ou d'un top de mes auteures préférées puisque j'ai fait un top chanteuses il n'y a pas longtemps.

Mais non, j'avais pas envie ! J'aime bien ne rien faire comme tout le monde ! Je vais donc te parler du livre le plus horrible que j'ai lu :

Roulements de tambours...

Les 120 Journées de Sodome écrit par le marquis de Sade

Tu auras remarqué que je l'appelle "le livre le plus horrible que j'ai lu" et pas "le pire livre que j'ai lu" (je t'en parlerai peut-être un jour, du pire livre que j'ai lu), et il y a bien une raison à cela : ce livre n'est pas mal écrit, bien au contraire, mais son propos est répugnant.

Mais parlons d'abord de l'histoire ! Qu'est-ce que ça raconte ce bouquin ?

Quatre hommes : le duc de Blangis, l'évêque (son frère), Durcet et Curval.
Ce sont les personnages principaux. Chacun est marié à la fille d'un autre, mais ça ne les empêche pas de... roucouler avec leur propre fille (you know what i mean, ça commence bien !...)

Ces quatre hommes, animés par la luxure, décident de s'enfermer dans un château pendant 120 jours... Avec 16 jeunes filles et garçons, de 12 à 15 ans, 8 "fouteurs" et 4 historiennes.

Pendant ces 120 jours, les historiennes vont conter 600 passions, à raison de 150 chacune, classées en passions "simples", " doubles", "criminelles" et enfin "meurtrières". Et autour de ses passions contées, nos quatre héros vont aller d'excès en excès et d'orgie en orgie.

Vous l'aurez deviné d'après l'intitulé des passions, on va crescendo dans la violence tout au long du roman.

Petit rappel historique : le marquis de Sade écrivait à une époque où la France se laissait aller au libertinage, et il incarnait une branche de ce mouvement : le libertinage noir, ou le plaisir (dans tous les sens que tu veux) passait par la souffrance de l'autre.

C'est mon prof de français qui nous avait parlé de cet auteur, ne nous recommandant ABSOLUMENT PAS ce livre en nous disant qu'il n'avait pas réussi à en venir à bout, et pourtant, croyez moi, il en faut beaucoup pour le choquer.

Je suis une grande amatrice des oeuvres d'art originales et qui dérangent, que ce soit les peintures expressionnistes ou surréalistes, le Nouveau Roman, le cinéma de Kubrick ou de Lars von Trier... donc je me suis dit " Tiens ! Une oeuvre libertine extrême qui parle de sexe de manière hyper décomplexée et qui a fait un terrible scandale, je dois lire ça, ça doit être une expérience incroyable !"

Ça pour être incroyable, ça l'a été

Ce que " j'aime" dans ce livre :

Et oui, il n'y a pas que du mauvais !

Déjà, on voit comment l'auteur cherche à remettre en question la société de son temps : il veut des moeurs plus libres, une religion moins omniprésente... Et certains crimes légalisés, mais ça, ça ne compte pas.

Ensuite, certains passages sont merveilleusement écrits (surtout dans la première partie, les passions simples, car elle est entièrement rédigée, les autres parties étant écrites sous forme de plan), avec des métaphores assez poétiques.

Ce que je n'aime pas dans ce livre :

Parlons d'abord de l'écriture, en n'entrant pas dans le propos même du livre. L'écriture du XVIIIe siècle est assez compliquée à lire, que ce soit par la syntaxe, les formes verbales ou le vocabulaire employé. Donc cet oeuvre, au même titre que Candide de Voltaire par exemple, est assez compliquée, et je la "conseille" (si on peut conseiller ce livre) à ceux qui aiment cette littérature (si vous êtes plus Hunger Games tout ça, vous allez finir par vous crever les yeux).

Et puis, et là c'est à la fois dans le propos et dans l'écriture, je trouve le tout assez répétitif : certains mots sont utilisés huit fois par page, les passions se ressemblent un peu toutes, comme les journées au château, réglées comme du papier à musique.

Ensuite, il y a trop de personnages. Les 4 personnages principaux sont simples à discerner (enfin moi je confondais toujours Curval et Durcet, mais je suis un peu con), leur filles/femmes, ça peut encore le faire, mais après, les filles, les garçons, les "fouteurs", les historiennes... C'était hyper compliqué de s'y retrouver. L'auteur nous recommandait dans l'introduction du roman de faire un plan, mais j'ai pas que ça à foutre ! En plus, certains personnages ne sont pas du tout développés au niveau de leur psychologie. C'était sûrement le but, mais j'aime bien quand les personnages ont une psychologie développée, ça m'aide à m'y attacher.

Et les personnages principaux sont incroyablement misogynes, méprisant aussi bien leur épouse que leur fille (notamment une, qui tombe enceinte, et qui est répudiée par son mari, trouvant donc sa nouvelle place... aux écuries, je ne plaisante pas)

Et maintenant, attaquons-nous au plus gros point : le propos. Oui ce livre parle de sexe de manière très décomplexée, l'auteur explore même les fantasmes les plus sombres de l'homme (de l'homme, pas de la femme, héhé...). En vrac : les sévices corporels, le caca, les enfants en bas âge, les animaux ou encore le meurtre. Et je l'ai évoqué au-dessus, la violence va crescendo tout au long du roman, chaque passion est plus tordue que la précédente et les personnages principaux ont des pulsions de plus en plus criminelles, et la fin est une véritable effusion de sang. Alors évidemment, des livres violents, ça existe, mais des livres extrêmes comme celui là, je n'en ai jamais lu.

Pour conclure, cette expérience de lecture a été assez désagréable, malgré quelques aspects vraiment positifs. Quand je l'ai fini, j'étais un peu traumatisée, j'y repensais souvent. Maintenant ça va mieux, mais quand je le vois dans ma bibliothèque, j'ai des flash qui reviennent. Est-ce que je te recommande ce livre ? Non, pas du tout, ne lis pas ce livre, a moins d'être aussi fou que moi !

Ok, je viens de te faire une énorme chronique sur un livre !... En tout cas, j'espère que ça t'a plu, et que je ne t'ai pas donné envie de lire ce livre.

Kiss !!

PS : j'ai fini ce livre, alors que mon prof de français n'a pas pu, je suis trop fière de moi !

Quoique...